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Channel: Le blog d'un odieux connard
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Percy Jackson, il a merdé monstre.

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Ah, Percy Jackson !

Pour ceux qui auraient raté le précédent article sur le sujet, en même temps, c’était en 2010 (oui, vous étiez jeunes en ce temps là), une petite séance de rattrapage s’impose. Et comme j’entends déjà les plus fainéants d’entre vous se rouler par terre en arguant que non, ils ne veulent pas se taper un pavé entier pour savoir ce qu’il s’est passé dans l’épisode précédent, permettez-moi dans mon incommensurable bonté de vous résumer celui-ci de manière vaguement plus synthétique qu’à l’accoutumée. Et d’en remettre une couche sur ce qui fait tout le sel de la saga Percy Jackson, à savoir une telle resucée de Harry Potter que Quentin Tarantino pourrait l’avoir signée.

Vous en doutez ? Mécréants. Lisez plutôt le pitch :

Percy Jackson est un enfant malheureux et maltraité. Un jour, un étrange monsieur barbu (Chiron) vient lui annoncer qu’il ne sait pas tout sur ses véritables origines et qu’en réalité, il dispose de pouvoirs magiques puisqu’il est un "sang-mêlé" (oui, même le terme de "demi-dieu", puisqu’il est fils de Poséidon et d’une humaine, a été changé pour sonner comme du Harry Potter).  Percy est donc envoyé dans une école où l’on apprend aux demi-dieux à maîtriser leurs pouvoirs, école protégée du monde extérieur et des méchants par une immense barrière magique. Il y traînera avec son meilleur ami, le maladroit Grover, ainsi qu’Annabeth, la Mademoiselle Je-sais-tout locale. Cependant, il s’y fera aussi un rival, Luke, un blond aux cheveux plein de gel qui a pour armoiries des serpents (puisque fils d’Hermès). 

Et comme indiqué dans le précédent spoiler, chaque livre de la saga originale représente une année dans cette école mystérieuse.

Vous avez saisi le concept ? Bien, alors résumons l’épisode précédent.

Zeus est grognon : quelqu’un lui a tiré son foudre. Après avoir accusé les gitans, Zeus décide de pointer du doigt le seul fils de Poséidon : Percy Jackson, quand bien même celui-ci n’est même pas au courant de l’existence des dieux grecs.  Dans le bordel général qui s’ensuit, Percy découvre ses véritables origines, se rend compte que tiens, ce gros bâtard de Luke est peut-être derrière le vol puisqu’il n’est jamais que le fils du dieu des voleurs (entre autres), et après moult aventures pour retrouver l’objet volé durant lesquelles il décapitera la méduse, ira jusqu’aux enfers (qui se trouvent sous Hollywood, c’est pertinent) et défiera Hadès lui-même, Percy retrouve le foudre, colle sa tannée à Luke, sauve l’Olympe (qui est sur l’Empire State Building, sic) et peut rentrer chez lui faire la fête en se saoulant au Sirop Sport.

Pendant que notre héros célèbre sa victoire et que les avocats de J.K Rowling se roulent par terre dans leur bureau, allons donc nous intéresser à la suite des aventures de notre demi-dieu préféré : spoilons, mes bons !

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L’affiche : deux tiers occupés par des flammes/explosions, c’est une sorte de messie des bouses.

Tout commence quatre année avant les événements que votre humble serviteur vient de vous conter, alors que quatre enfants courent à toutes jambes dans les bois en hurlant (nous sommes probablement dans l’Yonne) pour essayer d’atteindre le "camp des sang-mêlés" et y trouver la sécurité, auprès des leurs, quand bien même des demi-titans et autres créatures mythologiques n’aimant pas trop tout ce qui est de sang divin les coursent pour leur meuler la gueule. Oui, ils sont taquins. Nos 4 larrons sont : Annabeth, Luke, Grover et une certaine Thalia. La course-poursuite se déroule plutôt bien pour nos jeunes loulous, puisqu’ils parviennent à atteindre la porte du camp ou presque quand bien même leurs ennemis sont si loin qu’ils ne sont même pas en vue.

Sauf que Grover, qui rappelons-le, est mi-black mi-satyre (soit deux fois plus de plaisir) se vautre comme un gros étron en poussant des cris comme "Aïe aïe ouïe, je m’ai fait malheuuuu ! Sachant que je peux encore sautiller, comment va-t-on atteindre cette porte, qui est à seulement 5 mètres de nous et que nos ennemis sont encore loin ?". Excellente question Grover, mais ne t’inquiète pas, Thalia a la réponse :

"Ne vous inquiétez pas, je vais les retenir !" s’exclame-t-elle en brandissant un canif.

Alors que nous n’en sommes qu’à 2 minutes de film et que déjà, tout le monde dans la salle se regarde en se demandant pourquoi ces andouilles ne passent pas juste la porte du camp qui est juste derrière-eux, et à quoi rime cette séquence moisie, l’inévitable arrive : des cyclopes se pointent et pètent la margoulette à Thalia, pendant que ses amis, les yeux embués de larmes, s’enfuient en passant la porte du camp des sang-mêlé qui était donc juste à côté, en hurlant des choses comme "Naooooon, Thaliaaaa !", "Hooo c’est trop triiiiiste !" ou "Si seulement elle n’avait pas été intellectuellement plus proche de l’endive que de l’être humaiiiiiin !".

Sauf que Thalia n’était pas n’importe qui : c’était la fille de Zeus. Aussi pendant qu’elle agonisait sur le sol moussu de la forêt jolie, son divin père décida de lui donner une chance de continuer à vivre sous une autre forme : non pas celle d’asticots, hélas, non ; il transforma plutôt son corps en bois, et de celui-ci naquit un immense arbre magique capable de générer un bouclier empêchant tout ennemi des sang-mêlés d’entrer dans le camp de ceux-ci. Ainsi naissait la plus grande protection du camp qui…

Hopopop, attendez ! Qu’est-ce que c’est que ces carabistouilles ?

Vous voulez dire que jusqu’à il y a 4 ans, il n’y avait aucune barrière de protection au camp des demi-dieux ? Alors expliquez-moi :

  • Pourquoi nos héros pensaient être en sécurité simplement en passant la porte du camp si elle n’avait aucune protection ?
  • Pourquoi n’y avait-il pas de gardes autour du camp si on peut y entrer comme dans un moulin ?
  • Pourquoi personne n’a-t-il simplement pensé à escorter les nouveaux élèves lorsqu’ils venaient au camp depuis des siècles ?

Non parce que du coup, à la place des méchants, personnellement j’aurais miné les bois pour commencer. Ça aurait rendu l’arrivée des nouveaux élèves un poil plus spectaculaire (une sorte de Poudlard Afghan), mais bon. Ça ou un peu de napalm sur la clairière où ils campent, nul doute que les experts auraient été bien étonnés en retrouvant du satyre calciné répandu sur 150 mètres sur les lieux du crime.

Bref.

Revenons à nos jours, alors que Percy Jackson est occupé avec ses amis demi-dieux à pratiquer quelque olympiade dans leur camp. Enfin je dis olympiade : ça ressemble quand même plus à Intervilles qu’autre chose, mais bon. Pour être tout à fait exact, une sorte de grosse structure en bois pleine d’obstacles tourne au milieu du camp, et moult demi-dieux tentent de l’escalader pour atteindre son sommet en se battant entre eux ; le premier qui attrapera le disque accroché tout en haut de la structure aura gagné et pourra faire ce que tout bon vainqueur fait : narguer ses adversaires, expliquer que tout ça, c’est du talent, voire utiliser son dictionnaire des insultes homophobes pour qualifier la performance de ses petits camarades.

Percy, fils de Poséidon, a sur cette épreuve une principale concurrente : Clarisse, fille d’Arès, le dieu de la guerre. Mais cette dernière restant une femelle avant tout, c’est fort logiquement qu’elle se fait griller la politesse par Percy, qui atteint le sommet avant elle. Sauf qu’au moment où celui-ci va se saisir du disque de la victoire, il entend les cris d’un certain Jean-Jacques, qui s’est pris les pieds dans une échelle de corde au bas de la structure, et celle-ci tournant sur elle-même à environ 2 kilomètres heure, il est traîné sur le sol ce qui lui donne principalement l’air bête.

"Zut", se dit Percy. "Soit je prend ce disque à 50 centimètres devant moi, l’épreuve s’achève, ce qui arrête en plus la structure de tourner, et du coup je sauve Jean-Jacques et j’ai gagné, soit je fait des pirouettes dans tous les sens avant d’essayer de décrocher le malheureux qui n’est même pas en danger à la volée, le tout pendant que la structure tourne encore, ce qui veut dire que Jean-Jacques va avoir l’air bête durant un peu plus longtemps, et en plus je perds." utilisant ses neurones d’être mi-homme mi-crustacé, Percy décide donc de prendre la seconde option, et va donc sauver Jean-Jacques d’un non-danger.

Clarisse profite donc de la chose pour reprendre l’avantage et aller gagner l’épreuve.

Percy va donc bouder dans son coin, parce qu’il avait déjà pensé à plein d’insultes homophobes à balancer du haut de sa victoire, mais que là du coup, c’est râpé. Ses amis Annabeth, fille d’Athéna, et Grover le satyre viennent donc lui remonter le moral, même s’il est vrai que sur toutes les dernières épreuves et jeux du camp des sang-mêlés, Percy est toujours arrivé second derrière Clarisse. Il est donc un peu dég’, et commence à se poser des questions (mes lectrices seront heureuses d’apprendre que, non, une femme ne peut pas être tout simplement meilleure qu’un homme : c’est forcément qu’il y a un problème quelque part. J’approuve complètement ce message, bien évidemment). Il va donc trouver l’étendue d’eau la plus proche, et plutôt que de s’y jeter avec un gros cailloux en pendentif, au grand désarroi des gens de goût, il décide de se lancer dans un long monologue en espérant que Poséidon l’entende.

"Les gars ? Qui a laissé Percy tout seul ? Vous savez bien qu’il est un peu con, il est persuadé que Poséidon est le dieu de toutes les eaux, et non des mers et des océans. Tu m’étonnes que son papounet réponde pas : l’autre jour, il soliloquait devant les waters."

J’essaie de vous synthétiser son passionnant propos :

"S’trop nul, je me fais battre par Clarisse alors que je pensais être plus important qu’un vulgaire personnage secondaire sans même un kiki, si ça se trouve, j’ai sauvé l’Olympe dans le film précédent que parce que j’ai eu du bol, Tu sais quoi Poséidon ? On va faire comme dans toutes les bouses : après le premier film où je découvre mes pouvoirs, le second film est basé sur mes doutes, d’accord ?"

Sauf que Poséidon ne répond pas. Percy grommelle donc que c’est trop injuste, et ne remarque même pas, sitôt qu’il a tourné le dos à l’étendue d’eau voisine, l’onde claire s’agiter brièvement, signe soit que Poséidon l’a entendu, soit qu’une truite vient de faire une soirée fajitas. Personnellement, j’ai déjà choisi mon camp.

Quelques temps plus tard, donc, alors que Percy continue d’être moqué par Clarisse et que Dionysos, le crypto-directeur du camp, lui file toutes les tâches ingrates comme passer le rateau ou lire le scénario de ce film, un événement inattendu se produit. A savoir que Dionysos et Chiron le centaure (qui était Pierce Brosnan dans le précédent film mais est désormais incarné par celui que les plus vieux reconnaîtront comme étant Giles de Buffy contre les vampires – si les mots "trilogie du samedi" vous disent quelque chose, c’est que vous commencez sérieusement à vous fripper) convoquent Percy à leur maisonnette pour lui annoncer une chose incroyable :

Percy a un demi-frère. Et celui-ci vient d’arriver au camp.

"C’est pas banal mon bon Percy. Non parce que des enfants des trois dieux principaux, à savoir Zeus, Poséidon et Hadès, il n’y en a pas des masses. En fait, il n’y a plus que toi. Et puis en plus, ton frangin, c’est le fils d’un dieu et d’une nymphe, c’est donc… UN CYCLOPE !"

Et en effet, s’écartant, Chiron et Dionysos laissent apparaître un adolescent avec un œil unique.

"RON !" s’exclament donc en chœur tous les spectateurs en voyant arriver un adolescent grand, benêt, maladroit, vaguement roux, mal habillé et qui va devenir le meilleur ami de Percy. Le réalisateur étant allé jusqu’à maquiller l’acteur pour lui donner un petit quelque chose de l’interprète du célèbre Wesley, j’imagine que chez les avocats de J.K Rowling, on sortait la caisse de champagne avec son slip sur la tête à ce stade. Mais non, non.  Il ne s’appelle pas vraiment Ron, ça se verrait quand même : puisque Percy rime avec Harry, mais c’est une coïncidence, sachez que le nouveau venu aux cheveux vaguement de feu s’appelle… Tyson.

Oui hein ? Ça s’appelle : le pouvoir de l’imagination.

Bref. Alors que tout ce petit monde prend un peu de temps pour faire connaissance, et que l’on découvre qu’Annabeth n’aime pas vraiment les cyclopes, obligeant Tyson à porter des lunettes de soleil pour camoufler sa choquante différence (qu’est-ce que ce serait si elle ne vivait pas dans un monde rempli d’être mythiques), un autre événement inattendu se produit bien vite. A savoir que le camp est remué par de terribles secousses, et on entend des chocs sourds : quelque chose est en train de s’attaquer à la barrière magique ! Vite, tous les larrons du camp se dirigent vers l’origine du bruit, mais sans armes des fois que ce soit juste un type qui fasse ça pour rigoler, et à leur grande surprise… la barrière se brise, et un immense taureau d’airain apparaît, galopant dans leur direction avec des intentions vaguement hostiles !

Chacun y va donc de sa petite acrobatie pour essayer d’éviter le taureau et/ou d’attirer son attention pour le détourner d’une cible trop facile, mais même les armes ne parviennent pas à venir à bout de la bête, tout ricoche sur sa carapace ! La bête crache le feu, fait sortir de la vapeur de ses naseaux, semble mue par une quelconque fournaise abritée dans ses flancs… ah, quel terrible ennemi ! Si seulement il y avait parmi les héros du camp, je ne sais pas moi, un fils de Poséidon et une immense étendue d’eau juste à côté histoire d’envoyer quelques milliers de litres sur le bestiau et éteindre ses ardeurs !

Mais non, c’est vrai que c’était un peu compliqué comme idée. Faisons plutôt du rien. Des fois que le taureau meure d’ennui, allez savoir.

Ça tombe bien, puisque de son côté, le taureau fait n’importe quoi : des fois il peut briser des murs, des fois non, ça dépend si ça arrange le script ou pas, il fait jaillir des pointes de ses cornes pour un oui ou pour un non, mais quand on lui attrape et que ça pourrait servir à arracher les mains du mécréant qui tente ainsi de se saisir de lui, il ne le fait pas, etc. Bref, c’est une quiche d’airain. Tant et si bien que poursuivant ce galopin de Percy Jackson dans un endroit à l’écart (tout le reste du camp n’a alors plus aucun intérêt pour la question, et se contente de partir à la cueillette aux champignons, seul notre héros s’intéresse encore au taureau, je ne rigole pas, tous les autres personnages disparaissent et/ou passent à autre chose), l’animal finit par commettre une terrible erreur : il ouvre grand la gueule, offrant ainsi au fils de Poséidon la possibilité de lui balancer dans la margoulette sa meilleure arme : son stylo qui peut se transformer en épée (cadeau de son papounet dans l’épisode précédent). Le taureau avale donc le Bic, et celui-ci se transformant soudainement en puissante lame dans ses entrailles, il brise ce qui lui sert de cœur, provoquant une série de convulsions chez la bête, le tout suivi d’une puissante explosion, mais pas trop quand même, faudrait pas que notre héros situé à 2 mètres douille.

Et en effet, il s’en tire bien, merci. C’est sympa de vous inquiéter.

Le taureau le moins aimé de l’histoire du cinéma : avant même que ne se termine la scène où il apparaît, les personnages n’en ont déjà plus rien à faire.

Sauf qu’alors qu’il gît à terre, Percy entend un rire maléfique – comprendre digne de Cauet – résonner autour de lui. Ouvrant péniblement les yeux, il aperçoit alors… Luke !

"Hahaha, Percy Jackson ! Tu as vaincu mon taureau… mais pas moi !
- Mais, c’est impossible, je t’ai noyé à la fin du un et on a jamais retrouvé ton corps !
- Oui, c’est fou comme les gens dont on ne retrouve jamais le corps on une fâcheuse tendance à revenir, tu ne trouves pas ? 
- C’est vrai que j’ai comme une impression de déjà vu. Mais au fait, tu veux quoi ?
- Juste te dire… que l’on te manipulait, Percy Jackson ! Tu ne connais pas la prophétie à ton sujet ? Ton ami Chiron te ment ! Il se sert de toi comme un pion ! Suis-moi, et comme d’autres sang-mêlés, tu te battras pour la liberté des nôtres au lieu de baisser la tête sous le joug des dieux tyrans !
- Okay mais quel rapport avec le fait d’envoyer un taureau d’airain essayer de tous nous tuer ?
- Ah ? Heu… kof kof kof… ho ! Je t’ai montré mon médaillon qui fait téléporteur ? Regarde : POUF !"

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Et dans un nuage de fumée, Luke disparaît au grand étonnement de Percy. Damned, voilà un artefact fort pratique ! Est-ce que comme dans tous les films impliquant de la téléportation, cela va porter préjudice à l’intrigue ? Hmmm, comme tout cela est mystérieux !

Toujours est-il que pendant ce temps là, Chiron et les sang-mêlés du camp, totalement désintéressés par cette histoire de taureau tentant de tous les tuer, sont donc tranquillement allés à l’arbre de Thalia (et en marchant s’il-vous-plaît, rien ne presse, on les attaque juste) pour constater que si la barrière avait cédé, c’est parce que l’arbre a été empoisonné ! "Mais par qui donc ?" se demande Chiron, sans se dire que tiens, en fait, peut-être que ça aurait été intelligent de surveiller un minimum l’arbre, qui est un peu le cœur de toute la sécurité du camp, histoire d’éviter ce genre de soucis. Mais là encore, c’était un peu compliqué.

"Par Luke !" s’exclame donc en retour Percy Jackson, surgissant de la foule des adolescents.

"Luke ? Le mauvais groupe ?
- Non Chiron ! Luke, le vilain fils d’Hermès de l’épisode précédent ! Il est de retour !
- Mais comment peux-tu le savoir ?
- Bin, je l’ai vu. Vous savez, en tuant le taureau d’airain, celui dont vous ne savez même pas qu’il est mort mais qui vous intéresse tellement peu que vous ne posez aucune question dessus. 
- Bon. Bin il n’empêche que de mon côté, il va falloir que je cherche un antidote pour Thalia…
- Une seconde Chiron ! Luke a parlé d’une prophétie à mon sujet !
- "Ce film sera nul à chier jusqu’au bout" ?
- Non, une autre !
- Hmmm… alors il t’en a parlé… je ne savais pas si tu étais prête à l’entendre mais… soit."

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Chiron explique donc à notre héros que s’il le souhaite, il peut aller dans la petite maison au sein du camp où se trouve le bureau de Dionysos, et se rendre au grenier. Là, il aura des réponses.  Percy hésite un peu, parce que bon, hein, ça fait peur les greniers, mais comme c’est un ouf malade, il s’y rend. Et entre deux vieilles caisses de vaisselle, de fringues trop petites et de VHS (je vous rappelle que ces gens ont connu l’antiquité) de Xena la guerrière, il tombe nez à nez avec un vieux cadavre plutôt féminin qui s’anime à son approche et se présente comme… la Pythie de Delphes !

C’est rigolo, parce que moi je pensais que la Pythie de Delphes, elle était plutôt à Delphes, pas au fin fond d’une grenier américain. Mais bon, c’est comme l’Olympe qui n’est pas sur l’Olympe mais à New York, c’est du détail. Mais je trouve ça sympa de stocker des cadavres de femmes dans son grenier. C’est un peu mon antithèse : moi, elles sont vivantes et à la cave. C’est à cela que l’on reconnait les hommes de goût.

Bref, le cadavre au fumet de fromage se met à marmonner des choses mystérieuses comme "Tu veux une prophétie ? Pour savoir l’avenir, il faut connaître le passé" ou "Et s’il-te-plaît, vieux bulot ? Les jeunes n’ont plus de respect, petit con va." Puis commence à raconter un peu ce que Percy devrait savoir, puisque bon, il passe ses journées dans un camp de demi-dieux grecs, mais comme tous les personnages de ce film, ses connaissances mythologiques sont proches du zéro absolu. Je ne sais pas ce qu’ils font de leurs journées, mais ça doit être intéressant.

Or donc, par le passé, Kronos, le père des dieux, dévora ses fils. Mais trois d’entre eux, Zeus, Poséidon et Hadès, lui claquèrent le museau et envoyèrent ses restes dans le monde souterrain du Tartare. Mais une prophétie raconte qu’un jour, Kronos se réveillera, et qu’un demi-dieu enfant de l’un des trois dieux aînés qui butèrent Kronos une première fois reviendra, et que de sa lame, il sauvera l’Olympe, ou au contraire, le mènera à sa perte, le tout avant son vingtième anniversaire.

"Intéressant." se dit Percy. Avant d’ajouter "Mais attends, c’est pourri comme prophétie ! "Oui alors il y a quelqu’un, bon, on sait pas trop qui en fait, il va faire un truc. Mais on sait pas si ce sera en bien ou en mal." Dis-donc mémé morte, tu te fous de ma gueule ? Rends-moi mon pognon !".  Quoique, non, attendez j’ai peut-être fantasmé cette seconde partie : Percy étant un peu con, il trouve vraiment cette prophétie intéressante. Et va en parler au sage centaure Chiron. Qui se gratte le menton en prenant l’air pensif, avant de se rappeler que c’est peut-être pas la peine vu ses dialogues.

Un été sans brumisateur, et voilà ce qui arrive.

"Hmmm Percy… tu sais ce que cela veut dire ? Que tu es le héros de cette prophétie ! Puisque Zeus n’a plus d’enfants, pas plus qu’Hadès, et que tu es le seul fils et héritier de Poséidon !
- Bin… et Tyson, qu’on a rencontré il y a deux scènes de cela ? 
- … heu… attends, non, on en parle pas dans le script. Je vois pas.
- Bon bin faisons semblant de rien.
- Ouiiiii, Percy, tu es le seul fils de Poséidon, c’est donc toi le héros de la prophétie !" 

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Quelle révélation, sachant qu’apparemment, même Luke semblait au courant de la prophétie et du fait qu’elle concernait Percy, puisqu’il lui a annoncé lui-même. Sinon, juste comme ça, c’est pas pour embêter mais : la prophétie ne donne pas de date. Du coup, pourquoi elle concernerait forcément des gens vivant en ce moment ? Après tout, les dieux étant immortels et visiblement fertiles, elle peut très bien concerner Gloubitz Jackson, bâtard divin qui naîtra dans 3 500 ans,

Mais non, personne n’y pense. C’est forcément un des demi-dieux actuels.

D’ailleurs, quitte à poser des questions sur l’avenir, je me serais inquiété d’autres problèmes si j’avais été l’un des demi-dieux locaux.

"Monsieur Chiron, je peux vous parler ?
- Oui, Odieux fils d’Odin ? Tu te plais ici ? Cet Erasmus entre panthéon polythéistes était vraiment une riche idée.
- Moui, mais bon, il y a un truc qui me titille.
- Ahaha, jeune garnement ! Tu veux savoir s’il existe des juments chez les centaures, c’est ça ?
- Non, c’est bon, je suis déjà au courant pour Sarah Jessica Parker. Non, je me demandais : pourquoi on ne parle jamais de demi-dieux adultes ? Non parce que vous nous rabattez les oreilles avec Percy Jackson et ses copains, mais une fois qu’ils sont un peu âgés, ils font quoi, les demi-dieux ? Parce qu’il n’y a pas un seul adulte sur le camp, mine de rien.
- Heu… hem je… heu… hé bien ils vont dans… dans une ferme ? Mais loin, trèèèèès loin, on ne peut pas aller les voir, pfoulala. Mais ils sont heureux là-bas, hein ? 
- Je sais pas. J’ai l’impression que vous me prenez pour un con. Un tout petit peu.
- Hohoho je… bon, je dois y aller d’accord ?."

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Laissons de côté ces questions sans grand intérêt, puisque visiblement ça n’intéresse personne, pour nous tourner vers ce qu’il se passe au sein du camp : Annabeth, inquiète des événements en train de se dérouler, a fait des recherches sur son iPad (probablement même sur Twitter, histoire d’avoir les infos les plus foireuses du net) et découvert que le seul moyen de sauver l’arbre de Thalia qui est en train de mourir du poison, et donc de rétablir la barrière autour du camp, est de trouver la toison d’or, mythique relique permettant de guérir et ressusciter tout et tout le monde. Elle va donc expliquer la chose à Dionysos, qui pense qu’en effet, c’est une solution plus efficace que d’attendre un hypothétique remède produit par Chiron. Il fait donc réunir tous les jeunes du camp dans le petit amphithéâtre local, et leur explique la situation en quelques mots.

"Sang-mêlés ! Nous sommes tous en danger, maintenant que la barrière qui protégeait notre camp est tombée ! Nous devons agir… ou risquer l’extermination ! 
- Oui mais comment on a fait jusqu’à il y a 4 ans ? Parce qu’on survivait sans la barrière, jusqu’alors, non ? 
- Lalala, je n’entends rien ! Bref, comme je vous le disais, nous risquons la destruction totale ! Sauf si nous trouvons la toison d’or, capable de soigner l’arbre de Thalia ! J’ai donc décidé…
- … qu’on y allait tous histoire de maximiser nos chances de réussite ?
- Non ! Ce serait intelligent ! Je propose donc de n’envoyer qu’une minuscule équipe, pendant que tous les autres se tripotent au camp ! C’est pas une super idée ?
- Non. 
- Rabat-joie ! Je propose donc d’envoyer… DEUX PERSONNES ! Soit l’effectif minimum ! Et j’ai choisi pour ce faire Bob le satyre, et Clarisse la fille du dieu de la guerre ! Voilà, c’est votre quête, réussissez-là, bon courage ! Les autres, demain, c’est atelier pâte-à-sel, bonne nuit !"

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Et c’est donc sur ce consternant discours, malgré tout ovationné par le public, que deux champions partent donc sauver les leurs.

Sauf que Percy Jackson est un peu jaloux : c’est lui le héros, normalement, crotte de bique ! Et puis la prophétie, tout ça… nan, il sent que cette mission est pour lui ! Il va pas se laisser doubler par une vulgaire greluche, sacrebleu ! Il va donc trouver ses amis Grover et Annabeth et leur propose donc de partir à la recherche de la toison d’or eux aussi.  Tous les trois filent donc dans la nuit hors du camp, en essayant de pas se faire chopper par les patrouilles de sang-mêlés, qui n’ont pas besoin de savoir qu’un autre groupe part concurrencer Clarisse et Bob.

Sauf que Tyson, en boulet du groupe, arrive en courant derrière eux et pourrit leur mission d’exfiltration ninja en faisant un bruit incroyable avec son sac à dos. Toutes les troupes de gardes alentours les repèrent donc ainsi qu’un monstre que l’on voit traîner dans le coin et qui… heu… non, en fait rien.

Non non, vraiment : dans un plan on voit qu’un gros monstre rode à 15 mètres de tous les sang-mêlés, et ensuite on en parle plus.

C’était vraiment très intéressant. Vous me rappelez l’intérêt de la chose à part appuyer une incohérence ?

Bref, après avoir sorti une excuse débile aux gardes locaux comme "Heuuu… non mais en fait… c’est normal qu’on parte du camp parce que… nous aussi on… on monte la garde", le tout en expliquant la chose sans la moindre arme à la main pour être crédible, nos héros filent dans les bois avant de s’arrêter parce qu’Annabeth a un problème. Un problème d’environ 1 mètre 90 et avec un œil unique : elle ne veut pas d’un cyclope dans le groupe. Elle ne précise pas pourquoi, mais elle déteste les cyclopes (même si le spectateur a quand même sa petite idée sur la question). Percy insiste donc en disant que bon, quand même, c’est son demi-frère, et Grover lui argue que jusqu’ici, tous les satyres qui ont recherché la toison d’or (car ils sont naturellement attirés par elle, d’où le fait que Clarisse soit elle aussi partie avec un satyre pour lui servir de guide) sont morts, probablement tués par Polyphème, le cyclope la gardant. Du coup , un cyclope dans sa propre équipe pour faire de la diplomatie, ça parait intéressant. Annabeth grommelle un peu, puis accepte.

Dans cette scène, la réalisation a tout simplement oublié de donner ses pattes de bouc au satyre. Après tout, ce n’est que l’un des trois personnages principaux, on oublie vite.

"Mais avant, nous devons faire quelque chose… Tyson, tu dois… attends, j’ai un objet super rare, qui coûte super cher, que je ne prévoyais d’utiliser qu’en cas d’extrême-urgence… et c’est une extrême-urgence… voilà, du brouillard magique en flacon ! Tu t’en mets un peu sur le visage et ça donne l’air normal à ce qui ne l’est pas." Aussitôt que le garçon s’est appliqué un peu de la chose, son visage change : il parait avoir deux yeux, parfait !

Tout de même, deux choses :

  • Vous étiez seuls, entre vous et au fond des bois : je ne vois pas où était l’urgence. Ni l’intérêt, en fait.
  • Juste pour rigoler, j’en aurais mis un peu sur Grover. Voir si ça le changeait en blanc. Histoire de tester le concept de "normalité" grec.

Racisme mis à part, et bien que ce concept m’inspire quantité d’idées (quid d’asperger un frère Bogdanov ? Un ornithorynque ? Jane Birkin ?), nos héros reprennent la route. Et commencent à se poser des questions : au fait, où faut-il aller ? Hé bien c’est simple : la toison d’or se trouve au cœur de la "mer des monstres", plus connue chez les humains comme "le triangle des Bermudes" (oui, Polyphème vivait en fait au large des côtes américaines, on peut dire qu’Ulysse s’est vraiment bien paumé en rentrant à Ithaque, qui était probablement Cuba, en fait). Il faut donc aller en Floride, et vite, histoire de s’élancer de là… mais comment ? Annabeth râle donc dans le vide.

"Maintenant qu’on a un clone de Ron dans l’équipe, tout ce qu’il nous manque, c’est un truc comme la voiture volante des Wesley ou le Magicobus. 
- Nan mais arrête Annabeth, on a déjà tellement pompé jusqu’ici qu’on a même attiré l’attention d’un ex-directeur du FMI.
- Oui, mais justement : on a plus rien à perdre, pas vrai ? Alors c’est parti : ouhouuuuu voiture magiiiiiiique !"

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A peine notre héroïne a-t-elle poussé ce cri laissant les spectateurs plus que dubitatifs, certains étant morts de honte à ce stade, qu’entre les arbres apparaissent deux phares, une voiture volante bien pourrie arrivant à folle allure, le tout en prenant des trajectoires approximatives  et en se divisant en deux pour éviter certains obstacles. Du jamais vu on vous dit. Il s’agit d’un taxi enchanté conduit par… les trois Grées ! Trois vieilles femmes aveugles ne se partageant qu’un seul oeil, et qui n’ont aucune raison de servir de taxi, mais de vous à moi, est-ce que nous-même avons une raison de suivre ce film ? En échange de quelques drachmes, elles se proposent donc d’emmener nos héros en Floride. Et se lancent donc dans une série d’acrobaties en voiture qui se veulent spectaculaires et drôles, mais le sont à peu près autant qu’une soirée cabaret de Pouf le cascadeur. Durant le voyage, cependant, Percy suite à diverses aventures se retrouve avec leur œil entre les mains, et plutôt que de faire des blagues avec (le nul), n’accepte de leur rendre qu’en échange d’une information supplémentaire sur la prophétie qui le concerne, et que visiblement, elles connaissent. Elles ricanent et s’accordent pour ne lui donner qu’un indice : quatre nombres. Cela fait, et découvrant que leurs passagers n’ont en fait pas assez de drachmes pour la course, les Grées larguent nos loulous… à Washington.

"Cacaboudin !" s’exclament donc nos héros, bien loin de leur destination. Mais, tant pis : autant reprendre la route avec les moyens du bord, à savoir les petits pieds. Sauf qu’au détour d’une ruelle, nos valeureux héros se font agresser… par trois autres sang-mêlés ! Qui commencent à distribuer des coups de tatane avant de se saisir de Grover… et d’utiliser un médaillon de téléportation pour se barrer loin de là sans que ses amis ne puissent le sauver ! "Double cacaboudin !", ajoutent donc nos héros, bien ennuyés par la tournure des événements, et sans se demander comment les méchants on pu les retrouver, sachant qu’ils venaient de se faire larguer à un endroit imprévu par les Grées, donc impossible à connaître.  "Sûrement des alliés de Luke", constate intelligemment Percy en ignorant les trous gros comme des Twingo dans le scénario.  "Si on veut retrouver Grover, notre seul guide vers la toison et néanmoins ami, il faudrait retrouver Luke… autant dire que c’est fichu !" complète-t-il rapidement, avant qu’Annabeth ne l’interrompe. Elle a une idée.

Hoooo. Une idée. Comme vous y allez.

"Oui, allons chez UPS ! Car ce film n’est pas du tout sponsorisé, et je tenais à dire qu’UPS est dirigé par Hermès lui-même !". Pas de problème, ça tombe bien : il y a un UPS à 50 mètres d’eux, et surtout, il est tenu non pas par un vulgaire sous-fifre d’Hermès, mais par le dieu des messagers en personne. Une chance pareille, c’est formidable tout de même. Et mieux encore, Hermès est un garçon des plus compréhensif.

"M’sieur Hermès, M’sieur Hermès ! Vous sauriez où est votre fils ?
- Ça dépend, c’est pourquoi ?
- C’est pour lui péter la gueule.
- Pas de problème : je vais demander aux deux serpents de mon Caducée qui font des blagues relou de faire une recherche sur Luke. 
- Super, merci M’sieur Hermès !
- Accessoirement, je vais vous donner deux cadeaux : une bombe contenant tous les vents de la Terre. Je l’ai appelée "La Misou-Misou"
- …
- Je… hem. Et je vais aussi vous donner une rouleau de ruban adhésif qui, s’il entoure un objet, le fait disparaître ! Idéal pour les soirées bondage qui tournent mal.
- D’accord, mais pourquoi vous nous donnez tout ça ? Je veux dire : vous auriez pas plutôt de objets utiles dans ce genre de mission, comme des gilets en kevlar ou des grenades lacrymogènes ? Ou même une balise GPS, je sais pas ?
- Hohoho je… non. Je ne sais même pas pourquoi je vous file tout ça. En attendant, tenez, mes serpents ont trouvé des  infos : mon fils attend tranquillement sur un yacht au large de la Floride, le  Bad Boys Boat.
- Très bien, on y va alors.
- Pensez à dire à mon fils de ma part qu’être méchant, c’est pas bien. Et pour le reste, Je propose de faire une ellipse pour que vous arriviez plus vite à destination sans explication.
- Très bien !"

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Après "Mon fils a failli déclencher une guerre divine dans le volume précédent", retrouvez Hermès dans "Mon fils veut commettre un génocide contre tous ceux de sang divin". Et comme toujours, notez comme il s’en fout et laisse Percy Jackson se démerder.

Et en effet, une ellipse plus tard, nos amis bloqués à Washington se retrouvent sur la côte est (non, vraiment, laissez tomber), prêts à poursuivre leur formidable quête pour sauver Grover, qui lui-même pourra les mener jusqu’à la toison d’or grâce à ses grands pouvoirs de satyre. En même temps, s’il s’agit juste de trouver un mec qui peut renifler l’or à des kilomètres, il suffisait de prendre un j… heu, l’oncle Picsou, L’oncle Picsou, bien sûr. Hem. Toujours est-il qu’en effet, au large de la côte, on peut voir le Bad Boys Boat, attendant tranquillement on ne sait quoi. Probablement les héros. Enfin, moi je dis ça, hein. Mais c’est vrai que c’est une bonne cachette, la mer, quand on essaie d’échapper au fils de Poséidon. Bref.

Nos héros sont bien embêtés : comment se rendre jusqu’au navire ennemi ? Si seulement l’un d’entre eux était capable de contrôler les flots, ça serait pratique, mais après tout, ils ne sont que deux enfants de Poséidon sur trois membres de l’équipe, alors bon, hein, c’est quand même pas d’bol. Non, à la place, Tyson se rend au bord de l’eau et prie Poséidon de les aider à se rendre jusqu’au yacht. Percy a à peine dit "Laisse tomber, papounet répond jamais quand je lui parle, il nous snobe."  que déjà, l’eau s’agite un peu et qu’en sort… un hippocampe ! "Rhooo, le chouchou !" grogne Percy en contemplant le résultat de la demande de piston, un animal grand format de la mythologie, pas un hippocampe d’aquarium, et surtout complètement arc-en-ciel, ce qui ne fait pas trop sérieux quand on veut aller tabasser des gens mais puisqu’il n’y a pas vraiment de possibilité de choisir le coloris de sa monture, tant pis : autant la chevaucher, et en avant droit vers le yacht.

Sinon, sachant qu’on était sur un bord de mer urbanisé, ça va les enfants ? Pas trop de soucis avec les 2 058 témoins qui ont vu trois adolescents invoquer une créature mythologique avant de foncer vers un yacht amarré ? Et ne me faites pas le coup du "Non mais les humains ne peuvent pas voir les créatures fantastiques" puisque :

A) Si, puisqu’aux dernières nouvelles, les gens voient très bien Tyson, qui est pourtant un cyclope. Tellement qu’Annabeth veut qu’il se mette du brouillard magique sur la gueule pour ne pas choquer le quidam.

B) Quand bien même, j’imagine que voir trois merdeux chevaucher du rien avant de se lancer à folle allure à l’assaut de l’océan, ça éveille quand même quelques suspicions.

Mais bon, c’est sûrement un détail, une fois encore.

En tout cas, la monture de nos amis les emmène à bon port, et leur permet de monter à bord du yacht sans déclencher l’alarme. Du moins, dans un premier temps, car bien vite, ils s’aperçoivent que l’endroit est peuplé non seulement de Luke, mais aussi de ses amis ayant kidnappé Grover, ainsi que d’une paire de gros bras et même d’une manticore. Autant dire qu’une fois tout ce petit monde au courant de la présence de nos héros à bord, la résistance ne fait pas long feu. Luke peut donc triompher en bon gros méchant (vous ai-je dit que lui et tous ses amis méchants s’habillaient en noir pour bien insister, quand les vêtements de nos héros sont multicolores, voire Quadricolor ?) et patrouiller sur le pont de son luxueux navire en contemplant ses prisonniers pour leur faire l’un de ses discours dont vous avez le secret.

"Hahaha ! Percy Jackson et ses amis ringards ! Alors les amis, vous veniez tenter de m’arrêter ?
- Dis-nous plutôt où est Grover ! Et pourquoi tu l’as kidnappé !
- Ah, Percy Jackson… tu es à la hauteur de ta réputation de créature mi-homme mi-bigorneau ! Ecoute plutôt : j’ai kidnappé Grover car moi aussi je cherche la toison d’or… et il me fallait un satyre pour la trouver ! Alors j’ai envoyé ton ami au nom ridicule avec quelques-uns de mes meilleurs hommes pour aller chercher le précieux artefact.
- Mais que veux-tu en faire ?
- Crois-tu que tu es le seul à avoir quelqu’un à sauver ? Moi, j’ai quelqu’un à ressusciter !
- Jésus ?
- Idiot ! Quelqu’un de bien plus important !
- On avait dit qu’on laissait Claude-François là où il était !"

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Bien décidé à appuyer son propos d’un geste théâtral, Luke retire une toile d’un gros objet, et révèle… le sarcophage de Kronos !

"Ah ! Kronos ! Il a juré vengeance contre les dieux, et je la lui donnerai ! Et il fera de moi et des miens des sang-mêlés libre, sans dieux pour les commander !
- Arrête, tu es fou Luke ! Et puis sache que ton papa Hermès nous a dit de te dire que tu devais arrêter d’être méchant, car être méchant, c’est mal !
- ET POURQUOI IL VIENT PAS ME LE DIRE EN FACE D’ABORD ?
- Hooou, toi, tu as de grosses daddy issues.
- MÊME PAS VRAI !
- D’ailleurs, excuse-moi mais, est-ce que ton plan repose entièrement sur le fait qu’un titan plurimillénaire en colère s’allie à des adolescents énervants par pure sympathie pour eux ?
- PARFAITEMENT !
- Bon bin faudra pas venir pleurer quand tu te feras malaxer la tronche par Kronos alors, hein.
- C’est ça ! En attendant, gardes, mettez-moi ces gourgandins dans la prison de notre navire bien aménagé, et allons faire des trucs de vrais adolescents immortels & maléfiques, comme par exemple, jouer à Call of Duty avec des pseudos à consonance grossière ! Hahahaha !"

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Pendant que Percy réalise alors qui était ce mystérieux "[FILS2RMS]Pr0uT_23" qui arrêtait pas de le tuer sur tous les serveurs la semaine dernière, lui et ses amis sont envoyés dans la prison locale, où ils sont chacun enfermés dans une cage différente, et sans garde bien sûr. Histoire d’aller jusqu’au bout du concept, personne n’a fouillé nos héros, et on a même laissé leur sac à dos dans la même pièce qu’eux (mais hors d’atteinte). Percy râle donc bien naturellement ! "Crotte de bique ! Nous sommes enfermés dans ces cages à poule faites principalement avec du petit grillage ! Rah, et dire que je n’ai que mon stylo capable de se transformer en grosse épée sur moi ! Et mon demi-frère cyclope si fort qu’il a pu arrêter tout seul un taureau d’airain qui le chargeait ! Comment allons-nous nous sortir de cette situation ?"

Ah oui : et non, bien sûr, personne n’a vu/entendu arriver une animal marin de plusieurs tonnes approchant en surface en faisant splich-sploch avec sa queue.

Heureusement, et pendant que R… Tyson essaie de faire rire les spectateurs pourtant déjà sous Prozac en leur infligeant des blagues comme "Je suis fils de Poséidon mais j’ai quand même le mal de mer parce que je suis un personnage rigolo, ho ho ho !", Percy se concentre très fort et utilise ses pouvoirs de contrôle des eaux pour déclencher une tempête qui fait dangereusement tanguer le bâtiment ; rapidement, celui-ci bouge tant et si bien que le sac d’affaire de nos héros arrive à la portée de la main d’Annabeth, qui peut donc y saisir… le pistolet à adhésif magique qui fait tout disparaître ! Avec celui-ci, en deux temps trois mouvements, nos larrons s’ouvrent un chemin hors de leurs geôles et se préparent à fuir du navire.

Pendant ce temps, sur le pont, non, personne n’a fait de lien entre cette tempête de 37 secondes sortie de nulle part, puisqu’il n’y a à nouveau plus un seul nuage à l’horizon (je n’exagère pas), ce qui n’est pas du tout suspect, et les fils de Poséidon à la cale dont les pouvoirs sont pourtant connus. Du coup, la petite troupe peut tenter de fuir en paix, même si comme il se doit, durant leur périple vers un canot de sauvetage, ils se font repérer par un sang-mêlé en goguette. Quelques coups de poings et cris plus tard, l’alerte est donnée sur tout le bateau.

"Vite : sortons ce que nous avons de mieux pour arrêter des demi-dieux gênants !" s’exclame donc Luc, se précipitant avec ses hommes sur…

… la réserve locale de mini-matraques télescopiques.

Je résume : nous sommes au XXIe siècle, les types utilisent toute la technologie moderne, contrôlent des entreprises comme UPS, utilisent des voitures (magiques, même, cf les Grées) ou des yachts mais SURTOUT n’utilisent pas d’armes à feu, parce que sacrebleu, pour affronter des demi-dieux, des monstres mythologiques ou autres, faisons bien attention à prendre des trucs faits pour taper sur des altermondialistes moustachus. Heureusement que Percy Jackson n’a pas la présence d’esprit de sortir son épée, sinon la situation serait probablement vite réglée. Le résultat ressemblerait probablement à ce qu’il se passerait si on introduisait Conan le Barbare dans une soirée piñata.

En tout cas, après un peu de bagarre pourrie, nos loulous parviennent à grimper dans le canot de sauvetage du yacht, mais Tyson ayant fait tomber le moteur à l’eau (ho ho ho, la dernière fois que j’ai autant ri, c’était avec jar Jar Binks je crois, c’est dire mon niveau d’hilarité à cet instant précis), nos héros sortent leur objet magique donné par Hermès qui avait décidément tout prévu : la bombe Misou-Misou contenant tous les vents de la Terre. Celle-ci, bien orientée (puisque le vent sort directement de la bombe) devient un véritable propulseur de fortune dont les joyeuses émanations ont tôt fait d’emmener nos amis loin du yacht.

A noter que Percy est resté en arrière pour faire gagner du temps à ses amis le temps qu’ils éloignent le canot, et que pour les rejoindre, il a tout naturellement et sans même y réfléchir, créé une vague géante juste sous ses pieds lui permettant de surfer jusqu’à l’embarcation alliée.

Ah oui, c’est bien ce pouvoir. Tu peux m’expliquer pourquoi tu ne t’en es pas servi pour rejoindre le Bad Boys Boat ? A part pour nous faire subir une séquence ridicule avec un hippocampe kitsch ? Non ? Bon.

En tout cas, pendant ce temps, ça grogne sévère sur le bateau des méchants.

"Hmmgnmgnmgn… je me vengerai, Percy Jackson ! Tu gagnes cette manche mais…
- Oui mais chef, on aurait des flingues, ça serait pas arrivé vous savez !
- Oui bin, hin, faut faire avec ce qu’on a ! Et ces galopins nous filent sous le nez, alors hein ! Ça ne nous laisse pas beaucoup d’options, ils filent plus vite que notre yacht ne peut aller !
- Ah bah, pas de problème alors chef : on a un médaillon de téléportation permettant d’emmener plusieurs personnes d’un côté et une manticore nourrie au yaourt depuis des semaines de l’autre. Si on utilise le premier pour balancer la seconde sur le canot, il y a moyen de bien rigoler.
- Heu je… heu… bon écoute heu… 
- Roudoudou.
- Roudoudou, c’est ça. On est méchants, mais pas trop tu le sais ? On veut bien réveiller Kronos pour qu’il détruise le monde, mais tuer trois merdeux sur un canot, c’est un peu chaud quand même. Tu sais quoi ? On va faire un UNO. Mais un UNO maléfique, hein, histoire de maintenir un standing. Avec deux fois plus de cartes +4.
- C’est vrai que c’est super maléfique.
- Ah bin hé, tu parles au chef des méchants là quand même."

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Pendant que se déroulent ces terribles activités maléfiques sur le yacht de Luke (et encore, ils auraient pu jouer au Time’s Up), à bord du petit canot qui file à folle allure, nos héros décident qu’il est temps de discuter un peu. D’abord, Percy décide de faire confiance à Tyson et de le lui montrer en lui filant la bouteille Misou-Misou afin qu’il contrôle les vents et propulse l’embarcation. C’est pas bien dur, il suffit de tenir la bouteille. En tout cas, cette preuve de confiance touche Tyson, qui se lance dans un discours cucu sur le fait que jusqu’ici, personne ne l’avait vraiment vu comme quelqu’un sur qui se reposer. Et qu’il aimerait bien être aussi fort et courageux que Percy. Quant à Annabeth, elle prend la parole à son tour pour se mêler à cette conversation sur la gentillesse.

"Hé bien Percy, à mon tour de t’avouer quelque chose. Tu sais, je tenais à te dire… j’ai une bonne raison de ne pas aimer les cyclopes. 
- Ah oui ?
- Oui, quand j’étais plus jeune, mon amie Thalia a été tuée par un cyclope. Depuis, je les hais tous.
- Hé bah putain, v’la les raccourcis. 
- Tu ne sais pas ce que c’est ! D’ailleurs, une fois, un noir m’a volé mon portefeuille, du coup…
- HEM HUM HUM HEM HEM JE PROPOSE D’ARRÊTER CETTE CONVERSATION."

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Et donc, pendant que grâce à son explication sur les cyclopes, on comprend qu’Annabeth est une sorte d’Eric Zemmour, mais en fille d’Athéna (heureusement que c’est la déesse de la sagesse, sinon qu’est-ce que ce serait), Tyson continue d’être habité par son personnage de Ron/Jar Jar en faisant tomber à l’eau la bombe de Misou-Misou. Ce qui était un vent puissant et glorieux devient donc juste une vieille bulle de lendemain de cuite, et l’embarcation s’arrête alors bêtement au milieu de l’océan, à la grande consternation du reste de l’équipage.

"Tyson, tu es vraiment une grosse merde", aurait dû dire Annabeth à ce stade, mais le dialoguiste a sûrement trouvé que ça n’aidait pas à rendre son personnage "attachant". Dur.

A noter que Tyson n’a pas de sourcil : il a donc beaucoup moins d’expressions faciales. Moi, je pense que son sourcil a simplement bondi hors de son visage à la lecture du script, mais ce n’est qu’une théorie.

Heureusement pour les plus jeunes spectateurs, le film ne devient pas le récit sordide d’une jeune fille bloquée au milieu de l’océan avec deux adolescents plein d’hormones et une sombre histoire de cyclopes, et embraie directement : autour de l’embarcation bien embêtée, surgissent des choses ressemblants d’abord à des ailerons de requins, puis à d’immenses rochers triangulaires en s’extirpant des eaux… qui s’avèrent en fait être d’immenses dents ! c’est Charybde, la gardienne de la mer des monstres, qui est tout simplement en train d’avaler tout cru le misérable esquif ! En moins de quelques instants, nos amis sont donc gobés… et emmenés dans le ventre de la bête.

Si Percy se dit qu’il est celui qui a le plus de chances de survie à la fin du processus de digestion, puisqu’étant déjà un peu une sorte d’étron qui parle, notre trio est bien vite étonné d’entendre d’autres voix résonner autour d’eux : un curieux navire rafistolé est échoué non loin dans les flancs du bestiau, et à son bord, tout un équipage de zombies (souvenez-vous de la règle universelle : "Quand on atteint le niveau 0 de l’inspiration, on met des zombies") en train de faire des réparations de fortune… sous le commandement de Clarisse, la championne des sang-mêlés !

"Hooo, bin c’est pas banal !" se disent donc nos loulous avant d’approcher de l’engin et d’être aperçus par son équipage. Clarisse est un temps fort surprise de trouver Percy Jackson et ses amis ici, puisqu’ils sont supposés se tripoter au camp des sang-mêlés avec les autres, mais elle accepte tout de même de leur faire un point de la situation.

"Bon, les petits amis, je vous cache pas que cette aventure ne se présente pas vraiment bien. Déjà, j’ai perdu Bob le satyre : il a voulu faire le kéké durant un combat contre un monstre, maintenant c’est plutôt Bob le kébab. Du coup, on a erré un peu sur la mer des monstres sans lui pour nous guider, et puis on s’est fait manger. Et nous voilà. Oh, et ce bateau et cet équipage de marins confédérés morts et ressuscités, c’est un cadeau de mon papounet. Maintenant, le souci, c’est que si on ne trouve pas un moyen de sortir d’ici rapidement, on va ressortir, certes, mais sous forme fécale. Une expérience sûrement fantastique pour tout scatophile qui se respecte, mais tout de même, je ne veux pas finir en crotte parlante : j’ai entendu dire que ceux à qui ça arrivaient étaient parfois remontés dans des filets de pêche par accident, et revendus comme candidats pour des émissions de télé réalité. Ça fait super peur."

