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Channel: Le blog d'un odieux connard
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Batman WTF Superman

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« Bien, je vois que nous sommes tous là.« 

La voix rocailleuse de Batman résonna dans la salle, et fit frissonner les rares nouveaux qui n’avaient jamais rencontré en personne l’homme-chauve souris. Autour de la table ronde installée devant une immense baie vitrée derrière laquelle la Terre tournoyait au beau milieu de l’espace, les autres super-héros l’écoutaient attentivement, tout en vérifiant que chaque élément de leurs costumes était soigneusement ajusté. Ce n’était pas tous les jours que l’on se retrouvait assis parmi les légendes de ce monde.

« Je suis fier d’ouvrir notre assemblée générale annuelle des super héros, poursuivit Batman. Vous avez dû recevoir l’ordre du jour par courrier, je vous propose donc de le suivre et de garder d’éventuels sujets annexes pour les questions diverses. Premier point à l’ordre du jour : les présentations. Il y a des nouveaux parmi nous, alors je vais commencer rapidement, puis ce sera à la personne à ma droite. Alors, je me lance… quand j’étais petit, je suis tombé dans un nid de chauve-souris, depuis je suis l’homme chauve-souris, Batman, et voici mon fidèle Robin. Voilà ! Suivant ?
– Bonjour,
sourit l’homme en cape rouge à la droite de Batman, quand j’étais petit, je suis tombé sur Terre, la planète des hommes. Depuis, je suis le super homme, Superman. Et voici mon fidèle Superboy ! Suivant ?
– Bonjour,
souffla dans un nuage de fumée de cigare le héros suivant, un doigt sur le nœud de sa cravate rouge. Quand j’étais petit, je suis tombé sur TF1. Depuis, je suis l’homme des bouses scénaristiques, je suis Super Spoiler.
– Que…
s’étonna Batman. Pardon ?
– Ah, c’est parce que j’ai oublié de présenter mon fidèle serviteur ? Voilà, il est là-bas, et il s’appelle Diego Mystère.
– Patron, à ce sujet, si on pouvait revoir mon pseudonyme parce que…
bafouilla le jeune homme avec une monstrueuse fausse moustache.
– Chut, Diego Mystère. Comme ton nom l’indique, préserve le mystère. »

Batman et Superman échangèrent des regards consternés, avant de se tourner vers le nouveau héros autour de la table.

« Non mais sérieusement, vous êtes un super héros ? demanda Batman.
– Oui. Mon super pouvoir, c’est de tout voir venir.
– Par exemple ?
– Ben par exemple vous êtes Bruce Wayne, et puis l’autre à côté, c’est Clark Kent, c’est gros comme une maison. »

Les deux super-héros ouvrirent grand la bouche, avant que Batman ne donne un grand coup de poing sur la table.

« Non mais ça ne se fait pas ! C’est quoi votre souci avec les identités secrètes ? Déjà que votre Diego Mystère, là, tout le monde sait que du coup, il doit s’appeler…
– TATATA ! Hé, ho, révéler les trucs, c’est MON boulot, alors vous arrêtez tout de suite, Monsieur Batman ! Est-ce que moi je me déguise en chauve-souris ?
– Heu… non…
– Et vous Monsieur Superman, est-ce que vous voyez un slip sur mon pantalon ? Alors ! Chacun chez soi et les collants seront bien gardés ! »

Batman toussota poliment le temps de reprendre son calme, inspecta nerveusement son ordre du jour, et reprit.

« Bien… je propose que l’on arrête ici cette discussion, nous poursuivrons les présentations plus tard. Point numéro deux à l’ordre du jour : si je devais me foutre sur le nez avec Superman, qui gagnerait ?
– En tout cas, pas le public.
– Super Spoiler, silence… grogna Batman.
– Non mais c’est vrai. Supposons un film « Mike Tyson contre Youki le Yorkshire« . Vous imaginez une affiche pareil ? 
– P’têt que le Yorkshire a de la krypto… hem, tysonite, Batman bafouilla sous le regard inquisiteur de Superman.
– Non mais ce sera nul. Je vous le dis. Et puis, pas qu’un peu. Vous en voulez la preuve ?« 

D’un claquement de doigt, Super Spoiler ordonna à Diego Mystère de lancer le vidéoprojecteur, qui afficha, non pas un powerpoint, au soulagement général, mais bien un film :

Batman V Superman

Super Spoiler fixa intensément l’écran, et tirant sur son cigare, lança :

« Spoilons, mes bons !« 

__________________________

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L’affiche : rien que l’idée de Batman décidant de gagner aux poings contre Superman, ça paraît complètement con. Spoiler alert : ça l’est.

Notre film démarre bien des années avant les événements qui nous intéressent. En effet, nous y retrouvons le petit Bruce Wayne et ses multimilliardaires de parents alors qu’ils rentrent tranquillement du One Man Show de Norman en remontant les splendides boulevards de Gotham City, le Levallois-Perret de cet univers. Sauf que voilà : un gourgandin jaillit de nulle part et brandit sous leur margoulette le canon de son pistolet, arguant qu’ils seraient bien urbains de lui donner tout le pognon qu’ils transportent. Papa Wayne, un peu bougon, tente de faire une prise de ninja au malandrin pour lui apprendre les bonnes manières, mais échoue lamentablement, recevant un pruneau dans la bagarre. Puis, c’est maman Wayne qui subit une trépanation éclair au calibre 45, avant de tomber au sol sous les yeux du petit Bruce. L’enfant est un peu traumatisé, et accessoirement, un peu orphelin.

Le jour des funérailles de Papa & Maman Wayne, nous retrouvons Bruce qui décide que nique le cortège funéraire, lui, il a plutôt envie de courir dans les bois. Oui, Bruce se barre de l’enterrement de ses propres parents, il est comme ça, c’est un chien fou. Alfred, derrière lui, tente bien de le retenir de quelques « Revenez Maître Bruce ! » « Maître Bruce, allons ! » et autres « Non mais quel trouduc !’« , mais c’est sans effet. Bruce court les bois, finit par tomber par accident dans un vieux souterrain, et là, se retrouve au beau milieu de milliers de chauve-souris qui… heu… forment un tourbillon magique pour l’aider à remonter ? Mais ? Qu’est-ce que ce truc ? La voix off de Bruce adulte nous dit que c’est un rêve qu’il fait encore et encore. Nous voilà donc rassuré : dans la véritable version, les chauve-souris se sont probablement contentées de lui chier dessus.

Bondissons dans le temps et retrouvons Bruce Wayne, adulte, lors des événements qui achevaient Man of Steel (souvenez-vous), à savoir lorsque Superman et son terrible ennemi au nom monosyllabique, le général Zod, se distribuaient des taloches au beau milieu de Métropolis pendant qu’un des vaisseaux de Zod détruisait un peu tout. Car au beau milieu de cette apocalypse Bruce Wayne débarque de son hélicoptère et bondit dans une voiture pour foncer entre les immeubles qui s’effondrent et des gens qui fuient en hurlant, heureusement sur des avenues où toutes les voitures pouvant gêner sa route ont eu le bon goût de disparaître. Bruce sort son téléphone de sa poche, et appelle son vieil ami Jean-Jacques, directeur de l’antenne locale de Wayne SARL.

« Wayne SARL, direction j’écoute ?
– Jean-Jacques ! Bon dieu Jean-Jacques, est-ce que tout va bien ?
– Oh, oui ma foi, on a juste un vaisseau géant alien en face des fenêtres qui détruit la ville. Et vous, ça va patron ?
– Oui ! Je suis venu en ville pour vous ordonner d’évacuer !
– Ah. Mais vous saviez que comme vous êtes en train de me téléphoner, vous n’aviez pas besoin de vous déplacer, du coup ?
– … oh.
– Hé oui.
– Mais ça fait plus dramatique que je sois là, non ?
– Allez, si ça peut vous faire plaisir, patron. Sur ce, j’ordonne l’évacuation.« 

Et Jean-Jacques de se tourner vers ses employés, qui étaient encore tous à leur bureau, pour leur dire « Allez, on évacue, le patron vient de donner l’ordre.« 

D’accord, et si le patron n’avait pas donné l’ordre ? Vous restiez tous à votre poste à terminer les graphiques pour la réunion marketing de demain parce que, hein, il n’était pas encore 17 heures ? Oui, chez Wayne SARL, on est comme ça : même en cas de ville en cours de destruction, on termine ses bilans comptables en sifflotant au lieu de fuir en hurlant. Les membres du Medef dans la salle ont probablement connu eux aussi une sorte d’apocalypse à cet instant précis, mais dans leur slip.

Securité

J’ai obtenu la copie des consignes de sécurité de Wayne SARL. Tout s’explique.

Bruce en tout cas continue de foncer pied au plancher au travers de Métropolis, mais n’arrive pas à temps : l’immeuble de sa société vient de se faire couper en deux par les superhumains en train de s’affronter, ce qui, ça alors, a tué une bonne partie du personnel. Tout au mieux, Bruce parvient à aider un de ses petits gars, coincé sous les décombres, qui a été gravement blessé aux jambes, puis à prendre dans ses bras une petite fille qui a perdu sa maman dans le drame, sans que l’on comprenne vraiment ce que ladite petite fille faisait là au lieu d’être à l’école, nom d’une pipe, encore de la graine de délinquant, j’te foutrais ça à Cayenne, moi, ah mais oh.