Percy réfléchit donc à un moyen de sortir tout le monde de cette malheureuse situation, lorsqu’il aperçoit quelque chose sur le bateau qui lui donne une idée.

"Ho ! Mais dis-moi Clarisse, il fonctionne le gros canon à l’avant de ton bateau ?
- Oui, bien sûr. Pourquoi ? Je ne suis que fille du dieu de la guerre, tu imagines bien que je ne vois pas le rapport entre être à l’intérieur d’un monstre, avoir un gros canon et chercher un moyen de s’en sortir.
- J’ai une super idée : si on tirait au gros canon pour se sortir du vilain monstre ?
- Par papounet, mais c’est une excellente idée ! Vite, faisons comme ça, heureusement que je t’ai attendu pour y penser !"

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Alors que ma voisine dans la salle se tranchait les veines en sanglotant (je ne suis pas aussi cruel qu’on le dit : je l’ai laissée faire, elle ne méritait pas de supporter plus), j’observais donc nos héros occupés à tirer partout jusqu’à crever les flancs de la bête monstrueuse et d’utiliser le trou comme sortie pour leur petit navire. Et sitôt revenus à la surface, aidés par la poussée d’Archimède, Poséidon et accessoirement le script, nos larrons font donc un point de la situation.

"Bon, bah c’est pas tout ça, mais on a toujours pas de satyre pour nous guider hors de ce merdier.
- Oh mais… attendez ! 
- Quoi Percy ?
- Je viens de développer un nouveau pouvoir sans aucune raison ! Désormais, je suis le meilleur navigateur du monde et je vois la latitude et la longitude partout où je me trouve ! Et vous vous souvenez des chiffres que nous ont donné les Grées dans la voiture ? Ce sont des coordonnées ! Suivez mes indications, lancez les moteurs et nous allons nous rendre sur l’île de Polyphème !"
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Ah non mais, ce film est très subtil, vraiment. Le héros qui sort un pouvoir magique de nulle part et sans aucune raison, c’est chouette. Attendez, où est-ce que ma voisine a mis son canif ? Ah, voilà.

Bref : suivant les indications sorties de nulle part de l’ami Percy, nos héros se rapprochent de l’île de Polyphème, l’occasion pour Tyson d’en dire un peu plus sur celle-ci, puisqu’évidemment, et comme toujours, les autres personnages bien que vivant dans une école d’être issus de la mythologie grecque n’en connaissent quasiment rien. En tous cas, Tyson explique que l’île est "Circéland" (…) l’île de Circé que celle-ci a transformé en parc d’attractions (……) même pas pour piéger les gens, non, juste parce que ça la faisait marrer (………) mais que le jour J, elle a juste oublié que son copain cyclope Polyphème avait pour habitude de manger des gens (…………) et donc, il a dévoré les premiers visiteurs. Mais ça va, personne n’est venu le buter pour autant pour venger un fils ou une fille, et Circé, elle, n’est tout simplement plus évoquée et on en parlera pas du film (…………… oui, je suis de plus en plus dubitatif, mais vous aussi je suppose, on pourra donc faire un club à ce stade). Polyphème vit donc sur l’île au parc abandonné, et doit donc avoir la toison d’or pas loin. Et ça tombe bien, car l’île en question apparaît bientôt devant la proue du bateau.

Notez qu’on a eu du bol ; imaginez qu’ils aient croisé Circé reconvertie en foraine : "Allezallezc’estpartitoutlemondes’amuuuuuuuseouiiiii!Quic’estquidécrochelepompon?Lepomponc’est letourgratuit,zouyeeeeah…allezmesptitscochonsonfaittourneronfaittourneeeer!"

Personnellement sachant que le bateau a un canon suffisamment puissant pour calmer un monstre comme Charibde, mon plan aurait consisté à faire "Houhouuuu Polyphèèèèèème !" avant de lui expliquer Verdun grandeur nature, mais nos héros étant plutôt du genre brouillons, ils préfèrent plutôt s’infiltrer discrètement. Et trouvent rapidement dans le parc un accès vers la grotte de Polyphème (là encore, à l’aide d’une raisonnement absurde, puisqu’ils voient "un gros trou" – le parc en est pourtant criblé, mais c’est un détail – et en suivant les rails d’une vieille attraction, arrivent à destination, quand bien même l’attraction en question et les rails sont trop petits et faibles pour supporter Polyphème, mais bon, on est plus à ça près, comme souvent). Et sur place, Polyphème, cyclope d’environ 12 mètres de haut, discute tranquillement avec… Grover !

Car le cyclope a très mauvaise vue (non, il n’est pas aveugle ; on va dire que c’est parce qu’il porte sur lui la toison d’or, qui guérit les yeux crevés, mais pas la myopie visiblement) et notre larron s’est déguisé en femme avec un faux œil sur la tête pour faire croire qu’il était une gentille femme de chambre cyclope et ne pas se faire manger. Dès que Polyphème s’est éloigné, nos héros font signe à Grover, qui explique être piégé ici depuis un moment maintenant, puisque les hommes de Luke qui l’accompagnaient ont été dévorés par le monstre. Trop heureux de retrouver ses amis, il échafaude avec eux un plan – pourri – pour voler la toison, consistant en diversions ridicules et transmission du précieux objet de l’un à l’autre façon passe à dix après l’avoir ôté des épaules du monstres. Non, l’idée d’attendre qu’il pionce était un peu trop complexe. Ils décident donc de passer à l’action n’importe quand et surtout, n’importe comment. La dernière fois que j’ai vu un plan aussi pourri, il était signé de la main du général Gamelin, c’est dire.

En plus, Polyphème a le bon goût d’être un peu con : lorsqu’un petit humain lui vole son bien, il le poursuit, et sitôt qu’il le jette à quelqu’un d’autre, même s’il est à un mètre de celui qui vient de lancer l’objet, il ne le tue pas et se contente de courir partout. Alors qu’en écrasant la tronche des différents loulous autour de lui, rapidement, ils auraient forcément un peu moins de possibilités de se jeter la toison l’un à l’autre, à part si on compte sur de la pulpe sanglante pour filer un coup de main. Autre détail : la vue de Polyphème change du tout au tout dans cette scène, puisqu’il repère le moindre détail, partout, en permanence. C’est lassant, tous ces ratés, hein ? Bah, finalement, c’est dans la moyenne actuelle, en fait.

En tout cas, après s’être bien amusés aux dépends du géants, nos filous parviennent à s’enfuir et à relâcher une grosse pierre derrière eux qui n’attendait que ça pour empêcher Polyphème de les poursuivre. Tout le monde est donc bien content, jusqu’à ce qu’ils entendent un toussotement poli à leurs côtés : Luke ! Lui et ses amis sont là et menacent nos héros… d’une arbalète. Hmmm. Bon, pourquoi pas, allez, on va dire que c’est déjà mieux que la matraque en mousse.

"Hé bien les amis… j’ai été retardé par une partie de UNO qui a dégénérée mais me voici : vous avez fait tout le travail pour moi, à présent, donnez-moi la toison.
- Jamais ! Et puis d’abord, comment êtes-vous arrivés ici ?
- Heu je… je suppose que c’est avec notre médaillon de téléportation ?
- Alors oui, ça se tient, mais comment avez-vous su que cette île était ici, justement, puisque vous n’aviez ni satyre, ni Percy Jackson et ses pouvoirs cheatés avec vous ?
- Ho. Je… heu… hem. Bon, écoutez, puisque je sens qu’il ne vaut mieux pas poursuivre sur ce sujet, je vais plutôt vous apprendre la vie en tuant l’un d’entre vous. Tiens, Tyson par exemple, paf."

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Et joignant le geste à la parole, ce gredin de Luke décoche un carreau à Tyson, qui le prend en plein poitrail, avant de chuter dans l’une des failles parcourant les alentours de la grotte de Polyphème, et de disparaître dans l’eau en contrebas. Percy est donc très en colère, comprendre, il fait des mouvements bizarres avec ses sourcils et sa bouche, ce qui donne l’impression qu’il convulse, mais juste du visage. Quel talent.

"Brigands ! Vous avez tué mon demi-frère ! Je ne l’ai pas vu mourir directement, mais son corps blessé  vient de faire une chute à laquelle personne n’aurait pu réchapper avant de disparaître ! Et c’est pas comme rien que dans ce film, on m’avait déjà fait le coup une fois du mec supposé mort qui en fait ne l’est pas !". Oui, Percy, en effet. Et puis c’est pas comme si depuis deux films, on expliquait qu’en tant que fils de Poséidon, l’eau guérissait tes blessures (du coup, vous pouvez techniquement baratiner n’importe quelle fille de Poséidon en lui proposant un concours de t-shirt mouillé au prétexte de la rendre temporairement  immortelle, soyons pratiques). Du coup, vraiment, on y croit à mort.

Luke profite cela dit de la situation pour se faire remettre la toison d’or sans avoir à tuer quelqu’un d’autre pour appuyer son propos, et surtout un quelqu’un d’autre qui ne guérit pas dans l’eau. Puis, il fait attacher nos héros dans un coin du parc d’attraction, et ricane en installant le sarcophage de Kronos non loin, avant de le couvrir de la toison d’or. Aussitôt, le sarcophage se met à rayonner, et tous les gentils sont un peu inquiets, parce que ça a l’air vaguement dangereux. La dernière fois qu’ils ont vu un sarcophage rayonner comme ça, c’était à Tchernobyl lors d’une sortie scolaire. A ce qu’il paraît qu’avant cette date, Grover n’était pas un satyre, mais bon, c’est une autre histoire. Car visiblement, ressusciter un titan prend tu temps, ce qui laisse l’occasion à la troupe de discuter. Ou plutôt, à la troupe de passer de la pommade à Percy, en lui disant qu’il est génial, qu’il a douté de lui tout ce film, mais que là on a vraiment besoin de lui parce que c’est lui le vrai héros. Et évidemment, Clarisse, qui jusqu’ici l’humiliait, décide que bon, allez, vas-y Percy, t’es le meilleur, je compte sur toi. Une fois couvert de pommade, Percy et son gros ego peuvent donc passer à l’action, et profitant du fait qu’il n’a toujours pas été fouillé par les méchants avant d’être attaché (… et si, non mais vraiment, c’est lourd), il sort son épée pour couper ses liens et ceux de ses compagnons.

Parce que oui, s’il n’y a pas des filles pour lui crier "Vas-y Percy, t’es le meilleur", le bougre ne fait rien. Hmmm. Je pense qu’il est temps d’offrir à Percy un abonnement à certains magazines pour l’aider à se bouger de lui-même, si je puis dire.

Jeu : essaie de retrouver l’expression qu’essaie de jouer notre acteur. Non parce que moi, en regardant très fort cette image, tout ce que j’entends c’est "Gnééé, gna brille !"

Remarquant leur évasion, les méchants ressortent donc leurs propres armes, à savoir, les mini-matraques. Non, pas l’arbalète. C’est dangereux une arbalète, ils pourraient blesser quelqu’un. Un combat ridicule s’ensuit donc, durant lequel Percy va trouver Luke, et les deux commencent à se battre à un mètre du sarcophage de Kronos couvert de la toison d’or. Percy finit par se retrouver en mauvaise posture, mais il est sauvé au dernier moment par… Tyson !

"Tyson ! Mais tu n’es pas mort ?
- Je suis tombé dans l’eau (c’est la faute à Rousseau) en étant touché tout  à l’heure, donc j’ai guéri de ma blessure. Et me voilà.
- Ah bin oui. D’accord."

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Ce fabuleux rebondissement passé, nos héros se lancent donc dans une sorte d’étrange dialogue à base de "Tu es mon frère, je t’aime", "C’est bon d’avoir quelqu’un", "Le pouvoir de l’amitié est le plus fort" et autre "Je t’apprécie même si tu es un peu con". Sur le coup, j’ai pensé très fort à un épisode de Corky. Et les deux restent donc là tout en s’enlaçant. Pas juste 3 ou 4 secondes, hein. Plutôt de l’ordre de la minute.

Alors que même sans bouger, juste en tendant la main, ils pourraient retirer la toison d’or du sarcophage à côté d’eux et arrêter la résurrection de Kronos.

Mais non.

C’est nul. Nul. Ce film sue la médiocrité.

Du coup, et grâce à ce genre de scène qui donne envie de pratiquer le vaudou avec une perceuse, le sarcophage se met à briller et s’ouvre, et en sort… Kronos ! Qui, pour rappeler qu’il est méchant, est très grand, très rouge, tout cornu et griffu… bref, il sort plus de la Bible que du Tartare. Soit. Déjà que les Enfers dans le volume précédent étaient à base de flammes géantes et de damnés hurlant, ça se tient cela dit.

Luke, qui était par terre dans un coin à se remettre de la baston, se précipite donc vers le titan ressuscité :

"Ôôô, maître ! Vous marchez à nouveau parmi les vivants, prenez votre revanche, je suis votre serviteeeeeur ! Je me nomme Luke, fils d’Hermès, je suis l’un de vos descendants, si je puis dire… ensemble, nous triompherons !
- C’est à dire que tu as pas d’utilité pour moi, tu sais ? Hein ? Tu es conscient que tu as plus besoin de Biatcol que moi de toi ?
- Maiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiis !
- Bon, allez hop, tu veux me servir ? Tu seras une excellente Knacki."

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Et se saisissant du galopin, Kronos l’avale d’un coup comme il avala ses propres enfants. Puis, il commence à tabasser tout et tout le monde aux alentours, gobant même Grover, pendant que Percy Jackson décide qu’il est temps d’utiliser son épée, celle de Poséidon, pour tuer Kronos. Ni une, ni deux, il charge le géant, et commence à le découper avec aisance. Kronos hurle donc des trucs comme "Hooo, tu es Percy Jackson, celui de la prophétie !" jusqu’à ce que suite à diverses pirouettes, Percy lui mette évidemment un coup fatal, renvoyant Kronos droit vers son sarcophage pour y roupiller quelques siècles de plus, au minimum.

Tout le monde est donc bien content, surtout qu’en mourant, Kronos a relâché ceux qu’il avait dévoré, qu’il s’agisse de Luke (qui suite à divers rebondissements, se retrouve piégé avec Polyphème pour avoir été méchant) ou de Grover. Tout le monde peut faire la fête et cette fois-ci penser à intelligemment retirer la toison d’or du sarcophage (non parce que sinon, ça peut faire une boucle un moment). Personnellement, j’aurais ressorti le ruban adhésif magique pour faire disparaître définitivement Kronos, mais bon. On peut pas penser à tout. Voire pas penser tout court. En tous cas, les gentils triomphent, et… oh mon dieu, on avait oublié la manticore de Luke !

En effet, celle-ci qui était probablement partie lire Courrier International aux toilettes pendant la bataille, est revenue à la charge… et blesse mortellement Annabeth ! La bête ne survit pas longtemps à son exploit, la coalition des gentils ayant tôt fait de la violenter en retour. Mais tout le monde va donc au chevet d’Annabeth, qui agonise en disant des platitudes comme "C’était une belle aventure", "Je vais mourir" ou "Milla Jovovich" (techniquement, c’est ne platitude, arrêtez de critiquer maintenant). Puis, elle fait un bruit comme "Uuurgaaargl" et meurt.

"Ha nan mais c’est bon, on a la toison d’or en fait", se disent les autres face à cette scène qui se veut dramatique, mais en fait non.

Et pouf, elle n’est plus mourrue.

Ceci était l’une des scènes les moins intéressantes de l’histoire du cinéma, on applaudit bien fort s’il-vous-plait.

Ah, j’oubliais : l’arbre de Thalia, c’est ça. Avec son petit corps camouflé au pied de son tronc. Et probablement des lapins qui lui défèquent dessus régulièrement. Bien joué, Zeus, vraiment, bon plan.

Toujours est-il que nos héros s’en retournent donc triomphalement vers le continent et plus spécifiquement le camp des sang-mêlés, où Percy a remis la toison d’or à Clarisse pour qu’elle puisse accomplir la quête dont elle avait été chargée, à savoir la ramener au pied de l’arbre de Thalia. Bien vite, et sous l’influence du précieux artefact, l’arbre revit et rétablit ses boucliers, et tout le monde peut donc aller faire la fête et dire que hahaha, l’aventure c’est super, Percy tu es génial, Clarisse tu es gentille tu rentres dans le rang maintenant, et Tyson est enfin accepté par tout le monde, même cette grosse raciste d’Annabeth. Le nectar d’ambroisie coule à flot, les adolescents sont heureux, déjà on commence à jouer à "Action ou Vérité"…

Et…

… aaaaattendez ! Comme si tout cela ne suffisait pas, alors que tout semble fini, tout le camp entend dire qu’il se passe quelque chose à l’arbre de Thalia : tout le monde s’y rend donc et découvre qu’au pied de l’arbre, là où le petit corps de la jeune fille transformée en bois était encore visible… celle-ci est revenue à la vie par le pouvoir de la toison (mais a laissé l’arbre debout quand même, merci) !

Et, oui, puisque vous vous posez la question :

  • Alors que son cadavre était toujours celui d’une fillette, c’est une jeune fille de 17 ans qui est au pied de l’arbre. Non mais sérieusement ?
  • Oui, ses vêtements ont grandi avec elle : vraiment, la toison d’or pense à tout. Quelle petite prude celle-là.
  • En même temps, si en l’espace de quelques heures, son corps s’est mangé plusieurs années de puberté, soit elle ressemble actuellement à un crumble framboise, soit elle est tellement pleine d’hormones que même les satyres vont implorer pitié

Mais tout cela, nous n’en saurons rien. Car Percy soliloque alors un peu sur "Un autre enfant de l’un des trois dieux aînés ? Mais alors, ça veut dire que la prophétie change, ce n’est plus forcément moi qui en suis le héros, c’est peut-être Thalia ! Et j’ai peut-être tué Kronos sans aucune prophétie pour guider mon bras !" Oui, Percy. D’ailleurs, ton commentaire est tellement pertinent que je te rappelle que même Kronos en personne a prononcé ton nom en disant que ça faisait des plombes, depuis que la prophétie avait été énoncée, qu’il t’attendait. Du coup, ton commentaire est moisi. Je laisse donc le mot de la fin à ton petit camarade d’Erasmus préféré.

"Monsieur Chiron ?
- Odieux fils d’Odin, qu’est-ce que tu veux encore ?
- Pas grand chose, sage centaure, je me disais juste… l’arbre de Thalia malade mettant tout le camp et l’ensemble des sang-mêlés en danger, Kronos le père des dieux revenant pour les tuer… 
- Va droit au but.
- Okay : du coup, ils étaient où les dieux ? Non parce que c’était quand même un peu un complot pour les tuer ainsi que tous leurs enfants. Et ne me dites pas qu’ils savaient pas, non seulement ils voient tout, mais Percy et Tyson ont causé avec Poséidon durant le film, sans compter Hermès, le messager des dieux, qui était au courant de tout. Alors expliquez-moi pourquoi ils ne sont pas intervenus directement pour distribuer des claques au lieu de tout faire reposer sur une bande de trous du cul aux réflexions dignes des plus grandes heures de Caramail ?
- Ils étaient… heu… occupés ?
- Par un truc plus important que leur propre père échappé du Tartare revenant exterminer leur race.
- Bon j’ai un… un truc de centaure à faire. 
- Un tiercé ?
- Mrblgnmbgl."

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Et sur cette énième incohérence…

… FIN !

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Alors je ne sais pas vous, mais moi, du coup, apprendre que plusieurs suites étaient déjà annoncé, ça m’a mis des étoiles dans les yeux.

Surtout quand je lis cette critique de TéléCinéObs, rappelons-le, équipe de spécialistes :

"Les producteurs ont choisi de privilégier le scénario (…) au détriment des effets spéciaux, franchement bâclés.""

Je crois que nous n’avons pas la même notion de "privilégier le scénario".

Après, je ne suis pas un professionnel, hein.



Le dauphin, ce rabouin des mers

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"Mon rêve, c’est de nager avec les dauphins !"

Bénédicte sourit de toutes ses dents à cette seule idée ; si elle admettait volontiers que celle-ci pouvait sonner comme d’un classicisme désuet, elle n’en démordait pas. Enfant, elle avait un jour vu un dauphin s’ébattre au sein du grand aquarium de Saint Malo, et depuis, n’en démordait pas : un jour, elle irait nager aux côtés de l’une de ces majestueuses créatures, et tous deux partageraient un merveilleux moment commun. Elle donna une tape sur mon épaule lorsque j’évoquais en réponse la notion de "plaisir inter-espèces" selon les critères d’internet.

"Ho, Odieux ! Ne pouvez-vous pas au moins reconnaître qu’il y a une certaine majesté chez ces mammifères ?
- C’est-à-dire que voyez-vous ma chère Bénédicte, je pense que leur réputation est quelque peu surfaite. Pour un peu, ça ne m’étonnerait pas qu’ils aient pris la même agence de com’ que nos amis les chats.
- Allons, ça n’a rien à voir !
- C’est vrai : les chats sont beaucoup moins bon en plongée. Croyez-moi, j’ai…"

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Une nouvelle fois, elle donna une tape sur mon épaule, faisant tomber un peu de la cendre du cigare que j’avais à la main. Je lui fis comprendre d’un regard qu’il serait fort malvenu de recommencer ce geste, puisque déjà que je lui faisais l’insigne honneur de lui adresser la parole, il ne fallait pas qu’elle commence à croire que dans la hiérarchie de mes priorités, elle venait de passer au-dessus de la saveur d’un tabac roulé en Italie. Un plaisir simple pour les gens de goût, particulièrement lorsqu’il est savouré à la terrasse d’un restaurant sous le soleil d’une soirée de septembre, lorsque les touristes équipés de marmots ont enfin déserté les endroits les plus agréables.

"Je suis sûre que vous dites cela simplement pour me provoquer !
- Et quel besoin aurais-je de vous provoquer ?
- Je ne sais pas… pour me séduire, tout simplement ?
- Vous provoquer signifierait que je serais bien incapable d’attirer votre attention autrement que par des simagrées. Non, à ce stade, j’estime déjà avoir votre attention, me trompe-je ?
- Hihihi, ho, Odieux ! Vous l’avez !
- Alors laissez-moi vous expliquer deux ou trois petites choses sur nos amis les dauphins. Histoire de repousser vos fantaisies maritimes aux calendes grecques. Mais si d’aventure, vous tenez absolument à nager avec un être majestueux, j’ai emmené mon maillot.
- Ho !"

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Elle tapa une nouvelle fois sur mon épaule en prenant un air mutin qu’elle compléta d’un clin d’œil entendu ; elle ne prêta même pas attention au fait que la chose avait fait choir mon cigare d’entre mes doigts. Une dizaine de minutes plus tard, je constatais qu’il était fort difficile de charger un corps inerte sur un porte-bagage de vélo. Aller jusqu’à un bois voisin allait s’avérer difficile. Mais, en attendant de trouver une solution, il ne serait pas dit que je n’expliquerais pas à ce paresseux de Diego pourquoi je ne riais pas au sujet des plus populaires des animaux marins.

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Les vacances, aussi tardives soient-elles, sont l’occasion de découvrir toutes sortes de merdes sans nom : si généralement, celles-ci sont trimbalées à dos de vendeur de chouchous-qui-veut-mes-chouchous-petits-jouets-amusants, se trouvent parmi celles-ci quantité d’objets à l’effigie du dauphin, à croire qu’il s’agit du seul animal marin véritablement fréquentable. De la serviette en passant par le t-shirt, le ballon ou même la babiole en porcelaine vendue à côté du bracelet à prénom (mais avec un dauphin) qui va bien, parlons aujourd’hui d’une popularité injustement obtenue, faisant du dauphin une sorte de Nabilla des mers. Que disais-je ? Ah, oui.

Le mauvais goût. Allégorie.

Le Dauphin

Le dauphin est un mammifère marin fort populaire connu depuis l’antiquité et vivant aussi bien dans les océans que les mers ou même les rivières.  On le retrouve par ailleurs dans les boutiques à touristes, mais rappelons qu’il ne s’agit là que de reproductions : le dauphin étant réputé pour son intelligence et sa ruse, il sait très bien qu’il ne faut jamais rien acheter dans un magasin qui propose des cartes postales sur tourniquet dès l’entrée. L’animal est connu tant des marins que des piétons, la bête s’approchant régulièrement des côtes pour aller exhiber ses courbes dénudées près des plages. Ah non mais quand je parlais de Nabilla, ce n’était pas pour rire.

Etymologie

Le nom de "dauphin" nous vient du grec, puisqu’ils furent les premiers à donner un nom à l’animal au lieu de simplement lui jeter des cailloux en faisant des commentaires sur sa maman. On ignore cependant si le nom vient de delphus, "l’uterus" ou delphax, "le porc" (si, si). Dans tous les cas, on sait simplement que son nom n’est pas vraiment fait à l’origine pour être accolé à des adjectifs comme "majestueux" ou "envoûtant". La femelle du dauphin est appelée dauphin, ce qui leur fait un point commun avec les Belges et un nouveau motif de combat pour les féministes. On considère donc que la femelle du dauphin ne peut être appelée "dauphine", sauf si celui-ci s’accouple avec une Miss France (ce qui n’est pas impossible, notons-le). Le petit du dauphin est aussi appelé le dauphin, ce qui fout un bordel pas possible chez la plupart des océanographes lorsqu’ils doivent rédiger leur rapport, ceux-ci se ressemblant alors diablement à des écrits en schtroumpf. Ce qui explique aussi probablement l’ignorance du grand public quant à la vérité sur ce triste animal.

Morphologie

Il existe plusieurs espèces de dauphins ; la plus connue est le grand dauphin, principalement parce qu’on l’a vue dans Flipper ou Titanic, même si on commence à se faire vieux et que le premier ne dira plus rien aux plus jeunes lecteurs de ce blog. Le grand dauphin est donc, comme son nom l’indique, plutôt grand : il mesure environ 3 mètres, pèse 300 kilos et grâce à sa peau merveilleusement hydrodynamique, il peut nager jusqu’à 45 kilomètres heures ce qui fait que tout bien considéré, à l’argus, le dauphin est régulièrement confondu avec la Twingo, autre animal marin principalement connu pour peupler le fond de la Seine en nombre. Il est de couleur grise avec le ventre blanc, porte un aileron pour faire le kéké (vraiment, sur leboncoin, ça n’aide pas à faire la différence), et a des mâchoires supportant jusqu’à 28 dents d’environ 1 centimètre chacune, soit de quoi broyer ses pauvres victimes sans trop de soucis. Mais nous y reviendrons.

Le dauphin a une apparence joyeuse, ce qui l’aide à être aussi populaire : il donne toujours l’impression de sourire, et par ailleurs, les sons qu’il émet ressemblent au rire de Christophe Lambert. Il faut savoir que l’animal ne sourit pas vraiment : en fait, c’est simplement que sa mâchoire l’empêche de faire autrement. Il est donc condamné à avoir un sourire joyeux, même s’il est en train de penser à des choses tristes, comme par exemple l’ensemble de la carrière de Jean Roucas.

Techniquement, ça en fait le joker des mers. Comme c’est curieux.

Sens

La vue

Si le dauphin n’est pas réputé pour son acuité visuelle, il n’en faut pas moins la sous-estimer : le bougre est capable de voir aussi bien sous l’eau qu’en-dehors, lui permettant de voir à la perfection l’enfant en train de lui jeter des cailloux dans l’Aqualand pour aller lui meuler la gueule à coups de nageoire plus tard. Et inutile d’éteindre la piscine pour feinter la bête : elle voit aussi très bien l’obscurité. Elle peut donc vous voir clairement, malgré ses yeux de chaque côté de la tête, un peu comme Cristina Yang de Grey’s Anatomy. Sauf que le dauphin fait moins peur lorsqu’il sort de l’eau, reconnaissons tout de même ce point à l’animal.

L’ouïe

C’est le meilleur sens du dauphin. Avec lui, il peut communiquer, se repérer, et bien évidemment, bitcher avec ses copines dauphins sur le fait que quand même, la femme du chef a un peu pris du cul dernièrement, ah on sent qu’il y a du rab de thon quand on a du piston. Le son se propageant mieux dans l’eau que dans l’air, le dauphin peut ainsi entendre le moindre son, et ce à plusieurs kilomètres de distance. Donc oui, ce que vous avez prétendu n’être que d’innocentes bulles à cette charmant anglaise qui nageait avec vous à proximité de La Baule, le dauphin, lui, sait ce qu’il en est. Autant vous dire que l’été, le bougre a les tympans en feu.

L’odorat

Rapport à l’exemple précédent, le dauphin n’a quasiment aucun odorat. Ce qui le sauve, probablement, puisque sinon on les retrouverait tous en train de flotter le ventre au soleil.  Et leur permet de s’approcher des côtes, donc.

Le goût

On le cherche encore, mais m’est avis que le dauphin n’en a pas. Sinon, comme son cousin éloigné le cheval, il se barrerait de tous les t-shirt rose bonbon que l’on essaie de refourguer aux jeunes filles par paquet de douze. Et des Skyblogs. Et des couvertures Facebook. Bon, bref : il se barrerait.

Le toucher

Rien de particulier à dire. Le dauphin sent quand on le touche, que ce soit avec les doigts, la main, la jambe, le pied dans la gueule, le harpon, la cartouche de douze ou la torpille (nan mais aussi, quelle idée de nager autour des bateaux, hein ?). Il est donc possible de le châtier, ce qui constitue en soi une bonne nouvelle, car ce n’est pas le cas de certaines créatures (je pense particulièrement aux élèves de collège et de lycée, mais là n’est pas le sujet).

Communication

Le dauphin est célèbre pour sa capacité à communiquer avec ses semblables. Il dispose pour cela de trois atouts :

  • le "clic"
  • le"sifflement"
  • le "ouaf"

Chacun de ces sons à sa propre utilité. Ainsi, le "clic" permet à l’animal de se repérer, de repérer des proies, bref, de jouer à l’odieux sonar. Puis, généralement, soit de faire le cake avec ses copains pour qu’on lui jette de la nourriture comme un vulgaire canard, soit arracher la bouche de ladite proie avant de lui faire sortir les tripes à coups de dent.

Le sifflement est lui un moyen de s’identifier et d’identifier autrui : ainsi, chaque animal désigne les autres par un sifflement spécifique. Le dauphin, tel le jeune à jogging aux accents de poète, siffle donc ses femelles pour attirer leur attention et leur signifier qu’il a bien envie de polluer un peu l’océan, là, tout de suite, dis-moi que je suis ton gros oursin. Je suis donc désolé pour les publicitaires de chez Intel, mais si Megan Fox arrivait vraiment à communiquer avec nos amis des océans, elle entendrait surtout des choses comme "VAZY JKIFFE TON BOULE BAYBAY" "HE MEGAN TU DONNES TON 06  ?" "T’ETAIS TROP BONNE DANS TRANSFORMERS 4" ou encore "TU CROIS QUE J’T'AI PAS ENTENDUE AU LARGE DE LA BAULE L’AUTRE JOUR ? BATARD !"

Ah, et oui, il y a bien un Transformers 4 avec Megan Fox. Mais après l’avoir visionné, le public test est allé jeté l’unique copie au fond des océans, d’où le fait que seuls les dauphins l’aient vu.

Dans cette célèbre scène, Megan Fox surfe sur internet pendant que le dauphin derrière-elle tenter de communiquer. Sa phrase exacte est "HE HE METS DES VIDEOS RIGOLOTES YOUTUBE VAZY FAIPATAPUTE".

Enfin, il y a le "ouaf", une aboiement que les dauphins produisent et permettant donc de constituer des phrases autour des sifflements qui eux, constituent les noms propres. Une phrase typique en dauphin, comme "Où t’as rangé les clés Jeannine ?" donne donc "Wif iiiik wouf wéf iiiik wuf fuiiiiiiiiiiii, clic clic clic" (oui, "clic clic clic" parce qu’il les cherche ces putains de clés, ah mais ho).

Vie en société

Le dauphin est un sacré rascal. A côté de lui, le requin passe pour un gars sympa, la méduse pour l’amie des enfants, et le poulpe pour un mal-aimé malgré ses nombreuses qualités (notez que curieusement jamais jeune fille ne fait état de son rêve secret de nager avec les poulpes, à part éventuellement dans du Hentai, mais passons). En effet, si le dauphin s’approche volontiers de l’homme, c’est au même titre que le rat ou le canard de Disneyland, à savoir, il vient taper à manger. Et insistera lourdement si vous ne lui filez rien : on appelle ça du racket.

Le dauphin vit généralement en groupe. Les femelles d’un côté, élevant les petits, et les mâles qui eux partent squatter les bancs de corail, siffler les femelles quand elles passent et éventuellement taguer les coques des bateaux de pêche, ni vu ni connu. Le dauphin ne sachant pas écrire, la chose finit donc par ressembler à de vulgaire graffitis de la gare de l’Est. Ma théorie est d’ailleurs que l’auteur des graffitis en question soit doté de nageoires en lieu et place de mains, ce qui expliquerait la laideur des choses, mais passons.

Lorsque vient la période de la reproduction, les mâles se comportent de manière intéressant : à savoir que non, ils ne vont pas séduire les belles en s’ébrouant hors de l’eau, en chantant quelque chose de majestueux ou même en lui offrant du thon, non, les brigands s’organisent en bandes rivales (si, si), puis se démontent la gueule entre groupes, quitte à passer des alliances tels des Stringer Bell sous-marins ("Omar’s coming !" se dit "Fuifui iiiiik Wuf" pour votre information). Le groupe qui remporte la bataille fait donc ce qu’il a de mieux à faire : il fond sur les femelles et les viole.

Je ne déconne pas, hein : le dauphin ne fait pas dans la parade amoureuse.

Mieux encore, si la femelle est isolée, ce n’est pas grave : elle aura la joie de découvrir ce qui d’ordinaire, ne devrait arriver que sur Youporn ou dans les esprits les plus dérangés. C’est donc épuisée et avec un gros mal d’aileron, que la bougresse sera relâchée en espérant qu’elle soit fécondée.

Et si jamais le petit a une tête qui ne revient pas à l’un de ses papas potentiels ("Mais ? IL EST NOIR ! J’EN ETAIS SUR, CET ORQUE ÉTAIT PLUS QUE TON MEILLEUR AMI !"), les dauphins n’hésitent pas à buter leur rejeton, puis à faire ce qu’il faut pour que la femelle porte à nouveau un petit, et qu’on ne l’y reprenne, dis.

Pour votre information, la série "Flipper le dauphin" a justement été tournée uniquement avec des femelles. En effet, les mâles étant connus pour ce que l’on appelle pudiquement leur "agressivité", on préférait éviter tout drame. Le script aurait par ailleurs pu s’en ressentir.

"Flipper ? Que se passe-t-il flipper ?
- Hiiik ! Fui Iiik ik iiiik waf iiiik !
- Que dis-tu Flipper ? Tu vas me défoncer si je mets rien qu’un orteil dans l’eau ? 
- Iiiik Fuip iiik wif iiiik !
- Non Flipper, je n’ai pas les clés de la cave de papa, tu ne peux pas y emmener tes amis."

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"Flipper, montre tes pupilles ! J’en étais sûr, tu t’es encore défoncé avec tes potes !"

Les choix des producteurs se révélèrent donc payant, puisqu’avec Flipper le dauphin femelle, ils n’eurent à déplorer aucun incident majeur durant le tournage, à part la disparition de tous les sacs en plastique de l’équipe lors d’une nuit de beuverie pour fêter la fin de la première saison, suivie d’une terrible constipation de Flipper. La police locale n’arriva jamais à faire le lien entre les deux incidents, à contrario de Flipper, qui dut attendre 12 épisodes avant d’arriver à nouveau à déféquer.

Maturité

Les dauphins, mâles comme femelles, sont matures vers l’âge de 12 ans, soit presque comme les humains. Ils partagent avec eux bien d’autre points communs, à savoir qu’ils sont un peu casse-cous, sont rapidement pressés de se reproduire, écrivent le français n’importe comment et gardent leurs attitudes infantiles des années durant malgré leur maturité sexuelle, et forts de ces deux dernières caractéristiques, échouent en nombre sur Twitter.

Certains soupçonnent les dauphins d’être nombreux à liker le groupe "Soutien au bijoutier de Nice", mais il ne faut quand même pas accuser le dauphin de n’importe quoi : même eux ont des limites.

Chasse

Les dauphins chassent de manière tout à fait classique par petits groupes ou en solitaires, s’attaquant aux bancs de poissons pour en tirer leur pitance, sauf si bien sûr, il y a des humains dans le coin auquel cas tels des punks à chien, ils essaient de faire un ou deux numéros de jonglage pour obtenir de quoi manger. Différence majeure entre les deux espèces cependant : il y a très peu de dauphins à chien, et ces derniers ne sachant pas ouvrir une canette de 8-6, ils meurent souvent à la suite de sévères problèmes de constipation (cf la sombre, très sombre affaire de Flipper ci-dessus, tout est lié on vous dit).

Autre méthode de chasse plus amusante, le dauphin profite d’être en groupe avec ses amis pour attaquer les bancs d’innocents poisons qui eux s’en allaient travailler au lieu de faire chier les autres dans les océans. Ils rabattent alors ces derniers vers les plages, puis pratiquent l’échouage, à savoir l’attaque des poissons dans et hors de l’eau là où il n’y a presque plus d’eau pour manœuvrer et fuir. Des milliers de poissons laissés à l’abandon sur la plage par les dauphins repus pourrissent donc au soleil, rappelant la cruauté de ces malveillants animaux, mais parfois un dauphin un peu plus con que les autres réussit un peu trop bien son coup et finit carrément par sautiller dans le sable : si cela lui donne brièvement l’occasion de varier ses menus, par exemple en s’attaquant à un vendeur de chouchous isolé, il finit généralement lui aussi par mourir bêtement.

Attention cependant : au Japon, les rôles s’inversent, à savoir que ce sont les Japonais qui rabattent les dauphins en nageant avec eux vers la plage, puis les mangent lorsqu’ils s’échouent. Nous n’accuseront pas l’auguste peuple de Chine de ces pratiques puisque le dauphin des rivières locales a disparu, non pas à cause de la pollution, mais à cause des barrages (cf l’épisode de l’édition chinoise de Flipper, Flip-Hung, et l’épisode 11 de la saison 03 "Flip-Hung contre Totor la turbine", qui arrêta brutalement la série).

Fait moins connu, non seulement le dauphin viole, pratique la tournante, tue ses enfants et massacre des populations innocentes, mais par ailleurs, il s’allie régulièrement au requin pour chasser, permettant de jouer au boucher à peu de frais. Une fois son odieux forfait commis, le dauphin peut donc se barrer, laissant son cousin plus con être accusé de tous les maux.

On peut donc légitimement supposer que plus d’une fois, un surfeur s’est fait bouffer par un dauphin, mais que celui-ci a laissé des preuves indiquant que tout ça était un coup des requins pour pouvoir continuer de s’approcher des humains nourris de propagande mensongère sans crainte.

C’est ignoble. Et dire que les requins ont une sale réputation à cause d’eux.

Oh, une dernière chose, vous savez pourquoi les dauphins tuent ? Pour se marrer. Non non, ce n’est pas une blague : ils aiment ça. Ah non, mais vraiment, c’est beau.

Remplacez le dauphin par un alligator : ça vous parait débile ? Alors maintenant, dites-vous que l’alligator ne tue pas pour se marrer, lui.

Rapports avec les humains

On retrouve deux grands domaines dans lesquels les dauphins collaborent avec l’homme (principalement pour essayer de faire oublier les surfeurs bouffés) :

L’arnaque de touristes

Que ce soit en s’affichant sur des t-shirts moches, des serviettes moches, des bibelots moches ou même des boules avec de la neige moches, les dauphins incarnent le cauchemar du touriste estival qui cherche à garder son pognon malgré les hurlements hystériques de ses enfants. Le touriste est alors bloqué entre deux options : acheter un truc moche de dauphin, ou filer ses enfants à manger auxdits dauphins. Dans les deux cas, les cétacés gagnent. C’est vraiment honteux.

Par ailleurs, ils participent à de nombreux spectacles visant là encore à prendre le pognon des honnêtes gens. Jonglage, saltos et autres acrobaties : tout le kitsch du cirque Pinder paraît socialement plus acceptable sitôt qu’il est l’oeuvre d’un poisson, aussi maléfique soit-il. Les gens sont naïfs, je vous jure.

L’armée

On imagine toujours le dauphin allant à la rescousse d’un pilote tombé en plein océan, mais c’est faux : toute la fourberie de l’animal est mise à contribution, par exemple en les faisant participer à la détection de sous-marin : le gros chacal des mers s’empresse, sitôt qu’il a trouvé un ennemi naviguant dans le silence le plus complet, de le dénoncer en beuglant comme un cochon pour alerter tout le monde. Oui : le dauphin est en effet un gros collabo.

On ne s’étonnera donc pas de retrouver régulièrement des restes de dauphins collés contre des torpilles à la dérive, mais bon, fallait pas chauffer Marco Ramius (et là, nombre de lecteurs se souviennent d’Alec Baldwin à l’époque où il était encore possible de le faire jouer dans un film de sous-marins sans qu’il n’obstrue une écoutille).

Autre rumeur : les dauphins auraient servi durant la guerre du Vietnam à s’amuser dans les rivières avec une seringue de gaz sur le nez, permettant de tuer d’éventuels plongeurs ennemis venus déminer le coin, ou même des filous en pleine patauge. L’armée a bien évidemment toujours nié, d’ailleurs la dernière personne ayant enquêté sur le sujet est morte pendant une baignade. Une hydrocution, Mulder.

F.A.Q

Mes enfants adorent les dauphins, que faire ?

Vos enfants ont tout à fait le droit d’aimer les dauphins. C’est excellent, surtout avec du taboulé.

Y-a-t-il vraiment des dauphins sur Twitter ?

Non, c’était un trait d’humour : les dauphins ne sont pas assez geignards pour cela, par ailleurs ils s’intéressent relativement peu à la météo.

Je me retrouve seul en mer avec un dauphin : puis-je lui faire confiance ?

Si c’est une femelle, potentiellement. Si c’est un mâle, il va vous demander l’heure, mais c’est juste une astuce pour vous tirer votre téléphone, donc non.

Je suis contre le viol, l’infanticide et les agressions en bande, puis-je aimer les dauphins ?

Non : du coup, vous êtes aussi contre eux.

Un de mes voisins héberge illégalement un dauphin dans son garage, dois-je le dénoncer ?

Approchez-vous et renifler : s’il sent l’essence, c’est en fait une Twingo.

Qui c’est le plus fort du coup, le dauphin ou Megan Fox ?

Le dauphin : contrairement à Megan Fox, on l’a au moins déjà vu dans un bon film.

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"Mais alors patron, pourquoi les dauphins ont-ils une si bonne image ?"

Diego, debout sur le bord du quai, fit mine d’observer le large d’un air pensif. Mais son patron lui ayant déjà dit de ne pas trop penser, il se contenta finalement de soupirer en espérant une réponse.

"Parce qu’il sourient tout le temps. Les gens aiment bien les trucs qui sourient tout le temps, qu’importe s’ils font des trucs bien ou pas. Regarde Jean-Marc Morandini. Tu comprends ?
- C’est que…
- Non mais je disais "Regarde par exemple", hein, c’était pas un ordre.
- Aaaaah. Ah ouais. D’accord.
- Bon allez, maintenant, aide-moi."

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Diego se pencha pour m’aider à tirer sur la bâche roulée au sol, la jetant dans l’onde voisine dans un grand bruit liquide. Diego essuya la sueur de son front, puis tendit l’oreille.

"C’est quoi ces cliquetis ?
- Les dauphins, Diego, les dauphins. Ils ont entendu.
- Oui mais il s’approchent !
- C’est normal, on vient de leur donner à manger."

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Je rallumai un cigare, cette fois-ci prêt à le savourer sans être dérangé. En entendant les cris de plus en plus nombreux des cétacés se jetant sur la viande qui venait d’être balancée, je repensais au vœu entendu plus tôt dans la soirée désormais exaucé.

"Voilà, Bénédicte : tu nages désormais avec les dauphins."


Rire, c’est mal.

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Ces derniers temps, le net pullule d’articles sur l’humour.

Non pas pour expliquer qu’il ne suffit pas de glisser un chat dans n’importe quoi pour instantanément créer une situation hilarante à diffuser sur Youtube (par pur esprit scientifique, j’ai essayé avec un micro-ondes et je n’ai en effet pas obtenu l’effet escompté, déception), mais surtout pour se lancer dans de grandes explications sur le danger que représente le fait de laisser autrui faire de bons mots en toute liberté. Parce que oui, forbans, vous ne le saviez pas, mais vous collaborez en fait aux idéologies les plus nauséabondes en osant rire de tout. Vous me dégoûtez.

Aussitôt, donc, chacun sort son Nécronomicon et tente d’invoquer Coluche ou Desproges à la rescousse, parce que comme le disait un certain Nagash "Pour impressionner l’ennemi, rien de mieux que de ramener les morts sur le tapis". Et ce qui est magique avec la nécromancie, c’est que tout le monde fait dire aux morts ce qu’il veut, faisant qu’ils sont en général d’accord avec le dernier qui parle. Alors que bon, hein, si vous invoquiez vraiment les morts, tout ce que vous auriez c’est probablement des sons comme "Greuuuh", "Gruuuh" ou éventuellement le rugissement délicat du fusil à pompe. Mais là n’est pas le sujet.

Car le sujet, on va le reprendre avec des mots simples. Parce que visiblement, c’est encore un peu compliqué pour certains.

Allons-y, donc pour :

POURQUOI RIRE DE TOUT, C’EST MAL

En 5 excellentes raisons

(et à base de vrais arguments de vrais gens venus du vrai internet, oui Madame.)

Et comme je suis sympa, je vous mets un chaton qui rigole pour réconcilier tout le monde. Ah non mais je suis comme ça.

Argument numéro 1 : "Nan mais l’humour noir, ça diffuse des préjugés et l’oppression"

Commençons par l’argument favori des chevaliers blancs qui, montés sur Twittère, leur fidèle destrier, expliquent tranquillement que vous, lecteurs, vous êtes de fieffés rabouins. A savoir que lorsque vous ricanez de quelque chose avec quelqu’un, aussitôt, c’est que vous adhérez à ce quelque chose (si, si). J’en déduis donc qu’après plus de 4 ans de blog, je m’adresse ici même à une horde de nazis-machistes-violeurs-tueurs-d’enfants-et-de-chatons. Nul doute que vous lisez ce blog depuis un quelconque bois joli où vous avez trouvé un peu de réseau, les fesses posées sur la tombe fraîchement creusée de votre dernière conquête.

Pire encore : je ne parle même pas des damoiselles qui lisent ce blog ; à ce stade, je pense qu’elles se sont transformées en hommes. N’oubliez pas d’en profiter pour gratter 25% de salaire, les filles.

Où en étais-je ? Ah oui.

De manière amusante, ce sont les mêmes loups qui chantent en cœur lorsqu’une journaliste s’exclame que les jeux vidéos violents rendent violents que, hohoho, quelle andouille : les jeux vidéo, c’est de la détente de l’esprit. Le vrai problème, c’est si les gens confondent virtuel et réalité, pffff tout le monde le sait. Par contre, deux minutes plus tard, quand vous sortez un quelconque calembour plutôt noir, on vous explique que holala, non, parce que ça transmet des idées noires, arrête tout de suite espèce de danger public ! Et que toutes les études le prouvent : 100% des vilains rigolent aux blagues vilaines. C’est donc bien la preuve que l’humour noir est coupable de tous les maux.

Diable, et moi qui pensais que comme pour le jeu vidéo, l’humour était simplement un moment de détente de l’esprit qu’il ne fallait pas confondre avec la réalité, me voilà bien attrapé.

Donc sachez-le :

Les blagues nazies rendent nazi.

Reste donc à savoir si les blagues catholiques rendent catholiques, auquel cas le Pape a un gros boulot de stand-up.

Après, je me trompe peut-être, mais il paraîtrait que l’humour reposerait sur le fait de faire confiance à l’intelligence de son interlocuteur. S’il croit tout ce que vous lui dites, le problème n’est peut-être alors pas tant votre blague que le fait qu’il soit un petit peu con. Ou qu’il s’agit d’un caniche nain. Mais si vous en êtes à échanger des bons mots avec des caniches nains, c’est soit que vous êtes vous même un fabuleux être canin, auquel cas dégage ce ce blog Kiki, tu fous des poils plein le clavier, soit vous êtes Paris Hilton.

Notez que dans le premier cas, il y a encore une chance de faire quelque chose de vous.

Argument numéro 2 : "Moi ça me choque, alors tu n’as pas à le faire"

Puisqu’invoquer des morts est à la mode, laissez-moi sortir Victor Hugo de sa nécroball (je travaille sur une nouvelle version de Pokémon où on joue un type qui doit capturer des morts célèbres, mais on m’a refusé la première version où le héros s’appelait "Emile Louis", flûte) et sa célèbre maxime "Le calembour est un pet de l’esprit".

Si l’on peut légitimement en déduire que Philippe Geluck a une fâcheuse addiction au cassoulet, il n’en faut pas moins reconnaître qu’il s’agit là d’une bien belle métaphore. Car en effet, dans l’allégorie du prout, fort utile puisque compréhensible même par les utilisateurs de Skyblogs, on note qu’il est en effet bien malvenu d’imposer ses méphitiques exhalaisons à son prochain, comme ça, au pied levé (si vous me passez l’expression).

Donc disais-je pour rester dans l’esprit de l’allégorie, vous n’entrez pas dans le bureau d’un inconnu pour y relâcher vos entrailles façon trompettes de Jericho. Ou alors, si vous le faites, vous êtes une sorte de Fantomas pétomane, j’espère alors au moins que vous avertissez la police de vos prochains méfaits avant de sévir avec panache. Passons. En général, vous relâchez plutôt vos entrailles uniquement lorsque vous êtes en présence de gens que vous connaissez suffisamment pour savoir qu’ils vous ne le reprocheront pas (ou dans le métro quand il y a du bruit et que vous faites ensuite votre tête indignée pour ne pas vous faire chopper, on vous connait petits malins). Ainsi, il est donc aussi aisé de traiter quelqu’un de gros cochon pour avoir décidé de souiller vos narines que d’expliquer à quelqu’un qu’il serait bien aimable de ne pas souiller vos oreilles avec ses calembours (qu’ils soient d’humour noir ou non : ils peuvent juste être nuls).

Jusqu’ici, ça donne donc raison aux détracteurs de l’humour noir. Mais en fait, non.

Parce que tout comme se soulager n’importe où est quelque peu cavalier et n’illuminera pas forcément la journée de toute l’assistance, il n’y a rien de bien glorieux à aller renifler les cucus. Ainsi, je suis toujours émerveillé lorsque quelqu’un va voir un spectacle/film/site ou que sais-je avant d’exiger que celui-ci change sur le champ ou disparaisse parce que l’humour local ne lui plait pas. Quand on vous ne l’impose pas et que c’est vous qui y foncez, ça devient quand même un peu pervers : c’est un peu comme aller sur Youporn (oui, c’est ça, effacez votre historique, on va dire que j’ai rien vu) et crier que l’on a vu des gens tout nus.