Bondissons deux ans plus tard et cette fois-ci, retrouvons Loïs Lane, la fameuse journaliste de BFM TV – Metropolis, alors qu’elle est au fin fond du désert africain, à interviewer un chef de guerre local entouré de ses miliciens et mercenaires. Lois Lane, en bonne journaliste, pose donc sa première question :

« Bonjour, êtes-vous un terroriste ?« 

Non, je ne blague pas. C’est bien sa question. Ah non mais elle n’est pas à BFM TV pour rien, hein. Cependant, pendant qu’elle poursuit son interview fabuleuse avec des trucs comme « Quelle est votre marque de chaussures préférée ? » ou « Si je faisais un film Hippopotame V Éléphant, vous iriez le voir ?« , les mercenaires occidentaux qui entourent le chef de guerre tournent autour du photographe qui accompagnent Loïs. Et finissent par, en fouillant ses affaires, trouver un mouchard électronique qui clignote sur lui (les mouchards clignotent toujours pour plus de discrétion). L’affaire tourne au vinaigre ! Le photographe a tôt fait d’expliquer que okay, on se calme, il est de la CIA, d’accord, mais Loïs Lane n’y est pour rien, elle ne servait que de couverture sans le savoir. Le photographe reçoit donc une balle dans la tête, pendant que Loïs Lane est emmenée dans une cave avec le chef de guerre, histoire de renverser le sens de l’interview et de pourquoi pas, accompagner chaque question d’une torgnole ou d’un coup de bottin.

Sauf que sitôt que Loïs et le méchant terroriste ont disparu dans leur cachette, on entend dans le ciel comme quelque chose qui passerait et repasserait le mur du son histoire de mettre l’ambiance. Le chef des terroristes, un certain Bogdan Drazic, fait un signe de tête mystérieux (tout le film, il lui suffit d’incliner la tête et ses hommes comprennent tout de suite qu’il veut dire des trucs du genre « Passe à gauche prend à droite, tire deux fois et fais un barrel roll » ; même Flipper à côté est plus clair dans ses explications). Ses hommes ayant compris son ordre silencieux, se mettent alors à mitrailler tous les miliciens qui les entourent avant de s’enfuir à moto ! Le terroriste dans sa cave avec Loïs Lane en lâche son bottin, attrape son pistolet et comprenant que quelque chose tourne mal, prend la belle en otage. Mal lui en prend car quelques secondes plus tard, quelque chose apparaît dans le ciel…

« Est-ce un drone ? »
– Est-ce une bombe ? »
– Non, c’est SupeBROUMBROULOUMBROULOUM »

Et la moitié de la maison de s’effondrer lorsque Superman tombe du ciel pour arriver dans la cave (pour l’amoureux des caves tranquilles que je suis, ça m’a fait mal au cœur). Le méchant a beau dire que hé, ho, attends deux minutes steup’, j’ai la fille en otage, Superman a tôt fait de lui casser la figure à grands coups de poings sur le museau. Loïs Lane est donc sauvée, les méchants vaincus, et non, Superman n’a pas remarqué les morts tout autour de la maison, ni en tombant du ciel, les motos avec des gens armés fuyant le village à vive allure après leur sombre forfait. Drazic et ses amis peuvent donc fuir en paix, protégés par le niveau général du scénario.

Quelques jours plus tard, aux Etats-Unis, une commission d’enquête du Sénat chargée du cas Superman depuis les événements de Métropolis écoute des témoins raconter les événements arrivés dans le village où le chef terroriste a pris sa claquounette.

« Alors oui, Superman est arrivé sauver cette journaliste, et là, pfou, les autorités n’ont pas aimé ça, elles sont venues rétablir l’ordre et ont massacré tout le monde, femmes et enfants.« 

La sénatrice Finch, qui dirige la commission écrase une larme et s’exclame :

« Halala, ce Superman paiera ! C’est honteux ! Il devra répondre de ses actes devant cette commission !« 

Hmmm. Alors attendez, je résume : les autorités d’un pays d’Afrique tirent sur des femmes et des enfants. Et votre conclusion est donc « Quel gros bâtard, ce Superman« . Sénatrice Finch, je pense que vous n’avez pas fini de nous surprendre. Et si vous pensiez tomber sur un début de réflexion sur « Faire la justice soi-même, est-ce irresponsable ?« , vous regardez le mauvais film. Bon, là on pourrait tout simplement dire « un mauvais film » tout court, mais comme pour tous les plaisirs malsains, n’allons pas trop vite en besogne.

En tout cas, chez Loïs Lane, cette commission d’enquête provoque bien des inquiétudes. Mais lorsque son Superman préféré rentre à la maison sous son subtil déguisement civil de Clark Kent, celui-ci n’en a que faire. Lui, son truc, c’est plutôt de faire des bisous à Loïs Lane, et de faire le sexe avec elle, mais prudemment, s’il ne veut pas tirer un laser, comme ça, par accident et disperser cerveau comme cervix dans toute la pièce. Loïs et Clark coulent donc des jours heureux malgré tout cela, sans compter qu’en plus, il y a un monument géant avec statue de Superman au beau milieu de Métropolis pour lui rendre hommage. Du coup, la commission d’enquête, on y croit moyennement.

Pendant ce temps, dans l’océan Indien, de mystérieux personnages envoient des enfants en slip de bain faire de la plongée. Leur but ? Remonter, depuis les restes de l’un des vaisseaux de Krypton écrasé là dans le film précédent, de cette splendide pierre verdâtre que l’on nomme kryptonite. Remontée à la surface, elle semble satisfaire ses mystérieux commanditaires, qui savent bien que tout cela a de la valeur. Par exemple, pour faire de ces splendides bijoux moches qui font les beaux jours de la Japan Expo.

Mais il y aurait d’autres utilités, figurez-vous.

Car à Métropolis (oui, ce film saute beaucoup d’un endroit à un autre), nous retrouvons des officiels du gouvernement, dont la sénatrice Finch, qui rendent visite à Lex Luthor, jeune entrepreneur à succès à la tête de LexCorp, une société qui… du… heu… bon, une société qui fait des trucs. En tout cas, si vous avez vu le film au cinéma, vous avez peut-être remarqué toutes ces mains tremblantes qui se levaient dans les fauteuils durant cette scène. Dont la vôtre. Quel était cet étrange phénomène ? Une résurgence du troisième reich ? Hélas Non, simplement le fait que Lex Luthor pourrait s’appeler Tétaklak, ce serait la même. Ce personnage est un appeau à gifles. Dans chaque plan où il apparaît. Si vous voulez regarder le film dans de bonnes conditions (enfin, je me comprends), menottez-vous. Personnellement, Diego devait me tenir pendant que Natacha (ma stagiaire russe en Erasmus) s’asseyait sur moi pour m’empêcher d’aller marteler l’écran en hurlant des jurons en araméen. Je fais souvent ça quand je suis grognon.

Batman V. Superman: Dawn Of Justice

« Salut, moi c’est Lex. Dans la vie, j’aime monologuer, faire des plans pourris et parler des heures des hommes et des dieux sans que ça n’ait le moindre sens. Ça te dirait de passer deux heures de film avec moi ? »

Mais je m’égare. Car Lex Luthor accueille ses invités, salut les kids, ça roule ? Venez, je vais vous montrer un truc, ça s’appelle la kryptonite, j’en ai qu’un petit bout, mais c’est déjà chouette. Puisqu’on a déjà eu une partie de la ville rasée par les extra-terrestres de Krypton, on pourrait s’en servir pour faire une super arme apte à les calmer s’ils venaient à recommencer. Tout le monde se dit qu’une arme de dissuasion, ce serait bien, sauf la sénatrice Finch, qui en a certes après Superman mais finalement, oui, non. Heu… d’accord ? Elle se rend même en personne chez Lex Luthor (qui passe son temps à faire des monologues écrits avec les pieds sur les dieux et les hommes) pour lui annoncer qu’elle bloquera toute tentative de sa part d’importer de la kryptonite depuis l’océan Indien où l’on en a découvert. Lex Luthor fait genre que hihihi, d’accord madame, mais bon, on comprend bien qu’il compte rabouiner sévère.

J’en profite pour couper court tout de suite à une autre intrigue fascinante : Loïs Lane enquête sur la fusillade qui a eu lieu dans le désert. En effet, elle a réussi à récupérer l’une des balles tirées par les méchants mercenaires, et celle-ci est composée d’un alliage inconnu. Ce qui laisse penser à la commission d’enquête contre Superman (qui n’est composée que de sénateurs américains, bien que semble-t-il, avec une autorité planétaire, c’est intéressant) que le Superhomme et sa technologie futuriste seraient impliqués.

Que… impliqués dans quoi, au juste ? Superman n’utilise pas d’armes. Mais, visiblement, ce détail n’intéresse pas du tout la commission d’enquête qui se contente de se dire que Superman a dû tirer des superballes sur la population. Sachant que même les témoins disent que ce sont « les autorités » qui ont tiré sur femmes et enfants après l’intervention de Superman, est-ce moi ou est-ce que cette intrigue n’a aucun sens ? Ho, est-ce que vous voulez que je vous parle du fait que Loïs Lane interviewe le Secrétaire d’état à la défense des Etats-Unis dans ses toilettes ? Ou comment il vient discretos à des rendez-vous avec elle habilement déguisé avec une casquette de base-ball, ou sous un vieux pont pourri, façon indicateur tout naze de mauvais film ? Vous savez quoi ? On va ranger cette intrigue fin nulle dans un tiroir et aller droit à la conclusion : le secrétaire d’état a réussi à déterminer que ces balles étaient bien terriennes, et provenaient d’armes expérimentales originaires de chez… LexCorp. Et que les mercenaires sur place étaient en fait des hommes de chez LexCorp ! Loïs Lane décide donc aussitôt de… heu…

De rien. Voilà. Même pas un petit article ? Hé bien, ça valait le coup d’enquêter, dites-donc. Merci pour ce moment, comme on dit chez les mauvais journalistes.

Continuons donc à sauter d’un endroit à un autre, le tout sans bailler s’il-vous-plaît même si ça donne quand même très envie, et allons du côté de Gotham City, où nous suivons brièvement Batman pour faire un point sur ses activités. Déjà, de tout le film, sachez que personne ne l’appellera jamais Batman, mais pour des raisons qui m’échappent, devient malgré l’affiche « Le bat de Gotham« . Soit ? Ensuite, même si on nous explique que depuis 20 ans, Batman a vaincu bien des vilains de Gotham, la police continue à lui tirer dessus à vue. Intéressant. Dernier point, et pas des moindres : Batman marque désormais ses victimes au fer rouge. Oui oui. Et comme le scénario aime bien aller jusqu’au bout du n’importe quoi, on nous explique que les victimes marquées par Batman, une fois en prison, sont battues à mort par les autres détenus, ce qui revient donc à les tuer. Passons sur l’éthique de Batman (je laisse les fans hurler de rage), et constatons au passage la logique : les prisonniers tabassent ceux qui se sont fait arrêter par Batman. Mais aux dernières nouvelles, la moitié des prisonniers de Gotham ne sont-ils pas là suite à Batman ? Accessoirement, sachant qu’il est connu pour courir le gros gibier, n’est-ce pas au contraire une marque de respect chez les vilains ? Est-ce complètement con ? Puis-je quitter la salle ? Qui a verrouillé les portes ? Où ai-je lancé Natacha en me levant brusquement ? Que de questions sans réponses.

Batman en tout cas enquête sur un gros dossier : celui du « Portugais blanc », un terrible méchant que personne n’a jamais vu qui malgré son nom d’apéritif, amènerait des armes à Gotham aidé d’un de ses agents, un certain Drazic, que nous avons croisé plus tôt dans le film. Batman, en enquêtant sur ce dernier, parvient à copier les données de son téléphone, et ce faisant, à découvrir que Drazic envoie régulièrement des SMS coquins à Lex Luthor. Et cela tombe bien, puisque Bruce Wayne a reçu une invitation pour un cocktail chez Lex Luthor…

Clark Kent, de son côté, suit lui avec attention les frasques du justicier de Gotham. Marquer les gens au fer rouge ? Il trouve ça un peu dangereux (moi j’aurais dit « con », mais bon), quand même. Tant et si bien qu’il en délaisse la rubrique des sports qu’il est supposé tenir pour se pencher sur le cas Batman. Et ça tombe bien pour lui, puisque sans aucune raison, le chargé des sports est envoyé couvrir… la soirée cocktail de Lex Luthor.

Mais ? Pourquoi insister sur le fait qu’il soit chargé du sport si c’est pour qu’il ne le fasse pas une seule fois du film ? J’aurai préféré qu’ils se croisent à un match de l’Estac vu le niveau, mais comme nous allons le voir, même cet espoir était trop haut pour le film.

Car si les deux larrons se retrouvent à la même soirée chez Lex Luthor, elle est en l’honneur « des amis de la bibliothèque municipale de Métropolis« . Oui, moi aussi, je trouve que Batman et Superman qui se rencontrent à la soirée des amis de la bibliothèque municipale, ça fait atmosphère sombre et sérieuse, comme voulue par le film. Ne manque qu’une lecture publique de Tchoupi et on était tout au bout du concept. Toujours est-il que pendant que l’autre tête à claques de Luthor se lance dans un long monologue sur – mais oui ! – les hommes et les dieux (ce qui est tout à fait cohérent), Bruce Wayne, qui est quand même là pour espionner un peu ce que Lex Luthor bricole avec son ami Drazic, a son serviteur Alfred qui lui cause dans l’oreillette.

« Suivez mes instructions, Monsieur. Les informations que vous recherchez doivent être dans la salle des serveurs.
– Qui est ?
– Au sous-sol, en face des cuisines.
– Les serveurs près des cuisines, ça se tient… héhé…. héhéhé… héhé…
– …
– Alfred, rigole ou c’est licenciement pour faute grave.
– Hahaha Monsieur. Votre humour est au niveau de ce film.
– Bon allez, je vais m’occuper des serveurs, là, tout ça.« 

Pendant qu’Alfred remplit discrètement son dossier pour les prud’hommes, Bruce explore lui la demeure Luthor et se rend au sous-sol, se faufilant au milieu du personnel des cuisines pour atteindre la salle des serveurs supers secrets de Lex Luthor, qui est immense, certes, mais surtout pas du tout sécurisée. Bruce installe donc un gadget sur un bout de câble et hop, Alfred surveille à distance la copie les fichiers qui ont l’air importants, comme les répertoires c:/MesDocuments/super_secret ou c:/Travail/Transex_Brasil_Prout_Hubporn. Pendant que le tout télécharge, Bruce se fait bien évidemment gauler comme un gros débutant par une employée de Lex Luthor qui a remarqué qu’un multimilliardaire rôdait dans le sous-sol. Et comme ce film est bien écrit jusqu’au bout, je vous laisse deviner l’excuse que trouve Bruce Wayne :

« Je cherchais les toilettes. »

Voilà voilà. Non, ce n’est pas une parodie. C’est bien un film à 250 millions de dollars. Un quart de milliard. J’insiste. Un quart de milliard, et Bruce Wayne prétend chercher les toilettes en infiltrant une soirée des amis de la bibliothèque municipale.

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Bientôt les spin-off à la hauteur de l’intrigue du film ! « Batman et le mystère de la médiathèque de Limoges », « Batman V le garde-champêtre » ou encore « Qui a dessiné une chauve-souris sur la faïence ? »

Pardon ? Le truc que vous venez de sentir ? Ce n’est rien. C’est juste votre âme qui s’émiette. Ça me le fait tout le temps.

L’affaire entendue, Bruce remonte au rez-de-chaussée rejoindre la fête pendant que tout se télécharge, et y rencontre Clark Kent. Ce qu’il ignore, c’est que Clark Kent et sa super ouïe ont suivi tout ce qu’il se racontait avec Alfred. L’ami Superman sait donc non seulement qu’il se trame quelque chose, mais aussi qu’il a affaire à Batman au Bat de Gotham. Il fonce donc dessus pour lui serrer la paluche.

« Monsieur Wayne ! Je suis Clark Kent, du Daily Planet. 
– Enchanté. Si vous… heu… si vous voulez mon opinion sur cette soirée, j’ai déjà envoyé un communiqué de… de presse. Voilà. 
– Non, je voulais plutôt vous parler du mystérieux justicier de Gotham.
– Celui qui est trop cool ? Et beau ? Et qui n’a strictement rien à voir avec le film Daredevil ?
– Oui, ne le trouvez-vous pas… violent ? Dangereux ?« 

Instantanément, Bruce Wayne passe en mode gros bougon.

« Hé ho, dites-donc, vous bossez dans un journal qui tresse des lauriers à Superman dès qu’il débouche un évier, mais Batman, c’est du caca ?
– Tout de même, il…
– Il quoi ? Superman a détruit la moitié de Métropolis lors de sa dernière bataille avec l’un des siens. Il ne rend de compte à personne, peut détruire ce monde si le cœur lui en dit, mais le danger, c’est Batman ? Ce ne serait pas un tout petit peu hypocrite, espèce de p’tit bât-« 

La conversation est interrompue par l’arrivée de Lex Luthor, qui arrive tout sourire.

« Clark Kent ! Bruce Wayne ! Je suis heureux de susciter des rencontres ! »

Sauf que Bruce Wayne est supposé être un multimilliardaire mondialement connu et Clark Kent un obscur gratte-papier de la rubrique des sports. Présenter les deux au même niveau n’est donc pas du tout suspect. Lex se met donc à parler, ce qui consiste donc à raconter du rien et laisse au spectateur, c’est aimable, le temps d’aller aux toilettes ou de retourner éclater des chatons contre les murs sans rien rater du film. Une fois Lex parti, Bruce et Clark se séparent. Clark car il a aperçut une télévision qui passe un fabuleux reportage en direct « incendie en cours à Ciudad Juarez, une fillette bloquée dans le bâtiment » (quoi ? Vous n’en voyez pas tous les jours des directs de ce genre, vous ?) et file donc faire Superman au Mexique pour sauver la jeune damoiselle.