La morale de cette histoire, c’est que l’on a pas à frotter son cucu dans le nez de n’importe qui, tout comme n’importe qui n’a pas à se plaindre s’il vient jouer les teckels à la truffe fougueuse.

Là on me dira que je plagie Desproges, mais comme déjà dit, sa célèbre maxime ayant déjà été tournée et retournée en tous sens pour donner raisons à tous les camps, évitons donc l’arrivée massive de cavaliers blancs pour expliquer que "Hahaha, nan mais en fait, t’as pas compris : en fait il me donne raison à moi". C’est l’avantage de mes propres citations en lieu et place : en général, ça devient compliqué d’expliquer que je ne les ai pas comprises.

Ce qui ne veut pas dire que ça n’a pas été tenté. Mais bon : passons, et remontons un peu le niveau après ce passage quelque peu anal (Freud, si tu nous regardes)

Rappelons que Victor Hugo n’avait pas vraiment une tête à faire des blagues sur les prouts, mais plutôt du genre à venir tuer toute fa famille si tu ne rigolais pas.

Argument numéro 3 :"Tu peux te moquer des intolérants, pas des victimes de l’intolérance"

Un de mes arguments préférés, et accessoirement l’un des plus utilisés, puisque servant à remettre des bons points, à savoir :

"Si tu te moques des intolérants, c’est de l’humour noir, c’est rigolo"

"Si tu te moques des victimes, c’est une blague discriminante et tu es un gros vilain"

En même temps, je peux aussi vous reformuler cet argument ainsi : "Tu peux faire de l’humour noir, mais alors uniquement contre qui je veux.". Un argument particulièrement puissant, vous en conviendrez, qui ressemble un peu à celui d’un enfant de 8 ans expliquant qu’il veut bien qu’on se moque, mais alors pas de lui parce que c’est pas rigolo. J’imagine que ce genre de réflexion vient tout droit d’un quelconque passé trouble dans lequel tirages de slips et vols de billes ont été légion.

Si l’argumentaire s’étoffe souvent de l’habituel refrain sur les préjugés qu’il ne faut pas encourager, car les préjugés, c’est mal, on notera que les utilisateurs de pareille artillerie verbale ne sont pas les derniers à mettre dans le même paquet leurs opposants en leur collant diverses étiquettes et autres mots en "-iste" pour aller plus vite. Bon, remarquez, ça colle toujours à la logique de l’enfant de 8 ans, mais tout de même. Enfin, voilà qui enchante mes journées.

Bref : "L’humour noir, oui, mais alors uniquement dans la gueule des méchants, et c’est moi qui dis qui est méchant, et puis il faut bien préciser que c’est contre eux, parce que si c’est un peu subtil et qu’on rit d’un préjugé, je comprends pas".

De là à penser que nous avons simplement affaire à des gens qui voient l’humour noir comme une arme que seuls les gens d’accord avec eux devraient brandir parce que sinon c’est nul, il n’y a qu’un pas que je franchis en dansant le tango. Enfin je dis ça, c’est surtout pour caser que je danse très bien le tango, hein.

Argument numéro 4 : "Tu peux faire de l’humour positif, qui ne se moque de personne"

Hélas, le sens de l’humour ne fonctionnant pas à la demande, parfois on trouve rigolo de se moquer de gens, comme par exemple Nicolas Cage. Et comme en plus il nous donne plein d’opportunités de le faire, que demande le peuple ? Ce serait criminel de s’en priver.

On peut aussi à la place faire des tartes au citron, décorer des cupcakes ou chevaucher des licornes, mais des fois, on préfère ne pas être gentil. C’est sûrement très méchant, mais en même temps, comme le monde n’est pas constitué de forêts de barbe à papa et de rivières de caramel avec ici ou là des champs de Chocapic, ça parait à peu près crédible de ne pas toujours avoir les yeux pétillants comme un personnage de manga. Dans un monde froid et cruel, parfois, il fait bon mettre des coups de pelle dans la gueule, le tout en écrasant son cigare sur le front d’un stagiaire bénévole.

Après, si vous vous sentez en danger, rassurez-vous gentilles gens : il existe des endroits où les espèces protégées peuvent se rendre sans risque d’être inquiétées. Des forums où chaque signature est un ode à l’amour, une peinture multicolore de bambins souriants et de papillons enchantés. Ces lieux enchanteurs, ce sont les forums de Doctissimo. Va, vole, roule-toi avec tes comparses dans des messages positifs !

Mais si c’est pour aller sur 4chan expliquer qu’il faudrait penser à être gentil et sérieux, il va falloir penser à consulter.

La brigade des gentils devant son quartier général de Baden-Baden

Argument numéro 5 : "Non mais du coup on peut dire n’importe quoi et se cacher derrière le principe d’humour !"

Drame : les gens pourraient dire n’importe quoi.

Je tremble rien qu’ à cette idée. Ça devrait être interdit.

Heureusement, et jusqu’à preuve du contraire, il se trouve que contrairement à ce que cet argument laisse entendre, aucun champ de force ne se déploie autour de l’auteur d’un calembour lorsqu’il s’en défend, à part éventuellement s’il s’agit du capitaine Kirk, mais lui se contente plutôt de raconter ses blagues à Spock, l’obligeant à écrire quotidiennement dans son journal galactique "Cher journal, j’ai encore fait un bide. Cette fois, j’étais pourtant sûr que ma blague raciste sur les Klingons marcherait, mais ce bougre de con a encore expliqué que mon trait d’humour était illogique. Je pense aller travailler pour Télé Poche". Mais alors, comment est-ce que ça marche ? Observons les trois étapes clés.

  1. Quelqu’un dit quelque chose qui ne vous plait pas.
  2. Ça ne vous plait pas.

Si vous vous arrêtez là, il va y avoir un véritable problème de communication, d’où la troisième étape : "Je dis que ça ne me plait pas."

De là, deux options : soit votre interlocuteur a un sens des interactions sociales, et le drame s’arrête là, soit il insiste lourdement, auquel cas le problème n’est pas le principe d’humour, c’est juste que vous avez affaire à quelqu’un qui est con comme un bulot. Ou bien il peut aussi s’agir de Gégé de la compta, auquel cas il continuera de vous envoyer ses powerpoints de 1998 par mail. La meilleure solution reste donc d’apprendre à utiliser votre filtre à spams. Ce qui peut marcher aussi dans la vie : par exemple, lorsque l’on vient me demander une augmentation, mon cerveau classe automatiquement la conversation comme spam. C’est important, d’être organisé.

Après, si quelqu’un essaie de vous dire qu’il ne pensait pas ce qu’il vient de dire en faisant passer la chose pour un trait d’humour, en général, tout être humain normalement constitué est capable de distinguer ce qui tient de l’humour de ce qui tient du caca. Si chez vous, les deux se rejoignent, félicitations : je crois qu’Arthur prépare une nouvelle tournée.

Vous avez tout compris ? Alors attention, test !

Regardez bien la vidéo suivante, issue de gens encore vivants et qu’il est donc encore possible d’accuser de tout.

Prêts à subir l’horreur de l’indignation ? Alors en route !

En reprenant les arguments ci-dessus, vous avez donc deux options :

A) Ce sketch est à base d’idées racistes sans se moquer ouvertement des racistes, il est donc raciste, je demande son retrait de youtube

B) J’ai ri. Je suis donc un nazi.

Bon courage à vous, bande de sales collaborateurs de l’humour noir.


Maison Blanche par terre

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Certains films ont connu moult adaptations.

Populaires dans un pays, tournés une nouvelle fois dans un autre avec de nouveaux acteurs pour faire bonne figure, qui ne se souvient pas de La Totale, devenu True Lies, film dans lequel Thierry Lhermitte avait été subtilement remplacé par Arnold Schwarzenegger (on remarque à peine la différence à l’écran) ? Ou bien encore Infernal Affairs, qui passé de Hong Kong à Hollywood, devint Les Infiltrés ? Et encore, je ne vous parle pas de toutes les versions Bollywoodienes, voire pour les plus farceurs d’entre vous, des adaptions liées à la règle 34 de l’internet. Ah, si, ne faites pas semblant.

Pourtant, il est des réalisateurs épris d’originalité qui se battent jour après jour pour réaliser des chefs d’oeuvres parfaitement inadaptables. Roland Emmerich est de ceux-là.

Mais plutôt que de vous l’expliquer, je vous propose de parler tout de suite de son dernier film, "White House Down".

Nous pourrons alors revenir sur la précédente affirmation en conclusion.

Prêts pour une nouvelle plongée dans l’univers de l’un des plus talentueux réalisateurs de son époque ? Alors spoilons, mes bons !

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L’affiche : une explosion, et en plus les gens s’y vantent de leurs trois derniers crimes. Si c’est pas de la provocation, ça.

Tout commence au pays du hamburger, et plus précisément à Washington, alors qu’à l’horizon les teintes roses et orangées annonçant l’arrivée prochaine de l’ami soleil apparaissent. Dans la chambre d’une adolescente de onze ans, un téléphone sonne l’alarme : est-il l’heure d’aller à l’école ? De se préparer à une quelconque excursion ? De commencer à se peigner pour espérer être prête 3 heures plus tard (maudits cheveux longs) ?

Non : nous sommes dans la chambre d’Emily Cale, une adolescente de 11 ans qui comme toutes les petites filles de son âge, a programmé sur son téléphone une alarme pour être informée des moindres faits et gestes du président des Etats-Unis, puisque c’est sa passion dans la vie. Et son téléphone l’informant que l’homme d’état rentre à la Maison Blanche après un fort beau discours à l’ONU, notre bougresse regarde par la fenêtre l’hélicoptère présidentiel qui comme de bien entendu, passe juste au-dessus de sa maison pour lui mettre des étoiles plein les yeux. Parce qu’à 6h du matin, toutes les petites filles de 11 ans adorent se lever par passion pour un leader politique (Emily doit avoir du sang de nord-coréenne).

Je consulte ma montre : oui, nous n’avons même pas dépassé la première minute du film, et nous sommes déjà face à l’un des clichés (ratés) les plus formidables d’Hollywood, à savoir le perso d’enfant écrit avec les pieds, comprendre :

  • Il a une tête de cible d’entraînement pour concours de taloches
  • Il s’exprime comme un adulte et ne s’intéresse qu’à des sujets liés
  • Il dit toujours la vérité (même s’il n’a aucun moyen de la connaître, soit dit en passant)
  • Il a des réactions à peu près aussi naturelles que les lèvres d’Angélina Jolie

Bref, Emily Cale est une sorte de poncif, oui, mais un poncif avec un smartphone. Et puisqu’une caricature ne suffit pas, allons donc voir ce qu’il se passe au même moment dans l’hélicoptère du président des Etats-Unis.

Car en effet, le pays est dirigé par James Sawyer, un puissant patriote dans un film qui ne l’est pas moins, ce qui signifie qu’il n’est évidemment pas un homme politique comme les autres, non, lui c’est un idéaliste qui marche dans les pas d’Abraham Lincoln et qui veut rendre ce pays toujours plus beau (mais pas en s’en prenant aux banques quand même : c’est rigolo comme l’une des plus grandes aventures de Lincoln ne semble jamais passionner ses fans, quel sale communiste ce Abe). Toujours est-il que James Sawyer est plutôt noir, et plutôt originaire d’une famille pauvre. Tellement que dans ses discours à l’ONU, il parle de l’époque où il ne mangeait pas à sa faim, et de comment sa grand-mère a réussi à convaincre un braqueur potentiel d’abandonner son sinistre projet en échange d’un repas chaud.

Pas sûr qu’elle aurait eu le droit à sa page Facebook celle-là.

En tout cas, sortez vos mouchoirs, parce que les extraits des discours de James Sawyer ressemblent fortement aux consignes de coloriage d’un album Mon Petit Poney. Je pense qu’à l’ONU, on fait sortir les diabétiques de l’assemblée avant de le laisser s’exprimer histoire que son discours sirupeux ne s’avère pas fatal aux plus fragiles d’entre eux.

Le président et son petit équipage débarquent finalement à la Maison Blanche, et les gens de son cabinet se congratulent sur la pelouse sans raison pour dire que vraiment, ils font le meilleur boulot du monde. Mouais : m’est avis qu’aucun membre de l’équipe du film n’avait jamais travaillé dans un cabinet politique, mais passons. Car au même moment, à l’autre bout de Washington, le service de nuit s’achève pour John Cale, membre de la police du Capitole et affecté à la sécurité du big boss du sénat que nous appellerons Bob principalement parce que je n’ai pas retenu son nom tant il était charismatique. Et pour bien terminer ses aventures matinales, John escorte donc son patron jusqu’au Capitole pour que lui puisse commencer sa journée, cette feignasse. Mais en chemin, ô, radieuse surprise ! Qui croise John ? Ginette, une amie qui bosse pour le vice-président en balade dans le coin ! Et celle-ci a trois choses à annoncer à notre héros :

  1. *glousse* *glousse* Je t’ai décroché un rendez-vous ce matin comme tu le voulais pour intégrer la sécurité présidentielle !
  2. *glousse* *glousse* Je t’ai obtenu un second passe pour que ta fille monomaniaque puisse t’accompagner
  3. *glousse* *glousse* Tu me dois un dîner, et probablement, un nuit de seske torride à l’arrière d’une R19

STOP ! Ginette, malheureuse, que viens-tu de faire ? Proposer de faire des choses sexuelles avec le héros ? Mais enfin, n’as-tu pas remarqué que tu étais dans un film gentil ? En te comportant ainsi, gueuse, tu oublies qu’une vraie gentille femme de film américain : ne propose pas ce genre de chose. Le sexe, c’est pour les vilaines qui ne croient pas en Djizousse. Si tu voulais vraiment te comporter en gentille, tu saurais qu’une bonne copine de héros se contente de rougir quand on l’approche, de glousser quand on lui parle (okay, là-dessus, tu es pas mal), et d’appeler à l’aide avec de petits cris kikinous quand le méchant t’emmène sur son cheval en direction du Canyon de la Muerte.

Mais là du coup, tu vas juste mourir comme une crotte. Adieu, Ginette.

Cela dit, Ginette ne meurt pas tout de suite, non, soyez un peu patients galopins : pour commencer, elle s’en va suivre le vice-président vers de nouvelles folles aventures pendant que John finit officiellement son service, salue son chef Bob et s’en va chez son ex-femme chercher sa fille pour l’emmener à l’école.

Alors bon, vous allez me dire "Voilà au moins une scène qu’ils ne vont pas rater ou barder de poncifs : il suffit que le héros rentre, dise bonjour comment vas-tu yau de poêle, tout ça, et que sa fille grimpe dans la voiture, et c’est plié." Mais ce serait sous-estimer les pouvoirs scatophiles de Roland Emmerich : car à peine John est-il à la porte qu’on lui décharge au museau un nouveau poncif, parfaitement inutile : sa fille lui fait la tête parce qu’il a oublié de venir la voir au spectacle de son école.

Bon alors sérieusement les petits gars, il va falloir arrêter : caser le fait que le héros a raté le spectacle de l’école de sa fille ou le match de base-ball de son fils, ça devient vaguement lourd. Non seulement ça ne sert pas à grand chose, mais en plus, quitte à rajouter des éléments sur la vie des personnages, je ne sais pas, ils ne pourraient pas avoir d’autres activités ? Je veux dire : ce ne sont pas les loisirs qui manquent. Pourquoi faut-il que ce soit toujours le spectacle ou le base-ball ? Une compet’ de judo, un course d’athlétisme ou une lecture publique de Mein Kampf, il y a le choix, sacrebleu.

En même temps, "Papa n’est pas venu à ma compet’ de curling", ça se comprendrait.

Mais ce n’est pas grave : il ne faudrait pas montrer que l’on a fait un effort d’environ 0,5 secondes sur le scénario pour ne pas hurler au spectateur qu’on le prend pour un con.

Bref : John le papa caricatural fait donc monter Emily sa fille caricaturale dans sa grosse voiture caricature, puis salue son ex-femme caricaturale avant de prendre la route (normale, elle, merci). Mais pas pour l’école, petite Emily, papa a une surprise pour toi : que dirais-tu d’aller à la Maison Blanche ?

La jeune fille est donc si heureuse de la chose et joue tellement bien qu’un instant, j’ai cru qu’elle faisait une crise d’épilepsie (ou qu’elle était Marion Cotillard), mais hélas, non. Elle se met alors à lancer aléatoirement des anecdotes historiques sur la Maison Blanche, parce que dans la vie, c’est connu, quand vous dites à quelqu’un "Tiens, si on allait au Louvre ?" il se met à parler tout seul citant Wikipédia. Encore une fois : quel talent.

J’en profite pour le signaler : Emily refuse d’appeler son père "Papa" ou "Papounet" et préfère donc "John". Quelque chose me dit que d’ici une ou deux explosions, elle aura changé d’avis, mais chut, ne spoilons pas, tout cela est tellement imprévisible, je m’en voudrais de vous gâcher le film. Toujours est-il qu’une fois sur place, John est invité à se rendre à l’entretien qu’il a obtenu, mais que petit imprévu, celui-ci se déroule avec Carol Finnerty… un ex amour de jeunesse de notre héros !

Attention, un, deux  : "HO BIN CA ALORS !"

Voilà, merci.

Carol, donc est bien surprise de retrouver John : la dernière fois qu’ils se sont vus, c’était au lycée, mais leur histoire s’étant mal terminée (une sombre histoire de soirée mousse ayant dégénérée), ils sont un peu en froid. Carol consulte donc le dossier de notre héros devant lui, et fait le récit de sa vie après le lycée : petits boulots divers, puis engagement dans l’armée, où le bougre a atteint le grade de sergent. Il a évidemment été décoré pour héroïsme, puisqu’il a sauvé un de ses petits camarades d’un véhicule en flammes. A noter que le script étant décidément d’une rare qualité, ce dialogue de Carol s’y glisse : "Je vois que vous avez sauvé un de vos camarades d’un blindé en feu. Pourquoi ?"

Mais je ne sais pas Carol, qu’attends-tu comme réponse ? "Nan mais c’est parce que je lui avais prêté ma Game Boy je voulais la récupérer" ? "Il était assez cuit, j’aime ma viande saignante" ? "Pardon Carol, mais es-tu un hamster avec une moumoute pour poser des questions pareilles ?" ?

Bref. L’absurde entretien se poursuit avec les états de service militaire de notre larron qui, bien que héros, n’en était pas moins… mais si, allez, vous le savez. Attention : "une tête brûlée" !

Allez, on reprend : "HO BIN CA ALORS !"

Restez vigilants, je sais pas vous, mais moi, je sens d’autres trucs caricaturaux venir. Ne me demandez pas comment je le sais : c’est l’instinct.

Toujours est-il qu’au final, Carol annonce à John que non, le président n’a pas besoin d’un psycho-ouf dans son équipe, et que donc, merci John, bonne journée, et tiens, voici mon pied au cul pour faire bonne mesure. Sitôt sorti de cette rencontre décevante mais mouvementée, John va retrouver sa fille et pour ne pas la décevoir, lui dit que hahaha hihihi, mais si, évidemment que l’entretien s’est bien passé, mais bon, tu sais, on verra, c’est pas fait, et puis bon, c’est l’administration, alors hein bon hé, ho, hein dis. Ta gueule en fait.

Sauf que sur le chemin de la sortie, un guide de la Maison Blanche, prenant le duo pour des touristes, leur propose de se joindre au groupe qu’il s’apprête à emmener en vadrouille. L’occasion idéale de faire plaisir à la petite Emily (notons que le héros, bien qu’habitant à Washington et avec une fille passionnée par le sujet, n’a jamais pensé à proposer cette visite avant, c’est vrai que c’était compliqué), en route donc ! L’occasion idéale pour Emily de montrer qu’elle est définitivement un personnage si puissamment relou que je lui attribue une note de 9,5/10 sur l’échelle de Jean-François Copé. En effet, celle-ci passe son temps à débiter des choses qu’elles a lues sur Wikipédia, comme par exemple l’emplacement des vieux-tunnels-qui-officiellement-n’existent-pas ou du bunker-top-secret-du-président.

Alors que l’ensemble des touristes un peu gavés s’apprêtent à isoler Emily dans les toilettes pour lui péter la gueule à coups de lunettes de WC, une radieuse surprise attend notre petit groupe : James Sawyer, le président des Etats-Unis en personne, débarque au milieu de la visite.

"Bonjour les amis ! Je viens de terminer à l’instant un discours sur le fait que je retirais toutes mes troupes du Moyen-Orient et qu’à la place je mettais le budget de l’armée dans l’aide au développement. Comme ce n’est pas du tout le genre de déclarations qui a des conséquences, et que je n’ai pas non plus un pays à gérer, je me suis dit que tiens, si je venais glander avec les touristes en shorts à fleurs ?"

Autant vous dire que par la grâce de cette arrivée impromptue, les sous-vêtements d’Emily découvrent instantanément l’exotisme d’un climat tropical. La bougresse en profite donc pour demander au président s’il ne voudrait pas répondre à une interview pour sa chaîne Youtube, là, tout de suite, au pied levé, et là encore, James Sawyer accepte parce qu’il a le swag. Histoire d’alimenter un peu plus, le bullshit généralisé, Emily, au lieu de poser une question comme "Ça fait quoi d’être président ?" ou "Elle est devenue quoi, Monica Lewinsky ?" lui demande ce qu’il pense de la crise actuelle au Moyen-Orient (pourquoi pas), particulièrement des conflits inter-régionaux (heu, bon, d’accord, on va dire qu’elle est très en avance) et plus particulièrement de sa position face aux dissidences chiites (en fait, non : va chier Emily).

"Ta question est très intéressante Emily. Vraiment. Ce qu’on va faire c’est que tu vas la reposer à mon garde du corps, là, derrière, et on va voir si tu esquives les clés de bras comme moi les questions."

Je ne déconne même pas, hein. C’est vraiment la question qu’elle lui pose. Ah non mais, quand je vous dis que c’est écrit avec les pieds, je n’exagère pas.

Le président lui répond donc un truc qui tient plus d’une Miss France que d’un homme d’état (ils ont dû inverser les dialogues, je suppose), avant de voir Emily lui dire "Merci président ! Au fait, mon papa va intégrer votre sécurité !". James Sawyer sourit donc tranquillement, avant de se pencher à l’oreille du papa d’Emily pour lui souffler :

"Ce n’est pas beau de mentir aux enfants."
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Ce à quoi John oublie de répondre :

"Et ce n’est pas beau d’avoir lu le script.
- Pardon ?
- Bin oui : je viens à peine de passer l’entretien, on m’a dit non il y a dix minutes. Alors vous m’expliquez comment vous pouvez savoir que je ne suis pas pris ? En plus d’avoir le temps de glander avec les touristes et de faire le kéké sur la chaîne Youtube de titeprincesse_star_81, vous avez en plus trouvé le temps d’aller vérifier aux ressources humaines les résultats de l’entretien d’embauche d’un type que vous n’avez jamais vu ?
- Heeeeeeeeeem hum hem, je… je… hooo, on m’appelle !"

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Quelle attention minutieuse portée à chaque seconde de ce film, c’est impressionnant. Et notez que la plupart du temps, ça n’apporte rien à l’histoire. Non, c’est juste pour rajouter des erreurs. Attendez que je vérifie un truc… budget du film, 150 millions de dollars et… ho ! Mais qu’est-ce que c’est que ça ?

Sony Pictures n’a pas lésiné sur les moyens puisqu’avant même la préparation du tournage du film, 3 millions avaient été dépensés pour acheter le scénario de James Vanderbilt. La société de production avait déjà travaillé avec lui pour The Amazing Spider-Man.

3 millions de dollars. Pour un truc qui est déjà aussi moisi alors que le film n’a même pas commencé. A ce prix là les enfants, gardez bien vos rédactions de CP : à l’argus d’Hollywood, elles doivent bien valoir 1 ou 2 millions de dollars.

Allez, allons donc voir ailleurs si les choses se déroulent mieux. Et rendons-nous à la demeure magique de Martin Walker, patron de la sécurité présidentielle justement, qui se prépare à une nouvelle belle et grande journée. Après s’être brossé les dents et avoir fait les mots croisés de Biba pendant qu’il délivrait ses flancs de l’ennemi intérieur, Martin a donc pris le chemin du travail, mais d’abord, il a salué sa femme :

"Au revoir ma chérie, je vais au travail. Tiens, garde-moi ce pin’s drapeau américain que je porte d’habitude au col, tu veux ? Je ne veux pas le porter aujourd’hui.
- Mais ? Pourquoi ?
- Et puis tiens, laisse-moi te dire que je t’aime comme si c’était la dernière fois.
- Hein ?
- Tiens, t’ai-je dit que je ne m’étais jamais remis de la mort de notre fils, militaire mort en opération spéciale en Iran suite à un ordre du président ?
- Qu’est-ce que… Martin ? Nom d’une pipe Martin : tu serais pas en train de filer des indices gros comme des clients de Wall-Mart aux spectateurs pour leur spoiler le fait que tu es un traître ?
- Pas du tout. Par ailleurs mes indices sont très subtils.
- "Subtil" ? Ah non mais visiblement, t’as pas dû bien lire le dictionnaire, ça explique que tu en chies avec les mots croisés de Biba. 
- Bon allez, je vais au travail, hop."

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Mauvaise idée, on aurait pas dû aller voir de ce côté là en fait, c’est aussi pourri que le reste. Suivons donc l’ami Martin Walker jusqu’à la Maison Blanche, où il retrouve toute l’équipe de la sécurité présidentielle dont sa bonne amie Carol, pour leur dire que ça va encore être une bien belle journée, dis-donc. Mais surtout, et parce que ça faisait bien 45 secondes qu’on avait pas eu un truc vu et revu, on fait soudain rentrer un gâteau dans la salle : figurez-vous que Walker est à une semaine de la retraite !

Allez, tous ensemble : "Tu vas mouriiiiiir !"

Là encore, cet élément n’apporte rien, à part de quoi pleurer de douleur devant autant de nullité. Tout le monde file donc des cadeaux et des tapes dans le dos à papy Walker, en lui disant qu’il manquera à tout le monde. Tous les passants, même dans les couloirs, lui serre la main en lui disant "Bon bin, bonne retraite hein !".

Je ne suis pas un expert, mais moi j’ai entendu dire que les pots de départ, c’était quand on partait. Non parce que sinon, v’là le reste de la semaine : "Bin t’es pas encore parti toi ? Je t’ai pas serré la main hier en te disant adieu ?". Ambiance.

Durant la petite sauterie, Martin va donc trouver Carol pour s’entretenir brièvement avec elle :

"Carol, tout est calme aujourd’hui et vous travaillez trop. Rentrez chez vous et reposez-vous.
- Mais ? Pourquoi ? 
- Parce que je vous l’ordonne.
- Mais je sais pas, ça sonne suspect. Un peu comme si… comme si vous aviez des accents de traître dans la voix.
- Vous imaginez des choses, niet niet popovitch. Alamdoulila, nardin. 
- Vous devez avoir raison, je vais rentrer chez moi."

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La belle va donc reprendre son automobile et s’en va tranquillement dans les rues de Washington, sans savoir qu’au même moment, il se passe des choses… au Capitole !

En effet, au même moment, au Capitole : "Je propose que la pizza soit désormais un légume"

Car dans les couloirs de celui-ci, un terrible vilain (roux et barbu, c’est dire s’il appelle la mort de ses vœux) rôde. Et comme c’est un vrai professionnel des actions méchantes, il a pensé à noter au bic bleu sur son bras le numéro de la salle où l’attend tout l’équipement pour mettre la zone dans le bâtiment.

C’est vrai que s’écrire dessus comme une collégienne, c’est pro. Comme ça, si la police l’attrape et qu’il n’a pas le temps de se frotter à la salive, hop, toute la maréchaussée sait dans quelle salle aller chercher les preuves de l’odieux forfait. Attendez, je relis plus haut… moui : 3 millions de dollars.

Notre sympathique loulou s’en va donc dans un local d’entretien récupérer son matériel de farceur, à savoir un bleu de travail et du matériel de nettoyage ainsi qu’accessoirement, une bombe. Combinant habilement tout cela (il enfile le chariot, cache la bombe dans le bleu de travail et … attendez, non… ah merde, j’espère qu’il a bien noté l’ordre des opérations sur son autre bras), il ressort donc grimé en technicien de surface, poussant devant lui son chariot piégé. Sitôt qu’il a placé celui-ci dans la salle de la coupole du Capitole, il ricane donc très fort et s’enfuit tel un farfadet maléfique atteint d’incontinence, alors que peu après, derrière-lui, BROUF fait la bombe.

Le bâtiment prend donc un peu cher, mais pas autant que les touristes et agents de sécurité voisins qui font de l’auto-crémation au black.

Carol, qui était en chemin pour chez elle, voit donc l’explosion et se précipite sur place pour aller vérifier que l’évacuation se déroule bien. Et en effet puisque non, Bob, le boss du capitole, n’a pas été transformé en torche humaine, et le vice-président qui était dans le coin va bien lui aussi. Bob est donc envoyé se planquer au Pentagone, pendant que le vice-président est collé dans Air Force One qui décolle aussitôt pour se mettre à l’abri à ouat’mille mètres d’altitudes, histoire que si Washington soit attaqué, tout le monde ne soit pas au même endroit, stratégie dite du "Mile High Club". Et à la Maison Blanche, l’alerte est donnée : la place est verrouillée et tous les agents de sécurité s’arment et vont se poster à toutes les fenêtres prêts à ouvrir le feu sur tout ce qui a l’air suspect : homme armé non-identifié, porteur de turban, ou pire, politicien honnête (mais là, le mot "suspect" frôle l’euphémisme). Le président se retrouve lui enfermé dans le bureau ovale avec quelques conseillers ainsi que son chef de la sécurité, le temps que l’on en sache un peu plus sur ce qu’il se passe au Capitole. Ce qui veut dire que pour John et Emily, la visite touristique s’achève assez brusquement. J’ai envie de dire : remboursez nos invitations.

Surtout que l’alarme s’est déclenchée pendant qu’Emily était aux toilettes en train de réviser ses plus grands airs de cornemuse, ce qui signifie qu’elle est séparée de son papa lorsque la Maison Blanche passe en alerte rouge. Rebondissement !

Résumons :

  • Le président est en sécurité dans le bureau ovale
  • Le vice-président est en sécurité dans Air Force One
  • Le patron du Capitole est emmené au Pentagone pour être mis en sécurité et y arrive sans encombre
  • John est en sécurité avec les autres touristes dans une aile de la Maison Blanche
  • Emily est sur le trône à relâcher des papillons de leur sombre captivité

Tout devrait donc aller pour le mieux. Sauf que…

Sauf qu’un agent de la sécurité de la Maison Blanche remarque qu’un groupe d’ouvriers n’a pas entendu l’alarme. Il rentre donc pour leur dire que dites donc bande de fripons, vous n’avez pas trouvé ça suspect, la grosse sirène, les gens qui hurlent et les types armés qui passent dans des bruits de bottes ? Mais alors qu’il engueule les galopins, l’agent remarque, mais bien trop tard, que c’est un piège : ces ouvriers ont bien trop de moustaches, tant et si bien que même un orchestre mariachi ne pourrait les égaler. Ce qui ne peut signifier qu’une seule chose : ils sont méchants (ou ils ont juste très mauvais goût, dans les deux cas, mieux vaut ouvrir le feu par principe).

Mais avant que notre homme ne commence à leur distribuer des balles dans la tête, les vilains, puisque ce sont bien eux, lui maravent la mouille et lui prennent son arme avant d’y visser un silencieux qu’ils avaient réussi à passer au nez et à la barbe de la sécurité. Dès lors, ils peuvent lancer leur plan super rusé : prendre la Maison Blanche à 12 contre 200 avec un seul pistolet.

Et évidemment, ils y arrivent sans problème.

Normal.

Pour la petite histoire, il faut savoir qu’ils sont un peu aidés par la main du scénariste, puisque déjà, ils tuent tout le monde d’une seule balle, même à 20 mètres de distance, les gens meurent instantanément et sans bruit, et en plus, même leurs corps tombent telles des plumes histoire que dans la salle d’à côté on entende pas qu’il se passe un truc et que l’on puisse se faire massacrer en paix. Probablement que ce sont des gardes en mousse, d’où l’expression.

Bon, après, on pourrait aussi dire, mais ce serait chipoter, qu’il manque un truc. Mais si, un tout petite, qu’on oublie facilement, surtout, à tout hasard, dans une équipe de cinéma :

Les caméras.

Mais si, vous savez ce truc tellement basique que même Intermarché en a pour éviter les vols de yaourts aux fruits ; j’ose vaguement imaginer, mais c’est un peu audacieux, que allez, disons que la Maison Blanche en a ? Auquel cas, ça pourrirait un peu le plan, je suppose.

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Quelques minutes auparavant, dans une Maison Blanche crédible.

"Hardi les amis ! Maintenant que nous avons tué ce garde, allons donc mettre des balles dans la tête de tous les fonctionnaires de la maison !
- OUAIIIIS !
- Krshhhh… krsshhhh….
- Qu’est-ce que c’est que ce bruit ?
- Regardez chef, on dirait que ça vient du haut-parleur ! Là à côté de… ah bin de la caméra, tiens.
- Krshh… un deux, un deux… on m’entend ? Ici Gégé, du PC sécurité. Bon, ceci est un message aux petits malins qui se cachent dans la salle de projection et qui viennent de tuer notre copain Jean-Jacques : on a environ 60 gardes avec des mitrailleuses lourdes qui vous encerclent. Sachant que vous avez un pistolet pour douze et que vous venez connement de tuer votre seul otage potentiel pour lui prendre son arme, soit vous sortez pour vous prendre des coups de bottin dans la gueule, soit on rentre vous mettre des coups de bottine. 
- …
- Krsshh… oui alors en fait on me dit qu’on va juste faire entrer des grenades, histoire de gagner du temps, Bisous !"

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"Des caméras… mais enfin John, aurais-tu oublié que notre priorité à la Maison Blanche était la protection de la vie privée des citoyens ?"

Mais ouf, non : nous sommes dans un mauvais film, donc personne ne pense aux caméras, ni dans un camp, ni dans l’autre. Les méchants, très fier de leur coup annoncent donc sur la radio que la voie est libre : les renforts peuvent arriver. Car oui : des camionnettes de faux ouvriers garées sur le parking de la Maison Blanche et que personne n’avait pensé à inspecter, sortent une paire d’hommes en plus : Jean-Paul Moustache, un terrible commando ressemblant à un croisement entre Arnold Shwarzenegger et Freddy Mercury, et Maurice Ubuntu, un hacker mystérieux. Le chef du commando des méchants, joliment nommé Emile, explique donc ce qu’il convient de faire : Jean-Paul Moustache va aller sécuriser les dernières pièces pas encore prises, comme par exemple la salle où les touristes en visite ont été enfermés, pendant que Maurice va aller au centre informatique de la Maison Blanche pour y lancer un mystérieux piratage (probablement pour trouver le p0rn présidentiel). Emile de son côté a des choses à faire, comme par exemple aller sur le toit avec quelques hommes coller des balles dans la tête des derniers agents de sécurité qui s’ébattaient gaiement tel des lapins soyeux sur la pelouse présidentielle.

Du coup, ça alerte un peu l’équipe dans le bureau ovale, qui jusqu’ici, se faisait les ongles.

"Tiens Walker, vous avez vu ? On dirait un assaut.
- Maiiiiis non. Je vois pas ce qui vous fait dire ça.
- Je sais pas : le fait que depuis les fenêtres je vois mes hommes se faire abattre dans les jardins ?
- Aaaah ouaiiiis. Bon, vous savez quoi président ? On va avertir le Pentagone que ça sent le pâté et aller se cacher dans le bunker présidentiel. Allez les gars : en formation, on escorte le colis jusqu’au bunker."

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Ce qui est dit est fait, le tout, sans croiser de terroristes. Sauf qu’alors que le président ouvre le bunker présidentiel à l’aide son mot de passe secret ("LincolnRoxor"), Walker sort son arme de sa veste et abat son adjoint à la sécurité, les autres agents restants, et accessoirement les deux couillons qui montaient la garde à l’entrée du bunker.

Oui, Walker est vieux et fatigué, mais non, ça ne l’empêche pas d’abattre tranquillou 7 mecs qui avaient leur arme à la main et étaient en alerte maximale sans que ceux-ci ne réagissent. Ils avaient sûrement du lag. Le président est bien étonné, mais Walker histoire d’aider le spectateur un peu con, précise sa pensée :

"Ahaha, je suis un traître !"

En même temps, tu aurais dit que tu étais une licorne, c’est vrai que c’eut été plus surprenant. Mais le bougre poursuit donc : "Ahaha, président ! Votre politique de faire la paix avec les muslims est folie ! Et en plus, mon fils est mort en opération chez eux, et vous voudriez qu’il soit mort pour rien ? Ça ne se passera pas comme ça !"

Sauf que pendant que notre homme soliloque et que les spectateurs pleurent devant ce qui est du niveau d’un téléfilm M6, la situation a évolué dans les niveaux supérieurs de la Maison Blanche.

A savoir que dans la pièce où les touristes de la visite guidée avait été enfermés et où ils attendaient protégés par deux agents, surgit soudain… Jean-Paul Moustache !

"Mon dieu il a une MOUSTACHE !" crient donc les innocents terrorisés en se disant qu’ils ont là affaire à un hipster. Heureusement, le brigand les rassure bien vite en mitraillant la gueule de l’agent de sécurité survivant le plus proche : non, il est juste un terroriste. Tout le monde est donc rassuré. A part peut-être John Cale, qui voyant cela, se dit que c’en est trop, cette visite guidée est vraiment un scandale. Il attrape donc l’arme au sol du garde mort, se fait mitrailler (mais à partir de maintenant, les terroristes vont se mettre à tirer dans tous les sens sauf sur lui) mais parvient à s’enfuir, non sans avoir au passage mis une balle dans le bidou d’un terroriste qui passait par là, parce que plaisir d’offrir, joie de recevoir.

Armé, grognon, mais paniqué, notre héros erre donc dans les couloirs à la recherche de sa fille, qu’il suppose toujours aux toilettes en train de tester le principe des caisses de résonance sur la porcelaine. Mais après avoir constaté que la jeune fille avait dû filer, il entend des voix non loin, et se rendant sur place… aperçoit le président James Sawyer menacé par Martin Walker !

"Palsembleu" s’écrit donc notre héros, ajustant très tranquillement son arme pour abattre Walker qui ne l’a pas vu situé à 5 mètres de lui. Et tirer finalement 30 mètres au-dessus de sa tête parce que sinon, le film serait plus court. Qu’à cela ne tienne : voilà qui suffit à faire diversion, allez hop, John récupère le président et fuit avec lui dans la Maison Blanche, le tout, au passage, en tuant un autre terroriste qui passait par là et donnant une bonne patate à Emile qui lui aussi se promenait. Mais là encore, sans le tuer, ni l’emmener comme otage, non : là encore, le film doit durer.

A noter que nos héros se sont dit que tant qu’à choisir entre foncer vers le bunker présidentiel pour être en sécurité, en ayant juste sur son chemin un papy Walker déjà bien entamé, tellement que m’est avis que c’était le moment de lui jeter une pokéball dans la margoulette, et courir dans toute la Maison Blanche sans aucun abri et avec tout un commando terroriste surentraîné sur le dos, nos héros ont choisi la seconde option.

La bonne nouvelle, c’est que des ficelles si fines et légères, ça permettra potentiellement de lyncher le scénariste sitôt que Diego l’aura retrouvé.

Subtilité toujours, évidemment, nos héros décident intelligemment de s’enfuir en s’enfermant dans un ascenseur voisin. Emile attrape sa radio pour annoncer à tous ses hommes que attention, attention, le président des Etats-Unis et un type qui fait de la gonflette viennent de monter dans un ascenseur, alors que tout le monde se tienne prêt à capturer l’homme d’état et à transformer son copain en art contemporain sitôt que les portes s’ouvriront. "Oui chef !" font donc les vilains avant d’aller se mettre en position. Sauf qu’évidemment, au moment où les portes de l’ascenseur s’ouvrent en arrivant à un étage… ses occupants ont disparu !

"Ça alors !" font donc les terroristes. Avant de… heu… rien.

Nan mais c’est vrai, hein. Après tout, c’est peut-être juste que le président est escorté par Garcimore, du coup autant laisser tomber.

Notez que la cage d’ascenseur est équipée de petites lucarnes au-dessus du palier de chaque étage pour permettre d’écouter les plans de l’ennemi en toute sécurité.

Donc, non : personne ne pensera qu’un ascenseur n’a que deux sorties, et que si les gentils n’ont pas pris la porte principale, ça vaut peut-être le coup d’inspecter la trappe de secours. Parce que oui, nos héros se sont bel et bien tout simplement planqués sur la cabine de l’ascenseur. Et tapent même tranquillement la discut’ sans que personne ne les entende. Ils se permettent aussi de rajouter d’inutiles incohérences (des fois que ça ne suffise pas), par exemple lorsque le président, à un moment où l’ascenseur va au dernier étage et risque donc de les écraser entre la cabine et le mécanisme, décide de coincer sa chaussure dans les rouages pour bloquer la situation et ainsi éviter un funeste destin. Hé bien figurez-vous que si ce geste sauve nos héros, juste en-dessous, la réalisation a aussi oublié que bloquer un ascenseur, bin ça bloquait un ascenseur, et du coup le mec qui montait au dernier étage finit son trajet et arrive à destination sans problème.  Même pas un décalage d’un demi-centimètre avec le palier. J’ai donc deux théories :

  • Soit ce film est réalisé par des branquignolles qui paient pour rajouter des scènes inutiles, sauf pour les incohérences
  • Soit les chaussures présidentielles sont magiques : quand on les écrase, par exemple dans des rouages, elles créent des poches spatio-temporelles ; d’où l’expression "le président n’aime pas qu’on lui marche sur les pieds"

Camarade, choisis ton camp.

Mais attendez, le puits de la médiocrité est plus profond encore ! Inutile de le sonder avec un Nicolas Cage attaché à une ficelle, enfilez directement vos scaphandres, on descend. Car tout de même, à un moment, à force d’entendre deux mecs se raconter des blagues et jouer à Twister sur le toit de la cabine, un terroriste qui prenait l’ascenseur avec des missiles décide de pointer son arme vers la trappe de secours puisque ça semble vaguement suspect, tout de même. Mais avant qu’il ne puisse l’inspecter plus avant, les portes de l’ascenseur s’ouvrent, et un autre de ses copains l’attend pour l’aider à décharger le chargement. Et là attention, dialogue :

"Bin ? Qu’est-ce que tu fais ? Tu as peur d’être attaqué par un ascenseur ? 
- Mais j’ai entendu des bruits suspects !
- Bah, ce sont de vieux ascenseurs, allez oublie et aide-moi à décharger."

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C’est vrai, les ascenseurs sont connus pour faire des bruits ressemblant parfaitement à des voix humaines. Moi une fois, j’ai pris un ascenseur qui imitait à la perfection Raymond Barre, c’était troublant. Et puis bon : on ne parle que d’un ascenseur où deux mecs ont disparu deux minutes avant, mais visiblement, les terroristes l’ont déjà oublié.

Non mais ce film. Ce film.

Mais vous allez me dire : "Bon, d’accord, je veux bien que les terroristes soient cons. Mais à l’extérieur de la Maison Blanche, ils font quoi ? Un Jungle Speed ?". Hé bien, comme je suis sympa, allons donc voir au Pentagone, où justement, la résistance s’organise. A savoir que Bob, le patron du sénat, s’est entouré de tout un tas de généraux et de l’amie Carol pour essayer de faire le point sur ce qu’il se passe. Le tout en ayant une vidéoconférence avec le vice-président à bord d’Air Force One. Et ça discute sec, croyez-moi. Regardons plutôt.

"Ici le vice-président. Bonjour général en chef, bonjour Bob, bonjour Carol. Alors, que se passe-t-il ? Qu’est-ce que c’était que cette bombe au Capitole ?
- Hé bien Monsieur le vice-président, il semblerait qu’il ne s’agissait en fait que d’une diversion. 
- Une diversion ? Mais pourquoi faire ?
- Nous venons d’apprendre que la Maison Blanche avait été attaquée. Non parce qu’on a vu des mecs tirer depuis le toit sur les gens dans les jardins : ça nous a mis la puce à l’oreille. C’est qu’on est de vrais pros.
- C’est vrai que là, je suis bluffé, quel talent. Où est le président d’ailleurs ?
- Aux dernières nouvelles, Martin Walker, son chef de la sécurité, l’emmenait au bunker présidentiel. Il est donc tranquille. On ne peut juste pas le joindre puisque les communications ne passent pas dans le bunker. Nous avons fait appeler la garde nationale et encerclons désormais la Maison Blanche avec plusieurs bataillons et même quelques chars."

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Le vice-président est donc choqué par ces sombres nouvelles. Mais pas autant que l’un des conseillers du Pentagone.

"Excusez-moi ?
- Oui ? Qui êtes-vous ? 
- Caporal Roudoudou, consultant en consulting pour le Pentagone.
- On vous écoute Roudoudou.
- Non, je me disais : c’est con comme plan.
- Que voulez-vous dire par là ?
- Bin, je ne sais pas : vous voulez vous en prendre au président des Etats-Unis, vous ne l’attaquez pas dans l’endroit le plus sécurisé dont il dispose, non ? C’est pas un hasard si tous les présidents qui ont des ennuis les ont toujours quand ils sont de sortie, hein. 
- Heu… oui, bon, mais heu… là ils avaient un super plan avec la… la bombe au Capitole. Voilà. Une diversion. Très malin.
- Rappelez-moi : le but de la diversion, c’était bien de faire passer la Maison Blanche en alerte rouge, c’est ça ?
- Oui je… c’est ça ?
- Donc en plus de l’attaquer leur cible dans l’endroit où elle est le mieux protégée, les terroristes ont en plus pris le temps de déclencher l’alarme AVANT de passer à l’action pour perdre l’effet de surprise ?  C’était ça leur super plan, crier "Coucouuuuuuu on arriiiiiiive" ?
- Ah oui. Nan mais c’est vrai qu’ils sont cons en fait.
- Ah non mais en même temps, vous aussi hein : depuis quand les communications ne passent plus avec un bunker présidentiel conçu justement pour gérer les situations de crise depuis un abri sécurisé ? 
- Heu… non mais c’est parce que moi je suis chez Free, et du coup…
- Sinon vous avez essayé de les appeler sur une ligne fixe, comme ça ? Ou au moins les terroristes, histoire de savoir ce qu’ils veulent ?
- Ah bin, non plus, tiens. Bon, écoutez caporal Roudoudou, vous savez ce qu’on va faire ? On va reprendre le cours du film en essayant de ne pas pleurer, d’accord ?
- Faites comme chez vous les gars."

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Parce que non, alors que la situation dure déjà depuis des heures, personne n’avait pensé à entrer en contact avec l’ennemi, histoire de voir s’ils avaient des revendications comme "Mort à l’Amérique", "On veut du tofu à la cantine" ou "Pitié, arrêtez le blog de Pandora.".

L’équipe du Pentagone se dit donc que ah bin tiens, c’est pas con, oui. Allez hop : ils font le numéro de la Maison Blanche (c’est le 2) et attendent de voir qui décroche au standard.

"Oui allô Martin Walker top trahison 30 minutes j’écoute ? 
- Martin ? Mais ? La Maison Blanche est remplie de terroristes ! Comment sont-ils rentrés ? Où est le président ? Pourquoi avez-vous l’air si sûr de vous ?
- Mais parce que je suis avec les terroristes ! 
- HO ! 
- Hé bin oui. 
- Mais pourquoi Walker ? Pourquoi avoir trahi le pays ?
- Le PRESIDENT a trahi le pays ! Il veut faire la paix avec l’Iran ! Mon fils est mort en opération spéciale là-bas, et je compte bien les faire payer ! Et puis accessoirement, mes hommes et moi voulons 400 millions de dollars, et un Boeing prêt à décoller à l’aéroport le plus proche !
- Mais enfin Walker, vous êtes fou ! Et même si nous acceptions, jamais vous n’arriverez vivant à l’aéroport, vous le savez !
- Carol… c’est bien vous Carol ? Je vous ai renvoyée chez vous ce matin pour ne pas avoir à vous tuer, alors ne vous mêlez pas de tout ça. Et pour le reste, sachez que si je vois un seul sniper dans un rayon de 15 kilomètres de la Maison Blanche, je bute les otages que l’on a avec nous.
- Rascal ! Donnez-nous au moins une preuve que le président est en vie.
- Heu je… hem… heu… oui heu… oui, il est en vie et on… on le tient. Voilà. Merci de nous faire confiance. Bonne journée. Bisous."

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Martin Walker n’est pas très malin : pour donner une preuve de vie du président, il suffisait de frotter très fort un sucre contre le combiné du téléphone : cela aurait ressemblé à la perfection à un discours présidentiel

Et la communication coupe. Tout le monde est donc bien embêté ! Ah, si seulement il y avait encore un espoir au sein même de la Maison Blanche…

… mais l’espoir est là. D’abord, sous la petite forme énervant d’Emily Cale qui a réussi à rester cachée un bon moment, et à filmer un bon paquet de terroristes avec son téléphone. Bon, Jean-Paul Moustache a fini par la repérer et la récupérer, mais avant, elle a quand même trouvé le temps d’envoyer toutes ses vidéos sur Youtube : le monde libre peut donc voir la tête des attaquants de la Maison Blanche ! Et surtout, commenter la vidéo Youtube avec tout le talent des utilisateurs, à savoir "Pouce vert !", "Jador ta chaine suis la mienne stp", "Moi aussi une fois, ma mamie elle a été agressée", puis un long débat sur les agressions de mamies qui après avoir dérivé sur le second amendement, termine sur les nazis. Internet, quoi.

Mais pendant que ça s’écharpe dans les commentaires, à la Maison Blanche, John et James ont réussi à sortir de l’ascenseur pour rejoindre la partie résidentielle du bâtiment, puisque James a eu une riche idée : il faut joindre l’extérieur. Mais comme toutes les communications sont bloquées en cas de crise, les téléphones normaux ne passeront pas. Il faut donc aller chercher le téléphone satellite qu’il a dans sa table de nuit !

Une seconde.

On vient pas de nous expliquer il y a exactement une scène que si, si, les communications passaient, d’ailleurs tellement bien qu’Emily Cale a même pu uploader des vidéos Youtube ?

Non vraiment, bravo.

Mais nos héros ne pouvant pas savoir qu’on est en train de se foutre de la gueule du monde par ici, eux trouvent donc bel et bien dans la table de nuit présidentielle le téléphone satellite. Et dès lors le président annonce donc…

… qu’il ne sait pas qui appeler.