Bruce, lui, redescend discrètement au sous-sol pour découvrir que son gadget a disparu de la salle des serveurs ! Après la fin du téléchargement, l’informe Alfred, mais tout de même. Heureusement, le voleur n’est pas loin : c’est en réalité une voleuse, qui en splendide robe de soirée sourit à l’ami Bruce pour lui faire comprendre qu’elle l’a roulé dans la farine avant de filer à bord d’une voiture de luxe. Bruce bougonne un peu, insulte silencieusement sa mère (à la dame, pas la sienne, soyons sérieux), puis retourne chez lui étudier comment retrouver sa voleuse pour récupérer la copie des fichiers de Lex Lulu.

Lex Lulu, puisqu’on en parle, poursuit ses propres objectifs de son côté. D’abord, en envoyant Drazic et ses hommes lui ramener de la kryptonite de l’océan Indien, avec ou sans l’autorisation du gouvernement, ensuite en obtenant sans quasiment aucune contrepartie d’un membre du gouvernement le droit d’accès au corps du décédé général Zod (probablement pour de sombres histoires nécrophiles) ainsi qu’aux restes du vaisseau alien écrasé au cœur de Métropolis dans le dernier film… et accessoirement, retrouve l’employé de Wayne SARL gravement blessé aux jambes dans la bataille Zod/Superman, que Bruce Wayne avait sauvé au début du film.

Celui-ci, visiblement, est toujours un peu grognon après sa mésaventure. Ainsi, bien qu’en fauteuil roulant, il va taguer la statue géante de Superman en ville de l’inscription « Faux dieu« , ce qui lui vaut de passer une nuit en cellule avant que Lex Luthor ne lui paie sa caution, ainsi qu’une superbe fauteuil roulant de luxe flambant neuf avec option turbo, pneus antidérapants et lance-carapaces bleues de série. En échange d’une seule chose : aller voir la sénatrice Finch et proposer de témoigner devant sa commission sur la thématique « Superman est un connard« .

Ce qui est dit est fait. Et bientôt, les journaux ne parlent plus que de la commission de la sénatrice Finch qui va présenter son nouveau témoin, ce qui est palpitant, sachant qu’il y en avait des centaines de milliers puisque Métropolis a pris sa raclée sur une large surface ; voilà qui là encore, donnera envie au spectateur de se planter la paille de son coca dans la jugulaire puis de se lancer une danse macabre en arrosant toute la salle de son sang jusqu’à ce que mort s’ensuive, tant chaque élément de ce film est débile. Toujours est-il que la sénatrice hurle à qui veut l’entendre que Superman ferait bien de venir se présenter devant sa commission, puisqu’en démocratie, « on parle, on s’écoute » comme elle le dit.  Deux minutes à l’assemblée nationale française devraient probablement l’horrifier, alors.

Pendant ce temps, de l’autre côté de la baie (car oui, Métropolis et Gotham City ne sont séparées que par une baie, pas bien grande soit dit en passant, c’est tout à fait logique), Bruce Wayne n’a pas chômé. D’abord, il a retrouvé sa voleuse, qui lui a rendu son précieux gadget. Elle n’a pas pu ouvrir les données, trop cryptées pour ses connaissances en la matière, et se contente de dire qu’elle voulait simplement effacer une photo lui appartenant que Lex Luthor avait prise. Elle s’en va sans demander son reste (oui oui, elle a volé le truc, n’en a rien fait, mais boh, maintenant, elle s’en fout, elle va filer ça à quelqu’un d’autre qui pourra reluquer sa photo), et Bruce peut retourner dans sa batcave décrypter tout ça. Pendant que son super ordinateur sous Bat-OS travaille, Bruce s’endort et fait un rêve particulièrement long pour occuper du temps de film, dans lequel la Terre est dévastée, Superman est considéré comme un dieu et a une armée à son service, et Batman mène la résistance sans grand succès. Fascinant, non ? Non ? Nous sommes d’accord puisque ce n’est qu’un rêve pété de fan service, et Bruce peut se réveiller pour enfin, reprendre le film et ouvrir le dossier tant attendu. Une fois régalé de transexuels brésiliens adeptes du culte du prout chers à Randy Marsh, il peut donc ouvrir l’autre dossier : les supers secrets de Lex Luthor. Et découvre ce qu’est « Le Portugais Blanc« . À savoir, un bateau.

Oui, une belle photo de bateau, avec marqué dessus « White Portuguese« . Depuis le début, Bruce tapait le nom dans Google, il avait la réponse à tous ces mystères. Je… cette intrigue. Cette puissance ! Mais enfin, stop ! Je veux descendre ! Toujours est-il qu’en poussant plus loin, Bruce découvre que le navire est celui qu’utilise Drazic pour ramener la kryptonite à Métropolis en passant par Gotham.

Alfred, lui, commence à en avoir un peu marre de tout ça. Et aborde son maître.

« Maître Bruce, vous avez bien des qualités, mais vous ne savez pas me mentir. Ce Portugais Blanc… depuis le début, vous saviez qu’il transportait de la kryptonite, n’est-ce pas ? Vous voulez simplement faire main basse dessus ! Mais pourquoi ?
– Parce que Superman est dangereux ! Il est serviable dans l’immédiat, mais nous savons toi et moi que tout homme a un côté sombre. Et si lui succombait ? Il faudrait l’arrêter ! J’ai besoin de cette kryptonite !
– Calmez-vous maître Bruce, on ne déclenche pas une guerre en…
– Hé puis Alfred, les aliens là, qu’est-ce que tu crois ? Qu’ils demandent pour venir sur Terre ? Noooon, ils débarquent, et hop, ils occupent un emploi de super-héros ! Et tu as vu ses vêtements ? Bonjour l’intégration, des fois, on se croirait sur Krypton ! Je ne suis pas raciste, mais quand même, les aliens, tu ne m’ôteras pas de l’idée qu’ils profitent bien de notre planète !
– Calmez-vous maître Bruce ! Je vous en prie !
– En plus, les aliens, ils sentent mauvais et ils écoutent de la musique toute la nuit ! Ah, ça pour profiter des aides galactiques ils… »

Bon, je ne suis plus sûr des dialogues exact, mais c’est ma faute : j’ai tendance à confondre les milliardaires.

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« Et on pourrait construire un grand mur dans l’espace, et on le ferait payer à Krypton ! »

Quant à l’intrigue, pour la reprendre : stoooop.

Alfred, c’est sympa ce que tu racontes cette histoire de Batman qui mentait sur le Portugais Blanc, mais c’est impossible. D’abord, parce que jusqu’il y a encore dix minutes, Bruce Wayne pensait que le Portugais Blanc était un homme, pas un bateau. Alors transporter de la kryptonite à fond de cale, à moins d’avoir un très gros slip… ensuite, il ne pouvait pas savoir non plus pour la kryptonite, puisqu’on découvrait que Bruce Wayne enquêtait sur le Portugais Blanc depuis bien avant le moment où Lex Luthor a ordonné qu’on lui ramène la kryptonite. Bref, ça n’a strictement aucun sens.

Reprenons.

Batman décide d’intercepter la cargaison de kryptonite. Qui est très discrètement transportée, comme toute contrebande, dans des caisses marquées d’un énorme « LEXCORP ». Discret ! Batounet surveille donc le déchargement au port, puis colle à distance un mouchard (mais oui, qui clignote !) sur les portes du camion, histoire que les véhicules d’escorte puissent bien le voir. Heureusement, les figurants n’étant pas payés à faire remarquer que ce film est diablement con, ils font mine de ne pas apercevoir le truc noir sur fond blanc qui clignote en rouge juste devant eux. Vous me direz « Oui mais Batman, s’il n’avait que ce modèle, aurait au moins pu le mettre sur le toit du camion, par exemple, pour qu’il soit moins invisible des troupes au sol« . Mais non. Parce Batman a lu le script, et sait que dans cinq minutes, le toit du camion va être détruit. Et que ne restera intacte que, pile-poil, la zone du mouchard. C’est fou.

Passons : pendant que les mecs transportent la caisse (qui tiendrait dans un coffre de voiture discrète) à bord d’un énorme camion bien visible, Batman les prend en chasse. Aidé de sa Batmobile bourrée d’armes à feu, parce que Batman adore ça, il tue la plupart des margoulins sur son chemin, meule sévèrement le camion des méchants, et alors qu’il s’apprête à se ruer sur eux pour achever le travail, soudain, un piéton sur sa route.

C’est Superman !