Pourquoi ? Pourquoiiii ? Pitié ! Et la fin qui est encore loin ! Bon bin du coup, c’est John qui, bien qu’ayant perdu son téléphone dans les précédentes fusillades, se souvient par coeur du numéro de Ginette et décide de l’appeler. A bord d’Air Force One, donc, la bougresse prend tranquillement l’appel, et découvre que non seulement John est vivant, mais qu’en plus, il est avec le président. Elle apporte donc le téléphone au vice-président pour que James Sawyer puisse participer aux conversations ayant lieu entre Air Force One et le Pentagone. Et demande donc si on ne pourrait pas envoyer, par hasard, l’armée sauver son présidentiel fessier.

"Oui mais c’est pas possib’ président.
- Ah bon ? Et pourquoi donc ?
- Parce qu’ils ont installé des snipers et des armes lourdes sur le toit. On ne peut pas approcher. Des fois qu’ils tirent.
- C’est vrai que ça serait embêtant de la part de méchants. D’ailleurs, ils ont aussi des missiles, méfiez-vous.
- Des missiles ? Non, ils n’en ont pas d’après nos informations.
- Mais ? Sérieusement, on pourrait arrêter avec les lignes de dialogues qui puent ? Vous n’avez PAS d’informations. Vous ne saviez même pas que j’étais encore en vie, bande de blaireaux ! Et nous, on a VU les missiles, alors excusez-nous, hein. Et puis mon général, tu es gentil mais je suis un peu le chef des armées, alors si je te dis qu’il y a des missiles, je t’ordonne de le croire. Paf.
- C’est pas dans le script ça.
- Non, dans le script je me contente de ne pas insister, ce qui est bigrement stupide. D’ailleurs je… HO ! Ho non, ils arrivent !"

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Et la communication coupe net, car, en effet, deux terroristes occupés à fouiller la Maison Blanche sont en train d’arriver dans la partie résidentielle probablement à la recherche de sous-vêtements à revendre sur e-bay à de jeunes fans comme Emily Cale. Hélas pour eux, ils ne savent pas qu’ils sont soumis à la règle ultime des films d’action, à savoir que si jusqu’ici, ils avaient pu neutraliser toute la sécurité locale grâce à leurs pouvoirs de tireurs divins, désormais, sitôt qu’ils tirent sur des personnages qui portent un nom, ils n’ont aucune chance de les toucher. Une fusillade d’engage donc, au cours de laquelle le président parvient à neutraliser l’un des terroristes à coups de baskets dans la gueule (il a eu le temps de changer de chaussures et de citer la marque des nouvelles, subtil), quant à l’autre ennemi, il prend divers coups de la part de John, avant que là encore, le président ne s’en occupe à coup de mitraillette. Quels hommes.

Calmez vos petits cœurs qui battent la chamade et reprenons.

Une fois la zone sécurisé, nos deux loulous vont dans la cuisine et tentent à nouveau de joindre l’extérieur, mais n’apprennent pas grand chose de plus. Non, par contre, puisqu’il y a une télévision dans la cuisine justement, nos larrons peuvent voir que la Maison Blanche est encerclée non seulement par la garde nationale, mais aussi par la presse (ce qui n’inclut pas Fox News, c’est un blog sérieux ici). Presse qui vient de découvrir les images prises à l’intérieur de la Maison Blanche par Emily, et les diffuse en écrivant non seulement le nom d’Emily Cale, mais aussi en y ajoutant son portrait, histoire que les terroristes sachent bien qui les a balancés et demande une grosse balle dans la tête. Bien bien bien.

Le Pentagone, en voyant les images, décide donc d’essayer d’identifier les membres du commando. Et les terroristes, de leur côté, découvrent les images uniquement parce qu’ils se sont rendus du côté de la cuisine de la partie résidentielle de la Maison Blanche à la recherche de deux de leurs hommes qui ne répondaient plus. Parce que non, ils n’avaient pas pensé à allumer une télévision de leur côté, ou alors juste pour regarder Plus Belle la Vie. Martin Walker, qui mène la petite équipe, râle donc en voyant que des images ont filtré, et surtout, se demande bien par où le président et John ont bien pu filer.

Sachant qu’il n’y a qu’une seule issue. Et que l’autre, c’est un monte-charge.

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"Regardez John, on voit votre fille à la télévision !
- Rah, comment ça s’appelait ce truc de journaliste déjà ? La protection des srouces… des soruces… ah, je sais pu !"

Une fois encore, donc, personne ne pense à y jeter un œil. Du moins, jusqu’à ce que les deux loulous fassent du bruit ("HOLALAL JE GLIIIIISSE") et soient donc obligés de se dépêcher un peu, puisque l’on vient les chercher. Mais rapides comme le guépard, et aidés par les trous du scénarios, ils parviennent à échapper aux méchants et à atteindre les sous-sols de la Maison Blanche d’où partent des tunnels, dont un mène à l’extérieur. Tunnel que non, personne ne pensera à utiliser pour rentrer discrètement dans la place, hein, vous l’imaginez bien. De tout le film, ça ne sera même jamais évoqué.

De toute manière, alors que John ordonne au président de fuir par là pendant que lui-même va retourner tenter de retrouver sa fille, nos héros sont bien embêtés : Maurice le méchant hacker du commando, qui est aussi un expert en explosifs, a pensé à piéger le coin. Donc à moins d’avoir un démineur ou un chat à disposition, tout le monde est bloqué. Voilà qui est bien triste : mais ce qui l’est plus encore, c’est que les vilains ont retrouvé la trace des gentils et foncent donc vers les sous-sols pour en terminer une bonne fois pour toute avec cette joyeuse escapade. Ni une, ni deux, nos héros s’engouffrent donc dans un second tunnel, qui mène cette fois… au garage présidentiel !

Bon, sur le chemin, on leur tire dessus dans des couloirs tout étroits, mais encore une fois : même en tirant en rafale dans un passage de 1 mètre de large, les méchants les ratent. C’est fou. Je pense que ce sont des balles venant du consortium La Poste : tu as beau les envoyer encore et encore, elles s’égarent à chaque fois.

Un peu essoufflés, nos fiers gaillards hésitent entre la R19 et la limousine blindée présidentielle, et après une longue réflexion, décident intelligemment (soulignons-le) de prendre la seconde. Ils peuvent donc ainsi tenter de fuir sous le feu ennemi, ce qu’ils font, défonçant la porte du garage pour aller rouler gaiement dans les jardins de la Maison Blanche. La presse et les gens autour sont donc ravis de voir leur président faire le kéké sur le gazon à toute allure, mais bien vite, dans la voiture, on réalise qu’il y a un problème : impossible de fuir, les grilles de la Maison Blanche sont fermées, et tout est renforcé au titane de carbone, rendant compliqué de les défoncer !

La situation empire lorsque sortant du garage présidentiel, deux 4×4 d’escorte surgissent et que du toit ouvrant jaillissent des mitrailleuses lourdes manipulées par les méchants. Qui ouvrent donc le feu sur la voiture blindée qu’ils pourchassent en tournant en rond dans les jardins.

De là, plusieurs choses :

  • Visiblement, la foule tout autour de la Maison sait que ce n’est qu’un film, puisqu’elle ne s’écarte même pas de cette fusillade généralisée à 30 mètres d’elle.
  • Il n’y a pas une seule balle perdue d’ailleurs, merci. Toute s’écrasent bêtement sur la voiture présidentielle, mais sans percer, ça va.
  • Et surtout, top du top : les 3 000 militaires qui encerclent la zone et qui voient le président dans sa limousine se faire tirer dessus par les méchants restent sans bouger, des fois qu’ils puissent être utiles, faudrait pas déconner. Ils ont des trucs plus important à faire, comme se curer le nez par exemple.

Le président a donc à un moment une brève révélation : tiens, et si j’appelais à l’aide ? Il envoie donc un texto au Pentagone "G cho o Q, ouvré la clotur ;) ". Le Pentagone fait donc signe à la garde nationale encerclant la résidence présidentielle : que l’on fasse avancer un char pour qu’il fasse un trou dans la clôture ! Et permette donc à la limousine présidentielle de filer.

"Vroum vroum", fait donc le petit char en passant sur la grille. "Ho, bé hé non alors !" répondent les terroristes sur le toit, en sortant leur lance-missile. "Boum", fait donc le petit char et "Terrorists : win" fait la voix off dans la tête des joueurs de Counter-Strike (pensez à en parler à un psy quand même à l’occasion). C’est donc embêtant, puisque l’épave du char bloque justement le trou qu’il a fait dans la clôture… retour à la case départ, donc.

Sauf que le président se souvient que sous la banquette arrière de la limousine présidentielle, sous les sachets de schnouf, il y a… un lance-roquette !

Si, si. Et même une édition deluxe, puisque celui-ci est tout métallisé et proche de l’outil tuning.

Le président des Etats-Unis empoigne donc l’arme, se met à la fenêtre de la limousine (qui jusqu’ici était mitraillée par ses poursuivants, mais soudainement, les balles s’arrêtent juste le temps qu’il sorte, elles sont sympas quand même) et fait sauter le portail de la Maison Blanche pour sortir en paix. "A nous la liberté !" s’exclament donc les joyeux lurons, des arcs-en-ciel dans les yeux,  en fonçant vers la liberté.

Mais alors qu’ils s’apprêtent à fuir, voici qu’apparaît, sur le balcon de la Maison Blanche, Jean-Paul Moustache qui pointe une arme sur une otage : Emily !

"Mais heuuuuu !" râlent donc nos gais compagnons pendant que le public scande "Tire ! Tire ! Tire !" S’ils fuient, elle meurt. S elle meurt, le film devient un peu moins pénible : elle doit donc vivre et ils doivent abandonner l’idée de filer. John et James se retrouvent donc, tels de vulgaires Vin Diesel, à faire les zazous autour de la Maison Blanche en se demandant pourquoi la garde nationale, qui vient pourtant de se faire attaquer au missile, continue de manger des sandouiches en faisant coucou plutôt que de faire, je sais pas moi, un truc ? Leur véhicule présidentiel, probablement lui-même fatigué par autant d’événements navrants, décide donc de faire une embardée et de finir dans la piscine locale.

Ressortant un peu humides de l’affaire, nos deux héros se retrouvent donc en piètre état face à Emile et l’un de ses hommes qui ricanent parce qu’ils pensent avoir gagné, ce qui est bien bête sachant que le film est loin d’être fini. Vexé, John sort donc une grenade qu’il avait piquée à un méchant plus tôt, et comme les grenades, ça résiste bien à l’eau, si, si, il l’envoie dans le museau du méchant. Et profite de la diversion pour fuir avec James dans un cabanon voisin. Les méchants, à leur tour vexés (ça peut durer un moment) font donc sauter ledit cabanon, sans savoir que nos héros ont déjà trouvé refuge dans les souterrains locaux. Et que grâce à ceux-ci, ils peuvent rejoindre la Maison Blanche en paix.

Dans l’affaire, le président a quand même été un peu blessé, John et James font donc une pause premier soin, comme de vulgaires joueurs de Baldur’s Gate qui tentent de pioncer en plein donjon.

Laissons donc nos couillons héros et allons voir au Pentagone si on a un peu avancé sur un plan de sortie de crise.

En effet, Carol a fait venir la femme de Martin Walker au Pentagone pour qu’elle raconte tout ce qu’elle sait : en fait, Martin Walker a une tumeur au cerveau et n’a plus que trois mois à vivre. Il se moque donc relativement de sa survie, ce qui complique les choses. Mais Carol a plus d’un tour dans son sac : elle demande à Madame Walker d’appeler son mari pour lui dire d’arrêter les conneries et de rentrer maintenant, merde, il est tard. Mais si la tentative est intéressante, ce n’en est pas moins un échec car Martin répond à sa femme que tout ce qu’il fait, il le fait pour la mémoire de leur fils. Sa compagne lui dit donc "Alors fait tout ce qu’il faut." sous le regard accusateur de Carol, qui s’empresse de hurler "Martin, si vous continuez, votre femme passera le restant de sa vie dans une prison fédérale !" mais ça ne l’influence que peu.

Passe-moi le combiné Carol, laisse faire les pros :

"Si tu continues, ta femme on l’envoie à Guantanamo où elle subira tellement de waterboarding que mon vieux, tu auras pour veuve Bob l’éponge"

Mais Carol ne voulant pas me passer le combiné, elle se contente donc de dire que crotte de bique, ils ont été bien feintés. Et va plutôt faire le point avec le général en chef du coin et le vice-président, toujours en train de passer un appel Skype depuis Air Force One.

"Bon, cette histoire de président qui tire des roquettes, moi je pense que c’est bon pour sa réélection, ça fait couillu quand même.
- Monsieur le Vice Président, concentrons-nous, l’heure est grave. Nous n’avons jamais été confrontés à une situation comme celle-ci : nous ignorons où est le président, ou même s’il est encore vivant après ses aventures dans les jardins de tout à l’heure. Dans tous les cas, il est prisonnier de l’ennemi. Il va donc falloir prêter serment. Vous allez être le nouveau président."

Ni une, ni deux, Air Force One disposant toujours d’un kit complet de serment présidentiel, à savoir une copie de la constitution, une Bible, un cheeseburger et un rail de coke (dans l’ordre, vous saluez la constitution, puis vous posez la main sur le hamburger en récitant votre petit speech sur les valeurs de l’Amérique, puis vous fêtez ça avec le rail de coke que vous prenez en roulant l’une des pages de la Bible, c’est très codifié), le vice-président devient donc président. Nous l’appellerons donc président II.

"Félicitations Monsieur le président II, vous êtes désormais président. Alors, on vous écoute, quels sont vos ordres.
- Déjà, je veux savoir qui sont les terroristes qui nous attaquent. On a vu leurs visages à la télé grâce à la vidéo de la petite Emily Cale, alors, ça donne quoi l’identification ?
- Hé bien figurez-vous que ce sont tous les terroristes les plus recherchés du pays, tous plus ou moins activistes d’extrême-droite !
- Les bâtards. Carol, je vois que vous faites une drôle de tête, quelque chose à dire ?
- Non mais en fait j’ai tout le temps une drôle de tête : non, je me disais que je venais de piger. En fait, tous ces gens : ils étaient sur la liste des terroristes recherchés… et c’est pour ça que Martin Walker les a choisi ! Parce qu’il savait qu’ils étaient dangereux et talentueux ! Et surtout, prêts à s’en prendre au plus grand symbole de notre pays ! Regardez, il y a Emile, un ancien de la CIA au Pakistan que nous avons abandonné à l’ennemi pour sauver nos fesses sur une histoire politique. Maurice Ubuntu le hacker, qui travaillait aussi pour nous mais qui a fondu un plomb. Jean-Paul Moustache, un type qui n’aime pas trop les gens de couleurs. Et bien d’autres encore ! 
- Bon sang Carol : vous voulez dire que Walker a recrutés tous les plus grands ennemis que nous ayons ?
- Oui ! Il avait la liste et s’en est servi… de liste de courses si je puis dire !
- Alors dans ce cas, j’ai une question : comment il les a trouvés ?
- Hein ?
- Bah, je sais pas : ce sont les plus grands ennemis de l’Amérique. Donc on les recherche un peu. 
- Oui ?
- Parce qu’on sait pas où ils sont. Sinon ils seraient déjà au trou. Alors c’est bien gentil d’avoir la liste, mais d’où ils sortent ? il les a tous traqué personnellement en-dehors de ses heures de bureau ?
- Ah ? Ah bin oui tiens. C’est con en fait.
- Je ne vous le fait pas dire. Bon, vous savez quoi ? On va changer de sujet : Carol, général, je vous ordonne de reprendre la Maison Blanche coûte que coûte."

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Le Pentagone ordonne donc à ses meilleurs commandos, les Delta Force, d’aller gagner leur ration d’avoine en libérant le palais présidentiel. Et le patron dudit commando explique sur la radio que hinhin, on va trop les feinter les méchants : ça fait des années qu’on prépare un plan super secret qu’on a même pas partagé avec la sécurité présidentielle justement pour ce genre de situation.

Chuck Norris approuve ce plan : il avait le même.

Ah oui ? Dites m’en plus, vous m’intéressez.

"Hé bin ça consiste à arriver en hélicoptère." D’accord, et ensuite ?

"Bah c’est tout. Et puis en plus, en approchant du côté de la porte principale." Ah mais c’est super. Je comprends que vous n’en ayez pas parlé en fait : c’est juste que vous vouliez pas vous faire virer en annonçant un plan aussi pourri. Non ? Bon.

Le Pentagone signale cependant que si ce plan est absolument génial et que personne n’y avait pensé, il n’en reste pas moins un problème : le toit de la Maison Blanche est toujours couvert de méchants armés avec de quoi dégommer des hélicos, justement.

"Non mais on a prévu le coup : on va voler en rase-mottes dans les rues. Comme ça ils nous verront pas venir.
- Okay, mais une fois arrivé vers la Maison Blanche, vous serez tout nus du coup ?
- Ah oui.
- Vous voulez pas plutôt qu’on utilise, je sais pas moi, un avion ou un drone pour balancer une cacahuète de super haut sur le toit pour libérer la place ?"

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Non, je déconne : le Pentagone n’a pas non plus pensé à ça. C’est connu, l’armée américaine déteste avoir recours à des forces aériennes.

Revenons donc à nos commandos, qui volent dans les rues de Washington à fond les rotors, jusqu’à ce que… un radar les flashe. A ce stade, je ne sais même plus comment vous l’annoncer : oui, la contre-attaque des gentils va échouer non pas parce qu’elle est nulle, mais parce qu’en fait, ils se font flasher par un radar comme une vulgaire Twingo en pente. Car Maurice Ubuntu a pris le temps de pirater tous les radars de Washington, mais si, pour détecter d’éventuels hélicoptères qui voleraient en rase-mottes.

Bon. Donc il peut prévenir ses copains sur le toit, qui attendent donc l’ennemi de pied ferme, voilà voilà.

Mais Maurice n’a pas fini de nous surprendre, puisqu’il a fini de pirater le système de sécurité local, et ricane donc : il a enfin accès à tous les codes du NORAD, le système de défense américain. Farceur comme pas deux, il décide donc de lancer la prochaine phase du plan terroriste, à savoir lancer un gros missile sol-air depuis une base américaine… sur Air Force One !

Et comme à bord, on a oublié que l’appareil avait des contre-mesures, on se contente de voler en ligne droite en faisant "Aaaaah, bah non alors !", et idem pour les avions de de l’escorte. Boum, fait donc Air Force One, avant d’aller s’écraser un peu plus loin. Le vice-président et Ginette, condamnée à mort plus tôt dans le film pour avoir parlé de seske bien qu’étant une femme, meurent donc comme des bouses.

Cela fait, Maurice se dit qu’avec l’arrivée prochaine de commandos, il va quand même mettre les voiles. Il se rend donc aux souterrains de la Maison Blanche, et plus précisément au tunnel qu’il avait piégé.

Et se tue avec ses propres explosifs, sans aucune raison.

Bon. Bin super, merci d’être venu, hein.

On continue ? Non parce que ce n’est pas fini, hélas. Mais je comprendrais si vous vouliez vous arrêter là tant c’est nul.

Donc, le commando des Delta Force arrive avec ses hélicoptères face à la Maison Blanche, bien à découvert et, ô, surprise, les ennemis sur le toit ouvrent le feu à l’arme lourde et au missile, abattant les trois appareils sans trop de soucis. Une séquence fascinante, vous l’imaginez bien.

John, qui a entendu la cavalerie arriver, a bien surgi sur le toit pour essayer de nettoyer les défenses pour faciliter l’arrivée des renforts, mais ça n’a que moyennement bien marché, puisque le dernier appareil a été abattu avant qu’ils ne vienne à bout des filous. Le tout, je le rappelle, toujours sous les yeux de moult bataillons de la garde nationale situés à 50 mètres de là, désormais occupés à jouer au rami, j’imagine. Faudrait voir à pas aider, hein, pfou.

Et encore, je vous passe le moment où l’un  des hélicoptères, bien que risquant à tout moment de se faire descendre, décide de dire "Tiens ? Si je faisais du sur place devant le balcon de la Maison Blanche pour voir comment vont les otages par un bout de fenêtre ? C’est pas comme si c’était le genre d’informations qu’on pouvait avoir de loin avec des jumelles sans trop prendre de risques." Non, vraiment. Tout est raté. Tout. Même pour faire voler un hélicoptère d’un point A à un point B, ils arrivent à coller une incohérence.

Bref, après ce catastrophique épisode aéroporté, les terroristes ont quand même perdu un bon paquet de leurs troupes sur le toit. Emile est donc un peu colère, et sait désormais que John est toujours quelque part, et visiblement toujours prêt à passer à l’action avec ses gros muscles huilés. Il a donc bien envie de courir les couloirs pour le retrouver et lui claquer le museau. Mais alors qu’il se promène à la recherche de son ennemi juré, Emile tombe dans un trou du scénario : ça alors, qu’y a-t-il par terre ? Mais ? Tiens, on dirait que John en filant a paumé deux passes pour la Maison Blanche derrière-lui. Passes qui sont impeccables malgré les douzes explosions et le passage dans une piscine que l’ami John a connu il y a peu. L’un est au nom de John Cale, d’accord… et l’autre au nom d’Emiliy Cale : "Ahahah, sa fille fait partie des otages ! " s’exclame donc Emile. "On va rigoler, ça va être la grosse déconne."

Repartons du côté du Pentagone (oui je sais, ce film est complexe à suivre, concentrez-vous) où ça continue de causer sec entre Carol, le général en chef et désormais Bob, le patron du Capitole.

"Bob, écoutez : on est sans nouvelle du président des Etats-Unis, et son remplaçant vient de s’écraser avec Air Force One. Il va falloir prêter serment. 
- Okay, faites péter la coke, la Bible et tout le tatouin.
- C’est parti Bob, on vous écoute pour le serment.
- Je jure d’être gentil et de citer Jésus dans mes discours. 
- Paaarfait. Vous êtes maintenant président des Etats-Unis. Donc pour la seconde fois de la journée, on va générer de nouveaux codes de tir nucléaires et vous les confier. 
- Merci. Maintenant je… heu… je dois appeler ma… ma femme. Voilà. Laissez-moi seul."

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Le nouveau président s’isole donc de manière pas suspecte du tout, dans un endroit entièrement vitré où on peut en plus voir qu’il n’appelle personne et se contente d’utiliser son téléphone de manière mystérieuse, peut-être pour mettre "Je suit présidan lol" en statut Facebook. Sitôt cela fait, il va s’adresser à ses troupes :

"Les amis, on a déjà perdu deux présidents aujourd’hui. Je ne compte pas être le troisième.
- Le ministère du budget nous dit de toute façon que ça commence à bien faire les conneries. Si ça continue, il faudra tellement diviser l’enveloppe des obsèques nationales entre tous les présidents morts que la cérémonie se passera à Mac Donald.
- Je comprends. On va donc arrêter les frais : appelez l’Air Force. On va bombarder la Maison Blanche, tant pis pour les otages. Je viens de me souvenir qu’on avait des avions.
- Mais Monsieur le président ! Le premier acte de votre mandat serait donc de tuer des américains innocents ?
- Il faut bien en finir avec ces pitreries ma petite Carol. La Maison Blanche est perdue, et ils ont déjà piraté ses systèmes pour envoyer un missile abattre Air Force One. Alors hopopop, on siffle la fin de la récré."

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Trois avions sont donc invités à décoller pour balancer suffisamment d’explosifs et de napalm sur la demeure présidentielle qu’il n’en reste que des ruines de la taille d’un cachou. Evidemment, personne ne pense à l’idée que les terroristes, pas cons, ont peut-être eu l’idée de profiter du bunker présidentiel pour être certain de ne pas être emmerdés.

Mais non en fait, parce que comme c’est bien fait, les méchants n’y ont pas non plus pensé.

"Allez c’est bon, je me casse de ce film"

C’est vrai, quoi : quand on a des otages et que le seul objectif est de rester en sécurité le temps d’obtenir ce que l’on veut, qu’est-ce qu’il vaut mieux : s’enfermer dans un bunker ou tenir avec une poignée d’homme un vaste bâtiment où en plus un mystérieux John Cale distribue des claques aux gardes isolés ? C’est chaud.

Bref, les avions sont en route.

Du coup, à la Maison Blanche, on est pas au courant de tout cela et c’est bien dommage. On en est donc encore à chasser le John Cale. Mais les choses deviennent un peu plus faciles maintenant qu’ils ont identifié sa fille : Emile emmène celle-ci dans le bureau ovale, avec son copain Martin Walker et un troisième terroriste, et ils utilisent donc les hauts-parleurs de la Maison Blanche pour expliquer la situation.

"Ouhouuuu Jooooohn Cale ! Pour info, nous tenons ta fille, et si tu ne te rends pas avec le président dans les dix prochaines secondes, je mets une balle dans la tête de ta fille.
- Ouiiiiii ! font les spectateurs qui prient secrètement pour que cela arrive depuis le début du film
- Non !" fait le président des Etats-Unis en surgissant de nulle part.

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Emile et Martin sont donc bien contents : ils ont enfin le président. Et John ? Heu… hé bien en fait, ils n’y pensent plus. Non non, là encore, je n’invente pas. Ils le laissent donc courir à son gré dans la Maison Blanche. Le président est donc emmené jusqu’au bureau ovale, où Walker peut lui expliquer son plan.

"Martin ! Bon sang, vous êtes fou, vous aviez juré de protéger le président des Etats-Unis.
- En effet président. Mais je vais bientôt mourir, et rejoindre mon fils, tué en mission secrète en Iran. Mais vous, espèce de traître, vous voulez la paix avec l’Iran maintenant ? Ça ne se passera pas comme ça ! Je le répète encore une fois, pour ceux qui n’auraient pas compris !
- Et vous, d’où sortez vous l’argent pour payer toute cette opération ? Ce sont les lobbies de l’armement, c’est ça ? Parce que je veux la paix, ils veulent la guerre !
- Il est trop tard pour cela, président. Maintenant, tenez : j’ai ici avec moi la mallette nucléaire. Elle ne se déverrouille qu’avec vos empreintes : alors ouvrez-là.
- Jamais ! De toute manière, et vous le savez, les codes nucléaires sont changés sitôt que le président est menacé par l’ennemi. Cela ne vous servirait à rien.
- Hinhinhin… ne vous inquiétez pas de ça, président. Ouvrez-là."

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Dans un coin, le terroriste anonyme qui surveille la scène est quand même bien étonné : lui, il était d’accord pour prendre d’assaut la Maison Blanche. Mais pas pour déclencher un truc grave ! Ah bon, pourquoi ? Tu pensais qu’on attaquait la Maison Blanche juste pour déconner ?

Qu’importe : le président refuse, Walker insiste, il refuse encore, Walker menace la petite Emily Cale qui dit qu’elle est prête à mourir dans la paix dans le monde au lieu de se chier dessus comme il se doit, jusqu’à ce que les alarmes de la Maison Blanche retentissent : il y a un incendie ! En regardant les caméras (car oui, ils viennent enfin d’y penser ; comme quoi, Maurice le hacker avait pensé à pirater tous les radars de Washington des fois qu’il surprenne un hélico volant en rase-motte et à les relier à une alarme, mais pas à faire pareil avec les caméras de la Maison Blanche pour y retrouver d’éventuels fuyards ou poches de résistance, c’est ballot), ils constatent que c’est John qui est en train de mettre le feu !

Non : le bouton "alarme incendie", c’était trop compliqué. Le feu, c’est mieux. Surtout quand on est bardé de grenades et autres explosifs, tu as raison John.

Jean-Paul Moustache et Emile filent donc promptement trouver le brigand, mais ils se font bien évidemment tuer l’un après l’autre lors de duels héroïques où on s’échange coups de poings & co, parce que juste se prendre une balle au coin d’un mur, ça fait tout de suite moins glorieux. Tout cela créant un certain bazar au sein du fameux bâtiment, le président en profite pour essayer d’arrêter Walker, qui visiblement, a mystérieusement reçu les nouveaux codes nucléaires directement sur son vieux bipeur (parce qu’avec Tatoo, votre tribu garde le contact avec vous). La bagarre ne tourne hélas pas vraiment à l’avantage du chef d’état, puisque dans l’affaire, il se ramasse un pruneau dans le bidou. Et s’effondre les yeux clos.

Emily est donc très triste. Et voudrait bien arrêter ce gredin de Walker qui est en train de programmer l’envoi d’un missile intercontinental sur toutes les grandes cités d’Iran. Mais évidemment, quelques secondes avant qu’il n’appuie sur le gros bouton rouge…

… surgit John, qui a récupéré une voiture (il a eu le temps de passer au garage, d’en sortir, de faire le tour du jardin et d’arriver en environ 7 secondes, bravo), a défoncé le mur du bureau ovale, et mitraille sauvagement le vilain Martin Walker, qui rend l’âme. Averti par un coup de fil de Carol que la Maison Blanche va se transformer en pruneau tout sec d’un instant à l’autre, il fait donc évacuer tous les otages aussi vite que possible, et se sent bien bête en tombant sur le président par terre, visiblement mort.

Sauf que haha, non : la balle qu’il a pris a été arrêtée par la montre d’Abraham Lincoln qu’il portait toujours sur lui en vrai patriote. C’est beau.

Et accessoirement, Lincoln devait porter des montres de 115 kilos pour arrêter net des balles modernes. Probablement un truc à base d’uranium : si la balle ne te tue pas, ce sera le cancer.

Mais dans les cieux, il se passe des choses : à savoir que trois avions armés jusqu’aux dents arrivent à folle allure pour raser la Maison. Et que personne n’est au courant du fait que ça y est, les méchants sont vaincus. Ils volent donc bien évidemment et sans aucune raison, eux aussi en rase-mottes, et soudain, voient au milieu de la foule des civils en train de galoper dans le gazon pour fuir la Maison Blanche, la grosse tête à claques d’Emily Cale.

Qui agite le drapeau américain.

"Nom de dieu regardez ça les gars !" hurle donc le chef d’escadrille qui même en volant à Mach 2, a tout à fait le temps de voir ce genre de choses en détails au sol "Je ne sais pas vous, mais moi, je ne tire pas" ajoute-t-il, avant que lui et ses avions ne désobéissent et quittent donc la zone sans avoir largué la moindre bombinette.

Je vous la refais ?

"Les gars, il faut qu’on aille larguer des bombes sur une zone où il y a des otages. Allez, on y va." et une fois sur place : "Attendez, on arrête tout : j’étais d’accord pour tuer des otages, mais alors pas des otages ET un drapeau américain !"

Si vous pouviez bombarder mon cinéma pour m’achever, vous seriez bien urbains.

"Tu peux mourir pour ton drapeau, mais ton drapeau ne mourra pas pour toi."

La Maison Blanche sauvée, les otages aussi, la garde nationale pénètre enfin sur la pelouse, suivie par la presse qui qualifie l’amie Emily de termes aussi cucus que "la nouvelle petite héroïne de l’Amérique".  Et bientôt, l’hélicoptère présidentiel se pose pour révéler Bob, Carol et son copain général, venus reprendre possession des lieux. Sauf que le président Sawyer ne se montre pas : John, en entendant le récit de ce qu’il s’était passé dans le bureau ovale, a une petite idée de qui est vraiment derrière tout ça, et pour résoudre ce mystère, il demande à ce que le président reste caché encore quelques instants en se faisant passer pour mort. John va donc à la rencontre de l’équipage de l’hélicoptère.

"Bonjour John ! C’est moi, Bob, ton patron, tu sais, parce qu’à l’origine, tu bosses pour la police du Capitole.
- Bonjour Monsieur.
- Je suis président maintenant, c’est pas cool ça ? A part si le président Sawyer a survécu bien sûr.
- Non, il est mouru.
- Ah, c’est trop bête, je vais devoir rester président des Etats-Unis… bon et bien c’est pas tout ça mais il va falloir passer le balai par ici maintenant.
- Attendez ! Regardez ce que j’ai trouvé sur le corps de Martin Walker : un bipeur. Ou un tam-tam. Enfin un truc. Contenant les nouveaux codes de la valise nucléaire. VOS codes, puisque vous êtes l’actuel président. Vous pourriez expliquer, sachant que vous êtes le seul à les avoir, comment ils sont arrivés là ? Et sachant qu’avec Martin Walker, vous êtes l’un des derniers dinosaures au monde à utiliser un bipeur ?"

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Et là, comme dans tout mauvais film, Bob lâche la phrase qui revient à hurler "C’EST MOI J’AVOUE TOUT" :

"Vous n’avez aucune preuve !"

Ce qui est une remarque très intéressante sachant que John vient de montrer qu’il avait dans la main le bipeur de Walker, avec donc le numéro d’où provenait les codes nucléaires. Et en passant un coup de fil rapide, c’est bel et bien le téléphone de Bob qui sonne. Il jure donc vengeance pendant que Carol et son copain général lui passent les menottes, puis le président Sawyer, qui était caché, surgit (mais les figurants sont tellement au niveau du film que même ceux qui sont censés être la presse filment tout sauf le président qui vient de revenir d’entre les morts : à la place, ils filment la pelouse, et hélas, là encore, je n’exagère pas).

"Hahaha, non, je n’étais pas mort ! Je faisais juste semblant pour aider John à piéger Bob !
- Président ?
- Oui Carol ?
- Quel rapport entre le fait de vous faire passer pour mort et le fait que John amène les preuves que c’était Bob le traître ?
- Ah bin oui, aucun, tiens. John ?
- Je ne sais pas non plus. D’ailleurs, même si on a aucune preuve ou aucun nom, on va dire qu’en fait, c’était bel et bien le lobby de l’armement qui était derrière tout ça pour se faire toujours plus d’argent !"

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Ah bin alors tout s’explique, attendez que je résume : le lobby de l’armement, pour atteindre l’objectif "faire plus d’argent", a donc :

  • Engagé le président du sénat américain
  • Pour qu’il recrute le chef de la sécurité de la Maison Blanche qui ça tombe bien n’avait plus rien à perdre et perdu un fils
  • Pour qu’il recrute un commando de mecs recherchés, mais que c’est pas grave, en fait il suffit de les appeler pour qu’ils viennent
  • Pour qu’ils posent une bombe au Capitole
  • Pour mettre la Maison Blance en alerte rouge
  • Pour qu’ils puissent attaquer la place avec encore moins de chances que la normale
  • Pour qu’ils capturent le président Sawyer
  • Pour que le vice-président soit nommé président
  • Pour qu’ils puissent ainsi abattre Air Force One avec un missile piraté
  • Pour que Bob devienne président
  • Pour qu’il puisse filer les codes nucléaires à Walker afin qu’il vitrifie l’Iran, ce qui n’a strictement aucun rapport avec l’objectif original
  • Et que Bob fasse disparaître toutes les preuves en détruisant la Maison Blanche par un bombardement

Et que comme ça, Sawyer arrête de prôner la paix dans le monde et que donc ils puissent continuer à vendre des armes.

Je rappelle que les autres options, un peu plus compliquées j’en conviens étaient :

  • Graisser la patte de parlementaires, comme un vulgaire lobby contre a musique pas chère

Ou, s’ils voulaient vraiment mettre le bazar en Iran :

  • Acheter une ogive nucléaires à 12 roubles à Youri Popovitch, sous-marinier en vacances chez sa tatie de Volgograd, et la mettre dans la gueule de Téhéran (éventuellement en signant "Bisous, la CIA"  s’ils voulaient une guerre nucléaire).

Ignorant le fait que l’ensemble de ce film est un ratage complet, nos héros montent donc dans l’hélicoptère présidentiel, et James Sawyer, après avoir appris que son plan de super paix mondiale était accepté par tout le monde, demande au pilote de faire le tour des plus beaux monuments de Washington, parce que fuck yeah, c’est un vrai patriote et…

… FIN !

Pour rappel : 150 millions de dollars, dont 3 de scénario.

Je vous laisser aller chercher vos rédactions de CP.

"Attends John ! J’ai pas pigé… c’était vraiment ça le plan des méchants ? Tu déconnes ?"

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Vous avez bien suivi le film ? Maintenant, essayons de reproduire ce film chez nous. Bande-annonce (j’aime bien faire des bandes-annonces, il me faudrait un budget) :

Plan sur l’Elysée et le président marchant dans les couloirs en croisant divers conseillers.

Voix off : tout avait commencé comme n’importe quelle autre journée.

"Bonjour Monsieur le Président !
- Bonjour Monsieur le Président !
- Bonjour, bonjour.
- Bonjour Monsieur le Président !"
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Plan sur une salle de briefing.

Voix off : personne ne pouvait seulement s’imaginer que l’ennemi frapperait là où l’on s’y attendait le moins.

"Messieurs, encore une belle journée qui s’annonce sur l’Elysée. L’aigle est au nid, aucune alerte particulière. On applique les consignes habituelles et tout devrait bien se passer. 
- Oui chef."
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Plan sur le palais du Luxembourg qui explose, des touristes hurlant en s’enfuyant dans les jardins. Plan sur le chef de la sécurité présidentielle qui entend la détonation depuis les jardins de l’Elysée.

"Qu’est-ce que c’était  ?
- Cette odeur de gâteaux secs qui brûlent… d’urine rance portée par le vent… mon dieu, ils viennent de faire sauter le palais du Luxembourg ! Code rouge, code rouge, l’Elysée est verrouillé !"
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Plan sur des hommes armés abattant les gardes républicains un par un dans les couloirs.

Voix off : car cette fois-ci, on s’est enfermé avec l’ennemi.

"Pan ! 
- Aaaaah !
- Pan ! 
- Aaaargh !
- Pan !
- Aaaah… mais putain pourquoi est-ce qu’on a juste des épées pour se défendre ? Hein !
- Pan !
- Raaaauuurgh !"
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Plan sur un homme couvert de suie avec un pistolet à la main, l’air grognon dans les toilettes.

Voix off : l’ennemi a commis une seule erreur. Cette erreur, c’est notre espoir. Et il se nomme… Jean Calle !

Plan sur le même homme face au président dans son bureau.

"Président, je suis venu vous sortir de là.
- Mais ? Qui êtes-vous ?
- Je suis Jean Calle, ex-policier municipal. Si ces terroristes n’ont pas payé le parcmètre, je les défonce. 
- Comment êtes-vous arrivés jusqu’ici ?
- On était là pour les journées du patrimoine. Et puis ma fille Emilie adore le parti socialiste. 
- Ah, une vraie patriote !
- En fait ça la fait surtout rigoler."
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Plan sur la limousine présidentielle prise dans une course-poursuite dans la cour de l’Elysée, ce qui revient à faire une course poursuite, mais uniquement en faisant des manœuvres de créneau.

"Président, il y a un lance-roquette à l’arrière, attrapez-le !
- Je ne sais pas m’en servir ! J’ai déjà du mal à critiquer Angela Merkel en public, alors tirer une roquette, pfou !
- Bon sang président, j’ignore qui est derrière tout ça, mais il y a un traître dans votre équipe.
- Sûrement une motion rebelle, je parie que c’est un coup de Martine Aubry."

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Plan sur l’état-major, les ministres tout autour du général en chef, essayant de comprendre ce qu’il se passe en liaison téléphonique avec le président et son sauveur.

"Que dites-vous Jean ? Un traître parmi nous ?
- Oui. Nous pensons que l’un d’entre vous n’est pas vraiment socialiste.
- Ahahahaha !
- Bon, je reformule : l’un d’entre vous est encore moins socialiste que les autres.
- C’est une accusation très grave Calle ! D’ailleurs je… mais ? Où est passé Manuel ?"

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Plan sur le chef de la sécurité présidentielle caché derrière une commode Louis XV pendant qu’on lui tire dessus.

"Le président est en train de s’enfuir, rattrapez-le bande d’incapables ! On vient de tirer la languette du flan, je répète, on vient de tirer la languette du flan !"

Plan sur un sous-marin au large de Brest, les trappes à missiles s’ouvrant lentement. A bord, l’équipage panique complètement alors qu’il a perdu le contrôle.

Voix off : mais cette fois-ci, ils ont attaqué le mauvais pays. 

"Commandant, ils ont piraté l’un de nos missiles ! Ils vont tirer ! Plus rien ne répond !
- Espérons qu’ils ne soient pas au courant de notre meilleur défense : la qualité de notre matériel."

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Plan sur le missile qui décolle, s’élève d’une dizaine de mètres en l’air, pétarade un peu puis retombe en mer dans un vieux plouf.

voix off : ELYSEE PAR TERRE

http://www.elysee-par-terre-le-film.com

Du coup, même si je pense qu’il y a du potentiel : non, vraiment, il y a des films que l’on ne peut vraiment pas transcrire chez nous.

Quelle grande perte.


Morphéus vous explique la vie d’entreprise

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Quelque part dans un open space, 10:27.

Thomas Anderson soupira en délaissant quelques instants son clavier pour lever les yeux vers les néons jetant une lueur verdâtre au-dessus de lui. Le grésillement de ceux-ci accompagnait depuis des années maintenant ses mornes journées de travail, seulement interrompu de temps à autre par le son familier de l’une des lumières clignotant brièvement. Parfois, on voyait s’élever au-dessus des minces parois séparant les alcôves de l’open space la silhouette d’un collègue grimpant sur son bureau pour donner un coup aux plafonniers afin d’interrompre un clignotement devenu intempestif, rare distraction suivie par les yeux fatigués et inexpressifs de dizaines de travailleurs semblables à Thomas.

Le programmeur s’apprêtait à se remettre au travail lorsque son téléphone se mit à sonner. Et visiblement, celui qui appelait n’avait pas envie de donner son numéro. Thomas hésita un instant, la main juste au-dessus de l’appareil, puis décrocha.

"Allô ?
- M. Anderson ? Bijour, ji suis Jean-Jacques, de Bouygues Télécom, et…
- Ça ne m’intéresse pas, bonne journée.
- Attends attends, non, je déconne : Néo, c’est Morphéus. 
- Qui ça ? Comment savez-vous que je suis Néo ? Comment avez-vous eu ce numéro ? Et pourquoi faites-vous des imitations racistes de télé-opérateur d’abord ?
- J’ai la réponse à tes questions. Mais surtout, la réponse à celle que tu te poses depuis des semaines maintenant. Celle qui te fait te réveiller la nuit. Celle qui obsède tes journées.
- "Quel est le numéro de Françoise Boufhal ?" 
- Non, l’autre : "Qu’est-ce que la Matrice ?"
- Aaaah ouais. Nan, oui, c’est vrai, je me la pose. Mais bon, si vous avez aussi la réponse à la première…
- Concentre-toi Néo.
- Okay : alors, c’est quoi la Matrice ?
- Tu dois connaître la vérité : le monde dans lequel tu vis n’est qu’une illusion. Tout ce que tu vois, tu touches, tu goûtes, rien de tout cela n’est réel. C’est ça, la Matrice. 
- Ça explique pas mal de trucs. NRJ12 par exemple : on voit bien de suite que ça ne peut pas être réel. Mais attendez… vous dites cela, mais avez-vous d’autres preuves ?
- Hahaha… bien sûr Néo. As-tu déjà entendu parler des Agents ? Ce sont des programmes de la Matrice qui ne sont là que pour maintenir l’ordre établi.
- La chiantitude des choses ?
- Exactement. Suis mes instructions : lève-toi doucement et regarde par-dessus les parois de ton alcôve : tu les verras. Il ne fait aucun doute qu’il s’agit simplement de programmes. Et tu auras ta preuve. Allez, lève-toi te dis-je, et regarde bien !"

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Le combiné sur l’oreille, Thomas Anderson, alias Néo, quitta sa chaise aussi lentement que possible et laissa lentement ses yeux remonter le long de la paroi voisine avant de s’arrêter lorsqu’il put enfin regarder au-dessus de celle-ci. Et alors qu’il balayait la vaste salle du regard, il les vit : les Agents. Des programmes qui, une fois que l’on y pense, n’ont strictement rien d’humain, quand bien même ils en ont l’apparence. Néo se laissa tomber à côté de son bureau où, à genou et tremblant, il supplia :

"Morphéus ! Je les ai vu, vous avez raison !
- Je te l’avais dit.
- Mais qui sont-ils ?"

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Morphéus prit une grande inspiration à l’autre bout du fil.

"Laisse-moi t’expliquer."

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"Néo, tu vis dans la Matrice, une sorte de jeu vidéo géant. La bonne nouvelle, c’est que tu peux recharger une sauvegarde si tu te plantes. La mauvaise, c’est que tu as une durée de vie de 5h. Ah bin c’est le problème des grosses productions,hein."

La Matrice existe : vous y travaillez.

Difficile d’expliquer autrement l’impression de déjà vu que vous pouvez parfois avoir, particulièrement lorsque que quelqu’un lance un Powerpoint, ou plus simplement, en discutant avec certains de vos collègues dont les conversations laissent à penser qu’il s’agit en fait de PNJ (vous pouvez essayer de cliquer dessus à répétition pour vérifier, je vous laisse faire, on atteint vite leur limite). Tout comme le fait qu’il y a un décalage entre le monde du travail et la réalité ; par exemple, dans le monde réel, on vous a toujours expliqué que votre diplôme serait le sésame de votre réussite ; sauf qu’une fois dans le monde du travail, non seulement on ne vous a jamais demandé votre titre obtenu de haute lutte, mais pire, 99% des gens n’en ont eu strictement rien à faire. Quelle déception.

Mais ce n’est pas une raison pour se laisser abattre : quitte à être dans la Matrice, autant comprendre les programmes qu’elle utilise pour rendre le monde plus chiant. Qui sont ces êtres ? Quel programmeur mal inspiré a pu créer pareils monstruosités ? Pourquoi en retrouve-t-on toujours où que l’on aille ? Étudions-en quelques exemples typiques. Car il est à craindre que vous en ayez autour de vous.

I. Le Bloody Branleur

Dans le folklore occidental, il existe une légende, principalement racontée aux enfants, qui prétend que si l’on prononce trois fois "Bloody Mary" devant un miroir, on y voit apparaître non pas un cocktail (c’est une légende pour enfant, ne l’oubliez pas, et puis j’ai déjà essayé avec "Bloody Brandy" et tout ce que j’ai eu c’est le spectre d’un chien avec un hamster mort entre les dents, comprenne qui pourra) mais le spectre d’une jeune fille ensanglantée. Si la chose peut paraître effrayante de prime abord, il faut avant tout plaindre le spectre, puisque se manifester dans un miroir de jeune adolescent est avant tout un coup à finir couvert de restes de vieux points noirs et autres boutons éclatés. On espère donc que le folklore introduira bientôt le concept de "Bloody Capuche" pour compenser, mais une fois de plus, je m’égare.

Car dans la Matrice qu’est l’entreprise, il n’y a pas besoin de prononcer quoi que ce soit pour voir apparaître un Bloody Branleur. Et tout comme les spectres, celui-ci a le don d’apparaître dans votre dos, car comme tous ceux de son espèce, il n’a qu’une grande spécialité : regarder ce que vous faites par-dessus votre épaule. Onglet Facebook, blog avec des pavés de texte ou pire, article du Figaro (bon, j’exagère : mon lectorat a du goût tout de même), vous vous sentez obligé de tout fermer lorsque vous remarquez la présence de ce sinistre individu qui n’est pas venu pour espionner, vous sanctionner ou quoi que ce soit : non, le Bloody Branleur se fait juste chier, et comme un vulgaire inconnu lisant par-dessus votre épaule dans le métro, il se poste toujours juste derrière ses petits camarades pour regarder ce qu’ils font (histoire de voir comment eux occupent leur temps en attendant la fin de la journée, des fois que ça l’inspire). Qu’il ait quelque chose à vous dire ou non importe peu : il veut juste regarder ce que vous faites depuis votre dos. Et éventuellement commenter (mais uniquement pour dire "C’est quoi, ça ?"). Dans sa jeunesse, sa capacité à se mouvoir à volonté dans le dos d’autrui a probablement fait de lui un redoutable challenger aux championnats du monde de 1-2-3 soleil.

Capacité intéressante : le Bloody Branleur est très doué pour emmener une boisson avec lui, thé ou café, qu’importe, et le siroter en faisant "sluuuuurp" derrière vous et de préférence tout près de votre oreille pendant que vous espérez secrètement qu’il se barre et aille enfin trouver quelque chose à faire sur son poste. Mais ne vous faites pas d’illusion : vous avez moins de chance de le croiser à son bureau que derrière celui d’autrui.

Comment le repousser ?

Retournez-vous, ça devrait le perturber : il n’est pas habitué à être face aux gens. S’il essaie de repasser derrière-vous, mettez-vous à tourner très vite sur votre chaise, logiquement, le café qu’il a dans la main l’obligera à quitter la poursuite lors d’un terrible accident bien avant que votre petit-déjeuner ne profite de votre tournis pour faire une sortie scolaire.

II. L’auto-stoppeur

Toujours sur la route, comprendre, pas à son poste et plutôt en train d’errer comme une âme en peine, l’auto-stoppeur attend qu’un travailleur innocent passe à sa portée pour lui lancer une salutation cordiale suivie d’une quelconque banalité sur comment vous allez, ou autre grand classique de la vie en société ("Ouesh ouesh  bien ou bien ?" n’en est pas un, inutile d’insister, et aller vous changer, ce jogging est hideux). Hélas, si d’aventure vous veniez à lui répondre "Bien, et toi ?", c’en est fait de vous : il vous a verrouillé. Il s’arrête dès lors droit sur place et commence à vous raconter sa vie, même lorsque vous tentez de vous en dégagez en accentuant toutes vos fins de phrases de manière à ce qu’elles appellent à une fin imminente de la conversation. Ou que vous remettez ostensiblement vos écouteurs en place (mais si : vous connaissez tous quelqu’un que ça n’empêche pas de continuer à vous raconter sa vie) Car l’auto-stoppeur a des milliers de choses à vous dire. Chaque jour. Et s’il vous les a déjà racontées, ce n’est pas grave : il recommencera, encore et encore. Sans que vous puissiez vous en dégager ; Cthulhu à côté a l’air un peu léger tant en tentacules qu’en agressivité pour votre santé mentale.

En effet, l’auto-stoppeur dispose d’un formidable générateur de jérémiades lui permettant de se plaindre de tout en partant de n’importe quel sujet. Nouvelle coupe de cheveu ? Lui l’autre jour, son coiffeur l’a raté, pfou, il n’y retournera pas, mais bon, si, il est retourné, parce que tu vois, sa mère y est allée l’autre jour et lui a dit qu’en fait, c’était parce que la stagiaire était là depuis une semaine mais que la patronne revenait bientôt et…  qu’importe. Vous avez évoqué un film avec un collègue ? Lui voulait le voir hier, sauf qu’au dernier moment, il a été invité, du coup il a remis ça à plus tard, mais il n’est pas sûr d’aller le voir finalement, parce qu’il a vu la version d’il y a 15 ans et qu’elle lui plaît et que du coup il se demande si… et puis il y a les trains en retard. Et puis la neige devant sa porte. Ou la fois où il a raté une enchère en ligne. Bref, à l’écouter, Dieu a un canon à ions, et il est braqué droit vers sa margoulette.

Et ça marche avec tous les sujets. Même ceux que vous n’avez pas évoqués : son générateur et sans limite. Plus difficile à laisser derrière soi qu’un trou noir, plus bavard qu’une scène de repas de Quentin Tarantino, il guette dans l’ombre le moment où quelqu’un fera un signe, même mineur, laissant supposer qu’il prête un intérêt, même infime, à sa simple existence pour lui donner l’opportunité de la raconter en entier. Et avec tous les détails, parce que sinon, ce n’est pas drôle.

Comment le repousser ?

Faites-lui découvrir Twitter : pleurer sur tout, parler de rien et tout faire pour avoir l’attention d’autrui, c’est le principe même du site.