« Mais bordeleuuuuuuuuh ! » s’écrie Batman en percutant le brigand, qui ne bouge pas, mais envoie bien voler la Batmobile. Batman imagine déjà le stage de récupération de points de permis qu’il va devoir passer pour avoir percuté un piéton, lorsque Superman bondit sur son véhicule, arrache le pare-brise blindé, et explique :

« Maintenant, tu arrêtes. Tu es violent, c’est pas bien.
– J’fais c’que j’veux.
– Nan. La prochaine fois qu’on allume le projecteur, tu ne viens pas. Point.
– J’ai une question… est-ce que tu saignes ?
– …
– Ça va venir. »

Fabuleux. Batman retourne donc bouder dans sa batcave en ramenant son épave sur roues tant bien que mal, et se dit que bon sang, Superman se met sur sa route. Et ça, c’est mal, il va le payer.

Le lendemain, à Washington, c’est le jour J pour la commission Superman. Toutes les caméras sont braquées sur le Capitole où les personnalités arrivent les unes après les autres. Lex Luthor, qui attend devant la salle, salue un sourire en coin la sénatrice Finch, puis l’ancien employé Wayne SARL qui va témoigner, et enfin, indique à sa secrétaire qu’elle serait bien urbaine de rentrer dans la salle lui réserver une place. L’audition commence sans Lex, dont la chaise marquée d’un énorme « LEX LUTHOR » installée là par sa secrétaire, reste désespérement vide. Mais à défaut de Lex Luthor, c’est Superman qui décide de se pointer à l’audition à la surprise générale. La sénatrice en le voyant, triomphe !

« Superman ! Vous allez répondre de vos actes, espèce de monstre ! À cause de vous, des gens meurent, et tout, c’est pas bien ! »

Alors qu’elle se lance dans un soliloque là encore écrit de telle manière que je pense que le dialoguiste était en fait une sorte de poulpe qui a envoyé son encre un peu vite, et que quelqu’un a ensuite pris le tout pour un script, elle s’interrompt soudain en notant… un bocal d’urine sur son bureau. Oui, un bocal d’urine. Avec un petit mot qui lui fait comprendre que c’est un cadeau de Lex Luthor, rapport à une conversation qu’ils ont eu une fois, qui est comme ça, il n’hésite pas à offrir des bocaux de pisse. C’est le Sénat mon garçon, pas le Tour de France, enfin ! C’est pourtant facile de distinguer les deux : dans l’un des deux cas, il y a la caravane Cochonou, dans l’autre, Cochonou est dans la salle. Tssss, les gens ne sont pas attentifs.

Qu’importe ; la sénatrice regarde la chaise vide de Lex, note que la secrétaire de Luthor paraît elle-même un peu paniquée, et alors qu’elle regarde le témoin en fauteuil payé par Lex… ledit fauteuil explose et souffle toute la salle et une partie de l’étage, tuant tout le monde sauf Superman.

« HOOOOOOOOOO ! » font les gens dehors en voyant les flammes.

« Ça alors ! Superman se pointe, et tout explose, comme par hasard ! » commente intelligemment la presse.

Et c’est donc reparti pour, après les balles à l’alliage mystérieux dans le désert, désormais, Superman est accusé d’être un poseur de bombe.

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Et pour être sûr que personne ne rate l’énorme indice gentiment laissé par Lex, notez que sa chaise est juuuuste derrière le témoin clé. Comme ça, le monde entier peut en profiter. J’en pleure.

Bon. On reprend.

L’audition était filmée. Entièrement. Le monde entier avait les yeux dessus. Tout le monde a donc bien vu le fauteuil exploser (et non Superman devenir grognon). Et surtout… tout le monde a aussi pu voir que le seul mec absent de la salle pile au bon moment, c’était Lex Luthor. Lex Luthor, qui a payé des gens qui peuvent témoigner pour aller déposer un bocal de pisse sur le bureau de la sénatrice avant qu’elle ne meure. Mais non, on n’a qu’à dire que c’est Superman, tient, même si c’est particulièrement peu crédible. Allez hop !

Bruce Wayne, qui suivait les événements à la télévision devient donc aussi farouche qu’il est attardé, c’est-à-dire très fort : Superman, espèce de gros rabouin, tu vas voir ! Je vais te casser la bouche ! Lex Luthor apprend ainsi dans les heures qui s’ensuivent que le mystérieux Bat de Gotham s’est rendu à Métropolis… et lui a volé tout le stock de kryptonite qu’il venait de récupérer grâce à Drazic. Lex Luthor sourit en coin : c’est exactement ce qu’il voulait.

Les jours suivants, Superman a disparu, retiré du monde. Lui aussi fait des rêves étranges et pénétrants où il parle avec son Papa Kent (« Alors, toi aussi tu as préféré oublier la scène de ma mort ?« ), mais n’est plus sûr de vouloir se mêler des affaires des hommes, qui le rejettent. Et tentent de lui faire porter le chapeau pour des choses qu’il n’a pas commises (mais enquêter dessus, bof, ça ne l’intéresse que moyennement). Batman, de son côté, fait de la muscu et se forge des armes en kryptonite : balles en kryptonite, grenades à gaz de kryptonite, lance en kryptonite, couvre théière en kryptonite, etc. À noter d’ailleurs que durant tout le film, alors que la kryptonite est très lourdement soulignée comme étant radioactive, personne ne la manipule avec la moindre protection. Normal.

En tout cas, la voie est libre pour que Lex Luthor poursuive son plan aussi maléfique qu’il paraît naze.

Puisqu’il a accès au corps du général Zod il… heu… il l’emporte ? Voilà, personne ne dit rien. Non, le gouvernement s’en fout. Ensuite, il lui pique des bouts de doigt pour s’en faire des empreintes digitales, et ouvre la porte du fameux vaisseau crashé au cœur de Métropolis. Personne ne surveille la zone, aucun scientifique ne traîne, bref, c’est open bar. Sans compter que quitte à trimballer le corps de Zod, autant utiliser sa main directement plutôt que de lui voler des bouts de doigt, hein. Tu faisais quoi si la technologie de krypton prenait aussi l’empreinte de la paume et qu’elle butait les intrus, gros malin ? Bref, une bien belle perte de temps et un risque gratuit pour Lex le débilou. Enfin, remarquez : en deux ans, aucun scientifique non plus n’avait eu cette idée, et les bougres se contentaient visiblement de taguer leur nom sur la coque. Ou un truc du genre. Rentrer dans un vaisseau bourrée de technologie ultra-avancée ? Quand on a la clé ? Non, ça n’intéresse pas les scientifiques, vous savez. Ils sont comme ça.

Lex pénètre donc dans les couloirs du vaisseau kryptonien, où seul rôde un drone qui accueille les visiteurs. Lex, bien évidemment en costume de ville, tenue idéale pour l’exploration, le suit sans rien dire. Il guide Lex, qui traîne le corps de Zod, jusqu’au cœur du vaisseau où se trouve une salle d’expérimentation, et coup de bol, Lex tombe sur le vaisseau le moins farouche du monde :

« Bonjour, visiteur. Je suis la sécurité du vaisseau. Celui-ci est à 34% de ses capacités suite aux dégâts subis. Voulez-vous en prendre le commandement ?« 

PARDON ?!

Non mais v’là la sécurité. « Regardez, un type sort de nulle part, et en plus, pour nous gens de krypton, c’est un alien : passons le commandement automatiquement à cet inconnu ! »

Et ce n’est pas fini !

« Ce vaisseau contient le savoir de centaines de milliers de monde.
– Enseignez-le moiiiii ! » couine Lex.

Hop hop hop, deux leçons de géo sur Zoubi du Centaure, et une de biologie sur les Scharplüks, les acariens venus de Xuglon, et c’est bon, Lex est chaud patate. Car il a désormais appris comment créer une « abomination ». Il suffit du corps d’un kryptonien (coucou Zod !), d’un peu de sang humain (ah ça alors, ça tombe bien !) et pif paf, c’est possible. La voix de la sécurité du vaisseau joue quand même la prudence.

« Attention, les abominations sont très vilaines et très méchantes, et surtout, très interdites par le conseil de Krypton.
– D’accord, mais où est le conseil de Krypton ? demande Lex.
– Détruit.
– Alors vas-y, crée le truc interdit.
– Okay. »

Je… comment dire ? C’est donc aussi simple que ça ? C’est définitivement la sécurité la moins farouche de l’univers. Ou la plus merdique. Peut-être les deux à la fois ? Je vais quand même plutôt pencher pour la deuxième option, rapport au fumet qui se dégage de ce film.

L’affaire entendue, le vaisseau s’empare du corps de Zod, Lex verse un peu de sang dessus et…

… repart tranquillement chez lui en sifflotant pendant que le vaisseau commence le processus. Lex a en effet des choses autrement plus importantes à faire, comme par exemple, poursuivre son plan moisi. Qui consiste tout d’abord à faire kidnapper Martha Kent, la mère de Clark, par Drazic et ses hommes. Cela fait, il envoie le même Drazic kidnapper Loïs Lane, qui est toute triste depuis que Clark a disparu avec Superman, parti méditer ailleurs. Et non, toujours personne au bureau ne fait le lien entre Clark qui a disparu et Superman qui a fait de même pile au même moment. C’est beau. À ce stade, Diego avait empilé des sacs de sable sur moi (on ne retrouvait plus Natacha dans le noir, et puis elle n’aurait pas suffi) pour m’empêcher de me lever. Et de me stranguler pour abréger mes souffrance.

Loïs est emmenée par hélicoptère jusqu’au sommet de la tour LexCorp, où l’attend l’ami Lex, qui l’accueille avec un énième discours qui donnera aux plus pacifistes d’entre vous des envies d’écraser des hamsters à mains nues. Et vous savez de quoi ça parle ? De dieux et d’hommes, dites-donc ! Un peu monomaniaque, le petit. Toujours est-il qu’il conclut son discours d’un « Maintenant, appelons Superman » (en réalité, il le dit bien évidemment autrement avec une histoire de carré, de triangle et de ligne, le tout de manière incroyablement ridicule et énervante, évidemment). Et il pousse Loïs dans le vide.

« AaaaAAaaaAAAAaaaAAAaah ! » hurle Loïs, tombant de près de cent mètres juste avant qu’elle ne sente sous son fessier les bras de… Superman ! Ça alors ! Il l’a entendue !

« Clark !
– Loïs. Je te dépose là, appelle un taxi, rentre à la maison et prends un bain, là tu sens un peu fort quand même.
– C’est-à-dire que j’ai eu très peur.
– Oui, c’est ce que je te dis, je le sens bien. Maudit super-odorat. Allez, t’inquiète chaussette, j’assure chaussure. Maintenant, je vais régler son compte à ce petit con de Lex Luthor ! »

Et Superman de bondir jusqu’au sommet de la tour, où Lex attend tranquillement.

« Bonjour, Superman !
– Tu as tenté de tuer Loïs, je vais te défoncer.
– Hé non ! Regarde plutôt ces photos… j’ai ta maman Martha en otage !
– Ben non, tu peux pas.
– ? 
– Regarde : Loïs a hurlé, je suis venu. Si elle avait eu des soucis, je l’aurais entendue et je serais venu aussi.
– Heu… oui mais heu… là c’était loin… à la campagne… près de chez elle dans le Kentucky… tu n’as peut-être pas entendu, donc si, c’est crédible.
– Mec, au début du film, Loïs ne poussait pas un cri, et pourtant, je l’entendais être dans la mouise jusqu’en Afrique. 
– …
– …
– … oui mais là, c’est magique !
– Ah bon, ben alors, si c’est magique.
– Bref, j’ai ta maman Martha en otage, HAHAHAHA !
– MONSTRE ! Dis-moi où elle est ou je te tue !
– Hé non ! Car j’ai demandé à mes hommes de ne pas me dire où elle était, hahaha ! Tu ne peux donc pas me faire parler ! Et si tu me tues… ils la tuent ! Alors obéis-moi, où elle meurt !
– Grrgnnnngnnnnn !

– Ahaha ! Moi, un homme, j’ai mis un dieu à mes pieds ! Petit, mon père me battait, et je me suis dit que si Dieu n’intervenait pas, c’est qu’il n’était soit pas tout puissant, soit pas bienveillant ! Voici ma vengeance, espèce de mini-dieu ! Oui, c’est mon seul motif pour mon plan de merde ! Maintenant… vois ! De l’autre côté de la baie, Batman a lui-même allumé le bat-projecteur ! Il t’attend, il veut te combattre ! Va, et ramène moi sa tête ! Entretuez-vous, hahahaha !« 

Soudain, un autre héros vient se poser aux côtés de Superman.

Batman V. Superman: Dawn Of Justice

Je vous laisse juger par vous-même du jeu d’acteur : l’une de ces deux scènes n’est pas dans le film, saurez-vous la retrouver ? Sur la première image, Superman vient de sauver Loïs Lane, son seul amour qu’il n’a pas vu depuis un moment, d’une chute mortelle. Des retrouvailles émouvantes. Sur la seconde, Superman, avec dans les bras Loïs Lane qui fait sa feignasse, vient de passer à La Poste récupérer un courrier de l’URSSAF et se demande combien de sous ils vont encore lui taper. En vous basant uniquement sur l’expression faciale de Clark, sauriez-vous dire quelle est la scène la plus crédible ?

« HoooOOOooo SUPER SPOILER ! s’exclament Lex et Superman en choeur.
– Oui, j’interviens parce que bon. Regarde Superman, je te montre comment faire. Déjà, Lex Luthor a balancé Loïs du haut du toit environ deux minutes après que Drazic l’ait déposée. Donc, l’hélicoptère de Drazic est tout proche, tu dois même le voir d’ici. Un hélicoptère avec un énorme « LexCorp », ça ressemble quand même à un gros indice.
– Heu… 
– Oui Lex ?
– Sauf que l’hélicoptère a disparu entre deux plans. Et que Drazic s’est téléporté avec tous ses hommes dans son repaire secret.
– Okay, mettons. Lex, tu ne sais pas où est le repaire secret de Drazic où il cache Martha Kent ?
– Non ! Héhéhé, mon plan est génial !
– Oui mais tu as le téléphone de Drazic, pour lui donner des ordres.
– Heu… oui ?
– Tiens, tu me le passes ? J’appelle. Superman, quand tu entends que ça décroche, tu vas là où tu entends ma voix sortir et tu meules tout.
– Ah pas con. J’y avais pas pensé.
– Superman, tu te changes depuis plus d’un demi-siècle dans les cabines téléphoniques et tu n’avais pas pensé au téléphone ?
– Mgnnnn…
– Et toi Lex, tu n’avais pas pensé à cette faille dans ton plan reposant pourtant sur l’ouïe de Superman, puisque sans celle-ci, Loïs Lane s’écrasait comme une bouse au bas de l’immeuble ?
– Mgnnn…
– Bon allez, casse-toi Super Spoiler. Non parce que si on suit ton plan, on gagne super facilement et il n’y a plus de film. »

Et Super Spoiler de s’en aller, pendant que Lex Luthor reprend.

« Bon, allez, va meuler Batman ! Tu as une heure, après, je tue la vieille !
– Soit. »

Superman file donc au bas de l’immeuble, retrouve Loïs pour lui expliquer qu’il va tenter de demander de l’aide à Batman plutôt que de le tabasser, puis part à fond les ballons. Loïs retourne donc au siège de son journal pour demander un hélicoptère pour se rendre à Gotham et essayer de raisonner tout le monde si jamais cela partait en sucette. Cela lui est accordé mais… pendant ce temps, l’épave du vaisseau alien en ville produit d’étranges éclairs et pompe toute l’énergie alentours… que se passe-t-il ? En tout cas, même si ça a l’air super dangereux et que le dit vaisseau a plus ou moins rasé la ville en tuant des milliers de gens la première fois, tout le monde fait juste « Hooo ! » et n’évacue pas. Tout est parfaitement logique, circulez, il n’y a rien à voir. J’en connais qui ont le même plan d’évacuation accroché au mur que chez Wayne SARL.

À Gotham, Batman attend de pied ferme à côté du bat-signal. Il a provoqué Superman, et ce soir, il compte bien le tuer. Et s’il ne vient toujours pas, il fera un spectacle en ombres chinoises intitulé « Loïs Lane et le lapin » (il fait super bien le lapin) sur le projecteur pour l’énerver plus encore. Après ce qui est arrivé au Capitole, et sans compter qu’il s’est mis – littéralement – sur sa route, Superman est devenu trop dangereux. Ce soir, il va mourir. Aussi, lorsque Superman apparaît enfin devant lui, il est très satisfait. Mais l’homme à la cape rouge essaie d’abord de parler.

« Bruce, tu dois savoir quelque chose de très important…« 

Batman s’en fout et lui envoie des ondes supersoniques dans la gueule.

« Attends, Bruce, ce que je dois te dire est crucial, car vraiment, tu dois m’écouter, l’information est capitale et… »

Bratatatata font les mitrailleuses de Batman, sans grand effet sur Superman.

« Aaaah, si seulement, je balançais directement l’information histoire de calmer le jeu au lieu de commencer toutes mes phrases par du rien, je… »

Fwoush ! Fait la grenade à gaz de kryptonite qui arrive droit dans la gueule du gredin.

« Kof kof kof… bordel !« 

Superman, qui jusqu’ici se défendait en encaissant les coups et en donnant de grandes claques à Batman qui volait sur deux cents mètres (mais sans rien se casser, merci), se retrouve soudain tout malade… et par un incroyable hasard, c’est pile la bonne dose pour qu’il ait exactement la même force qu’un humain ! Batman peut donc lui rendre les coups et commencer à lui distribuer des pains dans la face beaucoup plus aisément. De temps en temps, Superman regagne de la force, alors Batman lui remet une dosette, et hop, qu’est-ce qu’on s’amuse !

À noter que j’aurais été Superman, moi aussi j’aurais égalisé le combat.