Ici, des Agents attendent les randonneurs imprudents pour leur sauter dessus et leur raconter le dernier anniversaire de tata Simone. Terrifiant.

III. L’incompétent

Parfois nommée "Personne à qualification limitée" par les associations de soutien aux familles, ou plus prosaïquement "Supérieur hiérarchique" par ceux travaillant avec l’incompétent, celui-ci est une sort de fléau, mais avec une cravate. L’incompétent n’est pas incompétent en théorie : il a un diplôme, un CV et parfois même des recommandations prestigieuses. Et pourtant, sitôt mis face à une tâche, même basique, il se passe exactement la même chose.

D’abord, il en parle beaucoup et à tout le monde (un peu comme un débordé) pour bien dire qu’attention, hein, on lui a confié un gros dossier. S’il peut l’évoquer entre deux portes, dans un ascenseur ou même en se séchant les mains, il le fera. Il a besoin de faire savoir qu’il travaille. Non mais c’est important, parce que c’est vrai que sinon, c’est vrai que l’on pourrait se demander ce qu’il fout. Puis, une fois qu’il a installé cette atmosphère de labeur sérieux auprès de tous ses collègues, il va les trouver un par un pour leur demander "un petit truc" sur telle ou telle partie, de préférence jusqu’à ce qu’une fois tous les petits morceaux cumulés, il n’ait rien eu à faire. Il qualifiera cela de "travail d’équipe", ce qui sémantiquement, se tient, contrairement à son boulot. Cela fait, il utilisera une technique bien connu de tous les écoliers et ministres de France, à savoir :

  • Si au final, le dossier bouclé plaît, ce sera grâce à lui
  • Si au final, le dossier bouclé ne plaît pas, ce sera la faute des autres

Certains appellent ça du "foutage de gueule", mais lui parle plutôt de "management". De toute manière, et par un mystérieux hasard, aucune des personnes disposant d’un minimum d’autorité sur lui ne semble se rendre compte qu’il est parfaitement incompétent, chose qu’il prouve pourtant régulièrement en faisant des erreurs grossières qu’il demande à autrui de corriger (ou plutôt : en disant qu’autrui a merdé, et donc que c’est à lui de rattraper ; il ne va quand même pas reconnaître une erreur, ah mais ho !). On reconnaît par ailleurs aisément l’incompétent au fait qu’il multiplie les anglicismes à outrance selon le célèbre principe qui veut que l’important, ce n’est pas de maîtriser quelque chose, mais de donner l’impression que l’on maîtrise quelque chose. Il n’est pas encore au point sur le terme de "bullshiting" que vous employez à son égard, mais nul doute qu’il le casera bientôt au hasard d’une réunion, sans être bien sûr de ce que cela veut dire, mais ça sonne cool.

Comment le repousser ?

Posez-lui des questions fermées : s’il doit répondre par "oui" ou par "non", il sera bien embêté de ne pas pouvoir utiliser le pipotron, et prétendra sûrement avoir quelque chose de très important à faire, là, tout de suite, mais si, vous savez, sur le dossier Callaghan. Tout ça. Si vous insistez un peu, il n’est pas impossible qu’il se transforme en petite flaque liquide, mais bon, hein, c’est pas vous qui faites le ménage bande de gredins.

IV. Le militant, mais alors pas trop

Le monde est un endroit terrible. Chaque jour, des milliers de crimes sont impunis, des millions d’inégalités apparaîssent, des milliards d’individus sont privés de ce à quoi une minorité a droit. Le militant a décidé que c’en était trop. Un jour, il s’est levé, et les cheveux s’agitant dans le vent du matin, il a décidé de dire non. Puis, maman l’a appelé pour le petit-déjeuner, alors il s’est dépêché de mettre un slip et de descendre manger son bol de Smacks.

Quand il se passe quelque chose d’anormal au travail, il est le premier à s’insurger, à dire qu’il ne faut pas se laisser faire. Il s’indigne, et partage son indignation avec celles et ceux qui ne seraient pas encore au courant. Il est le premier à dire qu’il ne faut pas se laisser faire, que la hiérarchie va devoir plier, parce que cette fois, on ne rigole plus. A côté de lui, Lénine a toutes les apparences du vulgaire contrôleur de la RATP. La révolution est en marche, et il ne fera pas bon se trouver sur le chemin du prolétariat opprimé. Et puis soudain, il faut passer à l’action.

Oui, alors bon : il ne peut pas prendre la parole : il a mal à la gorge. Bon, il aurait bien pris une carte de syndicat, mais il ne veut pas d’étiquette. Et il aurait bien envoyé une lettre bien sentie au patron, mais son imprimante ne marche pas. Et puis sa boîte mail fonctionne mal, des fois les messages ne partent pas. Du coup, ce serait bien si quelqu’un d’autre pouvait s’en charger. Et attention : il le soutiendra ! Il sera debout, juste derrière-lui si besoin est ! Enfin, dans la même pièce en tout cas. Enfin, dans le couloir quoi. Mais bon, ça dépend parce que ce soir, il a un truc à faire, donc il sera peut-être pas là à la bonne heure.

Le militant-mais-pas-trop est le champion de l’insurrection autour de la machine à café. En théorie et à l’écouter, il donnerait sa vie pour ses idées, mais 10 minutes de sa carrière, par contre, non.

Comment le repousser ?

Lui demander une action concrète, comme ça, une fois, juste pour voir. Et, non, cliquer sur "j’aime" n’en est pas une.

Breaking news : le bouton "partager" ne permet pas vraiment de partager votre miam au sens littéral avec le reste du monde. Lâchez ce bouton maintenant.

V. Paraphrasor

Paraphrasor est l’un des plus grands prédateurs qui soit ; généralement tapis au milieu de la salle de réunion, il attend son heure pour déclencher son barrage d’artillerie verbal ; c’est un peu le général Nivelle de l’absurde, quand bien même les historiens militaires parleraient sûrement de pléonasme mais là n’est pas le sujet (après, je peux faire des blagues sur Craonne et on en sort plus). Tel un pokémon furieux, il attend son heure dans les hautes herbes pour agresser le premier innocent venu à l’aide de son attaque principale : la paraphrase. Lorsque plusieurs personnes travaillent sur un projet, il est toujours le dernier à parler, et généralement, pour répéter tout ce qui vient déjà d’être dit, mais en plus long. Aucune de ses interventions n’a le moindre intérêt, mais il insiste quand même pour prendre la parole, pourvu qu’on l’entende parler. C’est toujours long, toujours chiant, et surtout, toujours toujours (il ne faudrait pas qu’il se taise au moins une fois, l’humanité serait privée de beaucoup trop).

Personne ne sait s’il est vraiment conscient de ce qu’il fait, mais tout le monde est d’accord sur un point : il est lourd. L’une de ses attaques spéciales consiste à attendre la dernière minute de la réunion qui a déjà 25 minutes de retard pour poser une "dernière question" dont la réponse a pourtant déjà été donnée trois fois. En général, chacun peut alors sentir la haine l’envahir (en plus de la faim, il est midi passé, quoi, roooh), et le paraphrasor a une espérance de vie particulièrement courte, quelque part entre le cochon d’inde et le lapin nain, dont il partage tant l’intellect que la capacité d’attention.

Paraphrasor est un peu le Jean-Louis Borloo de l’entreprise : qu’importe le sujet, il est toujours d’accord avec le dernier qui a parlé.

Comment le repousser ?

Jetez-lui une pokéball. Mais une bien lourde, et de préférence, en début de réunion. Pas sûr que vous le capturiez (pas plus que vous ne le voulez), mais en tout cas, nul doute que vous arriverez plus tôt à la cantoche sans ses interventions intempestives.

VI. Le rigolo

Lorsqu’un comique sent son heure arriver, il se rend dans un endroit secret pour mourir (on sait juste qu’il passe d’abord par le spectacle des Enfoirés, qui est un peu l’équivalent des soins palliatifs pour ceux de son espèce). Là, après une ultime blague à Toto, il rend son dernier soupir et est généralement enterré dans un cercueil en béton pour être sûr qu’il ne revienne pas. Hélas, parfois, lors de terribles rituels impliquant du sang de jeune vierge, des crânes de boucs et des DVD de Franck Dubosc, leurs mânes sont rappelées et envoyées posséder des corps au sein d’entreprises. pour y semer le chaos.

Tous les rigolos ont un point commun qui permet de les reconnaître aisément : ils ne sont pas drôles.

Voletant d’un bureau à l’autre, ils ont soit une histoire à raconter digne des plus grandes heures de Télé Poche, soit ils profitent de l’absence d’un de leurs petits camarades pour changer leur fond d’écran, lancer une vidéo Youporn ou autre subtilité digne d’un Jean-Marie Bigard un soir de cuite. Le rigolo est non seulement lourd, mais par ailleurs, son "sens de l’humour" est si particulier que lorsque quelqu’un lui fait remarquer qu’un seul de ses calembours suffirait à détruire un char tigre, il est persuadé que vous dites ça pour le charrier, et que donc, vous aussi vous êtes un rigolo, hé, ça te dirait pas une soirée vidéos Youtube autour d’une bonne tartiflette ? Après on fera des prouts devant des vidéos de Norman, ce sera super lol.

Le rigolo n’est jamais fatigué, et poursuivra son oeuvre sans relâche, confirmant son statut de mort-vivant. Il est par conséquent triste de constater que l’on ne sache pas encore transformer l’humour pourri en énergie pure, auquel cas Eric et Ramzy pourraient alimenter l’Europe de l’Ouest à eux seuls durant quelques années.

Comment le repousser ?

Allumez n’importe quel téléviseur voisin et mettez vidéo gag. Il devrait rester immobile à suivre la chose aussi longtemps qu’elle sera diffusée. A ce qu’il paraît que si vous laissez un rigolo assez longtemps comme ça, il finit par tisser un cocon autour de lui et qu’au bout de quelques mois en sort un chroniqueur du Grand Journal. Attention : je ne vous ai pas dit d’essayer pour autant, il y a déjà surpopulation.

Tiens, une photo de Laurent Gerra ici ? Comme c’est étrange. Sûrement une coïncidence.

VII. Le fayot

Lorsqu’il était enfant, le fayot a été malmené par ses petits camarades pour avoir collaboré avec l’ennemi, incarné dans le cas présent par le corps enseignant. Après s’être réveillé à maintes reprises dans des poubelles avec son slip sur la tête, le fayot a juré qu’un jour, il se vengerait. Depuis, il ne vit que pour obtenir une promotion et ainsi pouvoir exercer sa vengeance sur ceux qui le malmenèrent autrefois.

Si son plan a quelques failles (ceux qui à 16 ans, se moquaient de lui à la sortie du lycée en fumant des clopes sur leurs scooters en faisant des clins d’œil aux filles de terminale en ont aujourd’hui 32, mais sont toujours à la sortie du lycée sur leurs scooters à faire des clins d’œil aux filles de terminale), il n’en porte pas moins toujours une profonde haine pour autrui.

Le fayot ne se contente pas d’apprécier les idées de ses supérieurs : il tient à ce que cela se sache. Interventions intempestives, en et hors réunion, petits mots dans les couloirs et compliments grossiers, le fayot ne recule devant rien mais a tout de même un peu de peine lorsque finalement, ce n’est pas lui qui est promu mais quelqu’un de bien moins loyal. Bien sûr, il ne fera jamais le rapport avec le fait que son attitude donne l’impression qu’il a autant de personnalité qu’un tapis, mais ce n’est pas grave : il restera, fayotera, et si en plus il peut balancer un ou deux collègues à la maîtresse entre deux portes, il le fera.

Même si le slip sur la tête et la poubelle ne sont jamais loin : c’est ça, l’amour du risque.

Comment le repousser ?

Devenez patron, puis adoptez-le. Le MEDEF organise régulièrement des combats de fayots dans des hangars désaffectés. Le toutou qui gagne est simplement heureux d’être aimé (vous pouvez lui gratter le ventre pour le récompenser). Par contre, pour l’autre, c’est direction la ruelle la plus proche pour une tentative d’insémination au gros plomb. Comble du bonheur : aucun fayot ne vous dénoncerait à l’inspection du travail. Que demande le peuple ?

VIII. Le parent

Un dîner en amoureux, un slow sur la musique de La Boum, quelques mots tendres susurrées à l’oreille et bien sûr beaucoup de GHB et voilà ce qui arrive : l’un de vos collègues commet l’irréparable et se reproduit. Désormais, l’ensemble de sa vie tourne autour du petit être qu’il a engendré, et dont la seule existence semble nécessiter l’utilisation de plus de superlatifs que la presse spécialisée à la sortie d’un nouveau Spielberg. Théo a passé une mauvaise nuit ? Ce simple récit raconté 12 fois vous aidera à passer une mauvaise journée. Mathias a fait une superbe d’oeuvre d’art à l’école, à base de papier coloré, de paillettes et bien évidemment de coquillettes (15% du chiffre d’affaire de Barilla est obtenu grâce aux ateliers scolaires d’art plastique français) ? Nul doute que non seulement il décorera le bureau de son parent, mais mieux encore, chaque malheureux qui entrera dans celui-ci en essayant de formuler courtoisement "Qu’est-ce que c’est que cette merde ?" aura le droit à un récit qui fera vieillir d’un an instantanément toute personne à proximité tant il sera sans fin et ennuyant.  Et si Léa pousse si fort sur son pot qu’on la retrouve assise sur son propre étron, digne des animaux les plus majestueux de la savane, ce sera directement photo Instagram et partage Facebook.

Le parent n’a qu’une envie : partager avec le monde libre les nouvelles les moins intéressantes que sa progéniture puisse produire. De toute manière, les enfants produisent rarement quoi que ce soit d’intéressant, puisqu’aux dernières nouvelles, si on trouvait des enfants-soldats, on trouvait rarement des enfants-docteurs-en-physique-quantique, ce qui prouve bien qu’ils sont quand même un peu limités. Et encore, parmi les enfants-soldats, pas un officier. Lamentable.

Le parent est en général équipé des dernières technologies modernes pour que où que vous soyez, vous puissiez profiter des dernières photographies familiales qui ne vous intéressent pas ("Mais si, attends, je te remontre Léa, regarde moi l’engin !")

Comment le repousser ?

"Moi aussi j’ai des photos ! Là c’est moi en vacances à Charleroi ! Et là, regarde ! On faisait des courses d’autobus avec mon copain Emile Louis, qu’est-ce qu’on a rigolé ensemble !". Photoshop peut faire des miracles pour votre tranquillité.

Pour rappel, rien ne ressemble plus à un bébé qu’un autre bébé. Inutile donc de vous embêter à prendre des photos : il y a des banques d’images pour ça.

IX. Le voyageur temporel

Contrairement à ce que son nom pourrait laisser supposer, le voyageur temporel ne vient jamais du futur pour vous filer les numéros du loto, non. En fait, celui-ci vient plutôt en général des années 80-90 et a encore du mal à se faire à l’idée que "il y a 10 ans" ne le renvoie pas au début des années 90. Vous l’avez déjà surpris à donner un prix en francs (il n’est jamais vraiment passé à l’euro ; il se contente de convertir), il vous envoie régulièrement des powerpoints kitschissimes, et vous le soupçonnez secrètement d’avoir encore Caramail dans ses favoris Internet explorer.

Le voyageur temporel a plein de découvertes à partager avec tout le monde. Aucune n’est plus une découverte depuis au moins quinze ans, mais ce n’est pas grave, s’il y a bien une chose dont il ne manque pas, c’est d’enthousiasme. Toute référence faite à quelque chose apparu après 2002 le trouble quelque peu, et s’il travaille dans l’informatique, vous pouvez commencer à trembler. Tous les scammers Nigérians se réveillent la nuit dans des draps humides rien qu’en pensant à lui, et il est fort probable qu’ils représentent à eux seuls 2% du PIB local. Contrairement a Dr Who, le voyageur temporel n’a que trop rarement un compagnon d’aventure, mais qu’importe, car il a toujours sur son PC son raccourci qui lui permet de faire apparaître des petits moutons sur l’écran lorsqu’il clique, hihihi, viens voir Ginette, c’est rigolo.

Le voyageur temporel vit dans un monde qui a poursuivi son chemin sans lui. Il dit parfois "Antenne 2" pour désigner le service public, et soupire longuement en écoutant Notre Dame de Paris. Plus personne ne sait vraiment que faire de lui, et il accomplit machinalement les mêmes tâches depuis des années. Il s’imagine tel un vieil homme sur la jetée, qui observe les vagues disparaître l’une après l’autre en laissant l’écume derrière elle. Puis, il sauvegarde son fichier Excel, fait suivre un courrier pour la semaine de l’amitié et se demande quel gif il pourrait mettre en signature de ses mails pour être plus en accord avec le monde moderne.

Comment le repousser ?

La nature va s’en charger très prochainement, inutile de vous fatiguer. Attention à ne pas lui montrer d’objets trop modernes : vous risqueriez de l’exciter et son cœur est fragile.

X. L’inconnu

Il existe différents niveaux de timidité ; l’inconnu est carrément en phase terminale. Vous le croisez le matin depuis des années, vous avez déjà été dans des réunions avec lui et un jour, on vous l’a présenté mais vous avez oublié son nom et sa fonction exacte dans les dix minutes qui ont suivi. Depuis, vous ne l’avez jamais entendu s’exprimer, à part pour répondre à un bonjour gêné dans l’ascenseur. Lorsque l’on vous demande si vous avez vu "Mais siii, vous savez, l’autre là le… le jeune qui… mais siii il était assis à côté de Brigitte !", quand bien même on vous parle du matin même, vous n’en avez aucun souvenir. Pas plus que la plupart de vos collègues.

L’inconnu ne marque personne, travaille sur des dossiers dont vous ignorez tout, et apparaît au coin de votre champ de vision de temps à autres sans que vous soyez certains qu’il s’agisse vraiment de lui ou juste de persistance rétinienne. Dans le doute, vous lui jetteriez bien un truc à la gueule pour voir s’il existe vraiment, mais vous avez promis à Benoît de lui ramener son agrafeuse, vous allez donc la garder à la main plutôt que de vous en servir de projectile tout de suite.

Peut-être l’avez vous accepté sur Facebook après une soirée bien arrosée. Depuis, à chaque fois qu’il like un de vos statuts, vous marmonnez "Putain, mais c’est qui lui ?" avant d’aller voir son profil. Et s’il n’a pas mis son véritable visage sur sa page, vous êtes bien infoutu de le resituer précisément, quand bien même son bureau est voisin du vôtre.

Si c’est un stagiaire, ne vous inquiétez pas : c’est parfaitement normal.

Comment le repousser ?

En fait, c’est déjà fait. Attention cependant : si vos collègues ne le remarquent pas plus que vous, c’est acceptable, mais si en plus vous avez froid lorsqu’il approche, c’est simplement que vous voyez des gens qui sont morts. "C’était donc ça, je me disais bien qu’il ressemblait vachement à Joe Dassin"

Dans certaines organisations, tout le monde est un peu l’inconnu de tout le monde, mais ça fonctionne quand même. Comme quoi, je suis plein de préjugés.

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Néo essuya la sueur de son front du revers de sa manche, le téléphone toujours vissé à son oreille. A présent, tout faisait sens : ces gens étaient beaucoup trop génériques pour être de véritables individus. Il jeta un nouveau coup d’œil vers son PC, sa boîte mail clignotant déjà en affichant un mail ayant pour objet "Tr: Tr: Tr: Re: Re: semaine du bisou" et poussa un léger gémissement.

"Que dois-je faire Morphéus ? 
- Tu as le choix Néo. Je peux t’aider à arrêter la Matrice. J’ai disposé sur ton bureau deux pilules : une bleue et une rouge.
- Ah oui, je les vois ! Bon, et qu’est-ce que je fais ?
- Tu fais un choix. Tu peux choisir la pilule bleue, et tout s’arrête. Tu oublies cette conversation, tu te réveilles dans ton lit et ta vie reprend son cours. Ou tu peux choisir la pilule rouge, et je t’aide à ouvrir les yeux. Alors ?
- Hmmm… j’ai le droit d’en lécher une d’abord pour choisir ?
- Non.
- Bon… allez okay, je choisis la rouge ! Qu’est-ce que je fais maintenant ?
- Excellent choix Néo. Tu vas devoir me faire confiance, d’accord ?
- Bien sûr Morphéus.
- Alors tu prends la pilule, tu vas voir Sandrine du service marketing, et tu la glisses dans son verre. 
- D’accord ! Et après je sors de la Matrice alors ?
- Ouiiii Néo. Tu sors de la Matrice. Allez, sois discret, et quand elle aura avalé la pilule, tu l’amènes à la porte de derrière, une voiture t’attendra. Fais bien attention aux Agents qui surveillent la Matrice, Néo.
- Pas de problème ! J’y vais Morphéus ! On se voit de l’autre côté !
- C’est ça. Allez, bonne chance Néo !"

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Diego resta un moment silencieux alors que je raccrochais le téléphone.

"Voilà Diego. Bon, allez, fais de la place dans le coffre et amène la voiture, on a du travail.
- Quand même patron, c’est de plus en plus facile. Que pensez-vous qu’il va dire quand il s’apercevra qu’on ne le sort pas vraiment de la Matrice et qu’il est juste entouré de gens chiants ? Vous voulez que je prépare votre meilleure pelle ?
- Allons Diego, un peu de sport que diable : non, nous lui dirons tout simplement que ça n’a pas marché et qu’il doit se faire discret s’il ne veut pas que les Agents l’attrapent.
- Oui mais comment allez vous expliquer que la Matrice ne l’ait pas laissé partir ?"

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Je pris une gorgée de l’excellent brandy qui attendait sur le guéridon près de mon fauteuil. "Facile, mon bon Diego", lui dis-je.

"On lui dira que la Matrice est produite par Apple."


Expulsons humainement.

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J’aime les théories du complot.

Attentats organisés par des gouvernements au sein de leur propre pays, produits chimiques diffusés par avion pour enrichir l’industrie pharmaceutique, assassinats de personnalités (une personnalité ne peut jamais mourir comme tout le monde, ce serait tellement banal) pour parvenir à de sombres fins… il y en a quantité, pour la plupart appuyées par des éléments aussi troublants que des vidéos youtube dans lesquelles on voit parfaitement, à 1:15, un pixel non-identifié qui ressemble comme deux gouttes d’eau à un missile de croisière XV-245 en forme de pixel.  Pour ma part, je suis depuis longtemps rassuré par un élément aisément vérifiable :

Ceux qui nous gouvernent sont bien trop mauvais pour comploter correctement.

Dissimuler l’existence d’une civilisation extra-terrestre à sa population me paraît compliqué lorsqu’on a déjà du mal à planquer un compte en Suisse de ministre, faire assassiner le président Kennedy a dû être diablement compliqué pour une équipe qui quelques années plus tard, bien que plus expérimentée, n’a pas réussi à faire taire une stagiaire amatrice de cigares, quant à la dissimulation de toute la vérité vraie, visiblement, elle ne marche pas aussi bien sur les chiffres du chômage ou la dette. C’est ballot.

Mais s’il est aisé de se moquer des moins compétents que nous, mon éducation judéo-chrétienne me commande de leur tendre une main charitable en proposant aujourd’hui un guide complet sobrement intitulé :

Comment expulser humainement

Car en effet, depuis quelques jours à présent, le net et ses réseaux bruisse de propos concernant l’expulsion de Leonarda, une collégienne de 15 ans qui a été arrêtée lors d’une sortie scolaire avant de gagner un voyage pour le Kosovo, région dont sa famille serait originaire, mais en fait, on est pas trop sûr, ce serait peut-être l’Italie (une équipe de géographe travaille actuellement sur le sujet, les économistes n’ayant pas réussi à finir le jeu des 7 différences qu’on leur avait confié sur le sujet). Du coup, la toile s’enflamme, les journaux de même, et bientôt, radios, télévisions et même lycéens n’hésitent pas à s’indigner de cet événement. Pourquoi ? Observons plutôt ce que l’on peut trouver :

Tenez, par exemple, sur Europe 1 :

Alors que moi, j’ai toujours rêvé que la police vienne me chercher pour me sortir de mes cours de géométrie.

Ou France TV, évoquant la réaction de l’Elysée :

La présidence de la République a expliqué, jeudi 17 octobre au soir, que plusieurs mesures étaient envisagées pour éviter que des enfants soient emmenés par la police alors qu’ils se trouvent en classe 

Voire Reuters, citant Harlem Désir, connu pour sa lutte pour l’intégration :

"Nous, la gauche, nous nous sommes battus quand la droite était au pouvoir contre des arrestations de jeunes à la sortie des écoles", a souligné Harlem Désir.

"Là, elle était dans une activité scolaire et donc, il y a au niveau de la préfecture -c’est ce que l’enquête administrative qui est en cours va je pense montrer- une faute qui doit amener à tirer un certain nombre de leçons", a-t-il ajouté.

Et je vous passe donc toutes les autres réactions, d’officiels, de lycéens ou d’utilisateurs de Facebook qui, drapés de la bannière des Droits de l’Homme, hurlent qu’il est inconcevable qu’en France, on expulse des enfants pour renvoyer dans des pays qu’ils n’ont jamais connu sur le temps scolaire ! Ça, ma bonne dame, jamais !

Et là, logiquement, il y a un truc qui doit vaguement vous titiller.

Mais si, allez.

Si.

En fait, tout le monde n’est pas en train de s’indigner qu’on mette des coups de pied au cul à des enfants, non, ça, on s’en fout visiblement.

Le problème selon nos fiers humanistes, c’est que ça se fasse à l’école devant tout le monde. Un peu comme quand on bombarde des gens : tant que l’on a pas les images pendant que l’on est table et que ça gâche le jambon, tout le monde s’en fout. Faites ce que vous voulez, mais alors ne nous obligez pas à regarder, monstres !

Aussi, et puisque cela semble être le cœur du problème, laissez-moi m’aligner sur le courageux militantisme citoyen de mes contemporains, et proposer mon humble assistance au gouvernement pour expulser des mineurs, oui, mais de manière humaine. Allons-y donc.

I. Se renseigner sur l’emploi du temps

Si planquer une équipe en véhicule utilitaire est toujours un bon moyen de se renseigner sur les habitudes de la cible, beaucoup continuent de dire que les messieurs en camionnette qui surveillent les enfants à l’aide de jumelles ne sont pas du meilleur effet dans le paysage urbain (sauf à Charleroi, mais nous nous contenterons de parler ici d’endroits qui existent vraiment). Heureusement, les enfants étant fondamentalement sympa avec la maréchaussée, principalement parce qu’ils ont encore de trop petites jambes pour les semer à la course après avoir jeté un parpaing, ils transportent toujours avec eux un emploi du temps pour faciliter la tâche des forces de l’ordre. Observons plutôt à quoi celui-ci peut ressembler.

Emploi du temps

Vous avez bien lu ? Alors comme pour les cahiers de vacances, exercice :

"Sachant que le petit Jean-Jacques vient de gagner un ticket pour Bamako (mais sous un gouvernement de gauche, il a donc le droit a un rafraîchissement gratuit sur le vol), à quelle heure puis-je aller le chercher en semaine sans que les gens ne s’indignent ?"

Allez-y, c’est à vous, soyez attentifs.

C’est bon ? Alors passons au corrigé.

Corrige

Pour expulser le petit Jean-Jacques humainement, notons qu’il n’est pas possible d’aller le chercher à l’heure du repas. En effet, celui-ci se déroulant au sein de la cantine scolaire, il est du plus mauvais effet de faire entrer le GIGN entre les frites et le dessert, au risque de froisser non seulement les amoureux des droits de l’Homme (mais sur le temps scolaire uniquement) mais aussi les diététiciens, qui rappellent que se faire défoncer la gueule à coup de matraque pendant le repas est très mauvais pour la digestion (et donc, par extension, pour les toilettes du charter). Ne soyez donc pas maladroits et n’oubliez pas de respecter la plus belle des valeurs de notre pays : la gastronomie.

Si vous avez pensé au mercredi après-midi, c’est hélas aussi faux ! Il s’agit là du jour des activités extra-scolaires, et il y a de fortes chances qu’en allant chercher le marmot, vous déclenchiez une nouvelle polémique comme "C’est intolérable d’expulser des enfants pendant un cours de judo" ou "Mon fils a vu l’un de ses amis être emmené pendant son tournoi de Magic, du coup il n’a même pas eu le temps de taper 2 manas pour le finir à la boule de feu, ce qui lui a gâché la partie, c’est ça la France ?" Le mercredi étant le jour des enfants, laissez donc les marmots gambader en paix : autant les chopper à un moment où ils sont plus isolés.

Et justement, quels sont-ils, ces instants précieux, où le pied au cul devient limite main tendue tant il est humain ?

Dans le cas présent, le mardi après-midi (il y a sûrement des cours de sport, mais comme ce n’en sont pas vraiment, on ne les note même pas sur l’emploi du temps) est une belle occasion de trouver l’enfant isolé : il n’est plus en classe et la plupart des activités de groupe n’ont pas lieu ce jour là. L’attendre en embuscade dans une ruelle avec un taser paraît donc être un moyen à la fois efficace et humain de capturer l’enfant, en faisant tout de même attention aux convulsions et vomissements (il pourrait salir votre uniforme et ce sont les deniers publics qui vous le fournissent, prenez-en soin).

Il en va de même avec le jeudi et vendredi après-midi, même si dans ce dernier cas, il faut faire attention à ce que la cible ne soit pas invitée à prendre le goûter chez un ami pour célébrer le week-end. Pour ce faire, n’hésitez pas à demander au cuisinier de la cantoche de mettre double ration de gras, histoire de couper l’appétit au marmot : non seulement celui-ci sera moins enclin à accepter une invitation à goûter, mais en plus, il courra moins vite rendant sa cueillette d’autant plus facile. Pensez pratique. Et puis l’opinion publique est toujours moins tendre avec un petit gros : ça fait profiteur.

A noter que le jeudi midi à l’heure du repas, ici, la cible a deux heures devant elle : elle ne les passera pas toutes à table et ira donc probablement se promener dans la cour du collège. L’occasion idéale pour l’attirer à l’écart avant de la capturer, par exemple en lui proposant des bonbons. Pensez juste à avoir votre carte de police sur vous, au risque de vous retrouver au cœur d’un malheureux quiproquo qui fera bien rire tout le commissariat en y repensant après-coup, mais qui impliquera de manière un peu aride matraques, annuaires et endoscopies surprises. Méfiance, donc.

Dernier point : s’il n’est pas possible d’aller chercher un enfant devant toute sa classe parce qu’on est en France, sacrebleu, vous pouvez malgré tout profiter d’un cours particulièrement soporifique pour vous rendre le plus silencieusement possible dans la salle et repartir avec le marmot sans donner l’alarme. Pensez par exemple aux cours de latin, où la plupart des élèves tournent de l’œil après la troisième traduction de "L’honneur des anciens restera toujours dans le cœur des enfants du forum grâce à la mémoire des livres" ou étude d’Alix.  Au réveil des petits camarades de l’expulsé, si jamais confusion il y avait contentez vous de dire que Jean-Jacques n’était qu’une idée implantée dans leur esprit, puis lancez la musique d‘Inception dans tout l’établissement.

C’est ça ou une polémique impliquant Vincent Peillon, Manuel Valls et Harlem Désir, alors restons sur Inception, ça sera plus crédible.

Attention à ne pas confondre "classe ennuyante" et "GHB à la cantine". Dans un des deux cas, c’est dans mon coffre que la lycéenne imprudente est invitée au voyage.


II. Penser large

S’il existe moult ruses pour s’emp… approcher humainement d’un enfant en semaine et à l’école sans choquer le bon peuple, il est tout autant possible de feinter pour contourner la difficulté. Ainsi, la première règle est la même que celle des lois pourries : les faire passer durant les vacances.

En effet, à l’aide d’un calendrier des différentes académies, il est possible de déterminer les périodes migratoires des bonnes gens et donc de s’occuper d’autres questions migratoires sans que personne ne s’indigne ; car en effet, si dans l’espace on ne vous entendra pas crier, au cœur de l’été, on entend rien non plus tant tout le monde est tourné vers de vrais problèmes, comme savoir si les restaurateurs font une bonne saison où quels sont les maillots de bain féminins à la mode et autres passionnantes informations. Comme quoi, si en cette saison magique, on ne manque pas de reportages pour raconter l’histoire de Kiki, le chat qui a fait 1 000 kilomètres pour retrouver sa famille, il en va curieusement autrement lorsque le chat s’appelle Mokobé, a le pelage moins soyeux et ne sait même pas dormir sur un clavier en prenant l’air mignon. Je n’en finirai pas de m’étonner de voir les électeurs FN vouloir virer "Tous les branleurs" (alors que dès qu’on a des papiers, on est un foudre de guerre, je salue ici l’administration dans son ensemble qui pourtant, des papiers, en a plein) mais qui s’obstine à ne pas vouloir dégager les chats du pays. Allez comprendre.

Il est donc triste de constater qu’à quelques jours de la Toussaint, nos amis du Ministère de l’Intérieur n’aient pas pensé à attendre un peu pour virer en paix qui de droit de l’Homme.

Mais parfois, on a pas envie d’attendre les vacances pour être humain, aussi existe-t-il des moyens plus efficaces pour agir sans embêter l’opinion publique, comme par exemple profiter du dimanche (méfiez-vous du samedi, c’est aussi le jour des activités) ou mieux encore, débarquer en soirée au moment où tout le monde est à table. Cela peut se faire soit pendant le film du soir, pendant que tout le monde se demande comment Ben Affleck peut jouer aussi mal, soit vers 20h05, puisque c’est l’heure de Scènes de Ménages, et que l’on se pose peu ou prou les mêmes questions devant son écran.

Cela fait, vous contourner toute la difficulté et pouvez donc expulser simplement et humainement comme bon vous semble : on ne vous embêtera pas. C’est magique.

III. Où agir

S’il existe encore la bonne vieille ruse de la convocation en préfecture qui permet de jouer à domicile (ami sans-papier, quand tu reçois un courrier couvert de postillons, c’est souvent que son rédacteur se marrait en l’imprimant ; méfie-toi donc, cela sent fort la ruse), il existe différents endroits où opérer en paix.

Afin de clarifier mon propos, j’ai réussi à obtenir grâce à mon influence la carte de Paris affichée derrière François Hollande en conseil des ministres. La voici :

J’ai aussi la carte de France, mais elle était copyrightée par Adibou.

Alors, où peut-on humainement arrêter un étranger pour le coller dans un avion direction pauvreté-land (que celui qui a dit "Grèce" se dénonce) ?

Pas à la mairie. A la mairie, l’humain, c’est important. Depuis qu’un petit malin s’est amusé à taguer "Liberté, égalité, fraternité" sur le fronton pour des raisons inconnues, on essaie de faire des efforts. Depuis peu par exemple, on tolère les homosexuels en salle des mariages. Alors si en plus on commence à parler de rajouter des étrangers, ça va être le bordel : attendons un peu.

Pas à l’école. S’il existe bien des manières humaines comme évoquées ci-dessus d’arrêter des écoliers pour leur proposer un séjour linguistique de longue durée au Kosovo, n’oubliez pas que c’est l’endroit de toutes les passions. Mais comme les passions s’arrêtent visiblement à 17 heures, autant ne pas s’embêter. Quant au bus scolaire, là encore, mauvaise idée : pas seulement à cause de l’image, mais aussi parce qu’aucun adulte digne de ce nom ne voudrait y pénétrer, tant l’air y est plus épais pour cause d’effluves de sébum et d’hormones en folie. 

Pas sur le rond point. Parce qu’il y a le gentil Monsieur dessus qui fait la circulation et si tout le monde commence à s’arrêter, ça va être le bordel, alors dit, va expulser ailleurs. N’oubliez pas le vieil adage : "Il n’y a pas meilleur moyen de se décrédibiliser dans l’opinion publique qu’en lui pourrissant ses transports." Pour rappel, il est inscrit au fronton du QG de la RATP.

Pas au Fouquet’s. Expulser humainement, c’est savoir quand il faut se rappeler que la France est un grand pays où chacun a sa place. Par exemple, si la cible est la progéniture d’un émir du Qatar, ou pire, un footballeur en puissance, rangez tasers et matraques. Par contre, s’il est simplement docteur en physique nucléaire à 16 ans, dégagez-le : de toute manière, on a plus de pognon pour la recherche. C’est ça, l’humain. Savoir faire la part des choses.

A domicile. A condition que le sans-papier en ait un, car parfois, il est taquin. Mais si c’est le cas, pas d’inquiétude : si vous ne faites pas trop de bruit dans la cage d’escalier, personne ne sortira pour gueuler. Et vous pourrez donc opérer en paix. Penser à ses concitoyens, c’est essentiel.

Chez quelqu’un d’autre. Attention ! Ici, prudence : là encore pensez humain. S’il peut-être avantageux d’aller chercher la cible lorsque l’on arrive enfin à la localiser, il faut tout de même prendre des pincettes : des mineures à la légalité douteuse invitées chez autrui, ça peut aussi bien être une cachette pour sans-papiers qu’une villa de Berlusconi. Méfiez-vous, donc, un incident diplomatique est si vite arrivé.

Sur la balançoire jaune à gauche de l’écran. C’est bien parce que c’est vous : oui, il est possible de capturer un mineur sans papier sur une balançoire. Soit en remplaçant les cordes du jeu pour enfant la nuit venu pour les remplacer par un gros élastique, et sitôt l’enfant grimpé dessus, s’en servir de catapulte géante pour propulser le marmot jusqu’à Kampala, soit vous pouvez aussi simplement y mettre de la colle pour piéger l’animal et faciliter son transport. Bien sûr, d’autres jeux pour enfants peuvent s’avérer très utiles, comme par exemple la cage à poules, où il suffit simplement de rajouter des barreaux pour piéger toute une famille d’un coup.

Et avec ça, déjà, vous devriez déjà avoir de quoi rendre la France plus humaine selon les critères de l’opinion publique et le niveau des débats actuels.

Résumons.

A écouter les commentateurs, une bonne expulsion, c’est donc :

  • Un adulte, pas un enfant parce que c’est potentiellement kikinou (ce qui n’est pourtant qu’une légende urbaine)
  • Un truc qui se passe loin de ses propres enfants, il ne faudrait pas les perturber.
  • Un truc qui se fasse discrètement, parce qu’on en est pas très fier, mais si ça se voit pas, c’est okay.

Et si c’est fait comme ça, c’est bon : pas d’indignation !

Du coup, je suis rassuré : heureusement qu’il existait un moyen simple de calmer les défenseurs des Droits de l’Homme et autres combattants de la liberté autoproclamés. Et dire que pour un peu, je pensais que c’était le fait d’expulser des mineurs qui les choquait

Je suis naïf, parfois.

C’est fou.


Batman commence

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"Commissaire Gordon, commissaire Gordon !"

Le commissaire souffla dans sa moustache en se retournant pour fixer le jeune policier qui venait d’arriver sur le toit du commissariat, dégoulinant de sueur. Il s’étonna, en le fixant, des traits poupins de son visage : Gotham devait être en bien mauvaise posture pour que l’on en soit à recruter de pareils jeunots.

"Que se passe-t-il ?
- C’est… c’est incroyable ! On vient de perdre le contrôle de l’asile d’Arkham !
- Pour la 279ème fois ? C’est fou. 
- Bin oui… en attendant, toujours aucun signe de Batman ?"

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Le commissaire fixa le projecteur à côté de lui, braqué vers le ciel. Depuis des jours, ils tentaient de joindre le seul homme encore capable d’arrêter le chaos en ville, mais le chevalier noir ne s’était pas montré. Chaque nuit, l’anarchie gagnait un nouveau quartier, et les forces de l’ordre perdaient peu à peu du terrain. Les malfrats avaient une nouvelle arme, et il y avait fort à parier que Gotham tomberait bientôt, Batman avait échoué. Les forces du mal avaient été plus rusées que le plus rusé des justiciers.

Oui, pensa le commissaire, ils se sont montrés plus malins.  Fixant le ciel, il grimaça en voyant que le projecteur n’illuminait plus rien.

En effet, les malfrats avaient découvert le site de Météo France, et attaquaient désormais les nuits sans nuage. Sans nuage, pas de surface pour refléter le projecteur, sans projecteur, pas de Batman. Les bandits ne reculaient devant rien : qui aurait pu prévoir plan aussi diabolique ?

"Tout le monde", grommela Gordon dans sa moustache. "A part ce blaireau de Batman". Mais il se ravisa : après tout, qu’attendre d’un héros si mauvais que toute sa trilogie était entachée de décisions incohérentes et de plans foireux ?

Il repensa à comment tout cela avait commencé. Avec Batman Begins.

Comment Bruce Wayne est-il devenu Batman ? Pourquoi choisir une tenue de chauve-souris ? Chevalier noir, ou plutôt marron ? Ni une, ni deux, reprenons au début d’une série dont nous n’avions évoqué que le troisième volet, et spoilons mes bons !

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L’affiche : Batman, ce héros si sombre qu’il s’habille comme un collégienne mal dans sa peau. Respect.

Tout commence du côté de Gotham City, riante mégalopole nord-américaine alors que dans un riche manoir de la campagne voisine, deux enfants s’amusent follement (mais hélas pas au jeu du foulard) : Bruce Wayne, garnement et fils unique du couple de multimilliardaire possédant les lieux, et Rachel, son amie malgré le fait qu’elle ne soit pas aussi prout-prout que lui. Tout irait pour le mieux si, lors de leurs jeux, ce gros blaireau de Bruce ne se vautrait pas lamentablement au fond d’un puits oublié, menant aux souterrains sous la demeure Wayne. Plus de peur que de mal, et c’est le cas de le dire, puisque si Bruce n’est pas blessé, il n’en est pas moins agressé par les chauve-souris qui logeaient là. Et les tournantes de rongeurs volants n’étant pas parmi les hobbys favoris des enfants, le jeune Bruce sort de l’expérience quelque peu traumatisé. Il en fait des cauchemars la nuit : ah, toutes ces chauves-souris qui l’insultent, lui disent des choses sales, puis dessinent les courbes de son postérieur de leurs ailes de cuir en lui chuchotant à l’oreille que tout va bien se passer, qu’elles aiment juste la spéléologie,… bref : il se réveille souvent sale.

Aussi, un jour, Papa et Maman Wayne ont une super idée : s’ils emmenaient leur fiston à l’opéra (les enfants adorent) voir une représentation pleine de chauve-souris ? Ah, on sent qu’ils sont riches : ce serait maman qui laverait les slips, on aurait pas entendu le même refrain. Mais qu’importe : les Wayne se rendent sur place en utilisant les transports en commun, comme par exemple le métro aérien (sachant qu’ils habitent à la campagne dans un manoir solitaire à l’écart, il faudra m’expliquer comment ils ont fait leur coup : ils ont marché jusqu’à Gotham City ? Ils ont appelé un taxi pour lui dire de ne pas faire le trajet en entier parce que le métro, c’est plus rigolo ?). L’occasion pour Papa Wayne de débiter divers éléments du scénario : "Tu vois mon fils, ce métro aérien, c’est moi qui l’ai fait pour aider les prolos à se déplacer en ville ! Et puis tu sais, j’ai beau être le président d’une multinationale, je laisse ça à mes directeurs : moi, je me consacre à ma passion, la médecine dans les hôpitaux pour aider mon prochain. Bon, ça n’empêche pas que je me sois fait construire le plus gros building de Gotham, mais ça, c’est juste parce que j’ai… hem, ça va rester entre moi et maman, ça d’accord ?" bref, vous l’aurez compris : Papa et Maman Wayne sont tellement gentils, qu’on imagine bien que tous les dimanches, ils distribuent des crêpes aux sans-abris avant de toucher les écrouelles des gueux du coin pour les soulager de leurs afflictions. Affliction, hein, je n’ai pas dit "affligé", mais on en est qu’au début, patience. Papa et Maman Wayne expliquent aussi que pour lutter contre le crime, il faut lutter contre la pauvreté, ouvrir des écoles, etc.  Bref, ce sont des multimilliardaires de gauche, mais genre bien bien, hein, ils n’ont pas voté François.

Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes si, une fois à l’opéra, Bruce, en plus de se faire cordialement chier à se demander pourquoi tout le monde autour de lui a l’air fasciné par ce groupe de teutons déclinant de mystérieux poèmes en tenues colorées, se mettait aussi à paniquer en voyant des acteurs déguisés en chauves-souris. Plutôt que de fermer les yeux ou de couiner, Bruce pète donc un peu puis demande à ses parents s’ils peuvent sortir. "Pas de souci", dit donc Papa, toujours bienveillant. "Mais tu sais quoi ? On va pas sortir par la porte principale, on va plutôt prendre l’issue de secours menant à la ruelle pourrie d’à côté, comme ça, pour voir.". Et en effet : l’opéra étant accolé à une rue ressemblant à un quelconque sous-sol de Total Recall, le trio un peu con-con s’y engage sans raison avant de s’y arrêter lorsque surgit devant eux la silhouette chancelante de Maurice le clodo, qui armé de son pistolet, demande à la petite famille de laisser tomber portefeuilles et bijoux. Pas de souci : Papa Wayne est prêt à tout lâcher (pour Bruce, c’est déjà fait), mais malgré tout, faisant un geste brusque en voulant protéger sa femme, il déclenche le feu du malandrin qui abat Papa et Maman avant de s’enfuir sous les yeux du garçonnet.

Papa Wayne profite donc de ses derniers instants de vie pour dire une banalité du genre "N’aie pas peur" et non "Aaaah ! Appelle une ambulance fils d’imbécile ! Aaaah ! Putain ce que je douille ! Mais pourquoi je suis sorti par là, moi ?" puis, il meurt d’une manière qui ne sera pas sans rappeler Marion Cotillard deux volets plus tard, mais comme l’acteur était moins connu, personne ne s’en est offusqué.

Emmené au commissariat local, Bruce rencontre le sergent Gordon, gentil policier moustachu qui lui passe un manteau sur les épaules avant de lui dire que tout va bien se passer (oui, comme ça, hors contexte, je sais que ça sonne étrange, mais c’est un gentil moustachu à lunettes, vous êtes vraiment plein de préjugés). Et en effet, peu après, la police annonce avoir arrêté Maurice le clodo, ce qui provoque grand liesse chez les journalistes de Closer, mais un peu moins chez Bruce, qui est quand même un peu choqué. Il retourne donc chez lui enterrer ses parents près de la demeure ancestrale des Wayne, où il vit désormais seul, épaulé par son fidèle majordome, Alfred. La bonne nouvelle, c’est que maintenant, c’est lui qui décide à quelle heure aller au lit !

Le temps passe, et Bruce est devenu un jeune homme toujours hanté par le meurtre de ses parents, et qui 16 ans après le jour funeste, est revenu à Gotham qu’il avait quitté pour études (il n’a pas besoin de trouver un travail : il étudie donc probablement la philo) afin d’assister à l’audience de demande de libération de Maurice le clodo. A cette occasion, son amie d’enfance Rachel, qui a elle aussi bien grandi et est devenue adjointe du procureur, vient le trouver et lui explique que tu vois, Bruce, bon, on sait que tu as soif de vengeance, mais ça ne te mènera à rien. Et je sais que cette idée ne te plait guère, mais Maurice le clodo a noué des liens en prison avec le terrible parrain Falcone relâché depuis, et il a accepté de coopérer pour nous aider à le coincer. Du coup, il mérite de sortir et d’aider la justice.

"Grmmblllblblblll" répond Bruce, à qui on ne la fait pas.

"Grmmblllblblblll", te dis-je.

Et qui n’est tellement pas d’accord qu’il a emmené un pistolet avec lui à l’audience : il veut tuer l’assassin de ses parents parce que vraiment, il est colère. Sauf qu’à la sortie de la brève session, avant que Bruce ne puisse distribuer du pruneau dans les bidous, voilà-t-y pas qu’une femme sort de la foule et abat cette balance de Maurice en hurlante "T’as le bonjour de Falcone !". Frustré de s’être fait griller la politesse, surtout par une femme, ces étranges créatures qui ne savent même pas faire pipi debout, Bruce quitte donc le tribunal avec Rachel, à qui il avoue le sombre complot qu’il avait ourdi. En retour, il se mange une paire de taloches, ainsi qu’un beau discours. Il aurait préféré juste les taloches.

"Mais enfin Bruce ! La vengeance, c’est juste pour te soulager, tu vaux mieux que ça ! Ton père aurait eu honte de toi ! Lui au moins, c’était un grand homme !
- Qui n’était pas foutu de trouver la porte principale d’un opéra, soit dit en passant.
- Oui, alors, pas d’rapport, et puis en plus, lui n’essayait pas de prouver quelque chose !
- Est-ce qu’on peut reparler de son building géant avec ses initiales et de son train phallique, circulant au-dessus de toute la ville ?
- Je… bon, tu sais quoi ? Regarde, on va plutôt faire un tour dans les quartiers pourris que je t’explique. Falcone contrôle toute la ville. Tout le monde est corrompu. Le juge de l’audience avait insisté pour une audience publique justement parce que Falcone le voulait, pour pouvoir envoyer un assassin. Gotham pourrit sur pied parce qu’il manque des gens comme ton père, qui refusent de se laisser acheter, pour pouvoir aider la ville à lutter contre la pauvreté et donc le crime !
- Tu aurais juste pu dire "On manque de pognon", on serait allés plus vite tu sais.
- Raah, tu m’énerves, tiens-t-en au script !  Regarde toute cette pauvreté ! Ces clochards partout autour de la voiture ! Et Falcone qui parade dans son luxueux restaurant lui servant de QG et qui…
- Attends attends.
- Quoi ?
- Regarde le décor : est-ce que le réalisateur vient bien de caser un restaurant de luxe en plein milieu d’un bidonville ?
- Ah bin tiens, oui.
- Bon, on va faire semblant de rien. Et pour te prouver que je suis un mâle, un vrai, avec des pastèques dans le slip, je vais aller provoquer Falcone dans son restaurant. 
- Si tu veux, moi j’ai des trucs à faire, ça te dérange pas si je te dépose là et que je pars ? Parce que bon, c’est pas comme si la dernière fois qu’on avait laissé un Wayne dans un coin sombre avec des clodos, il y avait eu de deux morts, hein, mais moi aussi j’ai déjà oublié le début du film."

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Et Bruce regarde donc s’éloigner la voiture de Rachel. Puis passe la porte du restaurant de luxe de Falcone intelligemment installé au milieu des favelas locales. Et à l’intérieur, plein de gens riches et influents dînent donc, dont l’ami Falcone, qui en bon parrain arrogant, laisse notre jeune héros s’asseoir à sa table. Et lorsque Bruce lui dit que bon, en fait, il reste encore un Wayne debout, donc la ville n’est pas perdue, Falcone lui fait comprendre que s’il ne peut l’acheter, il peut le calmer par exemple en tuant sa copine Rachel ou son gentil majordome. Puis le fait jeter dehors, au milieu des clodos que visiblement, personne n’empêche de faire des feux de bidon pour se réchauffer en plein milieu de la rue devant l’entrée principale. J’imagine qu’encore une fois, tous les gens riches du restaurants sont venus à pied après être sortis des transports en commun puisque personne ne vient virer ces clodos qui pourraient gêner une circulation potentielle. Quand on est riche à Gotham, on est donc soit très écolo, soit très con. Sachant que Bruce est très très riche et que la Batmobile n’est pas électrique, je vous laisse deviner vers quelle issue on se dirige. Passons, le film est encore long, et c’est quand même déjà très mauvais.

Bruce est donc bien embêté : sachant qu’il dispose d’un empire gigantesque, de réserves illimitées de pognon, probablement bien plus que Falcone, et d’une influence politique certaine, comment pourrait-il faire quelque chose pour la ville ? Rah, c’est pas facile.

Du coup, il décide fort logiquement… de brûler toutes ses affaires et de devenir un clandestin.

Pardon ? Que…

Ho, misère.

Il court donc vers le port, et embarque sur le premier bateau qui passe. Officiellement, avec pour plan de "comprendre les criminels", mais c’est pas vraiment en subissant un toucher rectal à une quelconque douane qu’il va mieux comprendre les ruses et secrets de la mafia. Enfin je dis ça, hein, c’est pour aider, mais c’est Bruce Wayne quand même, il sait mieux que moi. Toujours est-il que son navire l’emmène en Chine, puis ses pieds le mènent au Tibet, où il vit de petits larcins, avant d’être arrêté par les autorités et enfermé dans une prison où d’autres détenus essaient régulièrement de lui casser la margoulette, mais échouent, parce que I’m Bruce Wayne, bitch.

Parce que oui, entre deux larcins, il a appris des dizaines d’arts martiaux différents. Hop. D’ailleurs, s’il maîtrise l’attaque de la panthère ou la posture du héron, notre héros a toujours la garde de la buse. Mais même s’il y a la place entre ses poings pour y garer sa C3, personne n’arrivera à y passer un pied, comme de bien entendu. C’est beau, tant de talent.

Evidemment, j’exagère : Bruce Wayne a aussi appris d’autres ruses de pauvre, comme comment déféquer dans les fourrés, ou raconter une histoire triste dans une rame de métro. Nul doute que sa lutte contre le crime en sera renforcée.

Bref, en prison, Bruce se tatane tant et si bien que les gardes locaux finissent par le mettre en isolement… et notre héros découvre qu’un caucasien en costume de ville l’attend dans sa cellule en se tripotant la barbichette.

"Bonjour, Bruce Wayne.
- Que… qui êtes-vous ? Que faites-vous là ?
- Mon nom est Ninjabouc, comme l’indique ma pilosité faciale aléatoire. Quant à ce que je fais ici : je suis venu te voir.
- Oui non mais d’accord, mais en fait, je voulais dire "Que faites-vous là en costume de ville alors qu’il fait -22, qu’on est dans une cellule sans vitrage en pleine montagne, et que ça pèle, un peu ?"
- Oh. Joker ?
- SPOILER !
- Que ? Bon, laisse tomber. Tu veux pas plutôt que je te dise ce que je suis venu faire ici ?
- Allez tiens, si.
- Bien. On reprend. Un homme comme vous ne disparaît pas si facilement, M. Wayne. Et je sais que vous êtes ici parce que vous avez soif. Soif de justice. Vous voulez comprendre la mentalité criminelle pour lutter contre eux. Je vous ai vu vous battre dans la cour. Vous êtes doué. Je veux vous aider à utiliser ce potentiel. Je fais partie d’une organisation : la ligue des ombres. Nous ne voulons pas former des justiciers faits de chair et d’os : nous voulons créer des légendes immortelles qui sèmeront la peur dans le cœur de nos ennemis. Veux-tu en être ?
- Hmmm…
- On a des tickets restos aussi.
- Okay tope-là.
- Bien : demain, tu seras libéré. Va chercher dans les montagnes à l’est d’ici une fleur bleue fort rare qui ne pousse qu’à très haute altitude. Lorsque ce sera fait, rends-toi au sommet le plus haut que tu verras. Et tu y trouveras ce que tu cherches."

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Puis, l’étranger s’en va, l’air mystérieux, en essayant d’ignorer la demi-douzaine de gardes qui pleurent de rire dans le couloir à cause de son bouc. Et dès le lendemain, sa promesse est tenue : les geôliers de notre héros l’abandonnent en plein milieu d’une route de campagne. Pas de problème, se dit Bruce Wayne : je n’ai jamais fait d’alpinisme, mais je suis sûr qu’escalader les plus hauts sommets du Tibet, ça se fait en deux deux et sans équipement, tranquille Emile. Et en effet : non seulement entre deux plans, Bruce arrive à générer magiquement des objets sur lui (je suis mauvaise langue : il les a peut-être eu comme loot en tuant des écureuils ou des lérots, ces petites créatures ont souvent des sacoches et des chaussures neuves dans leur inventaire), mais en plus, malgré la description pourrie de Ninjabouc digne d’une aventure du Schtroumph Bêta, il trouve la fameuse "fleur bleue", puis découvre que sur le sommet voisin, il y a un joli temple, auquel il arrive, épuisé. Quelques coups sur la porte, et celle-ci s’ouvre dans un grincement…

… révélant une déco digne d’une salle de bain de Sex & the City : le budget bougie est visiblement la première charge du bousin, ne manque que le bain moussant et les pétales de rose pour que tout soit complet. A peine est-il rentré que Ninjabouc apparaît, indiquant sur une sorte de trône un vieil asiatique.

"Bonjour Bruce, je vois que tu as trouvé la fleur bleue. Je te présente Ras’Al Ghul, notre maître à tous.
- Konnichi wa.
- Mais ? Il vient de parler japonais, là ! On était pas en Chine, voire au Tibet aux dernières nouvelles ?
- Ho, hé, hein, c’est un film pour geeks, alors tout vieux maître doit être japonais. Et puis hein, les asiatiques, bon. C’est un peu pareil tout ça.
- Rhooo !
- Bon, je propose de changer de sujet. Sache qu’ici, nous allons t’apprendre à devenir un fabuleux prédateur de criminels. Tu découvriras l’art du subterfuge, de la confusion, du combat au corps à corps… nous allons faire de toi un être invincible, invisible, mortel.
- Okay, on commence quand ?"

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La réponse intervient bien vite sous la forme d’un gros pied dans la gueule de notre héros, la première leçon étant de toujours être prêt. La seconde étant de toujours s’assurer que son adversaire a les pieds propres. Puis, l’entraînement peut commencer, et en effet, notre homme apprend à se défendre et à attaquer de toutes les manières possibles, à devenir silencieux, à semer la peur dans les rangs ennemis à l’aide de divers artifices comme de la poudre explosive ou des pochettes d’album de Stromae… et s’en tire plutôt bien au milieu des 100 ninjas locaux qui s’entraînent comme lui à devenir les meilleurs des meilleurs.

Un jour, Ninjabouc l’informe qu’il est temps de "tuer sa propre peur" ; il lui prépare donc un vieux bédo à partir de fleur bleue magique de la montagne, et lui tend en lui disant "Tiens, avec ça, tu vas planer jusqu’en Jamaïque". "Ho putain, c’est de la bonne !" s’exclame donc Bruce Wayne alors que la peur s’empare de lui et perturbe ses sens. "Et maintenant que tu es tout flappy, laisse moi te présenter l’épreuve ultime de notre temple." lui répond Ninjabouc.

L’épreuve ultime : "Retrouve mon barbier et tue-le"

Alors l’épreuve ultime du temple, pour vous la résumer, c’est une sorte de Où est Charlie chez les ninjas. Le but est simple : il faut retrouver, parmi les ninjas, et sous l’influence du bédo magique, lequel est Ninjabouc. Malgré la peur et les visions de nuées de chauves-souris, sa peur d’enfant, Bruce Wayne triomphe de l’épreuve et retrouve Ninjabouc en utilisant la ruse (il raconte une blague à Toto en anglais, et comme Ninjabouc est le seul à le parler, c’est le seul qui rigole en marmonnant "Pfff, Toto il fait caca devant sa maman !"  et se fait donc gauler. Ou alors ça ne se passe pas exactement comme ça, mais à ce stade du film, je crois qu’il valait mieux que j’enjolive tant cette oeuvre, pourtant encensée, est quand même un hymne à la daube). L’épreuve réussie, Ninjabouc propose à Bruce de devenir l’un des leaders de la ligue de l’ombre et de mener les autres ninjas sur leur prochaine mission.

"Ah bon ? Je passe directement grand chef, je suis pas bidasse d’abord ? Mais les autres ils sont pas un peu jaloux ?
- C’est un raccourci scénaristique subtil.
- J’étais d’accord jusqu’à "raccourci".
- Il suffit. Pour prouver ton allégeance, tu dois d’abord faire quelque chose : voici Chong, un gros fermier du coin. Il a tenté de voler les terres de son voisin, et nous l’avons condamné à mort car il ne faut pardonner aucun crime si on ne veut pas l’encourager. C’est à toi de l’exécuter. Tiens, prends ce sabre et décapite-le.
- Mais ? Mais je ne veux pas ! Je ne veux pas tuer les gens. Je veux les livrer à la justice.
- Pour qu’une administration incompétente les libère ? Ah !
- C’est à l’administration de les juger ! D’organiser leur procès ! Ils y ont droit ! Moi, je ne ferai que les livrer !
- …
- Oui, il y a un problème ?
- Bin je sais pas : tu serais pas en train de m’expliquer que c’est à la justice de faire la justice ?
- Si, pourquoi ?
- Bah du coup, c’est pas à la police de faire la police si on suit le même raisonnement ? "L’administration" ? Parce que pour un bon procès, il faut de bonnes preuves, une arrestation dans les règles, avec des droits, etc, non ? Sinon la justice risque très fort de relâcher les criminels pour procédure irrégulière et en fait, tu serais juste une sorte de gros boulet en collant qui plante toute les opérations judiciaires ?
- Heu je… je… je n’y avais jamais pensé… mais non, en fait je suis super fort pour faire la police parce que… si, voilà : d’après les fans, je suis un "super enquêteur". Avec des compétences inégalées dans le domaine.
- Ah oui ? Tu m’expliques où tu les as obtenues ces compétences, dans un monastère au fin fond de la montagne ? Tu as joué à Cluedo en cachette ? Vous avez fait des parties de "Qui a caché les collants de Jean-Jacques le ninja ?"
- Mais c’est dans le script ! Et puis tout le monde sait que Batman est super fort en enquêtes !
- Ah bin c’est clair que c’est chaud : le méchant a toujours une fâcheuse tendance à se faire repérer en hurlant "Haha, Batman !" même au milieu d’une foule et d’être habillé comme une chroniqueuse de Canal Plus.  Le coupable est pas trop dur à trouver, ça va, v’la les enquêtes.
- Bon allez ça suffit ! Je ne tuerai pas Chong ! Un point c’est tout ! Et puis d’abord, c’est quoi la première mission où vous voulez m’envoyer ?
- Détruire Gotham.
- Hein ?
- Oui, on s’est dit que c’était la pire ville du monde et qu’il fallait la raser à cause du crime qui la ronge.
- Tu as déjà ouvert un livre de géographie ? Répète après moi : "Tijuana". 
- Haaa mais ça suffit petite langue de pute ! Gotham est irrécupérable, alors, hop, on rase ! Et comme tu es un peu le messie là-bas, tu auras d’autant plus de facilités à y rentrer pour meuler des margoulettes.
- Jamais !
- Mais que fais-tu de la justice, hein ?
- Juste une question : dans "détruire Gotham", à quel moment vous pensez aux innocents, amis justiciers ?
- Ah heu… bon, tu sais quoi ? Si on se battait tous pour faire oublier ces dialogues lamentables ?
- Allez !"

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Tout le monde dégaine donc son arme pour régler ce conflit idéologique, mais Bruce Wayne, rusé comme un goupil, envoie une petite étincelle du côté des réserves de poudre locales, et une terrible explosion s’ensuit, puis une autre, puis une demi-douzaine d’autres, mettant Ninjabouc inconscient d’entrée de jeu, et détruisant l’intégralité de son armée de ninjas, qui attendaient tranquillement en se faisant les ongles.  Disciplinés, les enfants.

Dans la bagarre, Ras’Al Ghul se fait tuer par Bruce Wayne, mais un peu par accident. Puis, tout le monastère étant parcouru d’une immense série d’explosions (ils devaient stocker dix barils de poudre dans toutes les pièces, c’est pas possible autrement ; et dire que ces inconscients mettaient des bougies partout, c’est fou), Bruce s’enfuit, emmenant avec lui Ninjabouc inconscient (les autres ninjas, il s’en fout, ils n’avaient pas de nom). va le déposer dans un village voisin pour qu’un rebouteux local prenne soin de lui. Et lui dise bien que Bruce Wayne lui a sauvé la vie, ah mais dis.

Cela fait, Bruce se dit qu’il est temps de rentrer au pays : il appelle donc Alfred pour lui dire que ahaha, tu sais quoi vieux ? Je suis pas mort, c’était pour rire ! Allez, envoie moi un jet privé au Tibet que je puisse rentrer à la maison. Avant qu’Alfred n’envoie surtout un drone détruire la cabine téléphonique d’où l’imposteur passe l’appel, Bruce raccroche, et coup de bol, cette andouille d’Alfred l’a en fait cru sur parole et envoyé un appareil avec lui-même dedans. Sur le vol du retour, Alfred papote donc avec son jeune maître.

"Maître Bruce, quel plaisir de vous revoir.
- Oui et toi Alfred ? Ça biche ?
- Heu… oui oui. Maître Bruce, je me demandais… pourquoi revenez-vous à Gotham après toutes ces années ?
- Pour rendre la ville meilleure.
- Comme votre père ? Ho, quelle fierté ! Vous allez financer les organismes qui en ont besoin, veiller à la bonne distribution des fonds, relancer l’économie, lutter contre la pauvreté et…
- Non, je vais mettre des collants et mettre des claques à des voleurs de sac à main.
- Ah.
- Je dois devenir un exemple, une légende qui signifie que l’espoir n’est jamais mort, un symbole positif qui terrorise en même temps mes ennemis… je dois devenir la propre peur de mon enfance. Je dois devenir… un homme chauve-souris !
- Posez lentement ce verre, Maître Bruce, je crois que vous êtes complètement pété."

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Pendant ce temps, en Europe.

"James ? Jaaaames, je suis rentré !
- Maître Brice ! Ho, maître Brice ! Où étiez-vous ?
- Loin d’ici, James. Je crois que j’étais parti à la recherche de quelque chose… de moi-même, je crois. Et je me suis trouvé.
- Très bien Maître Brice. Allez-vous disparaître à nouveau ?
- Non, cette fois je reste pour de bon. Cette ville est ravagée par la pauvreté et le crime. Elle est décadente et a besoin d’espoir. C’est pourquoi je vais transformer mes peurs d’enfant en arme contre mes ennemis. Je vais devenir ce qui me terrorisait, je vais devenir…"
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Et c’est ainsi que Brice Van Der Waine, paisible habitant de Charleroi, la Gotham belge, devint ce qui l’avait terrorisé toute son enfance : un pédophile.

Depuis, les super-héros sont interdits en Belgique, et la logique de Bruce Wayne est passible de lapidation (mais avec des gayettes, Charleroi oblige).

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Bientôt, le jet privé se pose à Gotham, et Bruce retrouve le manoir familial, l’empire Wayne, toujours dirigé par les directeurs de l’époque de son père et qui va désormais entrer en bourse, les actions de Bruce, supposé mort, partant aussi pour une petite vente, Bientôt, le retour de l’enfant prodigue fait la une des journaux comme "Le Point" ou "Le Nouveau Détective", et Rachel est toute émue d’apprendre que son ami d’enfance est back in zi bizness. Puis, il va s’enfermer dans les souterrains du manoir Wayne, et commence à les aménager en base secrète pour héros en goguette, en installant lampes, tables, et posters d’Axe Cop (je soupçonne le scénariste des deux œuvres d’être le même). Puis, il va voir chez Wayne Enterprise s’il n’y aurait pas des bidules intéressants à récupérer, par exemple au département des prototypes, géré par Lucius Fox. Comme par exemple, un script qui tienne de bout. Ça il a pas, mais il a quand même des trucs en réserve.

Car ce dernier a évidemment tout ce dont l’ami Bruce a besoin pour l’aventure sous la main, comme une armure souple mais résistante, une cape permettant de flotter en l’air, et autres accessoires amusants. Bruce donne des excuses plus ou moins moisies pour obtenir ce matériel militaire (comme "second amendement dans ta face, margoulin"), mais comme c’est un peu le proprio de la boîte et que Lucius ne veut pas trop d’ennuis, il obéit sans poser de questions. Et repart avec ses affaires sous le bras, ainsi qu’une voiture blindée, mais ça aussi, personne ne le remarque.

Quand on voit ce que Lucius Fox a en réserve, on se dit que les réserves de Wayne Industries doivent être dans les mêmes locaux que les vestiaires de Lady Gaga

Heureusement, aucun des 260 ingénieurs ayant bossé sur ces projets, en les voyant à la télé durant une quelconque escapade de Batman, ne s’exclamera "Hey ! C’est un prototype de chez Wayne Industries ! J’ai bossé dessus ça ne devait pas sortir des réserves et il faudrait en plus des pétrachiées de brouzouf pour les entretenir et… ho ? Attendez, je crois que je sais qui est Batman, en fait."

Et top du top, Lucius Fox confie aussi à Batman un câble rétractable ultra-fin permettant de soulever pas moins de 150 kilos !

"Oui Bruce, je précise le poids pour une seule raison : tout le long du film, on te verra utiliser le câble pour soulever des gens avec toi. Sachant qu’avec ton corps musclé et ton matos, tu dois peser environ 110 kilos au bas mot, on va donc supposer que tous les méchants de la ville ne pèsent au maximum que 40 kilos. Ils ne sont pas très denses, quoi."

Encore une fois : il suffisait d’effacer cette ligne de dialogue pour couper une incohérence. Mais non, on a bien insisté pour rajouter du mauvais au médiocre. C’est affreux. Et ça n’est toujours pas fini.

Pour sa première escapade, Batman y va doucement : il se rend chez le sergent Gordon, le policier s’étant occupé de lui le soir du meurtre de ses parents, et accessoirement un des derniers agents des forces de l’ordre non corrompus de la ville. Batman lui explique donc qu’il est nouveau en ville, mystérieux, prêt à tout pour défoncer le crime, et qu’il voudrait bien commencer par Falcone, le parrain qui tient Gotham. Que faudrait-il pour cela ?

"Bah je sais pas, moi, des preuves ?" explique Gordon, décidément bien utile. Avant que Batman ne disparaisse dans la nuit. Bin ça alors !

En se renseignant un peu, notre héros apprend qu’il va y avoir une opération de débarquement de drogue sur les quais de Gotham, et irait bien y faire un tour. Mais déjà, Alfred a de bons tuyaux pour lui.

"Maître Bruce, vos escapades nocturnes sont intéressantes, mais prenez garde à ne pas être démasqué, cela pourrait vous coûter cher.
- Pas d’inquiétude Alfred : j’ai un masque et un cancer de la gorge portatif, personne ne me reconnaîtra.
- En même temps, Batman étant apparu environ 48 heures après votre retour ultra-médiatisé, je pense que même un élève de CM1 pourrait vous démasquer. Je ne vois qu’une seule solution.
- Abattre tous les CM1 de la ville ?
- Hmmm… oui, non, pas exactement. Je pensais plutôt à vous montrer en public et jouer le playboy pour que l’on ne soupçonne pas qu’un homme comme vous soit Batman.
- Alfred, êtes-vous en train de me dire que je dois m’envoyer putes et coke comme un vulgaire joueur de l’équipe de France pour le bien de la Justice ?
- Parfaitement Maître Bruce.
- Je bénis le jour où on t’a engagé comme majordome : en avant Guingamp" !

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Et Bruce Wayne se sacrifie donc courageusement en allant se prendre des kilomètres de rail de schnouf et organisant des castings pour la future Nabilla à lui tout seul, le tout en faisant le kéké dans des voitures hors de prix. Si cela l’aide à passer pour une andouille qui ne risquerait sûrement pas d’être Batman, mais plutôt éventuellement un candidat de télé réalité, cela déçoit un peu son amie Rachel, lorsqu’elle le croise lors d’une soirée avec deux damoiselles à demi-nues au bras en train de glousser. Ils échangent timidement quelques mots, mais avec tous ces gloussements, on ne s’entend plus : Bruce Wayne rentre donc chez lui. Et va enfiler son bat-slip.

Et cette fois-ci, on ne rigole plus, direction les quais pour notre super enquêteur préféré.

Et ce soir là, encore une fois, ces talents de super enquêteur vont être mis à rude épreuve car :

  • Les vilains déchargent la drogue de containers en plein milieu des quais les mieux éclairés, merci.
  • Des fois que ce soit encore trop subtil, puisque la drogue est cachée dans des peluches un lieutenant surveillant l’opération vient arracher la tête d’un ourson et brandir la came bien haut, histoire que Batman soit sûr que c’est bon, c’est bien des méchants.
  • Et si ça ne suffit pas, le lieutenant en question est aussi un flic ripoux, se montrant ouvertement avec les criminels histoire de bien se cramer.
  • Ho, et vous ai-je dit qu’il était venu en partageant la même voiture que le parrain Falcone, pour encore plus de subtilité ?
  • Ah, attendez, j’ai oublié d’ajouter que Falcone assistait en personne au déchargement sans aucune autre raison que "s’exposer inutilement".

Vas-y Batman, enquête fort, je sens que ça va être compliqué.

Batman attendait encore deux minutes et les méchants se menottaient tous seuls avant de s’expédier par FedEx directement au tribunal.

Non mais sérieusement.

Je vous passe l’escalade de la consternation lors de cette scène décidément bien bancale, surtout lorsque les malandrins décident de se disperser en groupes de un lorsqu’ils sentent qu’un justicier approche, comme ça, pour voir. Curieusement, ils finissent tous avec une bat-botte dans la face. Y compris l’ami Falcone, qui plutôt que de se barrer sitôt que ça commence à sentir le roussi, décide de sortir de sa voiture sans aucune protection pour courir les prés.

Mais ?

Bon. Concentrons-nous, j’ai les yeux qui piquent déjà un peu trop là.

Quelques heures plus tard, la police retrouve sur le toit du commissariat le corps de Falcone inconscient, ligoté contre un projecteur braqué vers le ciel, et donnant l’illusion d’une silhouette de chauve-souris contre les nuages. Quelle mise en scène ! s’exclame donc le sergent Gordon. "Oui, et d’ailleurs, comment a-t-il trimbalé un gros parrain de la mafia sur son dos dans toute la ville, escaladé un immeuble ce faisant et ligoté tranquillement le bonhomme en plein sur le commissariat sans que personne ne le remarque ?" ajoute un figurant tatillon, peu avant d’être viré.

Sauf que les choses ne vont pas se passer exactement comme prévu. Rachel est super contente de savoir que Falcone s’est fait attraper par un mystérieux justicier qui en plus a amené douze kilos de preuves à la police. Il va aller au trou, et pour longtemps ! Sauf que Falcone demande à voir le docteur Craine, un psychiatre qui l’a aidé à éviter le procès à beaucoup de ses hommes en plaidant la démence. Falcone espère donc qu’il va pouvoir utiliser la même ficelle pour le sortir de ce mauvais pas.

"Craine, espèce de bourricot, sortez-moi de ce trou ! Faites un rapport, dites que je suis fou, mais bougez-vous, je n’ai pas que ça à faire.
- Certes oui, mais parlez-moi sur un autre ton.
- Je te parle comme je veux, corniaud ! Je suis le parrain de cette ville. Et si tu n’obéis pas, j’ai des choses à balancer sur toi, comme toute cette drogue que mes hommes font rentrer en douce pour toi !
- Oui mais je ne travaille avec vous que parce que mon Maître le veut bien. Mon Maître qui vient bientôt en ville. Mon Maître qui n’a pas trop envie que vous balanciez que vous avez fait entrer sa drogue en ville. 
- Ah oui ? Et qu’allez-vous faire si je refuse de coopérer ?
- Ceci."

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Et le chenapan envoie un mystérieux gaz hallucinogène à Falcone, qui fait danser devant lui quantité d’illusions terrifiantes, comme le prochain budget du ministère de la culture. Pour rajouter à l’effet, Craine s’affuble d’un masque d’épouvantail, et terrorise le pauvre bougre jusqu’à ce qu’il en perde définitivement la raison.

Et, oui, il repart tranquillement, et personne ne trouve étrange le fait que le parrain se mette à hurler de terreur alors qu’il n’en faisait rien jusqu’à ce qu’il voit Craine.

Du coup, je pense qu’il se fait appeler "L’épouvantail" non pas à cause de son masque, mais probablement à cause de la poutre qui a servi à lui faire une petite spéléologie rectale lorsque les hommes du parrain ont vu qu’on s’était attaqué à leur patron.

Mais heureusement, dans le film, tout le monde se fout que l’on agresse le type le plus puissant de la ville. Ouf.

Pendant que la plupart des spectateurs raisonnables en sont à ce stade à jouer à Candy Crush Saga pour oublier, Batman lui est le seul à trouver étrange cette démence aussi soudaine qu’intense du principal suspect. Il enquête donc sur le Dr Craine, et lors d’une confrontation surprise, se retrouve en mauvaise posture lorsque le brigand lui envoie du gaz à la gueule.

Oui, parce que Batman n’est pas protégé contre les gaz. Ce qui signifie qu’il peut être repoussé par n’importe quelle blogueuse avec une bombe lacrymo dans son sac, ou éventuellement par Misou-Misou ou autre Bachar El Assad. Ah, un héros qui a pensé a tout sauf à l’arme la plus répandue dans les sacs à main de Gotham, quel talent.

Batman se met donc à halluciner et s’enfuit donc tant bien que mal, non sans avoir en plus avoir subi un début d’immolation de la part de l’Épouvantail. C’est donc Alfred qui doit aller chercher Batman ("J’ai fini de m’amuser, viens me chercher s’il te plaît, et amène mon goûter !"), le ramener à la maison à l’arrière de la voiture, et purger le poison durant deux jours à l’aide de Lucius Fox, appelé en urgence puisque comme chacun sait, dans un film américain, un éminent scientifique est… un scientifique, ce qui signifie qu’il excelle dans toutes les sciences, et peut reprogrammer un satellite comme générer un remède miracle contre n’importe quelle menace chimique. Ce qu’il fait donc en créant, en moins de deux jours, un antidote immunisant en plus définitivement le patient contre les effets du gaz de l’Épouvantail. Balaise : avec autant de talent, je suppose que Batman vit dans un monde où le cancer et le SIDA ont été éradiqués entre le fromage et le dessert lors d’une soirée chez l’ami Fox, le tout en utilisant comme seuls ingrédients pour le vaccin un reste de gouda, un gâteau aux abricots et une fondue savoyarde.

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"Alors Lucius, c’est vous qui avez terraformé Mars pendant la nuit ?
- Bah, je m’ennuyais et il me restait de la raclette."

A son réveil, c’est l’anniversaire de Bruce. Mais il n’a guère le temps de le fêter : Rachel est passée lui déposer son cadeau et lui annoncer qu’elle voulait en savoir plus sur les activités du Dr Craine. Elle se rend donc à l’hôpital psychiatrique d’Arkham, en plein quartier chaud patate, pour essayer de comprendre ce qu’il a bien pu se passer. Batman sentant que son détecteur à embrouilles s’allume comme un soit de débat Martine Aubry – Jean-François Copé, il file mettre son costume pour aller escorter sa douce.

Et ça ne manque pas : une fois sur place, Rachel croise le Dr Craine, et voyant que la belle a des soupçons sur ce qu’il se passe ici et la soudaine folie de Falcone il décide de… bah, de lui révéler tout son plan, tant qu’à faire. Bin oui, hein ! Il l’emmène donc dans le sous-sol de l’asile, non pas pour lui faire découvrir des plaisirs aussi interdits que multiples, mais bien pour lui montrer une armée de petits chimistes en train de déverser de la schnouf dans les conduites d’eau.

"Et voilà ma petite Rachel ! Grâce à mon plan génial, l’eau de la ville est remplie de ma drogue hallucinogène ! Et maintenant que tu sais tout, tiens, prends un petit coup de gaz ultra-dosé dans la face ; non seulement tu vas halluciner grave, mais en plus après, tu vas tout simplement mourir ! Tu n’as aucune chance de te sortir, sauf si Batman était évidemment dans le coin et avait en plus profité de mon plan inutilement raconté à voix haute, hahaha ! 
- Je suis là, épouvantail !
- BATMAN ! Ho bin ça alors ! Comme ce film est surprenant !"

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Batman surgit donc de l’obscurité et claque tous les bandits du coin, avant de s’en prendre à l’Épouvantail et de retourner le gaz contre lui, et sous l’effet de celui-ci, le méchant avoue travailler pour… Ras’Al Ghul ! Puis, il récupère la petite Rachel en train d’halluciner complètement ("Je trouve que David Pujadas est un grand journaliste") et fonce jusqu’à la Batmobile pour déguerpir à folle allure vers la Batcave où il reste un peu d’antidote pour Rachel, qui a sombré dans l’inconscience. S’ensuit une course-poursuite durant laquelle Batman roule sur des voitures de police, en envoie à pleine vitesse contre des piles de pont, en éjecte d’autres dans le décor… sacré Batman ! Heureusement qu’il est contre le fait de tuer des gens, et plus encore, des innocents ! Mais bon, en voiture, ça compte pas je suppose. Ou alors les policiers sont tous constitués de titane de carbone.

Toujours est-il que la maréchaussée ne parvient pas à rattraper la Batmobile, et Batman peut donc ramener tranquillement chez lui la jeune Rachel inconsciente dans sa cave.

Ça m’a un peu rappelé la maison.

Ah, et oui, Batman ne sème la police qu’à environ 100 mètres du manoir Wayne. Mais personne ne se doute que c’est là que Batman pourrait se cacher : après tout, c’est la seule bâtisse à 1 kilomètre à la ronde, il n’y a sûrement aucun rapport. La police décide donc de retourner au QG jouer au tarot, ce qui est bien normal.

Je vous laisse le temps de pleurer un peu, et on reprend.

Car pendant ce temps, à la Batcave, Batman réveille Rachel pour lui expliquer la situation.

"Coucou Rachel.
- Hooo, Batman ! Vous m’avez sauvée !
- Oui. Je tenais à vous dire que votre combat d’assistante du procureur pour la justice était super. Et que je n’étais pas Bruce Wayne.
- C’est rigolo parce que vous avez la même voix dans cette scène, pourquoi vous avez coupé votre cancer de la gorge ?
- Heu je… je sais pas. Vous ai-je dit que je n’étais pas Bruce Wayne ?
- Sinon, qu’allez-vous faire de moi ?
- Vous donner les deux dernières doses d’antidote qu’il me reste. Remettez les au sergent Gordon. Une pour lui, l’autre pour la production en série. Vous ai-je dit que Bruce Wayne avait un très gros sexe ?
- Que ? Je… J’ai cru entendre…
- En attendant, je vais vous filer un sédatif et vous vous réveillerez chez vous. 
- C’est une manie de me trimbaler partout pendant que je suis inconsciente ?
- Je lis de très bons blogs."

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Et hop, la pauvre Rachel est droguée, puis laissée à Alfred pour qu’il aille la déposer chez elle. Mais la soirée ne fait que commencer ! Car c’est toujours l’anniversaire de Bruce, aussi quantité de gens sont venus squatter chez lui pour boire son champagne. Bruce tente donc de ne pas se trahir en participant à la fête, prétendant avoir été retenu en ville par quelque affaire urgente, puis se mêle à la foule des invités.

Au passage : la Batmobile. Un véhicule pas du tout identifiable au premier coup d’oeil tellement il est commun. Quelle discrétion, ce Batman.

De son côté, le sergent Gordon, occupé à fouiller l’asile d’Arkham pour essayer de comprendre ce qu’était la fusillade sur place entendue plus tôt dans la soirée, y trouve donc le Dr Craine à moitié fou, et surtout, qu’une gigantesque quantité de drogue a été déversée dans l’eau de la ville ! Gordon se tourne donc vers un chimiste de la police étudiant la chose.

"Bon sang ! Qu’est-ce que c’est que ce dawa ?
- Il semblerait que les brigands déversaient de la drogue dans les canalisations sergent.
- Mais alors on en a tous ingurgité ! Pourquoi n’est-on pas atteint ?
- Parce que… c’est dans… les canalisations ?
- Oui mais l’eau du robinet, elle vient d’où gros malin ?
- Ho. Attendez, je lis le script… ah non. Bon. Bin écoutez, je sais pas.
- Super. J’espère que Batman va vite résoudre cette affaire parce que nous là, on est un peu des grosses buses.."

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Justement : pendant ce temps, il se passe des choses du côté de chez Bruce Wayne. Comme par exemple le fait qu’une convive lui dise "Bruuuce, hooo, Bruuuce il faut que je vous présente quelqu’un, vous allez voir, il a vraiment une pilosité faciale, on dirait une dédicace de Michael J. Fox". Et en effet, dans la foule des invités, Bruce aperçoit… Ninjabouc !

"Bonsoir, Bruce.
- Ninjabouc. Que faites-vous ici ? Que voulez-vous à Gotham ? Je vous ai sauvé la vie : allez-vous en.
- Je t’avais dit que ta pitié te perdrait. Nous allons détruire Gotham. La consumer. Et cette fois-ci, nous allons réussir.
- Comment ça "cette fois-ci ?" Vous avez déjà attaqué Gotham par le passé ?"

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Et là, attention, instant révélation.

"Oui, en effet : il y a des années, nous avons tenté de la détruire économiquement. Nous avons créé de la pauvreté et donc du crime. Mais ton père a commencé à lutter, à partager les fruits de son empire… il fallait qu’il disparaisse.
- Mon Dieu ! Vous voudriez dire que…
- Oui, c’est nous qui avons t…
- VOUS ÊTES LE FMI ! Vous pourrissez autrui économiquement !
- Hein ? Ho hé, pas d’insultes, on est maléfiques, mais quand même, 
- Ah ? Bon, d’accord, mais alors expliquez-moi un truc : vous luttez pour la justice, c’est ça ?
- Oui. On est juste un peu extrémistes.
- Mais alors si vous êtes capable de manipuler l’économie, vous pouvez aussi créer des périodes florissantes où le crime diminue de lui-même, non ?
- Heu… je… on y a pas pensé, tiens.
- Du coup, vous avez créé une crise à Gotham pour engendrer du crime, et maintenant vous montez une opération géante pour éradiquer Gotham à cause du crime qui la ronge ? Et donc, vous avez claqué vos ressources pour obtenir quelque chose, et maintenant vous claquez vos ressources pour lutter contre ce quelque chose, et ce tout à fait volontairement ? Est-ce que "pompier pyromane" vous dit quelque chose ?
- Non.
- Et "gros blaireau" ? Ça vous parle, ça, "gros blaireau" ?"

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Un peu vexé, Ninjabouc en finit avec les révélations : en fait, il n’est pas que Ninjabouc, il est aussi Ras’Al Ghul. Le mec que Bruce a tué à la montagne, c’était juste une couverture. Pourrie, mais une couverture. Maintenant, Ninjabouc compte bien faire bobo à Bruce. Mais Bruce, feignant la situation sous contrôle, fait sortir ses invités sans leur dire ce qu’il se passe en leur annonçant ce qui fait fuir n’importe qui en soirée :

"Je vais chercher le Time’s Up ! On va bien rigoler !"

Aussitôt, tous les invités ayant un minimum de goût et de bon sens fuient vers leurs voitures, et bientôt, Bruce et Ninjabouc se retrouvent seuls dans le manoir Wayne. Enfin pas tout à fait : Ninjabouc est aussi venu avec des hommes. Bien vite, un combat éclate alors que les méchants mettent le feu à la demeure ancestrale, et Bruce finit par terre après s’être pris une poutre en flamme sur le museau. Ninjabouc souffle donc :

"Tu as brûlé ma demeure et tu m’as laissé pour mort. Nous sommes quittes." dit-il avant de quitter les lieux, oubliant que, petit détail, au temple, Bruce l’avait sorti des décombres et amené à un médecin, pas abandonné inconscient aux flammes. Mais bon, c’est sûrement un détail, hein, je chipote.

Notez que Bruce Wayne est coincé sous une poutre qui n’a pas brûlé. Elle est donc juste tombée, comme ça, hop. C’est beau, le sens du détail.

Ninjabouc ainsi libéré de l’affreux Batman, il peut donc s’en retourner vers Gotham, et surtout vers l’asile d’Arkham. Où aidé de quelques hommes ayant "infiltré tous les niveaux de Gotham" (il faudra me dire quand, sachant que d’après le chronologie, Bruce Wayne n’est de retour en ville que depuis deux semaines tout au plus, et que tous les ninjas qui étaient censés infiltrer Gotham sont morts dans l’explosion du temple enchanté de Ninjabouc. Il a sûrement pris des ninjas intérimaires chez Vediorbis.), il passe les barrages de police encore en place après la fusillade ayant lieu sur place plus tôt, puis ouvre toutes les cellules des criminels enfermés. Autant dire qu’aussitôt, l’île d’Arkham sombre dans la panique, alors que les rues se remplissent de méchants. Toutes les unités de police disponibles sont donc envoyées sur place et maîtrisent tant bien que mal la situation.

Rachel, elle, arrivée sur place peu avant, a remis les deux doses d’antidote au sergent Gordon, une pour lui et une pour la production en série. Sauf qu’avec ce qu’il se passe sur l’île, Gordon préfère ordonner que l’on relève tous les ponts afin que les criminels ne puissent se répandre dans Gotham. Tout le monde est donc bloqué autour de l’asile, mais les quelques unités de police arrivées en renfort avant la remontée des ponts rétablissent bien vite l’ordre. Ouf !

Sauf que, pas de bol, Ninjabouc étant dans la place, il sort son arme secrète : un prototype de bidule micro-onde géant qui vaporise toute l’eau autour de lui et peut même faire bobo à plusieurs kilomètres de distance (non parce que si ça marche juste dans un rayon de 10 mètres, ça veut dire que ça ne marche que sur les réserves d’eau que vous contrôlez déjà). Celui-ci a été volé à Wayne Industries, et devait servir à "vaporiser les réserves d’eau de l’ennemi", ce qui est particulièrement con tant il y a des armes moins chères et plus efficaces pour ça. Le but de Ninjabouc ?

"Vaporiser toute l’eau contenant le poison que l’Épouvantail déversait dans les conduites d’eau : le gaz va ainsi sortir partout dans Gotham et rendre folle la population, et la ville se déchirera d’elle-même, obligeant enfin une vraie prise de conscience contre le crime et la décadence, hahaha, HAHAHA !"

Alors, oui, c’est intéressant pépère, mais du coup, c’était plus malin de juste empoisonner l’eau : ça aurait provoqué des crises de folie un peu partout dans Gotham, sans que l’on comprenne vraiment d’où ça vienne. Ou trop tardivement. Du coup, ça aurait un peu secoué l’opinion publique. Mais là, attaquer ouvertement la ville, bin la seule chose que ça va provoquer, c’est que tout le monde va se dire "Ho ! Des terroristes !" et du coup, se moquer éperdument du crime et simplement se mobiliser contre toi.  Mais bon, hein, c’est pas grave Ninjabouc, tu es mignon.

Ninjabouc installe donc sa machine dans le seul truc qui puisse encore sortir de l’île d’Arkham sans les ponts : le métro aérien de papa Wayne ! Son plan est simple : il va ainsi pouvoir faire éclater toutes les conduites d’eau en les survolant avec le métro, puis foncer au cœur de la tour Wayne où les rails vont et où se situent les centres de contrôle de la distribution d’eau. Et là, toute la ville sera condamnée, hohohoho !

Moui. Ou alors, plan B, puisque ton bousin a une portée de plusieurs kilomètres, tu visais la tour Wayne de très loin. Et pouf. Mais là encore, je ne suis pas un génie du mal, je ne dois pas savoir.

Cela n’empêche pas le bougre de mettre son plan à exécution, et bientôt, les plaques d’égout de la ville sautent l’une après l’autre sous la pression de la vapeur empoisonnée s’échappant des conduites, et tout le monde se met à grave flipper sa mère à cause des hallucinations liées au poison (comprendre : "ils voient tout le monde avec des yeux rouge, le tout avec des effets spéciaux kitsch"). A part Rachel, qui est immunisée grâce à l’antidote, et le sergent Gordon, qui s’injecte le bousin sur le champ. Et ça tombe bien parce que qui voit-il tomber du ciel ?

"BATMAN !
- C’est moi sergent. 
- Mais attendez, il y a deux scènes, vous n’étiez pas dans votre manoir en feu ?
- Si, mais je m’en suis tiré avec l’aide d’Alfred.
- Non mais ça d’accord, mais on vous voyait avec une grosse blessure au flanc, bien profonde, l’occasion d’ailleurs pour Alfred de vous implorer de vous accrocher alors que vous déliriez à demi-conscient. Elle est où la grosse blessure ?
- Ho. Cette… blessure. Qu’on a mis en avant dans la scène précédente. Celle-là. Je… hé bieeeeen… 
- Laissez-moi deviner : encore une scène rajoutée qui ne sert à rien à part pour mieux se mettre une bonne grosse incohérence ?
- C’est ça. Bon, Gordon, allez, on se concentre : il faut arrêter le métro aérien. Ninjabouc est dedans avec la machine à micro-ondes volée à Wayne Industries. 
- Oui, mais comment l’arrêter ?
- Je m’occupe de lui. Toi, prends la Batmobile, voilà les clés, et va t’assurer que le métro ne puisse atteindre la tour Wayne. Allez, en route, et t’inquiète chaussette, j’assure chaussure !"

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Consterné par les expressions moisies de Batman, le sergent Gordon saute donc dans la Batmobile, s’y enferme, et fonce vers la tour Wayne. Pendant ce temps, Batman via diverses acrobaties rejoint le métro aérien, et un combat s’engage entre Ninjabouc et lui, le tout, je le rappelle, à 15 centimètres d’un appareil vaporisant toute l’eau autour de lui. Mystérieusement, cela ne semble pas affecter nos héros, qui ne sont pas instantanément transformés en gâteaux secs ou en sénateurs français.  Mais ça continue par contre de vaporiser l’eau sous le métro, le poison se répandant donc peu à peu en-dehors de l’île d’Arkham, dans tout Gotham.

Batman accède brièvement aux commandes du métro, mais pas assez pour freiner. Il retourne donc se battre avec Ninjabouc, et finit par lui coller un bon vieux taquet dans le museau. Il retourne donc aux commandes pour de bon. mais par terre, vaincu, Ninjabouc ricane :

"Tu es vaincu, Batman ! Il est trop tard pour freiner à présent… la tour Wayne est toute proche ! 
- Mais, qui t’a dit que je voulais freiner ?"

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Et en s’écartant, Batman montre à Ninjabouc que plus tôt, il n’a pas essayé de freiner : au contraire, il a coincé l’accélérateur à fond. Car il compte sur le commissaire Gordon pour faire sauter les piles des rails du métro aérien juste devant la tour Wayne pour faire s’écraser le métro avec Ninjabouc et sa machine encore dedans !

Bon, je sais pas vous, mais décidément, je vois mal comment on pouvait faire plus mauvais. A savoir, à choisir entre "Tenter de freiner le métro, et si ça loupe, Gordon pétera les piles du pont" ou "Empêcher le métro de freiner, anéantissant ainsi une chance de plus d’arrêter le plan du méchant, puis faire accélérer le métro pour donner encore moins de chances à Gordon de réussir sa mission dans les temps, mission qu’il doit accomplir à l’aide d’un véhicule super compliqué qu’il n’a jamais piloté.", il faut être proche du lamantin avec des chromosomes superfétatoires pour choisir le plan B.

Ninjabouc, perplexe en comprenant que le plan de Batman est quelque part entre stupide et absurde. Mais comme le sien l’était aussi, ça va.

Mais malgré ce plan incroyablement moisi (heureusement que la grande force de Batman est son "intelligence", parce que sinon, je n’ose pas imaginer), tout fonctionne, Gordon détruit ce qu’il faut dans les temps, et le métro s’écrase, Batman sautant de celui-ci en n’emportant pas Ninjabouc : s’il ne veut pas tuer qui que ce soit, il se réserve le droit "de ne pas le sauver".

Quel con ce Batman. Pour rappel, sa logique c’est "Si je te mets dans un métro dont je fais sauter les rails et que tu en meurs, je ne t’ai pas tué !". Du coup, c’est pas souvent que les terroristes doivent tuer des gens : faire s’écraser un avion ou sauter un transport, c’est pas vraiment tuer des gens, c’est juste "ne pas les sauver d’une catastrophe qu’on a peut-être vaguement provoquée".

En tout cas, Ninjabouc est mouru, la machine détruite, et la ville est sauvée.

Pardon ? Comment ça "Et tous les gens empoisonnés" ? "Et le fait qu’en plus le gaz avait commencé à se répandre sous le métro aérien alors qu’il se rapprochait de la tour Wayne, le faisant sortir de l’île d’Arkham" ? "Et en plus, Lucius Fox avait dit qu’il faudrait des semaines pour produire de l’antidote en série" ? Hé bien vous savez quoi ?

Personne n’y pense. Et les centaines de milliers de personnes empoisonnées ne le sont plus, hop, sans explication. C’est magique.

Quel talent ce Nolan, vraiment.

On retrouve donc Bruce Wayne au petit jour sur les ruines de sa masure, lorsqu’il est rejoint par sa copine Rachel, à qui il a plus ou moins fait comprendre qu’il était Batman. Elle lui fait donc un gros bisou, mais pas plus, parce qu’elle ne veut pas être vu avec Bruce Wayne le playboy ; elle attendra donc que la ville n’ait plus besoin de Batman pour que Bruce Wayne redevienne celui qu’elle a connu et qu’il puisse se faire des bisous, des câlins, voire des orgies avec des poneys.

La nuit suivante, le sergent Gordon, promu inspecteur, a installé sur le projecteur du toit du commissariat une silhouette de chauve-souris pour ainsi joindre Batman lorsqu’il le souhaite. Batman arrive donc, amusé par ce système de communication, et tous deux ont une petite discussion :

"C’est l’escalade, Batman. Maintenant, qu’il y a un nouveau héros en ville, les bandits ont le leur. 
- Ah oui ?
- Oui, il signe même de sa carte : un joker.
- Mmm… cela sent aussi l’escalade à incohérences.
- Et vous n’avez encore rien vu, Batman ! Parce que pour beaucoup de gens, le second volet est le meilleur !"

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Prêt à affronter de nouvelles absurdités et une intrigue à base d’incohérences dans tous les sens, Batman saute donc du toit, et planant au dessus de Gotham, il file vers de nouvelles aventures et…

… FIN.

Batman n’ayant pas précisé qu’il habitait à la campagne, au départ, le commissaire mettait le signal un peu bas. Il fallu attendre le 73e braquage pour qu’il pense à monter l’angle du projo.

Diable. C’était encore plus mauvais que dans mon souvenir. Et pourtant, je n’avais déjà pas un bon souvenir.

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"Commissaire, commissaire !"

Le commissaire Gordon poussa un long soupir en voyant arriver derrière-lui le jeune policier chargé de l’avertir des pires nouvelles lorsqu’il était occupé sur le toit à attendre la venue de Batman. C’était devenu son corbeau, porteur de tous les messages qu’il aurait préféré ne jamais entendre.

"Que se passe-t-il cette fois ?
- C’est encore l’asile d’Arkham ! On a perdu le contrôle, tous les prisonniers se sont échappés et…
- Et il faut que Batman intervienne, je sais.
- Hein ? Non, comme c’est la 300e fois, on a juste fait un gâteau, dépêchez-vous, il n’en reste pas beaucoup ! Batman ne viendra pas de toute manière, non ?"

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Gordon haussa les épaules. Après tout, le jeunot avait raison : Batman ne viendrait pas. Il y a quelques semaines, il avait enfin réussi à contourner le problème des nuages : Wayne Industries avait, curieuse coïncidence, soudainement investi des millions de dollars dans un projet de régulation climatique couvrant Gotham de nuages supposés rafraîchir la cité chaque nuit. Comme toujours, il avait suffi de quelques semaines à Lucius Fox pour créer un prototype. Le projecteur avait à nouveau pu servir, même les nuits normalement sans nuages, et Batman avait recommencé à calmer les brigands.

Mais désormais, ces derniers avaient ourdi un plan encore plus génial, plus imprévisible.

En effet, ils attaquaient de jour.

Gordon caressa sa moustache en se disant que définitivement, Batman était une sacrée et inutile buse. Notant les troupes de malandrins paradant dans les rues au-dessous de lui, la police incapable de les arrêter alors que Batman refusait d’intervenir en journée, il haussa les épaules. Et se dirigea ves les escaliers pour rejoindre l’intérieur du commissariat.

Avec un peu de bol, il arriverait à temps pour avoir une part de gâteau.


Thor II : le script des ténèbres

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Pour comprendre le spoiler qui suit, il convient de rappeler les précédentes aventures de Thor.

En effet, celui-ci, fort popul… fort présent au cinéma, est déjà apparu non pas dans un, mais dans deux films ! Rien de moins. Et comme les choses sont bien faites, les deux ont été spoilés. Cela dit, je vous connais bande de gros fainéants, aussi vais-je me contenter de vous donner des résumés des épisodes précédents. Terrible, ça.

Allons-y donc :

Thor I : Asgard, planète des… Asgardiens. Une race bienveillante, bien qu’un peu con-con, qui protège 9 mondes, dont la Terre. Thor, fils du roi Odin, est un gros prétentieux digne d’un épisode de Sweet 16 ("Haaan, tu m’as offert un drakkar mais il est pas de la couleur que je voulais, je te haiiis pôpa !"). Son père, pour lui apprendre la vie, l’envoie donc sur Terre sous la forme d’un simple humain. Et Thor ne pourra revenir que lorsqu’il s’en sera montré digne, ce qui lui permettra aussi de pouvoir à nouveau soulever son marteau magique. Au même moment, Loki, frère de Thor débarque en disant "Hahaha, je vais trouver une ruse pour me débarrasser de Thor !". Ce qui est consternant, puisqu’en fait, c’est déjà fait. Pendant que les spectateurs se demandent qui a confié l’écriture du scénario à une classe de SEGPA, Loki envoie plein de monstres combattre Thor, qui peut donc prouver sa valeur, récupérer son marteau, et donc revenir sur Asgard. Oui, Loki aurait mis des pantoufles et fait des mots croisés aux toilettes, il gagnait, mais comme il avait un plan, il a perdu. Thor revient de son exil plus humble, plus posé, mais aussi plus amoureux de Jane Foster, une humaine qui lit un peu trop Science & Vie.

Avengers : La Terre dispose d’une organisation la protégeant de plein de trucs : le S.H.I.E.L.D commandé par un type qui combat tous les dangers, fut-ce des serpents dans l’avion. Celle-ci décide d’unir tout ce qui porte cape & collants pour lutter contre le mal, et réunit ainsi Captain America, Thor, Iron Man, Hulk, Scarlett Johansson et toute l’équipe de Robin des Bois, la comédie musicale. Ça tombe bien puisque Loki est de retour avec un plan encore meilleur : aider des aliens à conquérir la Terre. Le patriotisme de Captain America, le courage de Thor, le génie d’Iron Man, la force de Hulk, la combinaison moulante de Scarlett Johansson et bien évidemment les prestations scéniques de M  Pokora ont tôt fait de le mettre en déroute, non sans que le public n’ait remarqué que chaque étape du plan de Loki était en fait un gros condensé d’absurdités et d’incohérences. Les aliens vaincus, Thor peut retourner sur Asgard.