« Okay Batman, tu l’auras voulu. Gnnnnn. Voilà.
– Que ? Tu as fait quelque chose ?
– Oui. Je viens de te regarder au rayon X.
– Super, et ?
– Rayon X puissance maximale, sans protection. Tu as douze cancers, Bruce. J’appelle ça « l’attaque Marie Curie ».
– MAIS C’EST DÉGUEULASSE !
– Ah ouais ? Et la kryptonite alors, tu crois que ça me fait quoi gros malin ? »

Mais non. Superman est fairplay (contrairement à moi), et cela lui coûte cher, puisqu’affaibli, Batman parvient à le sonner, et le traîne ensuite jusqu’à un bâtiment où le Bat de Gotham avait installé son arme secrète : sa lance en kryptonite pure ! Comme Batman est joueur, il s’en sert d’abord pour dessiner des trucs sur le visage de Superman (comme bien évidemment, des kikoutes), puis s’apprête à le tuer lorsque Superman, vaincu, implore :

« Sauve… Martha.
– Que… quoi ?! s’étonne Batman.
– Sauve… Martha…
– Pourquoi as-tu dit son prénom ?! Pourquoi dis-tu cela ? C’EST LE PRÉNOM DE MA MAMAN !« 

Car oui, la maman de Batman s’appelait Martha Wayne. Tout comme Martha Kent.

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Oui, il y a aussi des scènes où Superman a le temps de tout expliquer, mais bon, ne le fait pas parce que hihihi, sinon, on ne se bat pas et les gens sont venus pour ça.

Loïs Lane, qui arrive pile poil à ce moment là, arrive en courant et hurle l’explication à ce gros neuneu de Batman : « C’est aussi celui de la mère de Superman !« 

« Aaaah ben alors c’est complètement différent. » s’exclame Batman en laissant tomber sa lance. « Non parce que si ta mère avait eu un autre prénom, je t’éventrais là, tout de suite, mais comme c’est rigolol, ta maman et la mienne elles s’appellent pareil, désormais, on est best friends forever ! » et il aide Superman à se relever.

C’est le véritable rebondissement. Je vous laisse savourer. Leurs mamans avaient le même prénom, donc c’est bon, ils ne peuvent plus s’entretuer.

Est-ce que je vous reparle de ce quart de milliard de dollars ou ça va aller ?

Bien évidemment, le net pullule déjà de fans un peu cons qui tentent de défendre l’indéfendable d’un « Non mais du coup, il a aussi réalisé qu’il allait briser une famille, comme la sienne fut brisée« , mais on va arrêter, hein. Il a besoin du même prénom, Batman, pour comprendre ? Combien de Martha parmi les mamans de tous les vilains qu’il a dessoudés depuis le début du film, d’ailleurs ? Tout cela est bien mystérieux. Pardon : bien naze.

Maintenant qu’ils sont trop copains, Batman et Superman décident de se diviser en groupes de un.

  • Loïs Lane va aller se débarasser de lance en kryptonite parce que bon, ça ne servira plus jamais, c’est certain, tout ça, donc hop, elle ira la jeter dans un trou d’eau au fond d’une ruine
  • Batman va aller sauver Martha Kent, usant de sa technologie pour localiser Drazic et lui mettre le cœur à vif (si vous avez compris cette blague, pleurez votre jeunesse perdu)
  • Superman va aller faire des brûlures indiennes à Lex Luthor pour lui apprendre la vie

Loïs Lane s’acquitte parfaitement de sa mission. Plouf, fait la lance, pfou, j’ai bien travaillé moi, aujourd’hui.

Batman, lui aussi, s’en tire très correctement. Par exemple, grâce à son batavion, il a tôt fait se rendre à la base secrète de Drazic sitôt localisée et de la… de la mitrailler ?! Hé ben, heureusement qu’il y a un otage, sinon, qu’est-ce que ce serait ! Après avoir ainsi défoncé sans vergogne tous les margoulins à découvert (mais eux, leurs mamans s’appelaient probablement Brenda), Batman s’infiltre dans le bâtiment principal, casse des bras à tire-larigot, puis arrive dans la pièce où Martha est retenue, menacée par Drazic armé d’un lance-flammes. Oui, c’est plus rigolo pour exécuter quelqu’un. Surtout quand tu sais que le moindre cri peut attirer Superman, les hurlement de gens en feu, ça me paraît particulièrement malin.

Pourquoi ? Pourquoi, sérieusement ? Qui a payé plus cher pour rajouter ça au lieu d’un bon vieux pistolet ?

Batman, qui a subtilisé une mitrailleuse légère à l’un des bandits, menace Drazic. Drazic menace mémé. Batman réfléchit hmmm… hmmmm… reuuuuh… pas… facile…

Bon, ben, il tire dans le réservoir du lance-flammes, tout explose, et il se jette sur Martha Kent pour la sauver. Mais ? Arrêtez, enfin ! Et lui tirer dans la tête pour éviter une explosion ? Non ! Batman voulait faire son gros cake. Batman a réussi. Batman est content.

Superman de son côté retrouve Lex Luthor, non pas à la tour Lexcorp, mais là où tout se passe à Métropolis : près du vaisseau crashé qui crache désormais des éclairs. Car Lex est retourné dedans, et en l’y retrouvant, Superman constate qu’un énorme cocon près de lui crépite d’énergie et s’apprête à éclore.

« Alors, pas de tête de Batman avec toi, Superman ? demande Lex un peu déçu.
– Non… on va s’occuper de toi.
– Pense à Martha !
– Martha est en vie. Batman s’en est chargé.
– Grmbl… bien ! Hé bien dans ce cas, je ne tomberai pas seul ! Ce cocon va s’ouvrir, et va en sortir ton apocalypse, un ennemi à ta hauteur, un… Doomsday!
– Okay. Et si j’avais ramené la tête de Batman, tu faisais quoi ? 
– Je…
– Ben tu avais l’air bien con avec ton cocon sur les bras.
– Oui, bon hein ! Ça suffit, mon plan est génial ! Et si je ne peux avoir les dieux… alors je leur enverrai le diaaaaable ! »

Et le cocon s’ouvre, et en jaillit un immense humanoïde monstrueux, qui a la tête générique de tous les monstres depuis les trolls du Seigneur des Anneaux : grisâtre, petits yeux, pas de nez, corps trop large, dents pointues, capacité à hurler tête en avant avec des filets de bave en permanence… fascinant. Le monstre tente de tuer le premier truc qui passe, à savoir Lex Luthor, mais Superman s’interpose quand même, parce que tututu, laisser Batman tuer les gens qui ont kidnappé sa mère, d’accord, mais laisser le commanditaire mourir des mains de son propre monstre, non.

Du coup, si le monstre n’est même pas contrôlé par Lex, c’était quoi le plan ? Faire s’entretuer des gens, puis quoiqu’il arrive, tout péter avec un monstre géant et mourir avec ? Ce… comment dire ? Ça n’a aucun sens ? Lex pourrait marmonner « Ho c’que j’suis méchant« que ce serait par…

Ho. Attendez. Je viens de réaliser. J’ai déjà vu ce Lex Luthor dans une autre oeuvre. Même coupe de cheveux, mêmes dialogues, même sérieux, mêmes histoires de chauves, de surhommes et de Lex Lulu….

J’ai trouvé d’où le film s’est inspiré. Et je ne sais pas vous, mais personnellement, je trouve que tout s’explique.

Bien. Hé bien écoutez, c’est donc parti quoiqu’il arrive pour la séquence de baston finale. Doomsday, puisque c’est son nom, commence à tout casser en ville, y compris et surtout le monument à Superman, l’armée qui tente d’envoyer quelques hélicoptères ne peut rien contre lui, et si Superman lui envoie quelques coups, il en reçoit bien plus encore. La partie est-elle perdue ? Superman tente même d’emporter Doomsday avec lui dans l’espace, mais l’armée en profite pour leur envoyer un missile nucléaire (particulièrement précis pour toucher pile poil deux mecs se battant hors de l’atmosphère), qui fait retomber Doomsday sur Terre… plus fort que jamais car il a absorbé l’énergie de l’explosion ! Quant à Superman, il a été transformé en pruneau d’Agen, mais grâce au pouvoir du soleil, il revit, guérit même des blessures que Batman lui avait faites, hop hop, et fonce sur Terre reprendre le combat. Batman aiderait bien notre héros, mais il ne peut pas grand chose ! Et puis soudain, il se dit que, rah, si j’avais encore ma lance en kryptonite…

« Je vais la chercher ! » glapit Loïs Lane en plongeant dans le trou d’eau où elle a jeté le bousin pour essayer de la récupérer. Mais tous les tremblements causés par le choc des titans provoque des éboulements, et la belle se retrouve coincée sous l’eau ! « Blblblbl blblblbl« , fait-elle intelligemment remarquer, ce que bien entendu, Superman entend.