Prêt pour un nouveau volume des aventures du dieu de la foudre ?

Alors spoilons, mes bons !

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L’affiche : c’est bon, on a des projectiles en feu qui tombent du ciel, tout va bien. Et je reste un grand fan de Thor, le dieu au marteau en plastique mou.

Tout commence, non pas de nos jours, mais au commencement de l’univers, alors qu’une voix off nous explique comment tout cela s’est passé mais avec des connaissances scientifiques dignes d’un frère Bogdanoff. En effet, à en croire notre narrateur, au commencent, il n’y avait que les ténèbres, ce qui était chouette pour les moches, mais rendait la plupart des événements sportifs assez chaotiques. Mais des ténèbres naquirent (ne me demandez pas comment, je ne sais pas comment les ténèbres se reproduisent, probablement qu’elles se sont juste réveillées pompettes un matin sans savoir ce qu’elles avaient fait la veille, et hop) les elfes noirs, des créatures quelque part entre Legolas, Mouss Diouf et Eric Zemmour. Tout allait pour le mieux pour eux, jusqu’à ce que la lumière apparaisse dans l’univers, et qu’elle n’engendre elle aussi de nouvelles races, comme par exemple, les Asgardiens (les habitants d’Asgard pour ceux qui n’auraient pas suivi). Sauf que Malekith, le chef des elfes noirs, trouva que la lumière, tout ça, c’était un peu nul. Il se décida donc à utiliser l’Éther, une force mystérieuse, pour annihiler toute lumière et botter le cucul de toutes les gentilles races. Ah non mais Malekith, il est comme ça, il faut pas trop le chauffer.

Sauf que pas de bol pour Malekith : alors qu’il avait réussi à stocker l’Éther dans une sorte de gros monolithe qu’il gardait au chaud sur Choupi IV, leur planète mère, voilà-t-y pas que les Asgardiens menés par Bor, père d’Odin, débarquèrent pour meuler de l’elfe avant qu’il ne puisse mettre son plan à exécution ! Malgré l’ardeur au combat des elfes noirs et leurs super combattants, les Grügrü (il suffit qu’un elfe noir brise une pierre magique dans sa main et pouf, il se transforme en Grügrü, un gros elfe bodybuildé, c’est assez étonnant, je dois l’admettre), tous se font matraquer la margoulette et Malekith est obligé de s’enfuir avec le dernier vaisseau contenant les ultimes membres de sa race ainsi que son livre d’armée (comprenne qui pourra).

Sur Choupi IV, c’est la grosse fête, on a gagné, ouaiiiiis, sortez l’hydromel et les cookies ! Bor, qui a de son côté mis la main sur l’Éther, est bien embêté : ce truc est impossible à détruire tant il est puissant. Voilà qui est frustrant ! Il se tourne donc vers son bras droit, Bob.

"Bob, mon bon, je suis bien embêté, parce que l’Éther est imp…
- Oui, oui, on sait.
- Bon, tant mieux. Du coup je me disais : "si on l’enterrait dans un coin super secret ?
- Ce serait pas plus malin de le mettre dans notre gros coffre-fort super gardé ?
- Non. Va l’enterrer, te dis-je.
- Bon bin okay, hein, c’est vous l’chef chef."

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Guidé par son instinct de fox terrier, Bob va donc enterrer l’Éther comme on le lui a demandé. Mais guidé par son intelligence, elle aussi de fox terrier, il n’a pas dû tout comprendre parce que du coup il enterre que dalle et se contente de cacher le tout dans une quelconque grotte, parce que c’est moins fatiguant (mais d’après la voix off, il a très bien fait son travail, elle ne doit pas regarder le même film que moi). C’est bon, les elfes, l’Éther, les fox terriers, vous êtes prêts pour la suite ?

Alors bondissons dans le temps, hop.

De nos jours, sur Asgard, la planète kitsch qui ressemble à une pub Dior sous-budgétée, Loki, dieu de la rabouinerie, est escorté par des gardes jusqu’à la salle du trône où l’attend son père, Odin. Et le roi des dieux est un peu bougon, parce que bon, Loki a fait n’importe quoi dans Thor I, puis dans Avengers, et en plus la ramène encore alors que vu la qualité des films, hein, bon. Aussi, il est temps qu’il soit puni : il est ainsi condamné à la prison histoire de réfléchir à ce qu’il a fait, ce sacripant. Loki fait son petit caprice façon "J’m'en fous t’es pas mon pèèèère !" ou "Et pis d’abord t’as toujours préféré Thor alors qu’il est con comme une porte, bouhouhou !". Mais pas de chichi : au trou le galopin. Là-bas, il aura tout le loisir d’y pleurer sur son lit, d’écouter du Kyo voire de se faire un piercing au nombril. Quel rebelle.

Et Thor dans tout ça ? Et bien ce dernier est occupé sur l’un des 9 mondes sur lesquels veille Asgard (ce qui fait peu à l’échelle de l’univers, vous en conviendrez) à mouliner des méchants à coups de marteau magique. Les méchants du cru sont bien vite vaincus et leurs prisonniers emmenés sur Asgard. Thor peut donc rentrer à la maison pour entendre son père lui dire qu’il est trop super et qu’un jour, il fera un excellent roi, pas comme cette petite pute de Loki. Mais Odin a beau être borgne, il n’en est pas aveugle pour autant :

"Au fait mon petit Totor… 
- Papa, j’aime pas quand tu m’appelles comme ça, ça fait con.
- Oui hé bien justement, puisque… non attends, j’allais être un peu direct. Ecoute Totor, tu es grand, tu as de la barbe et un marteau magique maintenant. Ça serait bien que tu penses à… tu vois ?
- A passer le bac ?
- Moui… non. En fait, je pensais plutôt à te trouver une petite copine ! Parce qu’on est chez les vikings, l’homosexualité est punie de mort chez nous, alors qu’on soit clairs tout de suite, hein. Si tu as un truc à me dire, c’est maintenant.
- Mais heu !
- En attendant, je note que la petite Sif te tourne autour… elle ne te plaît pas ? Ou est-ce que tu penses encore à cette vile humaine de Jane Foster ?
- Mais je l’aime bien, Jane Foster…
- Mais enfin mon p’tit Totor ! C’est Nathalie Portman, c’est tellement 2005 de triper dessus ! En plus c’est une humaine, c’est comme les hamsters : on s’y attache vite mais ça vit pas longtemps. Alors oublie ses bajoues et va voir Sif.
- Grmblblblbl…."

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Thor est donc bougon, mais amoureux quand même. Il va donc en discuter avec Heimdall, le gardien (et viking black) du Bifrost qui peut voir tout l’univers, mais celui-ci a beau répéter "Vous m’emmerdez, Thor, j’essaie de bosser là", Thor s’accroche. Thor continue. Thor est relou. Thor emmerde son monde, bref, Thor chie (voilà, c’était le point "jeu de mot pourri" que vous guettiez honteusement, on peut passer à la suite).

Séquence émotion : Odin explique à Thor comment on fait les bébés. "Alors tu vois, le papa mets son drakkar dans le monastère franc de la maman, et ensuite…"

Pendant que nos deux larrons papotent, allons plutôt voir sur Terre ce qu’il se passe.

Car Jane Foster va bien, merci pour elle. Thor n’étant plus revenu la voir depuis les événements du premier film, soit deux ans, elle a décidé de recommencer à draguer (depuis deux ans qu’elle se réserve en bonne gentille héroïne, m’est avis qu’elle frôle quotidiennement la combustion spontanée), et est donc en plein rencard à Londres avec un des acteurs de The IT Crowd. Pendant que celui-ci lui parle de sujets comme le rien ou encore le néant, il sent bien que la belle n’est pas très concentrée et soupire encore à son ex viking de l’espace. Mais c’est alors qu’au beau milieu du rendez-vous débarque justement Darcy, l’assistante de Jane, avec un mystérieux appareil à la main : elle vient de détecter des signaux étranges, les mêmes que ceux ayant été captés juste avant la première apparition de Thor ! Allez Jane, il faut bouger : ton vœu de chasteté touche à sa fin !

Pas une minute à perdre : Jane laisse donc son rencard en plan pour filer avec son assistante droit vers l’origine des signaux, à savoir une vieille usine londonienne (mais où des gens stockent encore des camions tout neuf, ne me demandez pas pourquoi), où des enfants  ont eux aussi senti qu’il y avait un truc bizarre. En effet, sur place, des containers de plusieurs tonnes se sont mystérieusement empilés, probablement lors d’une partie de Jenga galactique, mais ce n’est pas tout ! Un camion s’est aussi mis à flotter en l’air, et désormais, même les enfants peuvent le pousser en tous sens sans rencontrer aucune résistance. Jane se dit qu’avec ça, elle pourrait enfin réussir un créneau, mais le clou du spectacle est bien mieux encore :

Il s’agit…d’une porte dimensionnelle !

Invisible, mais bien présente, il suffit d’y jeter un objet pour qu’il disparaisse et réapparaisse via une autre porte située ailleurs dans la bâtisse. Bon, des fois, ça ne réapparaît pas, mais bon, c’est rigolo quand même.

"Haaan, je vais y jeter les clés de la bagnole !" s’exclame donc Richard, l’assistant de l’assistante de Jane, et accessoirement Jar Jar Binks de location.

Evidemment, donc, les clés ne reparaissent pas. Qu’est-ce qu’on se marre. J’ai dû demander à mes voisines de me tenir les côtes tellement je riais. Ensuite, je leur ai demandé de tirer très fort en espérant mourir, mais ça n’a pas marché. Il faudra que je ruse plus fort la prochaine fois.

Bref. Jane, elle, décide de se séparer du reste du groupe pour explorer la bâtisse à la recherche d’autres portails. Mais ce faisant, évidemment, elle en passe un par accident… et se retrouve au fin fond d’une grotte, avec à côté d’elle, ho bin ça alors, un gros monolithe ! Et en s’approchant, elle voit un liquide écarlate s’agiter en son sein (le sein du monolithe, hein, soyons raisonnables) : l’Éther ! Sauf que sitôt qu’elle est assez proche, le liquide jaillit et fond sur elle en tentant de l’envahir…

… et Jane se réveille dans un coin de l’usine désaffectée, se disant que ouf, tout cela n’était qu’un mauvais rêve ! Elle sort donc du bâtiment, et est très étonnée de trouver celui-ci cerné par la police : Darcy lui explique que c’est parce que tout le monde la cherche, Jane a en effet disparu pas moins de 5 heures ! Darcy, après avoir téléphoné pour annuler l’Alerte Enlèvement et le plan épervier, note alors d’autres choses étranges :

  • D’abord, la pluie londonienne qui s’abat en ce moment même semble ne pas tomber sur Jane, ni dans un cercle de 3 mètres autour d’elle, ce qui est peu banal, j’en conviens.
  • Ensuite, tombe soudain du ciel un mec tout blond à cape rouge et marteau magique : THOR !

Il pleut vraiment n’importe quoi de nos jours. Des retrouvailles émues sont cependant de mise.

"Thor ! Ho, Thor, pourquoi ne reviens-tu que maintenant ? Tu m’as tellement manqué ! Je pensais à toi à chaque fois que j’écoutais Sabine Paturel, tu sais "T’es pas d’accord, t’as Thor, c’est tant pis, mois je mords !"
- Heu… certes ? Ecoute, j’étais en mission pour pacifier les 9 royaumes sur lesquels Asgard veille, ça me prenait du temps. Mais t’inquiète, j’ai demandé à Heimdall de veiller sur toi.
- Ecoute Thor, c’est gentil, mais savoir qu’un gros black me regarde quand je suis sous ma douche ou que je fais caca, c’est moyennement romantique en fait. Mais d’ailleurs, pourquoi être revenu aujourd’hui spécialement ?
- Heimdall t’avait perdu. Tu as disparu l’espace de quelques heures, ce qui est impossible, tant rien ne peut se soustraire à son regard ! 
- Non mais c’est bon, c’est géré. J’ai traversé un portail magique, me suis retrouvée face à un gros caillou, et ensuite j’ai été attaquée par une sorte de liquide fan de hentai. Mais ça va.
- Non attends… je sens qu’il y a un problème."

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Et oui, il y en a bien un : car non seulement la pluie ne tombe pas sur notre amie, mais en plus, lorsqu’un policier vient la voir en lui demandant ce que c’est que ce bordel de disparaître sans prévenir et d’affoler tout le monde, et ce que fait ici un cosplayeur peu talentueux, celui-ci lui touche le bras… et un éclair écarlate propulse le bougre 10 mètres en arrière !

"C’est pas banal." s’exclame donc Thor qui bien que peu au fait de l’anatomie humaine, est relativement au courant qu’on y trouve peu de bobine de Tesla.  "Bon, on va étudier ça : Heimdall, active le Bifrost !". Et dans un formidable spectacle son et lumière, Thor et Jane disparaissent instantanément à la surprise générale, pour mieux aller atterrir… sur Asgard !

Mais allons voir ce qu’il se passe ailleurs dans l’univers.

Car au fin fond d’un champ d’astéroïdes, un vaisseau qui était resté en sommeil depuis plusieurs millénaires se rallume doucement et réveille ses occupants : Malekith et les derniers elfes noirs ! Aussitôt, ces derniers semblent être au courant de tout le script. On va donc supposer que leur vaisseau les a mis au courant, probablement de sa douce voix digne d’un épisode d’Ulysse 31.

"Zzzz…
- Maître Malekith, mes senseurs détectent l’Éther. Celui-ci vient d’être activé par la présence de quelqu’un.
- Zzz… hein ? Ordinateur ! Dis-m’en plus !
- Il semblerait que l’Éther se soit abrité dans un hôte humain. Nom : Foster. Prénom : Jane. Race : humaine. Profession : docteur en astrophysique.
- Sacrebleu. Ordinateur, réveille tout l’équipage, nous allons la chercher. Dis-moi où elle se trouve.
- Mes senseurs détectent sa présence sur Asgard. Ainsi que sur plusieurs DVD de la trilogie Star Wars. Maître Malékith, puis-je vous proposer de lui bouyave la tête ?
- C’est exactement mon plan, ordinateur. Vite ! Cap sur Asgard !"

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5 000 ans de sommeil et même pas un brossage de dents. Pas besoin de vous armer les mecs, ça devrait être vite plié.

Et le vaisseau, qui dispose d’un système de camouflage lui permettant de devenir invisible, file donc vers la planète de ses ennemis jurés. Mais à son bord, Malekith a déjà un plan. Ho non, pas un plan, on sait tous que c’est toujours pourri ! Bon, allez, je ne suis pas chien : laissons-lui une chance. On vous écoute les enfants.

"Hmm… ce qui serait bien, ce serait d’affaiblir les défenses d’Asgard. Ah bin tiens, je sais comment. Michel ! Ho, Michel !
- Maître ?
- Michel mon petit, je sais que ton activité de comptable au sein du vaisseau te pèse un peu, que dirais-tu de lâcher Excel pour un peu d’aventure, hein ?
- Ho oui Maître !
- Bon alors voilà le plan : on va te déposer sur un des mondes sur lesquels veille Asgard. Tu y fous un peu la zone, ils viennent te chercher, tu te rends. Là, ils te mettent au trou. 
- Heu… oui ?
- C’est là que mon plan est génial ! Nous allons cacher sur toi une pierre magique qui te permettra de te transformer en Grügrü et d’ainsi semer le chaos au cœur même de leur forteresse !
- Je… je sais pas, c’est un film tous publics… "dissimuler un caillou enchanté dans mon cul" ne fait pas vraiment partie des choses tolérées, non ?
- T’inquiète Michel, j’y ai pensé, on va pas faire comme dans les autres films de prison. Regarde, d’abord, je vais te planter cette dague dans le bidou.
- Mais AÏEUH !
- Puis cacher le caillou dans la plaie, hop. Maintenant, va Michel, va semer le désordre car sous forme de Grügrü, aucun arme d’Asgard ne peut te faire de mal !
- Hein ? Mais dans l’intro du film, on voyait clairement des Grügrü se faire démonter, non ?
- Ha ? Heu… hohoho… hem, Michel, mon petit, on va oublier : allez, va te faire capturer puis semer le chaos sur Asgard !

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Revenons à Asgard, donc. Où Jane a été emmenée par Thor dans une salle où moult médecins locaux analysent ce qu’il se passe dans son corps. Asgard découvre ainsi, entre deux restes de burritos, un étrange liquide : l’Éther ! Celui-ci est à l’origine des mystérieux phénomènes autour de Jane, et tente de protéger son hôte. D’où le fait que ça balance des éclairs quand on la touche (sauf quand Thor lui fait des bisous, l’Éther est vraiment sympa) ! Par contre, mauvaise nouvelle : ça pompe aussi son énergie vitale. Du coup, bah, elle va mourir. C’est ballot.

Odin, qui a appris que son fils avait ramené sur Asgard une humaine shootée à l’éther, débarque avec une pelle et un sac poubelle dans la salle, mais comprenant qu’il s’agit de l’Éther avec un grand E, lâche tout son matériel et décide de raconter l’histoire de l’Éther à son fils et sa copine. Il conclut celle-ci à peu près ainsi :

"Et c’est ainsi que mon père, Bor, colla une branlée aux elfes noirs et récupéra l’Éther pour le planquer, mais visiblement, pas bien. Fin.
- Mais alors, il n’y a pas le risque que les elfes noirs reviennent ?
- Meuh non. Ils sont tous morts.
- Mais on a jamais retrouvé leur chef, ni son vaisseau, ni son état-major, ni une partie de ses hommes, non ?
- Oui, mais hohoho, aucun rapport. Ils ont sûrement refait leur vie en Amérique du sud et sont morts d’une overdose de coke dans leur hacienda.
- Ah bon, bin okay alors."

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Le plan est donc le suivant : glander sur Asgard, et attendre que quelqu’un trouve un remède miracle pour sauver la petite Jane. Sauf qu’après quelques temps à aller causer avec ce qu’elle espère être sa belle famille, Jane voit les événements prendre une étrange tournure. Finies les vacances !

Tout d’abord, du côté des prisons. En effet, Michel l’elfe noir, qui s’était habilement camouflé dans une armure complète pour ne pas que l’on découvre que non, tous les elfes noirs n’avaient pas disparus, s’est fait capturer et enfermer. Non, personne n’a pensé à lui retirer son armure ou à le fouiller. Du coup, Michel se dit que cette histoire de caillou planqué dans une plaie, bah ça servait à rien. Bon, tant pis : il prend son caillou magique, l’écrase dans sa main, et instantanément, se transforme en Grügrü ! Ses compagnons de cellule qui pensaient avoir l’avantage dans les douches sont bien embêtés.

Michel le Grügrü pète donc la barrière enchantée qui l’empêche de sortir de sa cellule, éclate les gardes, puis libère les autres prisonniers, sauf Loki, qui a quand même une tête d’Asgardien (il peut en changer à volonté, mais n’y pense pas, chapeau Loki).  C’est donc la grosse émeute de prisonniers qui démarre !

Toute la forteresse d’Asgard résonne donc du son des alarmes, et les gardes se précipitent vers les prisons pour tenter de rétablir un peu l’ordre, hein, ho, c’est quoi ce bordel, vous allez vous calmer tout de suite, ça suffit ! Sauf qu’au même moment, Heimdall, qui était occupé à mater toutes les baignoires de l’univers, entend soudain un son étrange à côté du Bifrost : sortant de celui-ci, ses supers yeux détectent un énorme vaisseau avançant en mode furtif : les elfes noirs !

Ni une, ni deux, il saute du pont menant au Bifrost vers le vaisseau… et l’endommage à coups… de poignard !

Si. Il poignarde le vaisseau.

Mais dans le dos, alors il a des bonus je suppose.

Le vaisseau devient donc visible, et lâche donc alors une nuée de vaisseaux plus petits qui se mettent à semer la zone dans Asgard ! Odin comprend donc que l’émeute des prisons n’est pas une coïncidence. Et voyant que c’est un vaisseau elfe noir qui attaque, il comprend qu’ils viennent pour l’Éther. Il demande donc à Jane de suivre sa femme, Frigga, pour aller se cacher dans une salle en haut du palais. Pendant ce temps, lui va aller calmer les prisonniers en personne (c’est vrai, autant aller là où c’est le moins dangereux, bien joué mec). Quant au vaisseaux qui attaquent, il ordonne que l’on sorte les chasseurs (des petits bateaux volants kikinous avec des mitrailleuses) et les batteries de DCA. Mais bon, ils ne touchent pas grand chose, il faut bien le reconnaître. Visiblement, visée et hydromel ne font pas bon ménage, sacrés Asgardiens !

Michel le Grügrü fait lui tranquillement son chemin dans le palais, dont il pète promptement les défenses. permettant à l’un des petits vaisseaux elfes noirs de rentrer. Et quand je dis rentrer, c’est rentrer hein : il défonce l’entrée, les colonnes de la salle du trône et s’arrête dedans mais va bien, merci. Et alors que la garde du palais se met en position pour accueillir d’éventuels envahisseurs, en jaillit… Malekith !

"Bonjour les gueux !"

"Haaan l’autre il utilise un fusil ! Comment c’est d’la triche !"

Et coup de bol pour Malekith : les Asgardiens sont aussi cons que prévu. A savoir qu’alors que les elfes, qui ont pourtant pioncé durant plusieurs millénaires, attaquent au fusil laser et à la grenade, les Asgardiens, qui leur avaient déjà collé une pile par le passé et ont en plus logiquement plusieurs milliers d’années d’avance technologique… ripostent à l’épée et au bouclier. La prochaine fois, je suppose qu’ils leur tendront une embuscade avec de la mie de pain.

Ho. Tiens, je vais utiliser le chloroforme sur moi-même voir si ça me permet de passer cette scène.

En tout cas, autant vous dire que les Asgardiens se prennent une branlée. Malekith a même des grenades qui font de petits trous noirs temporaires, permettant de faire bobo aux gardes, mais aussi de détruire le trône d’Odin, histoire de se la raconter un peu. Cela fait, Malekith se fraye un chemin jusqu’à l’une des plus hautes salles du palais d’Asgard, où son pif magique lui a permis de détecter que se planquait une fille pleine d’Éther. En tout cas, je suppose que c’est son pif magique, parce que sinon il n’y a aucune explication. Que l’on ne vienne pas me dire que je suis de mauvaise foi : j’essaie de sauver le film comme je peux, voyez ? Tsss.

Mais sur place, surprise : Frigga, une épée à la main (raah, mais mets lui un coup de blaster et n’en parlons plus !) protège Jane. Il faut donc que Malekith demande à Michel (qui l’a rejoint) d’aller distribuer des mandales pour que la bougresse se calme un peu et laisse libre champs à Malekith pour approche de Jane… qui à sa grande surprise, disparaît :  ce n’était qu’un hologramme !

Ah oui ? Alors expliquez-moi comment il a été guidé jusqu’à cet hologramme, puisque lui, c’est l’Éther qui le guidait ? Bon bon bon. Je veux bien essayer de sauver le film en inventant des trucs, mais si même là on s’auto-pourrit, ça va devenir compliqué quand même. Je vais reprendre un peu de chloroforme, tenez, hop.

Toujours est-il qu’un peu bougon, Malekith et son copain Michel, se tournent donc vers Frigga "Mais enfin, tu es bête ou bien ? S’il y avait une salle super secrète où cacher la fille pour que même mon nez magique ne la sente pas et la confonde avec un vulgaire hologramme, pourquoi tu t’es pas planquée avec, hein ? Allez, meurs, tiens."

Et crac, donc : au revoir Frigga.

Thor, qui arrive sur ces entrefaites, est donc très grognon : en bon dieu des éclairs, il en envoie un gros sur Malekith, lui arrachant la moitié du museau. Malekith se replie donc en urgence aidé par Michel, et regagne son vaisseau mère sans encombre, probablement récupéré par un autre vaisseau plus petit, ou un simple trou dans le script, allez savoir. Cela fait, le vaisseau-mère redevient invisible… et c’est tout.

Non, pas de "Trouvez-moi ce vaisseau et abattez-le !", pas de tirs de DCA massifs sur l’appareil pendant qu’il disparaissait (voire avant, mais là, je suis ambitieux), pas de recherches… non, tout ça, c’est nul.

On va plutôt aller se boire une mousse.

Non non : je ne rigole pas, les mecs viennent de se faire massacrer, savent que le vaisseau ennemi n’est pas reparti (alors qu’ils n’ont aucun moyen de le savoir, mais passons, ils le savent) et que les elfes noirs peuvent surgir à tout instant, mais ils laissent tomber pour le moment. A la place, ils organisent de grandes funérailles pour Frigga et les guerriers tombés, et une grande foule se masse pour rendre un dernier hommage à tout ce petit monde.

Personnellement, j’aurais été un vaisseau elfe noir venu là pour tout détruire, je serais sorti trente secondes de mon invisibilité pour tirer dans le tas, mais il faut le reconnaître : je suis joueur.

Bref, les funérailles se passent, et enfin, Thor se décide à aller voir son papounet pour discuter de la suite des hostilités, puisqu’il convient de venger maman Frigga. Odin, en vieux sage, a cependant déjà tout prévu. Et attention, ça parle grosse stratégies. Encore une fois : pourquoi est-ce que dans aucun film, aucun personnage ne semble pouvoir monter un plan crédible ? Je vous laisse constater par vous-même la chose, en plus des incohérences :

"Père, père ! Malekith a tué mère, il doit payer !
- Totor mon lapin, il faut te calmer. Si les elfes noirs reviennent, on va leur botter le cul cette fois-ci, et pour de bon.
- On va enfin penser à utiliser des fusils et mitrailleuses ? Technologies que l’on maîtrise vu qu’il y en a sur nos vaisseaux ?
- Non, faut pas déconner, on doit rester une peuplade kitschounette. On va juste les attendre, mais cette fois-ci, tous nos guerriers sont prêts. 10 000 lances contre une poignée d’elfes noirs.  Quel dommage que l’on ne puisse pas voir leur vaisseau ! Même Heimdall ne le peut !
- On parle bien du Heimdall qui peut tellement bien le voir que tout à l’heure, il l’a attaqué au poignard ?
- Heu oui heu… hé bien… il… roh, m’emmerde pas Totor. C’est comme ça, voilà, il peut plus, pouf, comme ça ça nous empêche de terminer le film en 2 minutes chrono. Bref, disais-je : "Quel dommage que l’on ne puisse pas voir leur vaisseau !"
- Oui, si seulement nous avions accès à un de leurs vaisseaux pour étudier un peu comment ça fonctionne… 
- Monchieur Odinch ?
- Une seconde Thor. Oui Beatriz ? Pourquoi nous dérangez-vous ?
- Oui, ch’était pour vous demandèche… qu’èche que che fais avec lé vaisseau elfe noir crashé dans la salle dou trône ? Jé pache lé balai quand même ?
- Mais je ne sais pas moi, raaahlala ! Le petit personnel ! Bon, on en était où mon p’tit Totor ?
- On disait qu’on était dég’ de pas avoir accès à un de leur vaisseaux pour étudier leur technologie.
- Ah oui, c’est ça."

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Mais pendant que certains spectateurs essaient d’invoquer le dieu de la foudre dans la salle pour qu’il les libère de leur supplice d’un éclair salvateur, voici que le ton monte entre les deux Asgardiens.

En parlant d’éclair : ça, c’est Malekith après s’être mangé la foudre de Thor dans la gueule. Notez que sa couleur de peau varie en fonction des scènes, de tout blanc à bien rose. Sachez qu’il en ira de même avec ses yeux. Encore une fois : combien de millions au budget, rappelez-moi ?

"Alors c’est ça, père ? Votre plan, c’est d’attendre ?
- Bin en même temps, s’ils reviennent, on a de quoi les démonter. Et sans l’Éther, ils ne peuvent pas faire grand chose. Alors oui.
- Mais ils ont tué maman !
- Oui, j’ai remarqué. Pas de pieds froids dans le lit cette nuit, j’ai tout de suite vu la différence.
- Moi, j’ai un plan.
- Allons Totor, tu sais bien que tu es con.
- Mais si, écoutez : je prends Jane avec moi puisque c’est elle qu’ils veulent !
- Oui.
- Ensuite je vais sur une planète super loin !
- Oui.
- Là ils arrivent pour la chercher !
- Oui.
- Et là… on se bat !
- Attends, je résume : ton plan, c’est plutôt que de les attendre chez nous avec 10 000 hommes, aller les attendre en terrain hostile avec toi tout seul ? Comme ça ils n’auront que toi à tuer pour avoir l’Éther ?
- C’est ça ! Alors ? Alors ? C’est oui ?
- … mais qu’est-ce que j’ai fait au bon moi pour mériter une buse pareille ?"

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Odin explique donc à Thor qu’il ne suivra pas son plan, trop risqué (stupide se dit donc ainsi en asgardien, très bien, je le note), et que Thor a pour ordre de rester sur Asgard pour attendre l’assaut des elfes. Mais vous connaissez le héros moyen : si vous lui interdisez quelque chose, il le fait dans les dix minutes. Du coup, Thor va trouver tous ses amis, à savoir la brigade des Jean-Jacques + Sif & Heimdall et leur explique son plan. Tous le trouvent super, ce qui expliquent pourquoi ils sont ses amis : je pense qu’ils se sont rencontrés à la COTOREP viking. Heimdall insiste à nouveau sur le fait qu’il ne peut pas voir le vaisseau elfe noir, histoire de bien réappuyer une incohérence, et qu’il ne peut pas donner accès à la troupe au Bifrost sans l’accord d’Odin. Il leur faut donc trouver une autre issue. Pas de problème : les Jean-Jacques vont faire diversion pendant que Thor va chercher la seule personne qui puisse l’aider à quitter Asgard : Loki ! Car celui-ci connait tous les passages super secrets. Rapidement, les deux concluent une trêve.

"Bon, Loki, je sais que tu vas me trahir.
- C’est bien.
- Mais je te propose d’aller buter ceux qui ont tué maman. Tu en es ?
- Ça roule."

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C’est ce que j’appelle une affaire rondement menée.

S’ensuit une séquence durant laquelle Loki hurle au spectateur "Je peux changer d’apparence quand je veux, houhouuuu tu as vu ?" histoire que l’on comprenne subtilement que, hmmm, ça pourrait resservir par la suite. Notez-le, hein. Puis, tous deux, aidés par l’habile diversion des Jean-Jacques & co, vont gagner le vaisseau elfe noir crashé dans la salle du trône (ils s’en souviennent soudainement, heureusement que Beatriz n’a pas balayé). Qui, non, n’a aucun problème pour redécoller, surtout en sachant que Thor le pilote sans problème aucun alors que c’est la première fois de la vie qu’il y fout les pieds. On dirait du Independance Day, autant vous dire que ça fleure bon la quaité (mais si, souvenez-vous de Will Smith déclarant qu’il peut piloter une soucoupe "Parce qu’il en a déjà vu une en action" ; j’ai déjà vu un Airbus A 380 et pourtant je ne recommande pas qu’on me le confie). S’ensuit une course poursuite entre Thor et les chasseurs ridicules d’Asgard, et après diverses pirouettes, Thor s’éjecte avec Loki et parvient à récupérer un petit chasseur, pile du bon diamètre pour entrer dans le passage secret au fin fond d’une montagne d’Asgard que connaissait Loki.

Passage qui mène, c’est fou cette énième coïncidence, sur Choupi IV, planète d’origine des elfes noirs où il n’y a plus que cendres. Tant de chance, c’est… moui, nul en fait. Passons à la suite.

Thor, qui a emmené Jane avec eux comme prévu, propose donc à son frère un plan pour tendre une embuscade aux elfes noirs lorsqu’ils arriveront à leur poursuite.

"Alors en fait, mon plan, tu vas voir, c’est super.
- Je n’en doute pas.
- Alors en fait, quand ils arrivent, tu fais semblant de me trahir et de leur donner la fille.
- Ça m’échappe un peu, mais, vas-y, continue.
- Hé bien là, on les surprend, et on les attaque au corps à corps ! Ahahaha, ils seront bien feintés !
- Serais-tu en train de m’expliquer, alors que ta spécialité ce sont les éclairs et le lancer de marteau, et moi la magie, que nous devrions renoncer à les attaquer à distance, notre force, et par surprise, le tout en mettant Jane en danger juste parce que… heu… rien ?
- EXACTEMENT !
- Et tu te souviens qu’ils ont avec eux Michel, alias Bourpif Malin ? Qu’il vaudrait peut-être mieux ne pas trop affronter au corps à corps vu qu’il est subitement devenu invincible alors que c’était pas le cas dans l’intro ?
- OUI !
- Bon bin écoute, on fait comme t’as dit. Vraiment. C’est super. Et quelqu’un a écrit cette scène. Je suis bluffé."

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Et le plan est donc mis en route sitôt le premier elfe noir en vue. Et comme convenu, nos héros simulent de se chamailler, puis de donner la fille, puis comment à mettre des mandales aux margoulins, hop.

D’ailleurs, plan pourri oblige, celui-ci tourne mal étonnamment mal : Michel le Grügrü prend vite l’avantage sur les Asgardiens, permettant à Malekith de s’emparer de Jane. La bonne nouvelle, c’est qu’il fait sortir l’Éther d’elle puis la repose au sol. La mauvaise, c’est que lui-même absorbe l’Éther et devient donc surpuissant. Cela fait, il regagne son vaisseau en laissant Michel s’occuper de Thor et Loki, puis s’en va. Le combat se poursuit donc sur la surface de la planète jusqu’à ce que Loki parvienne à détourner l’attention du vilain ("Hey ! Savais-tu que Darcy était jouée par Kat Dennings ?") le temps que Thor lui colle sur le museau l’une des fameuses grenades à trou noir des elfes. Du coup, invincible ou pas, il meurt quand même en faisant un bruit comme wouuuuiiiishprouuuufruleuleuleuleublork. Thor peut donc se précipiter vers Loki qui a été mortellement blessé dans l’affaire pour lancer une séquence d’une rare originalité.

"Loki !
- Thor…
- Loki, accroche-toi ! J’vais te ramener au pays !
- Non, Thor… c’est trop tard pour moi…
- Dis pas de conneries, on va te rafistoler !"

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Etc.

Sauf que Loki meurt, effectivement. Et Thor abandonne donc son cadavre. Puisque oui, Thor a oublié que Loki était un vieux renard rusé et que du coup, feinter la mort pour ne pas avoir à retourner dans sa prison sur Asgard paraît être une bonne tactique. Personnellement, j’aurais été Thor (mais je ne fus qu’Odieux), j’aurais pris le temps d’être à la fois sûr & taquin. Par exemple, en me disant que bon, quitte à avoir perdu Loki, seule personne à connaître les passages pour aller d’une planète à l’autre sans le Bifrost, autant prendre le temps de l’enterrer. Comme ça, si en plus il n’était pas mort et feintait juste, il aurait été bien embêté. "Arrête de me mettre de la terre sur la gueule, c’est bon, okay, je faisais semblant, mais ne m’enterre pas vivant d’accord ?"

Mais non : à la place, Thor fait des bisous à Jane, puis va se promener avec elle, au pif, sur la planète. Bon plan aussi, remarque.

"Juste comme ça : tu voudrais pas arrêter de faire des plans ? On serait plus efficace sans."

Et ça tombe bien, parce qu’en se promenant au pif, qui reste la plus grande ressource de nos héros, ceux-ci rentrent dans une grotte au hasard… où Jane a du réseau téléphonique ! Elle ne doit pas être chez SFR. Elle peut donc aussitôt retourner envoyer des MMS à toutes ses copines avec des photos des pectoraux de Thor et des commentaires comme "Sisi tavu <3 :3 :3 :3". En plus (parce que non, ça ne suffisait pas !) par terre se trouvent quantité d’objets terriens… comme une certaine paire de clés de voiture : c’est le portail qui mène à l’usine désaffectée de Londres ! Allez, un, deux, trois : HO BIN CA ALORS, QUELLE CHANCE !

Voyons voir, où ai-je mis mon brandy. Voilà. Ma coke ? Voilà. Bon, allez, on s’accroche.

Nos héros franchissent donc le portail, les clés à la main, et se retrouvent donc à Londres avec une voiture à disposition. Ils foncent aussitôt chez Darcy et Richard, principalement parce que ce sont les seuls pinpins que Jane connaisse. Sur place se trouve aussi Erik Solveig, célèbre scientifique avec lequel tout ce petit monde a travaillé par le passé, et expert en astrophysique. L’occasion de faire le point, car Erik a trouvé, probablement sous le paillasson, toutes les clés de l’intrigue (pouffez moins fort s’il vous plait, ça va finir par s’entendre) :

  • Les portails qui se forment un peu partout, c’est à cause de "l’alignement", un phénomène qui n’arrive que tous les 5 000 ans
  • L’espace d’un moment, tout va être perturbé : des mondes vont communiquer entre eux, et même la gravité risque de partir en sucette
  • Ça tombe bien, les mondes en question sont les 9 mondes protégés des Asgardiens
  • Et évidemment, c’est le seul moment où il serait possible d’utiliser l’Éther pour détruire tous les mondes des races de la lumière d’un coup

Heureusement, Erik, à qui il restait un peu de temps après toutes ces découvertes, a aussi bricolé à partir de piquets de tente Quechua, d’ampèremètres volés dans un collège de Moulins et de piles LR6 des piquets capables en théorie de pourrir d’éventuelles anomalies. Ou d’en déclencher, c’est selon.

Hooo et puis ça tombe bien aussi, parce que malgré tout ça, il a AUSSI fait un autre truc, à savoir calculer l’endroit où il faudrait être pour être pile poil dans l’alignement… et ça tombe bien, c’est AUSSI à Londres ! Non vraiment, que de coups de bol ! Le seul moteur de l’intrigue depuis un moment maintenant : c’est beau, autant de talent. En tout cas, pas une minute à perdre : il faut aller installer les piquets magiques sur le site de la convergence pour éviter que tout cela ne dégénère !

Sauf que… à peine nos héros ont-ils placé lesdits piquets qu’arrive du ciel le vaisseau de Malekith ! Les londoniens sont donc un peu effrayés, surtout lorsqu’ils constatent que l’engin ne prend même pas la peine de rouler à gauche. Ces aliens ne respectent décidément rien ! L’appareil s’arrête au bord de la Tamise, pile au point de convergence, et commence à larguer Malekith et son armée. Vite, il faut les arrêter !

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Pendant ce temps, sur Asgard.

"Tiens ?
- Oui, Heimdall ?
- Les elfes noirs viennent de débarquer sur Terre. Ils sont au point de convergence des mondes et vont tous nous éradiquer.
- Ah.
- Odin… je me disais… c’est pas le moment où on devrait envoyer notre armée ?
- Mmmm… si. Mais on va plutôt rien faire.
- Je… puis-je demander pourquoi, ô Odin ? Parce que nous avons les moyens de téléporter une armée entière, là, tout de suite. Et de gagner à coup sûr.
- Oui mais le film s’appelle "Thor", pas "Asgard saves the day". Déjà dans le premier volet, on ne foutait rien. Et je ne parle même pas des Avengers. On est juste un décor mec. Laid, le décor, soit dit en passant.
- Bon. Bin je me contente de regarder alors.
- Voilà."

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Sur Terre, donc, c’est une sorte de grande séance de Portal qui commence lorsque Thor arrive marteau à la main : on se bat, on traverse un portail, on ressort par un autre, puis on en traverse un nouveau… bref, du spectacle à vil prix mes bons amis. Thor peut donc affronter ses ennemis jurés dans quantités de situations rocambolesques, pendant que le spectateur attentif constate que le film a le syndrôme des Avengers, à savoir : il faut moins de 17 secondes pour vider une ville. Passés les premiers plans où l’on voit quelques civils courir, la capitale est aussitôt entièrement déserte, on peut donc s’y maraver sans problème.  Ho, il y a bien l’armée anglaise qui envoie deux avions,  histoire de dire qu’elle n’apprécie que moyennement les invasions aliens, mais les bougres passent un portail par accident, traversent douze dimensions… bref. Ils se font un épisode de Sliders à peu de frais, le professeur Arturo en moins.

Jane, elle, utilise les piquets de son copain Erik pour créer des anomalies qui téléportent des escouades d’elfes noirs entières vers des mondes hostiles. Courses poursuites, mitraillages, blagounettes (bin oui)… tout y passe. Jusqu’à ce que Malekith tente évidemment de déchaîner l’Éther au moment opportun, et que se croyant invincible, il sous-estime les anomalies créées par les piquets de l’ami Erik, qui permettent de générer des portails et donc de téléporter un objet, par exemple droit dans sa face. Ce qui est donc fait. Le dernier piquet est enfoncé par Thor dans le bonhomme directement à coups de marteaux, histoire de bien faire comprendre qu’il n’est pas content, et qu’il est pour l’ouverture des magasins de bricolage le dimanche.

Malekith vaincu, l’armée elfe noire en déroute, leur vaisseau se met mystérieux à imploser (non, ne cherchez pas pourquoi), et donc tout le monde peut se faire des bisous. Victoire ! L’alignement des mondes passe, les anomalies se résorbent, bref, tout va pour le mieux.

Oui, le vaisseau percute le sol. Exprès. Et alors qu’il peut voler. Là encore, ne demandez pas pourquoi : les elfes aiment juste pourrir leur propre matériel, comme ça, pour voir.

De retour sur Asgard, Thor est donc reçu par Odin qui le félicite.

"Bien joué, Thor. Tu leur as mis leur misère, aux elfes noirs.
- Merci père.
- Et puis les neufs mondes t’ont vu te battre pour eux : je pense que tu ferais un excellent roi.
- Non, père. Vous êtes meilleur que moi. Je préfère continuer à me battre contre les méchants. Ça demande pas trop de réflexion, ça me va. Et puis comme ça je peux retourner sur Terre faire des bisous à Jane Foster.
- Alors parfait ! Continue comme ça, c’est super. Allez, maintenant, va, je suis fier de toi !"

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Thor s’en va donc, et alors qu’il tourne le dos, il ne voit pas… qu’Odin change d’apparence : ce n’est pas lui, c’était Loki ! Qui a survécu et remplacé papa !

"Ce qui expliquerait pourquoi il n’est pas venu en aide à Thor sur Terre", dira le lecteur capricieux "Oui, c’est vrai : après tout, si Malekith réussissait, Loki mourrait avec les autres, il n’avait donc aucune raison d’aider, pas vrai ?"

Ah bin oui tiens. Tout est donc bien nul, je suis rassuré.

Et sur ce rebondissement digne d’une cave à Roquefort…

… FIN !

Ah si, il y a évidemment une séquence post-générique (encore une fois : je déteste ça) : où l’on voit "le collectionneur", alias "Benicio Del Toro a besoin de payer ses impôts", personnage au charisme de palourde, recevoir chez lui les Asgardiens qui lui demandent de bien vouloir garder l’ether, désormais stocké dans une pierre, chez lui.  Le garçon accepte, puis sitôt ses invités partis, ricane "Mouhohohoho, encore 5 pierres de l’infini et j’aurai la grosse wiiiin !"

RE-FIN, et évacuation de gens morts de désespoir dans la salle.

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Ce qui est scandaleux, c’est que ça doit pas être compliqué de faire un bon film avec un dieu de la foudre.

Je veux dire, par exemple : regardez Raiden, dans Mortal Kombat il… heu… attendez.

Ho.

Au temps pour moi.



Le jeu des trônes

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"Comment ? Toujours pas de nouvel article en ligne ? Qu’est-ce que c’est que ce scandale ?"

Du calme, marauds et gourgandines : baissez vos fourches, soufflez vos torches : le maître des lieux est tout simplement par monts et par vaux, vous pouvez donc continuer de râler aux portes de son manoir, ce n’est pas encore aujourd’hui que vous aurez raison de lui. Mais dans sa grande bonté et sa légendaire modestie, celle-là même qui le pousse à rédiger des articles à la troisième personne du singulier, il ne vous abandonne pas. Ou plutôt, non : en ce 19 novembre, d’autres ont décidé de prendre le relais. Puisqu’en effet : il s’agit de la journée mondiale des toilettes.

L’occasion de partager avec vous plusieurs éléments majeurs :

  • Oui, il existe bien une organisation mondiale des toilettes, la World Toilet Organisation. Hé si.
  • Par conséquent, il y a des gens qui ont leur carte de visite. En soirée, et entre deux coupes de champagne, glissée à une jolie dame en lui susurrant à l’oreille "ça vous en bouche un coin ?", vous devenez instantanément une sorte d’über-James Bond
  • Vous ai-je dit que le patron de ladite organisation s’appelait "Docteur Babar" ? Carte de visite toujours, à ce stade, je pense que la sienne a des bords dorés et ne se trouve que dans des paquets de Yu-Gi-Oh.
  • Pire encore, ces chenapans n’ont pas posé leur journée le 2 janvier, pourtant "journée mondiale sans pantalon" (véridique) ce qui aurait permis de créer certaines intéressantes synergies, mais le 19 novembre, éclipsant ainsi la journée mondiale de prévention des abus envers les enfants. Ce qui prouve qu’au hit-parade des choses sortant aléatoirement de votre corps, l’enfant vient de passer derrière l’étron. Il y a une certaine logique là-dessous.
  • Mais foin d’ironie, nos fiers artificiers nous en arrosent ici suffisamment. Aussi, pourquoi le 19 novembre ? Et malgré toutes les recherches, une seule explication en ressort : le 19 novembre est l’anniversaire du 19 novembre 1942, qui fut le jour du début de la grande-offensive de l’armée rouge sur Stalingrad. Intelligemment appelée "Opération Uranus".

Si quelqu’un a une meilleure explication, je suis preneur.

Ici, une capture d’écran d’une opération soutenue par la WTO . Je vous laisse juger (et constater que ces garnements ont volé mon Fifty Shades of Brown)

Dans tous les cas, cela nous apprend surtout deux choses :

  1. L’ONU finance visiblement un véritable nid à amoureux de l’ironie grasse et personne ne s’en est encore rendue compte
  2. J’ai visiblement un dossier de subvention à monter

Sur ces bonnes paroles, je retourne courir le monde et reviens prochainement écrire des choses autrement plus sérieuses, ah mais.

Fêtez bien ça, tout de même.


J’apprends à cumuler.

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La période des élections municipales française est là, et avec elle, l’actualité traîne le pied.

Heureusement, et parce que sur ce blog, on aime pas laisser les gens sans de quoi se distraire un peu, vous trouverez ci-dessous une copie du "Guide du petit cumulard illustré", qui vous permettra de reconnaître, dans le discours de vos édiles, des techniques édifiantes de simplicité pour justifier l’injustifiable.

Nul doute que vous pourrez vous en servir pour faire un véritable bingo auprès de vos candidats préférés.

A vous de jouer !

Cumulard1

Cumulard2

Cumulard3

Cumulard4

Cumulard5

Cumulard6

Cumulard7

cumulard8

Cumulard9

Cumulard10

Bon allez, je pars en réimpression.


Hunger Games : l’embrasement des rétines

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Hunger Games premier du nom m’avait été présenté par un certain nombre de personnes comme "un bon film".

Après avoir retrouvé les coupables pour les jeter dans une arène afin qu’ils s’y entretuent pour mon bon plaisir (l’endroit s’appelle "Marseille"), je fus donc très étonné lorsque des voix s’élevèrent pour m’annoncer que Hunger Games II : l’embrasement était "encore mieux que le premier". Quelque chose me dit que l’insécurité n’est pas prête de s’arrêter dans la cité de la Bonne Mère. Mais, permettez-moi, en amont de ce spoiler, de vous rappeler, justement, les événements qui firent du premier volet un excellent motif pour s’adonner à la boisson.

Hunger Games I : 

Katniss est une jeune fille qui vit avec sa sœur Primrose dans le district 12, le Maubeuge du futur. Comme chaque année, le Capitole, capitale locale, vient chercher un garçon et une fille pour les envoyer au Battle Royale aux Hunger Games affronter les élus des 11 autres districts afin qu’ils s’y entretuent, comme ça, parce que ça fait marrer le Capitole, hihihi. Suite à divers trous scénaristiques, Katniss part donc pour les jeux accompagnée de Peeta, l’homme pain à kebab. Ensemble, ils maravent la gueule à tout le monde, là encore aidés par des ficelles grosses comme baobabs, puis pour pourrir le groove du Capitole et ne lui donner aucun vainqueur, décident de se suicider ensemble, amants maudits, tout ça. Les Hunger Games sont aussitôt arrêtés car les deux jeunes gens, qui ont fait chavirer le cœur du public, doivent être sauvés selon lui. Katniss et Peeta sortent donc vainqueurs, riches et populaires, alors que le big boss du Capitole, le président Snow, comprend lui que les Hunger Games et Katniss ont donné aux districts des envies de rébellion (ça alors !), nique le système, no future.

Et nous nous en arrêtions là, ce qui aurait été bien suffisant. Sauf que non. Toujours est-il que le spoiler, lui, est ici.

Prêts pour la suite ? Alors spoilons, mes bons !

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L’affiche : TOUT est sur le thème des flammes ; voilà qui promet !

Tout commence du côté du district 12, alors que l’hiver est là, et qu’il fait froid, là, dites.

Katniss et sa bouille permanente de jeune fille mi-contrariée, mi-étonnée sont en train de méditer en regardant l’horizon quand elle est rejointe par Gale, son petit ami. Celui-ci est un peu grognon : en effet, si Katniss lui fait des bisous et lui dit qu’elle l’aime, il n’en reste pas moins que lors des Hunger Games, pour avoir le public de son côté, Katniss a simulé une histoire d’amour avec Peeta. Du coup, hein, bon, il ne sait plus trop avec qui elle simule quoi et quand, et c’est bien embêtant. Après avoir quelque peu débattu du sujet, nos deux larrons vont chasser pour se changer les idées, l’occasion de découvrir que Katniss a été traumatisée par les Hunger Games et qu’elle en a des hallucinations (moi aussi : parfois, je revois les critiques de la presse professionnelle).

Enfin juste dans cette scène, après, plus rien, pouf.

Hé bien d’accord, je vois qu’on commence bien. Le fumet de la bouse se ferait sentir si tôt ? Ne soyons pas trop sévères.

En parlant de bouses, nos héros rentrent chez eux après la chasse, comprendre la pauvre cité minière du district 12. Et si Gale habite encore dans une demeure faite de crottin et de planches de poulailler, Katniss, elle, a une superbe demeure dans "le village des vainqueurs", voisin du coeur du district 12, et où seuls ceux ayant remporté les Hunger Games et leurs familles demeurent(comprendre : elle, Peeta et leur vieux mentor alcolo, Haymitch). Et non, Katniss ne lui propose pas de venir habiter chez elle. Elle pourrait, parce qu’après tout, les Hunger Games sont finis et donc qu’elle n’a plus rien à simuler avec Peeta, mais hihihi, c’est tellement plus rigolo de regarder Gale mourir de froid avec sa famille de prolos. On en conclura donc que Katniss est bien une gourgandine de bas-étage, mais passons.

Car de retour chez elle, Katniss est bien étonnée, puisqu’elle y trouve l’y attendant, non pas un chocolat chaud, mais le président Snow. Flûte.