Sur ces entrefaites, nous retrouvons un personnage que nous n’avions pas vu depuis un bail : la voleuse du gadget de Bruce Wayne lors du cocktail pour la bibliothèque municipale de Métropolis chez Lex Luthor. Elle allait prendre l’avion pour quitter Métropolis, et puis, tout s’est précipité. Les éclairs autour du vaisseau crashé, le monstre géant qui en sort… elle repense à un mail que Bruce Wayne lui a envoyé quelques jours plus tôt. Un mail contenant la photo qu’elle tenait tant à récupérer, décryptée par Bruce. Une photo d’elle, en tenue d’amazone, en Belgique, en 1918 avec des soldats autour d’elle. Avec en commentaire de Bruce Wayne « lol, grillée ! » et d’autres pièces jointes issues des archives volées de Lulu, chacune avec un logo et traitant d’un « métahumain » (on se calme, les shadowrunners) différent : un type surnommé Flash qui va super vite, un certain Aquaman vivant sous l’eau, et un grand blessé transformé en cyborgs… tous des êtres supérieurs. Et son dossier à elle : Wonderwoman. Et Bruce Wayne d’avoir annoté « T ki mdr ?« . Notre larronne soupire, abandonne son siège et quitte l’avion avant le départ.

Et quelques instants après, alors que Batman était en mauvaise posture face à Doomsday, le voilà sauvé par une mystérieuse femme qui s’interpose avec épée et bouclier entre lui et son adversaire :

« Ho ! Deus Ex Wonderbra !
– Woman. Wonderwoman. Vous allez pas commencer, hein !« 

Et le combat de reprendre de plus belle.

« Et heu… juste comme ça… toi ta mère, elle s’appelait comment ? – Batman, ta gueule maintenant. »

Pendant ce temps, Superman est allé sauver Loïs Lane, qui continuait à faire blub blub dans son trou d’eau. Le bougre la sauve, puis plonge chercher la lance en kryptonite, ce qui bien évidemment, le rend bien malade. Mais malgré tout, il parvient à remonter à la surface et à s’effondrer dans les bras de Loïs.

« Loïs… c’est ma planète… je dois sauver ces gens.
– Clark, non, attends !
– Je vais voler… la lance au poing… et l’enfoncer dans le torse de ce monstre…
– Clark, s’il-te-plaît…
– C’est trop tard… je dois le faire… »

Clark se redresse, prend son envol, et fonce, lance pointée droit devant.

« Ce que je voulais dire, c’est qu’une lance, ça se lance, bougre de con ! Comme ça tu n’as pas à te sacrifier ! » lui crie Loïs, mais hop, Superman fait genre qu’il n’entend pas, ce qui n’est que moyennement crédible.

Superman file droit vers son ennemi au moment où Wonderwoman l’immobilise de son lasso et où Batman lui envoie une grenade à gaz de kryptonite dans la truffe, et Doomsday est donc prêt pour recevoir son châtiment suprême. Superman le transperce de sa lance, mais affaibli par la kryptonite qu’elle contient, se retrouve vulnérable. Doomsday, mourant, décide de l’emporter avec lui : il utilise une protubérance de son vilain corps (non, pas celle là), et transperce à son tour Superman en plein cœur.

Doomsday est mort. La planète est sauvée. Lex Luthor promptement arrêté (mais parvient quand même à faire une dernière tirade sur les hommes et les dieux, fascinant) et pas marqué au fer rouge par Batman, qui finalement se dit que ouais, non. Mais Superman est quand même super décédé.

Nous retrouvons donc Loïs chez Martha Kent, alors que l’on enterre Clark Kent près de son papounet. Partout dans le monde, on rend hommage à Superman (y compris son journal, qui pleure aussi la mort de Clark Kent, arrivée le même jour, toujours sans faire le lien, merci), et à Washington, on met en terre un cercueil vide (Batman, Loïs & co n’ont pas laissé le corps derrière eux, les rabouins). C’est la tristesse, les violons, les coups de canons, la cornemuse (un instrument typique de Krypton), et bien évidemment, le passage où Martha Kent remet une enveloppe commerciale non-ouverte à Loïs : une bague. Clark voulait l’épouser et s’était acheté une bague par correspondance. J’hésite entre « la grande classe » et « la grosse originalité ».

Bruce Wayne, aux côtés de Wonderwoman, se tient à l’écart du cimetière pour laisser Loïs à sa peine, et aussi pour faire genre je suis trop mystérieux, mais échange avec sa nouvelle Wonder amie.

« Il faut retrouver les autres métahumains, Wonder. Comme Clark. Ou toi.
– Et pourquoi donc ? Moi, je m’étais retiré du monde des hommes il y a un siècle, après avoir vu trop de violence.« 

Retirée, mais dans des voitures de luxe, des soirées cocktails et des robe de soirées.

« V’là l’ermite.
– Ben oui, ermite. Je suis allée profiter des demeures des autres.
– Non mais ça, c’est le bernard l’hermite.
– Haaaan. Je m’ai trompée. »

La conversation se poursuit un peu, et enfin, Batman fait son sourire de kakou.

« Nous trouverons les autres métahumains. Et nous les convaincrons de se battre avec nous. Car bientôt, il faudra se battre… j’en ai l’intuition. »

Tous se détournent du cimetière, avant que Loïs ne jette la première poignée de terre sur la tombe de Clark puis ne s’en aille à son tour. Bon, sachant qu’il se régénère au soleil, c’est un peu con de le foutre dans une boîte sous terre, mais on va dire que vous n’avez pas vu le film. De toute manière, les scénaristes non plus n’ont pas dû suivre, car malgré tout, soudain, la terre sur le cercueil s’anime, des plantes y poussent, la vie revient et…

… FIN !

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Avant de se quitter, tout de même, un petit aperçu de Doomsday, aussi appelé « Monstre générique #953 ».

__________________________

« Et voilà pour la fin de cette projection. Alors ?« 

Sept super-héros s’étaient endormis. Batman sanglotait, Superman était parti prendre une douche en cours de séance, quant à Wonderwoman, elle se balançait mollement sous le ventilateur de la salle de réunion, pendue avec son propre lasso. Personne n’osait prononcer le moindre mot. Enfin, on entendit une voix rocailleuse timidement s’élever.

« C’est monstrueux, pleurnicha Batman. Comment peut-on faire autant de mal à des spectateurs ? Et à notre image ? Les gens nous aimaient, bon sang ! On avait mis des années à revenir sur le devant de la scène, mais ils nous aimaient !« 

Super Spoiler tapota le dos de Batman, qui se roula un peu plus en boule dans son bat-fauteuil.

« C’est là toute la question, mon bon Batman. Et il n’y a que deux options. 
– Ah oui ? demanda Batman, les yeux plein de larmes levés vers Super Spoiler.
– La première c’est que l’humanité a produit une pareille bouse sans le faire exprès. Et qu’en plus, alors que tout annonçait un niveau dramatique, ça a été l’un des meilleurs lancements de l’histoire. Autrement dit, non seulement c’est nul, mais en plus, l’humanité ne vaut pas le coup d’être protégée.
– Et l’autre option ? sanglota Batman.
– L’autre option…« 

Super Spoiler regarda le cadavre de Wonderwoman qui continuait à se balancer au-dessus de la table.

« L’autre option, c’est que ce film est l’oeuvre du Joker, ou un truc du genre. Un gigantesque complot, une immense blague pour vous ridiculiser. Auquel cas, il faut absolument aller casser la gueule du réalisateur.
– Je… vous… vous avez raison, Super Spoiler ! dit Batman en séchant ses batlarmes. C’est la seule explication ! Vite, je vais chercher Superman, lui dire qu’il peut arrêter de se frotter sous la douche, le seul moyen de faire partir toute cette honte, c’est d’aller péter les dents de celui qui a fait ça ! Merci, Super Spoiler !« 

Batman se leva et disparut par le sas le plus proche, plein d’une énergie nouvelle.

« Quelle andouille ce Batman, soupira Super Spoiler.
– Vous dites patron ?
– Evidemment que ce n’est pas un plan du Joker. C’est juste qu’Hollywood bat le record de médiocrité année après année.
– Mais alors… pourquoi lui avoir redonné espoir en lui mentant ?« 

D’un geste amusé, Super Spoiler tapota la moustache en plastique de Diego Mystère. Ça coûtait autrement moins cher qu’un masque, et ça fonctionnait à peu près autant, voire mieux. Tout le monde se souvient que Freddy Mercury, une fois sans moustache, était méconnaissable. Alors que Clark Kent et ses lunettes, bon.

« J’avais juste besoin d’éloigner ces couillons. Et puis bon, péter la gueule du coupable de cet étron, c’est du bonus. Non, ce qui m’intéresse vraiment, c’est ça. » dit Super Spoiler en pointant le cadavre pendu de Wonderwoman.

« Je ne comprends pas… sourcilla Diego Mystère.
– Tu connais le pouvoir du lasso de Wonderwoman ?
– Il force les gens pris dedans à obéir et à dire la vérité ?
– Bien. Et qu’est-ce qu’il se passerait si Wonderwoman se pendait avec ?« 

Diego Mystère fronça les sourcils, avant de réaliser. Un cadavre de Wonderwoman qui obéirait au doigt et à l’œil et répondrait sincèrement à toutes les questions. Même les plus intimes.

« Allez, mon bon ! Va me la décrocher et charge-la dans le coffre de la Spoiler Mobile !« 

S’exclama Super Spoiler d’un air satisfait, le cigare aux lèvres. Il savoura sa victoire, et dans un grand sourire, ajouta :

« Nous venons d’inventer l’éroésotérisme !« 



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