"Bonjour, Katniss.
- Président Snow. Que faites-vous là en lieu et place de mon fucking chocolat chaud ?
- Il suffit. Je te propose que l’on ne se mente pas, d’accord ? Bon. Les derniers 74e Hunger Games, je n’ai pas vraiment aimé comment ça s’est terminé. D’ailleurs, j’ai fait exécuter le précédent producteur. Les gens des districts ont vu en toi un espoir, quelqu’un qui ne se laissait pas faire, une provocation face à mon autorité. Alors que moi, j’ai juste vu une fille avec des pommettes qui font peur, mais passons. Certains envisagent une rébellion dans les districts à cause de tout cela.
- Parce qu’en 74 ans de jeux où vous tuez des enfants, personne n’y a pensé avant ?
- Non, cette saga est trop mal écrite. C’est toi, Katniss, grâce à ton… heu… pffff… hihi… hem, pardon : ton charisme ? Qui leur a donné envie de faire n’importe quoi. Alors voilà ce que tu vas faire : je sais que ton histoire avec Peeta, c’est du pipeau à grelots. Ce qui prouve que tu es bonne actrice. Alors, comme chaque année, nous allons procéder à la tournée des vainqueurs, où les gagnants du précédent Hunger Games vont dans chaque district faire coucou. Et partout où tu iras, tu diras des choses comme "Le capitole, c’est youpi", et "La rébellion, c’est cacaboudin".
- Et sinon ?
- Sinon, je transforme ta mère et ta sœur en descentes de lit. Et je bombarde tous tes amis, et le district 12 avec pour faire bonne mesure.
- Dit comme ça, c’est drôlement plus motivant, dites."

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Le président Snow, satisfait de sa prestation, repart donc en laissant Katniss dépitée. Celle-ci n’a pas vraiment envie de chanter les louanges du Capitole, mais bon, c’est ça ou voir sa famille conviée à une soirée napalm & barbecue. Peu de temps après, elle est donc invitée à passer à la télévision avec Peeta pour dire au public que holala, c’est trop super d’être amoureux, et que hihihi, merci le Capitole ! Puis, c’est dans un train que l’on envoie le duo, pour aller faire le tour des districts. Ils sont accompagnés d’Effie, la déléguée du Capitole en charge de leur cas, et d’Haymitch, qui n’a strictement aucune raison de les accompagner, mais est là quand même, on va dire qu’ils l’avaient glissé dans un sac à main. Puis, la tournée commence par le district 11, dont le casting n’est pas sans rappeler les plus grandes heures du Prince de Bel-Air. Le district 11 étant un district de pauvres, c’est donc un district de gentils (contrairement aux riches, qui sont tous méchants, rappelons-le), et ses candidats de l’année précédentes étaient donc parmi les gars sympas. Peeta se lance donc dans un discours cucu qui s’achève par le fait que lui et Katniss partageront leurs gains avec les familles des candidats du district 11, puis Katniss rajoute un soupçon de praliné sur le cucu, provoquant ainsi une scène étrange :

En effet, dans la foule, un vieillard sifflote et lève trois doigts en l’air, le signe de ralliement contre le Capitole. Toute la foule le suit, mais bon, pas longtemps puisque la sécurité intervient en attrapant papy et lui collant une balle dans la tête. Katniss est donc toute choquée et parvient à s’isoler avec Peeta et Haymitch pour faire le point.

"C’est affreux ! Affreuuuux ! Affreuuuuuuuuuuuuux !
- En même temps, c’est une dictature, hein, je sais pas trop à quoi tu t’attendais.
- Nan mais en plus je vous l’ai pas dit mais le président Snow est venu me voir ! Il m’a demandé de me montrer super pro-Capitole pour éviter ce genre de dérapages ! Et sinon, il tuera tout le monde au district 12 !
- Ah oui, d’accord. Et sinon, tu comptais nous le dire quand ? Parce que c’est vaguement important comme information, sachant que ça touche aussi nos familles. Mais au fait… moi aussi je suis un gagnant du dernier Hunger Games ! Moi aussi j’ai défié le Capitole ! Alors pourquoi le président est pas venu me voir pour dire la même chose ?
- Peut-être parce que personne n’en a rien à faire de toi, Peeta ?
- Ah bin oui, tiens. Ça répond à ma question."

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Je voudrais bien dire que j’exagère, mais non. Peeta, c’est un personnage auquel personne n’adresse la parole ou presque, qui disparaît régulièrement dans certaines scènes tant sa transparence rend sa présence superfétatoire, et dont la seule mission est de générer aléatoirement des ennuis ou de la tension pour le personnage principal. S’il y a une peau de banane, il glisse dessus, s’il faut se faire discret, il marche sur le chat, s’il faut s’échanger de bons livres, il ramène du Guillaume Musso.

Toujours est-il que la petite équipe est invitée à remonter dans le train pour aller vers le district suivant. Et cette fois-ci, plus d’improvisation : Katniss comme Peeta se contentent de lire les discours écrits pour eux avec le moins d’enthousiasme possible, en expliquant que le Capitole, c’est trop super, qu’obéir, c’est cool, et que les Hunger Games, c’est choupet. La foule, peu dupe, leur hurle donc de cesser de lire leurs fiches et de dire ce qu’ils pensent vraiment. Enfin quand je dis "Ils", là encore : ils implorent Katniss, Peeta, ils ne l’ont même pas remarqué. Ils pensaient que c’était juste un gros pain au chocolat qui parle. Mais nos héros ne voulant pas voir leurs familles finir avec la moitié de la flotte aérienne du Capitole venue se vider les entrailles sur leurs familles, ils s’en tiennent définitivement à leurs fiches. Même lorsque les foules s’agitent et se rebellent, seulement contenues par la sécurité locale.

Rappel : le Capitole cherche à donner l’impression que nos héros s’expriment de leur plein gré. Nul doute que l’idée de mettre un gros Monsieur de la sécurité juste derrière eux va tout à fait dans ce sens.

A ce stade, vous avez dû remarquer que là encore, Katniss est con comme un sabot : si elle veut sauver sa famille, le président Snow lui a demandé de jouer la comédie. Donc soit elle y met du sien en lisant les discours, soit elle ne les lit pas, mais les lire sans conviction, ça revient à faire du François Hollande : ni le Capitole, ni les districts ne sont satisfaits. Mais comme le script est rempli de grosses ficelles, les districts sont contents quand même, voire acclament carrément Katniss, pourtant en train d’anônner un discours leur disant de la fermer. Tout cela est décidément merveilleusement crédible.

Bref. Dans le train des vainqueurs, le moral est au plus bas. Heureusement, celui-ci est équipé des fameux sas Prométhéus© qui ne s’ouvrent ou ne se ferment pas complètement, non, quand l’héroïne passe devant, ils se contentent de rester entrouverts sans aucune raison, à part de laisser voir ce qu’il se passe de l’autre côté. Et Katniss peut ainsi observer dans la salle de sécurité du train des agents en train de regarder sur leurs télévisions les images des districts se révoltant l’un après l’autre.

Pendant que je cherchais une veine sur un de mes bras pour m’injecter de quoi tenir, visiblement, Katniss avait aussi commencé à s’enfiler des produits pas bien naturels. Ainsi, lors d’un repas à bord du tchou-tchou, elle se tourne vers Peeta.

"Tu penses que le président Snow va nous en vouloir ?
- D’y mettre de la mauvaise volonté ? Noooooooon, je suis sûr qu’il n’a rien remarqué. C’est pas comme s’il était venu jusqu’à chez toi en menaçant toute ta famille pour montrer à quel point il insistait.
- Ouf, tu me rassures.
- Non mais c’était ironique, hein.
- Bon bin, écoute. On a qu’à le bluffer : annonçons que l’on va se marier ! Comme ça, il ne pourra pas dire que l’on ne joue pas le jeu jusqu’au bout !"

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Mais ? Mais ? Peeta ! Dis quelque chose !

"Excellente idée !"

Bon, d’accord, tu es con, mais Haymitch ! Allez Haymitch, dis-lui que c’est digne d’une palourde trépanée ! Lance lui une bouteille sur le coin du nez, allez, tu es mon champion !

"C’est brillant, Katniss !"

Je suis DÉÇU, Mimitch !

Non ! NON ! Ce n’est PAS brillant ! C’est tout l’inverse ! Regardez le script, bon sang, c’était il y a une paire de scènes seulement ! Le président Snow dit lui-même qu’il n’en a rien à faire de l’histoire d’amour entre les deux andouilles, non, lui il a insisté très lourdement pour dire que là où il fallait être crédible, c’était dans les discours aux districts ! Le vieux qui s’est pris une balle dans la tête ma petite Katniss, c’est pas parce qu’il trouvait que vous vous faisiez pas assez de bisous ou qu’il avait lu dans Closer que tu pétais au lit ! Et les foules ne scandaient pas "Câliiiin, faites vous des câliiiins !" ! Est-ce que quelqu’un a pensé à relire l’intrigue ? A voir s’il y avait un rapport entre le film et les dialogues ? Je veux dire : Katniss, Peeta, vous pourriez vous marier, divorcer ou faire un ménage à trois avec un phoque que Snow n’en aurait rien à faire pourvu que vous disiez bien aux gens de se tenir à carreaux ! Je… je… bon, je vais chercher une deuxième seringue, en fait. Celle de mon ami vétérinaire dans un centre équestre.

Essayons tout de même de nous concentrer sur ce qu’il se passe entre les trous du scénario. Car à la fin de la tournée des vainqueurs, ceux-ci sont accueillis au Capitole, où le président Snow fait son regard à Katniss façon "Je ne suis pas content !". On se demande bien pourquoi, tenez. Lors de la soirée qui s’ensuit, Katniss rencontre Bob, le nouveau producteur des Hunger Games. Celui-ci explique qu’il était volontaire pour ce poste parce qu’il a plein d’idées, et compte bien faire mieux que son prédécesseur (c’est assez facile : il suffit d’être vivant pour faire mieux que lui). D’ailleurs, il conseille aussi le président, l’occasion pour le petit singe qui écrit les dialogues (si quelqu’un a une meilleure explication, je suis tout ouïe) de montrer qu’il est en forme.

"Bob, les districts s’agitent de plus en plus, il y a eu des émeutes, et si c’est encore sous contrôle dans l’immédiat, tout risque de s’embraser.
- On pourrait… les réprimer encore plus ?
- Non. C’est très con. C’est parce qu’ils sont réprimés qu’ils se révoltent.
- Alors on a qu’à leur prendre le peu qu’il leur reste ? 
- Heu… c’est-à-dire ?
- INTERDISEZ LE MARCHE NOIR !"

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Alors moi, je ne sais pas vous, mais non seulement ça ressemble à du "Réprimer encore plus", mais paraphrasé par un lycéen de seconde, mais surtout, aux dernières nouvelles, le marché noir est interdit pas définition, c’est même pour ça qu’on l’appelle comme ça. Je suppose que dans la liste de Bob, il y aussi "Interdire le vol", "Interdire la rébellion" et "Interdire le port de chaussettes dans les sandales". Bob de la Palice, bonjour.

Le président trouvant malgré tout cette idée géniale, dans les jours qui suivent, il se passe des choses dans le district 12. A savoir que Katniss et Peeta, qui y étaient retournés, entendent des coups de feu : ce sont les hommes du Capitole qui viennent retourner toutes les maisons et donner une bonne leçon à toutes celles et ceux qui auraient des marchandises illégales chez eux !  Gale, le courageux petit ami de Katniss, tente bien de s’interposer au moment où ils vont lui prendre ses DVD de Glee de contrebande, mais en punition, il est attaché en place publique et fouetté jusqu’à ce que Katniss s’interpose, bientôt rejointe par Peeta et Haymitch. Des images qui ont tôt fait d’arriver aux yeux du président Snow et de Bob, qui les regardent en se caressant le menton (leurs mentons respectifs, hein, attention, je ne voudrais pas voir la Manif’ pour Tous débarquer ici).

"Bob, ces gens m’énervent. Même ma petite fille trouve Katniss formidable. Elle me dit qu’à l’école, tous les enfants essaient de lui ressembler.
- Ils se font la même coupe de cheveux ?
- Non, ils s’injectent de la guimauve dans les pommettes, on dirait du cosplay de Carla Bruni. Mais revenons à notre sujet, regardez : ses copains Peeta et Haymitch la soutiennent. Tous les vainqueurs défient mon autorité."

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Notons que du film, le président ne pensera jamais à une ruse simple : arrêter de faire passer Katniss à la télé, et pouf, fin du problème. Et éventuellement, diffuser des vidéos de chatons qui ronronnent.

Bin oui : trois vainqueurs sur des dizaines, et encore, qui ne sont ensemble que parce qu’ils sont du même district et se connaissent, c’est "tous les vainqueurs".  Quelqu’un d’autre a besoin d’une analyse foireuse ?

"Bob, une idée pour régler la question, vite.
- Heu… ah… oui, j’en ai une, président !
- Je vous écoute.
- Si on refaisait des Hunger Games ? Pas seulement parce que c’est le titre du film et qu’il faut bien les caser, mais aussi parce que cette année, c’est la 75e édition !
- Eeeet ?
- Et tous les 25 ans, c’est une édition spéciale, "les jeux de l’expiation" ! On a le droit de rajouter des règles comme on veut !
- C’est débile ?
- C’est HUNGER GAMES !
- C’est vrai, et donc ?
- Cette année, on a qu’à se débarrasser des précédents vainqueurs, hop ! En les faisant s’affronter !
- Je résume : les Hunger Games sont faits pour humilier les districts, ce qui est idiot. La seule chose qui les empêche de se rebeller, et qui a été rabâchée à longueur de film dans le précédent opus, c’est l’espoir de voir leur candidat gagner, être riche et pouvoir en profiter. Donc là, votre plan, c’est de faire exactement pareil, mais en tuant les gens qui représentent l’espoir de gagner. Donc, de tuer tout le monde, gratuitement, et par pure provocation en pleine période de rébellion.
- Ouiiiiiii !
- J’achète."

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A ce moment du film, ma voisine a pris feu.

Mais le lendemain, donc, c’est le choc dans les districts quand le président Snow annonce à la télévision que pour célébrer les 3e jeux de l’expiation, s’affronteront dans l’arène des Hunger Games des candidats tirés parmi les gagnants des précédentes éditions. Katniss n’a pas de bol : elle est la seule gagnante de sexe féminin de son district, donc automatiquement sélectionnée. Quant à Haymitch et Peeta, si le sort désigne le premier, c’est le second qui se porte volontaire pour le remplacer. Parce que ouais, il est comme ça, Peeta. Autant dire que pour le coup, lors de la petite cérémonie de sélection, tout le monde fait le signe des trois doigts levés, pour bien montrer au Capitole qu’on apprécie moyennement la plaisanterie. Et oui, je sais, un doigt aurait suffi, mais c’est un film tout public. Et puis ça fait tout de suite rébellion blasée.

Mais qu’importe, et justement, en route vers le Capitole.

Car le train y emmène Katniss et Peeta pour loger avec les autres candidats de cette année, l’occasion de découvrir qui ils sont. Et là encore, vous allez voir, c’est très bien écrit. Oui oui, comme tout le reste jusqu’ici.

En effet :

  • Chaque district a un homme et une femme à proposer, ça tombe bien !
  • Chaque duo de chaque district (sauf un, mais on y reviendra) a le même âge, quelle coïncidence !
  • Chaque duo de chaque district a exactement le même style (sauvage, intello, défoncé au crack, etc), c’est fou !
  • Chaque duo est constitué de personnes qui, des années après leur victoire, sont encore dans une éclatante forme physique, pas un ne s’est empâté, c’est magique !
  • Et tous les candidats (sauf un, donc) sont relativement jeunes ou dans la force de l’âge !

Je vous laisse faire le calcul : sachant qu’il faut 22 éditions pour donner les 22 candidats qui vont accompagner Katniss et Peeta dans l’arène, sachant que visiblement, tout le monde est de la même génération ou presque, et qu’ils sont donc issus de saisons des Hunger Games très rapprochées, et sachant qu’il faut des candidats pour chaque district, par quel incroyable miracle statistique a-t-on pu obtenir un homme et une femme de chaque district, et mieux encore, qui se ressemblent autant  pour donner pareil casting ?

Sachant que les districts 1 et 2 ont des "candidats de carrière" qui, nous explique-t-on dans le premier opus, gagnent chaque année ou presque., il faudra me dire d’où sortent tous ces gagnants.

De là à supposer qu’ils sont tirés d’un chapeau et écrits avec les pieds… non, je n’ose y croire. Ce serait un peu gros tout de même, les gens l’auraient vu. Hein ? Dites ? C’est pas comme si c’était comme ça depuis le début du film.

Toujours est-il que faisons fi de ces éléments et présentons, comme le veut la tradition, la liste des candidats, assez semblable à celle de l’année dernière.

  • District 1 : Jean-Jacques, Jeanne-Jacques
  • District 2 : Jean-Jacques, Jeanne-Jacques
  • District 3 : Jean-Jacques, Jeanne-Jacques
  • District 4 : Finnick, Mamie Gâteaux
  • District 5 : Electro, Electra
  • District 6 : Jean-Jacques, Jeanne-Jacques
  • District 7 : Jean-Jacques, Johanna
  • District 8 : Jean-Jacques, Jeanne-Jacques
  • District 9 : Jean-Jacques, Jeanne-Jacques
  • District 10 : Jean-Jacques, Jeanne-Jacques
  • District 11 : Jean-Jacques, Jeanne-Jacques
  • District 12 : Peeta, Katniss

Sachant que la plupart de ces candidats n’ont pas de prénom (je vous laisse vérifier au casting, c’est édifiant, c’est pourtant pas le temps que ça prend pour faire un minimum illusion), je vous laisse deviner quels sont les personnages qui vont nous intéresser. Katniss & Peeta, de toute manière, n’ont guère le choix : ils vont devoir s’y pencher, puisque comme leur a fait remarquer Haymitch, la plupart des gagnants sont partis vivre au Capitole et se connaissent donc depuis des années. Ils sont donc amis (voire ont pratiqué des backrooms ensemble) et buteront sans nul doute nos deux héros en premier. Il va donc falloir essayer de faire ami-ami, voire de se trouver "des alliés".

Je pensais que c’était une formule de style, mais en fait, non : nos héros tiennent une véritable liste en disant qui ils "acceptent ou non". Ce n’est plus une alliance, c’est une boîte de nuit.

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Vous vous souvenez que tout comme Katniss, chaque équipe a son couturier ? Bin visiblement, pour Finnick, il ne s’est pas emmerdé.

Trêve de fiel et allons donc voir sur le terrain d’entraînement où les élus se retrouvent, ce qu’il se passe. Peeta déjà, continue de jouer son rôle de personnage tellement inutile qu’il disparaît dès la première scène et ne parlera à personne, quand bien même il était chaud patate pour se trouver des alliés. Désolé mec, il fallait être Katniss. Car elle, de son côté, fait ami-ami avec Electro et Electra, du district 5. Ceux-ci sont des scientifiques très gentils qui ont gagné à leur époque par la ruse, en électrocutant les vilains avec des objets que l’on retrouve souvent dans l’arène des Hunger Games, comme par exemple des pinces crocodiles et une Fiat 500. Puis, elle va trouver Mamie-Gâteaux, la seule candidate de plus de 50 ans, qui sucre un peu les fraises et est muette. Mais gentille, elle peut servir dans l’arène. Par exemple, à faire des cookies. Elle est là avec elle son ancien élève, Finnick, jeune, musclé et très doué. Et le contact passe bien. Cela fait, Katniss va donc s’entraîner à l’arc, et impressionne tant les témoins de la scène que bientôt, tous les malheureux candidats aux Hunger Games la supplient de devenir leur meilleure amie.

Oui, c’est tellement artificiel qu’on dirait du Twilight. Mais livre pour adolescentes, triangle amoureux, héroïne charismatique quoi qu’elle fasse et actrice aux mimiques limités, ça ne vous a pas mis sur la piste ? Bon, alors.

Le film, lui, continue pendant ce temps sur sa lancée. Vous vous souvenez du plan de Katniss, de se faire des alliés ? De tout ce qu’elle vient de faire dans la scène précédente ? Et de l’excellent résultat obtenu de manière plus ou moins contestable, mais obtenu quand même ? Et bien sitôt qu’elle apprend qu’elle n’a qu’à se pencher pour ramasser les alliés tant recherchés, elle déclare : "Je n’en veux aucun."

Ah non, hein, vraiment. Quelle cohérence, c’est un bonheur. Et ce n’est pas fini.

En tout cas, il n’y a pas que l’entraînement dans la vie, il y a aussi les festivités médiatiques : Katniss et Peeta jouent la provoc’ en ne saluant pas le président Snow lors du traditionnel défilé des candidats, font les kékés devant les juges, quant à l’ultime passage sur un plateau télé avant d’être envoyé dans l’arène… disons qu’il tourne curieusement.

Déjà, parce que Lenny Kravitz, le couturier en charge des candidats du district 12, a eu la bonne idée de donner à Katniss une robe qui change d’apparence pour prendre celle d’un Geai Moqueur, l’oiseau qui se trouve sur le pin’s de Katniss, et le symbole de la révolution. Autant dire que le président Snow apprécie moyennement qu’on vienne lui chier dans les bottes en direct. Quant à Peeta, il utilise ses pouvoirs de pain à merguez pour mettre de la sauce piquante sur une situation déjà bouillante. En effet, lors de son passage devant César, le présentateur télé local, il y va fort.

"Alors mon petit Peeta, ça te fait quoi de te retrouver ici ?
- C’est moyennement cool.
- Oui, surtout que vous deviez vous marier avec Katniss, c’est bête !
- Oui. Mais en fait, on s’est mariés en secret ! 
- Hooooooooooo !
- Oui parce que… KATNISS ATTEND UN BAYBAY !"

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Et ce coup de bluff fait aussitôt hurler tout le public, qui demande l’annulation des jeux ; en effet, ils doivent être du parti républicain américain : tuer des gens, oui, des fœtus, non. Dans la panique qui s’ensuit, Katniss et Peeta rejoignent les autres candidats sur scène et les enjoignent de tous se tenir la main, en signe d’unité contre le Capitole. Devant ce gigantesque capharnaüm, la retransmission est purement et simplement coupée, alors que le public continue de hurler qu’il faut en finir avec ces jeux,.

Parce que non, en 75 ans, pas une femme enceinte n’a été sélectionnée. Ou simplement n’a pensé à utiliser cet argument bateau pour avoir les faveurs du public. Incroyab’.

Cependant, si la stratégie a semé la zizanie, les jeux n’en sont pas annulés pour autant. Le lendemain, donc, Katniss est envoyée avec son fidèle Lenny Kravitz se préparer pour commencer les jeux. Ce dernier, comme lors du dernier opus, planque son porte-bonheur (qui est tout le contraire à en croire les événements une fois de plus, mais bon) sur elle, puis lui souhaite bon courage. Et alors que la bougresse s’installe dans l’ascenseur qui va l’amener sur le terrain des Hunger Games, elle voit la sécurité arriver et péter la gueule à Lenny parce que ho, hé, souviens-toi que tu as défié le président Snow hier avec ta robe oiseau, galopin. Mange donc des mandales, pour voir.

L’ascenseur est cependant déjà en marche, et c’est une Katniss quelque peu choquée parc ce qu’elle vient de voir qui débouche donc dans l’arène qui cette fois-ci est… tropicale.

Tout le monde n’est pas égal devant la chaleur. Bonne chance, Mamie Gâteaux !

Soyons précis : l’arène est constituée d’un lac central, entouré d’une imposante jungle. Le lac est divisé en 12 segments, tous délimités par des lignes de rochers allant jusqu’à la plage entourant le lac. Et les candidats sont donc placés par paire dans un des quartiers du lac, sachant qu’au centre, là où toutes les lignes rocailleuses se rencontrent, se trouve la "corne d’abondance", structure artificielle contenant armes, équipement et rouleau de papier à foison. Autrement dit, l’endroit où tout le monde se rue en début de jeu.

Et justement : le compte à rebours commence au son de Francky Vincent (ambiance tropicale on a dit)… et les Hunger Games débutent !

Il serait temps, diront les mauvaises langues qui viennent de manger plus d’une heure de mauvais film à regarder le néant. Mais attendez d’être à la fin de ce spoiler, qu’on en reparle.

Toujours est-il que Katniss se jette donc à l’eau, rejoint les rochers les plus proches, puis court jusqu’à la corne d’abondance pour y prendre arc et flèches, et ainsi commencer à tirer sur les candidats qui la menacent, comprendre, les méchants. Puis arrive Finnick, l’un des rares candidats ayant un nom, qui annonce à Katniss qu’il va l’aider, et joint l’acte à la parole en commençant à meuler du margoulin. Peeta, lui, n’aime que moyennement l’eau (ça fait gonfler la mie) mais parvient à se défaire d’un adversaire qui l’embêtait. Après avoir récupéré Mamie Gâteaux, la mentor de Finnick, le petit quatuor file vers la jungle et s’y enfonce à la recherche d’eau fraîche, parce que le climat local est moyennement agréable, et qu’avec mémé, on est jamais trop hydraté.

Sur place, Katniss montre à 212 reprises qu’elle ne fait pas confiance à Finnick, et il faudra qu’il lui prouve 213 fois qu’il est dans son camp pour qu’elle commence à bien vouloir le croire. Parce que non, même lorsqu’atteignant le bord de l’arène, Peeta se mange un champ de force qui l’électrocute et que Finnick le sauve alors qu’il avait fait un arrêt cardiaque, Katniss ne comprend pas qu’il est dans son camp. C’est vrai que c’est pas facile, pfiou : il est tellement méchant qu’il ramène même les candidats à la vie. "Probablement pour les tuer deux fois !" doit se dire Katniss de son cerveau de mollusque paranoïaque. Nos larrons errent donc un peu dans la jungle, et Katniss tente même de voir à quelle hauteur est le plafond de l’arène en grimpant au sommet d’un arbre pour lui tirer une flèche dans la face. Et si elle touche, oui, le plafond reste relativement haut. Merci pour cette information passionnante Katniss. Et pour avoir donné ta position à tous les autres candidats. Ah, on me souffle que non, là aussi, personne n’a pensé à cet élément.

La nuit arrivant bientôt, le quatuor décide de dormir un peu. Ils sont par ailleurs soulagés en voyant arriver un colis volant, envoyé par un sponsor pour les aider : un petit robinet à planter dans les arbres pour en faire jaillir de l’eau. Nos héros peuvent donc s’hydrater un peu, et s’endormir en paix. Sauf que plusieurs événements arrivent :

  • Déjà, dans le ciel, comme le veut la tradition, on affiche les pertes de la journée : 8 candidats sont déjà morts. Ils s’appelaient tous Jean-Jacques.
  • Ensuite, vers minuit, il y a un son étrange, comme une horloge sonnant douze coups, puis un gigantesque arbre se fait foudroyer à moult reprises par un mini-orage
  • Et surtout, il y a le brouillard

Car oui : alors que Katniss veille sur ses compagnons endormis, elle note qu’un étrange brouillard approche doucement d’eux. Elle tend une main, pour voir de quoi il retourne, et se retrouve instantanément parcourue par une terrible douleur, alors que de monstrueuses cloques apparaissent sur sa main.

"Vite ! Le brouillard est empoisonné !" hurle la jeune fille "Courrez ou on va tous ressembler à des Bogdanov !"

Finnick charge Mamie Gâteaux sur son dos puis cavalcade comme un fou, suivi par Katniss et Peeta. Mais le brouillard est sur leurs talons ! Sans compter que Peeta tombe comme une buse (ça aloooors !)  et n’arrive plus à marcher. Mamie Gâteaux arrive à expliquer, bien qu’elle soit muette – c’est pas facile, sachant qu’en plus il fait nuit, vas-y mémé – que Finnick doit porter Peeta plutôt qu’elle. Et pour bien se faire comprendre, elle se dirige vers le brouillard, qui l’engloutit. On entend alors tonner le canon, celui-là même qui sert à annoncer la mort d’un candidat. Adieu, Mamie Gâteaux. Au moins, tes amis n’auront plus à aller chercher des couches à la corne d’abondance. Bref : le trio, quelque peu paniqué, court donc vers la plage, le brouillard leur léchant le dos et provoquant horribles douleurs et cloques sur tout leurs corps. Et puis, finalement, la petite troupe tombe dans une sorte de ravin, et bien que le brouillard les suive, il s’arrête… à quelques mètres d’eux seulement. Brusquement et nettement.

Ce brouillard est probablement le lointain descendant du nuage de Tchernobyl.

Nos larrons, mal en point, ont des difficultés à comprendre. Mais en tout cas, leur chute les a amenés devant une petite mare d’eau douce et fraîche tout à fait bienvenue. Katniss a donc l’idée d’y tremper l’une de ses mains couverte de cloques…

… qui disparaissent simplement en frottant.

Pardon ? Ce sont des cloques qui disparaissent à l’eau ? Vous savez que ça ne marche pas comme ça, en fait ?

Bon bin… toutes leurs cloques et cicatrices disparaissent à l’eau alors. Et non, elles ne se résorbent pas : elles disparaissent comme de vulgaires tatouages Malabar, je tiens à être clair sur ce fait. Enfin bref : alors que nos loulous sont heureux de se trouver en meilleur état, ils notent soudain qu’ils sont entourés de dizaines de babouins qui leur jettent des regards laissant entendre qu’ils ont vu il y a peu un reportage sur les tournantes. Katniss, craignant que Peeta ne soit pas prêt pour ce genre d’expériences aussi soudaines que multiples, commence donc à décocher toute une tripotée de flèches sur les vils animaux, aidée de Finnick, qui joue du trident. Peeta, lui, arrive évidemment à se mettre dans une situation compliquée, mais le trio est sauvé lorsque surgit des bois une Jeanne-Jacques, qui vient les aider, avant de se prendre un coup mortel. Toute la petite équipe court donc vers la plage histoire de voir si les singes sont allergiques au sable, et en effet : comme par enchantement, les singes s’arrêtent net au niveau de la plage, laissant à nos héros le temps de se remettre, et de regarder Jeanne-Jacques mourir dans leurs bras.

"C’est pas banal." se dit donc intelligemment Katniss, en tentant de comprendre pourquoi une autre candidate est venue les sauver alors qu’ils étaient dans la mouise.

Mais déjà, la troupe tente de se reposer un peu. L’occasion pour Peeta, qui depuis le début de ce film, a sérieusement resserré ses liens avec Katniss, de pêcher une huître et d’offrir la perle qu’elle contient à la belle, puisque figurez-vous que oui, l’arène des Hunger Games reproduit visiblement fidèlement le bassin d’Arcachon et son légendaire climat tropical. Cela fait, la troupe voit émerger un peu plus loin sur la plage Electro, Electra et Johanna, une bourrine du district 7 qui manie la hache, tous trois couverts… de sang.

Les deux trio se rejoignent bien vite pour former un sextuor, le plan étant de s’allier contre les candidats des districts 1 et 2, connus pour être très forts. Mais c’est aussi l’occasion pour les nouveaux arrivants d’expliquer leurs malheurs : ils viennent de se manger une pluie de sang. Et alors même qu’ils parlent, ailleurs dans la jungle, un tsunami apparaît entre les arbres et vient mourir dans le lac (oui, dans ce sens là ; un tsunamhipster, probablement, il méprise les conventions. Non, je n’ai pas vu s’il portait lunettes et moustache). Electra, qui a un peu pété une durite face à tous ces événements, parvient quand même à faire comprendre ce qu’il se passe :

L’arène est conçue comme une horloge. Et à chaque heure, il se passe quelque chose dans un quartier : brouillard empoisonné, qui s’arrête aux limites de son quartier, d’où le champ de force qui avait sauvé nos héros, débarquement massif de singes enragés, qui là encore, sont bloqués dans la jungle et ne peuvent s’aventurer sur la plage, ou encore pluie de sang, ou tsunami, une fois de plus très localisés. Il suffit donc d’éviter le mauvais secteur au mauvais moment pour éviter bien des risques inutiles.

J’en profite pour ajouter deux choses, que nos héros n’ont pas remarqué :

  • Déjà, Katniss a elle aussi une corne d’abondance : son carquois. En fonction des plans, des flèches apparaissent ou disparaissent de celui-ci, mais en tout cas, elle n’en manque jamais, même après avoir tué 463 singes. Plus fort qu’un chargeur de héros de film d’action : le carquois de Katniss.
  • Ensuite, une navette vient chercher les corps des candidats morts. Elle reste en stationnaire au-dessus de celui-ci, puis descend une pince pour le remonter. Mais attention, hein, pas un truc pratique : une vieille pince de foire. Quel dommage que le film ne montre pas l’opérateur qui fait retomber 3 fois le cadavre dans un vieux bruit de viande avant de remettre 10 balles dans la machine en marmonnant "C‘est bon, j’ai compris comment faire cette fois.".
  • Ah et oui, même si c’est dans la jungle, jamais un mort ne sera sous une branche, susceptible de bloquer la pince. C’est quand même bien fait.

Sauf que la production, elle, a moyennement apprécié que Katniss et ses amis comprennent le concept de l’arène : en représailles, Bob ordonne depuis sa salle de contrôle une séance de tournez-manège en accéléré de la corne d’abondance et des rochers délimitant les quartiers, pour faire perdre tout repère à nos héros. Si cela tombe plutôt bien, puisque cela arrive au moment où des méchants les attaquaient (et ont tué Electra dans l’affaire) et les oblige à se replier, Katniss manque de peu de mourir, parce que des lignes entières de rochers tournant à pleine vitesse dans la margoulette quand on se retrouve dans l’eau, ça peut faire bobo.

Mais non, elle s’en tire, merci pour elle.

Nos héros sont un peu déboussolés, plus encore lorsque soudain, dans les bois, ils entendent la voix de Primrose, la sœur de Katniss, appelant à l’aide. On passe donc de la confusion à la consternation lorsque Katniss, qui sait pourtant bien que sa sœur n’est pas invitée aux Hunger Games, se rue dans les bois en hurlant "Houhouuu Primrooooose où es-tuuu ?". Et en effet, c’était un piège : il s’agit cette fois-ci d’un essaim de geais moqueurs qui imitent la voix de la jeune fille pour mieux foutre la zone comme les gros lascars à plumes qu’ils sont. Après s’être pris plumes et déjections dans la face, Katniss revient donc des bois vers la plage, en espérant que personne ne fasse remarquer que sa réaction était aussi idiote qu’absurde.

Heureusement, il y a toujours quelqu’un pour changer de sujet : Electro explique qu’il a justement un plan.

"Bon alors, c’est simple. Vous avez remarqué ? Nos ennemis ne se montrent pas sur la plage." lance-t-il parce que je sais pas vous, mais moi, j’ai justement remarqué l’exact contraire il y a 5 minutes lorsque les mecs ont débarqué pour buter sa copine Electra. Mais c’est pas grave, il y a juste un vrai problème avec les dialogues de ce film. Entre autres. "Donc, si nous retournons dans la jungle, ils viendront sur la plage pour profiter de notre absence. Sauf que nous, on sera montés jusqu’à l’arbre qui se fait foudroyer tous les soirs à minuit. Et qu’on aura déroulé derrière nous ces 2 kilomètres de câble électrique que j’ai dans la main sans vraiment que cela s’explique. Et du coup, la foudre remontera le long du câble, touchera le lac, et tuera tout ceux qui seront dans l’eau à ce moment là ainsi que tous ceux qui se reposeront sur le sable humide. Donc voilà. Protégez-moi jusqu’à minuit, et on y va !"

Electro a visiblement un vrai problème avec ses lunettes, puisqu’il n’a pas vu le même film que nous.

Le plan validé, la petite troupe attend donc patiemment la nuit. Et lorsque celle-ci survient, se met en route direction l’arbre à foudre, pour préparer la chose. Et sitôt arrivés au sommet, Electro sourit bêtement.

"Parfait. Maintenant, on a plus qu’à dérouler le câble !"

Pardon ? Vous voudriez dire que vous vous êtes tapés tout le chemin sans dérouler le câble, et que vous allez donc envoyer une équipe refaire l’aller-retour en prenant bien plus de risques ? Oui ?

A ce moment là, j’ai regardé les cendres de ma voisine qui avait brûlée un peu plus tôt dans le film, et je suis certain d’y avoir vu une braise reprendre.

Toujours est-il que Katniss est envoyée avec Johanna dérouler le câble, pendant qu’Electro l’accroche à l’arbre. Sauf qu’en route… ils sont attaqués ! Ho bin ça alors ! Johanna parvient à attirer les ennemis loin de Katniss avec diverses ruses allant du pourri au consternant (par exemple, faire passer Katniss pour morte, c’est compliqué dans un jeu où il y a un coup de canon pour annoncer quand les gens meurent VRAIMENT), et laisse donc Katniss se débrouiller mais… hélas, les méchants ont coupé le câble !

Katniss remonte donc à l’arbre, alors que minuit approche, et trouve, surprise, Electro kaput. Celui-ci s’est visiblement électrocuté avec un champ de force, l’arbre étant situé en bord d’arène. Mais il avait bricolé une curieuse lance à laquelle il avait relié le câble de l’arbre… étrange. Quant à Peeta et Finnick, ils ont disparu, et on entend des bruits de combat non loin. Et puis finalement, Katniss voit Finnick revenir et alors qu’elle hésite à tirer sur sa tronche, elle comprend qu’il y a mieux à faire. Et ce qu’Electro a voulu réaliser. Oui, tout devient clair.

Elle prend le câble, le relie à une flèche, et au moment où la foudre tombe, tire vers le plafond de l’arène (alors qu’elle avait un champ de force  du bord d’arène identique à 3 mètres, rappelons-le). Aidée par le mauvais script, la flèche monte sans encombre jusqu’au plafond, tout en déroulant ouat’mille mètres de câble derrière elle (ce qui est connu, ne pèse rien). La foudre frappe alors le dôme d’énergie au-dessus de l’arène en remontant le long du câble et…

… le dôme d’énergie s’arrête net, et apparaît alors le véritable plafond de l’arène, qui commence à se fissurer et à tomber.

Pendant ce temps, dans la salle de contrôle de l’arène, le président Snow, venu voir comment tout se déroulait, est furieux : il n’y a plus d’énergie dans le dôme des Hunger Games ! Katniss a brisé son jouet !

En même temps, notons que c’est une arène qui génère des éclairs qu’elle ne supporte pas elle-même. C’est beau quand même, on sent les professionnels. En tout cas, la jeune fille, elle, étendue au sol, épuisée et un peu commotionné suite à tout cela, regarde donc le dôme se détruire peu à peu (et oui, tous les morceaux l’esquivent, ils sont comme ça), avant qu’une navette ne vienne la chercher avec sa petite pince de foire (et sans la faire tomber comme une bouse, donc). Katniss perd conscience, et à son réveil, est à bord de la navette, allongée dans une simili-infirmerie aux côtés d’Electro, qui n’est finalement pas si mort que ça. Elle se lève donc et entend venir d’une compartiment voisin des voix. Notre héroïne entre donc, et se retrouve nez à nez…

… avec Haymitch, Finnick et Bob, le vilain producteur, en pleine conversation amicale !

Ceux-ci lui expliquent donc les choses :

"Tout va bien ! Tu es sortie. Tout était prévu, nous sommes de mèche depuis le début : nous ne pouvions pas te prévenir de notre plan, car le Capitole écoutait, mais nous avons tout organisé pour te faire sortir de là ! La moitié des candidats était au courant, c’est pour ça qu’ils coopéraient avec toi, voire se sont sacrifiés pour toi ! Tu es le symbole de notre révolution, il fallait te tirer de là. Maintenant, nous partons rejoindre les autres rebelles !"

Vous pensiez que le film était mauvais ? Allez-y, installez-vous tranquillement. Tenez, je vais me servir un brandy. Vous en voulez ? Non ? C’est dommage, il est excellent, mais je comprends, vous êtes méfiants. Non, si je vous demande de vous asseoir confortablement à cet instant du film, c’est parce que nous sommes au dénouement, et découvrons, formidable rebondissements, que Bob, conseiller du président et producteur des Hunger Games, est en fait dans le camp des rebelles. Et qu’il avait tout prévu pour tirer Katniss de là. D’où les autres candidats qui essayaient de l’aider, ou Electro qui voulait briser le dôme tout comme elle, simplement pour permettre une évasion et non poursuivre le jeu.

Vous avez tout saisi ? Alors on va reprendre.

Hunger Games II : l’embrasement, c’est donc l’histoire de Bob, qui envoie Katniss aux Hungers Games pour mieux l’en faire sortir.

Voilà. C’est tout. Les mecs pouvaient partir avec elle rejoindre les rebelles dès la première scène du film et ainsi passer à l’intrigue de Hunger Games III, mais vous venez de vous manger 2h26 de rien, puisqu’en fait les rebelles organisent tout seul un plan qui ne sert strictement à rien. Non, ils n’utilisent même pas le nouveau passage de Katniss aux Hunger Games pour quoi que ce soit, non. Vraiment : ils font ça uniquement pour qu’il y ait une intrigue. Ça pique ? Vous voulez que je vous dise le dernier film où j’ai vu cette ficelle du "Enfermons nous-même un copain pour mieux organiser son évasion sans autre raison que de le sortir de là ? C’était Les Trois Mousquetaires 3D.

"Tu sais Katniss, tout ce que tu viens de vivre ? Bin en fait, c’était pour rire."

Alors, maintenant, redites moi que ce film est "encore mieux que le premier" ? Voilààà.

Ho, et puis alors, du coup, si Bob était aux commandes, pourquoi faire une arène aussi impitoyable ? Et si Katniss avait trébuché et s’était mangée le brouillard ? Ou pris un singe ? Ou un rocher dans la gueule quand Bob, pourtant dans son camp, faisait tourner le cœur de l’arène et ses cailloux à toute allure ? Ou tout simplement, qu’un autre candidat l’avait tuée, puisque je le rappelle, c’est le but des Hunger Games et que vous l’aviez enfermée là-dedans ? C’eut été ballot : "Bon les gars, vous savez mon super plan ? Bin j’ai tué Katniss. Je sais plus très bien pourquoi, en fait, mais sur le coup, ça avait l’air super."

Idem, Finnick, qui était donc au courant du plan depuis le début, ne semble rien avoir à redire sur le fait que du coup, ils aient sacrifié, parfaitement gratuitement, son mentor Mamie Gâteaux qui n’avait rien demandé si ce n’est qu’elle était dans leur camp. A ce stade, ce ne sont plus des incohérences, c’est tout simplement un festival de balles dans le pied. Et à une telle cadence de tir, je ne suis même pas sûr que ce soit autorisé par la convention de Genève.

Quant au fait de ne pas prévenir Katniss du plan, visiblement, ils avaient largement la possibilité de le faire puisque même Lenny Kravitz arrivait à trouver du temps pour causer tranquillement avec la belle, voire lui faire passer son porte-bonheur en loucedé.  Un message aurait été vaguement plus intéressant qu’un pin’s. Par exemple, pour éviter que Katniss, sans instructions dans un jeu où il faut tuer ou être tuée, ne flèche la gueule aux candidats supposés l’aider. Un détail.

Résultat des courses : tout le monde présente le "plan" (sic) comme un grand succès, même si Peeta a lui été récupéré par le Capitole et est désormais otage là-bas. Katniss est donc en colère (mais juste à cause de ça, elle n’a rien à redire au plan stupide) jusqu’à ce que quelqu’un ait l’excellente idée de lui administrer un bon gros sédatif. Et fois-ci, lorsqu’elle se réveille, elle n’est plus dans une navette, mais dans une véritable salle, avec à ses côtés Gale, son copain. Qui lui annonce que la mère et la sœur de Katniss ont pu être sauvées, mais que le Capitole a fait bombarder le district 12, qui n’existe plus (bonne chance pour vous maintenir sans ressources minières les copains du Capitole !).

"Et où sommes-nous en ce moment ?" demande alors Katniss.

Dans le district 13. Officiellement entièrement détruit il y a 75 ans mais qui résiste encore face au Capitole. Et maintenant qu’ils ont Katniss, il est temps de lancer la révolution ! Et…

… FIN !

___________________________________

Voilà voilà.

Ho, et pour rappel : Les Trois Mousquetaires 3D, ce n’était qu’une scène du film qui reposait sur le plan absurde du "Je te mets quelque part pour mieux t’en sortir sans raison".

Là, j’insiste, ce sont les 2h26 de film qui  se basent uniquement là-dessus.

Ce qui signifie que oui, même l’intrigue des Trois Mousquetaires 3D était plus soignée que celle de Hunger Games : l’embrasement.

Et là, tout est dit.


Le Hobbit : la désolation tout court

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"Candidat suivant !"

Tirant sur sa cravate, Thorin Ecu-de-chêne se redressa dans son siège de cuir, avant d’adresser un sourire en coin à son ami Balin, assis à son côté. La porte du bureau s’ouvrit en grand et laissa apparaîtra une haute silhouette vêtue de gris, qui s’approcha tranquillement du siège situé en face de Thorin. Balin lécha son doigt pour tourner la page du cahier des candidatures, prêt à prendre de nouvelles notes, alors que Thorin jaugeait le nouvel arrivant.

"Bonjour Monsieur. Bon, je suppose que vous avez bien lu l’annonce ? Mon ami Balin et moi-même partons à l’aventure, d’où ces petits entretiens d’embauche pour se trouver de nouveaux compagnons. Alors Monsieur, à qui avons-nous l’honneur ?
- Gandalf. Gandalf le Gris.
- Très bien Monsieur Legris. Dites-nous ce que vous pensez que vous pouvez apporter à notre compagnie ?
- Je… je suis un magicien. Voilà.
- Un magicien ! C’est bien ça ! On a pas mal de guerriers pour l’instant, c’est vrai qu’un magicien, ce serait chouette. Alors, c’est quoi votre truc ? Les boules de feu ? La foudre ? Ho, peut-être la glace ?
- Non je… je fais pas les boules de feu.
- Ah non ?
- Pis pas la foudre. Pis pas la glace non plus. Mais j’fais des trucs supers hein !
- Heu… oui ? Vous auriez un exemple ?
- Hé bien… je peux faire de la lumière avec mon bâton ! Comme ça, s’il fait noir, hop ! Il fait plus noir !"

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Balin fit la moue avant de faire cliqueter son stylo quatre couleurs pour prendre des notes en rouge. Thorin toussota poliment en cherchant le meilleur moyen d’annoncer ce qu’il avait à dire au vieil homme à la mine ravie, qui s’attendait visiblement à les impressionner.

"En fait, nous sommes des nains, Monsieur Legris. Nous voyons naturellement dans le noir. Donc votre bâton à piles, là, à part pour vous et éventuellement pour nous faire repérer…
- Ah ? Non mais, je sais faire d’autres choses je… tenez, les boules de feu !
- Je croyais que vous n’en faisiez pas ?
- Ah non mais dans le genre, je peux… mettre le feu à des pommes de pin ! Ha ha !
- Et ensuite elles explosent ?
- Hein ? Ho non. Après, c’est juste des pommes de pin. En feu. C’est bien quand même, non ?"

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Balin prit doucement sa tête dans ses mains, tentant en vain de cacher son désespoir pendant que Thorin lui tapotait le dos.

"Monsieur Legris… écoutez, franchement, vous êtes un magicien un peu pourri quand même, non ?
- Woh non ! Une fois, j’ai tué des orques !
- Avec votre magie ?
- Bah non, avec mon épée pourquoi ?
- Je… je suis certain que vous pensez être un magicien Monsieur Legris. Vous êtes de bonne foi, vous avez l’air sympa et tout, mais les magiciens, ils ont pas besoin d’épée pour tuer des orques. Vous comprenez ? Il faut arrêter maintenant. 
- Mais… mais une fois face au roi gobelin, j’ai fait plein de vent ! C’est pas de la magie ça ?
- Gandalf… si vous faites du vent, c’est pas parce que vous êtes magicien, c’est parce que vous êtes tout vieux, vous comprenez ?
- Hooo… hoo ch’uis fatigué…
- Bon, vous savez quoi, on va faire un geste. On va faire un contrat de génération, là, le truc de Hollande, si on aide un vieux, on a des allègements de charges pour nos guerriers en CDI. Alors on vous emmène, et puis comme ça, ça vous fera votre sortie. Ça vous ira Gandalf ?
- Merci M’sieur Ecu-de-chêne… on part quand vous voulez, hein. On va où ?
- Taper un dragon."

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Et tout comme s’il y avait eu un roi gobelin dans la pièce, Gandalf déchaîna les vents.

Afin de suivre les aventures de nos amis des Terres du Milieu, il n’en faut pas moins que nous fassions le point sur le volume I de la trilogie. Allons-y donc !

Le Hobbit I : Bilbo Sacquet est un hobbit. Un jour, Gandalf le magicien sénile et 13 nains viennent le chercher en lui proposant de participer à une aventure pour aller reconquérir le Mont Solitaire, ancienne forteresse naine prise par le dragon Smaug il y a fort longtemps. Bilbo est recruté avec le titre de "cambrioleur" parce qu’en bon hobbit, il sait se faire petit et discret. En route, ils affrontent des géants, des gobelins, une salade niçoise, et sont pourchassés par le terrible Azog, un orque qui ferait mieux de se trouver un hobby. Bilbo trouve durant ces pérégrinations un anneau qui rend invisible, ce qui est fort pratique pour faire des blagues. Puis, alors qu’Azog manque de peu d’en finir avec leur compagnie, nos héros sont sauvés par des aigles qui les emmènent jusqu’à leur nid dans les montagnes, parce que ces branlos, sorte de RER B des terres du milieu, ne veulent pas aller plus loin parce que c’est dangereux. Ne pas aller plus loin que son nid, faut-y être con. Dans tous les cas, nous nous en étions arrêtés là. Et le spoiler était ici.

Tout vous revient ? Alors… spoilons, mes bons !

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L’affiche : du feu, même dans la pipe de Gandalf, ça compte dans la célèbre technique "Affiche en feu, film tout foireux".

Notre film s’ouvre dans la petite bourgade de Bree, située non loin de la Comté. En effet, par une nuit pluvieuse durant laquelle on peut croiser un Peter Jackson habilement grimé en villageois dès la première scène, une silhouette trapue s’avance dans les rues et va se poser dans une auberge. C’est Thorin, le chef des nains de l’épisode précédent ! Mais nous sommes quelques mois avant que notre aventure ne commence…

Alors que le bougre savoure pain et fromage en surveillant du coin de l’œil deux humains qui ont l’air de ne pas vouloir lui faire que des câlins, Gandalf le gris vient s’asseoir à sa table. Mais que veut le vieux magicien ?

"Thorin, fils de Thraïn ! Que faites-vous ici ?
- Je mange du fromage de Bree. Même si ça ne vaut pas la Comté !
- Que…
- C’était une blague naine. Non, en fait, je cherche mon père, Thraïn. Des rumeurs disent qu’on l’aurait aperçu par ici.
- Des rumeurs, Thorin. Votre père n’est jamais venu par ici, je vous le garantis, et je doute que vous le retrouviez un jour. Non, en fait, vous savez ce que vous devriez faire ?
- Demander aux habitants de Brie s’ils sont d’accord en hochant la tête ?
- De…
- Non parce que j’adore quand Bree hoche.
- … Thorin, encore une blague comme ça et je vous colle mon bâton dans l’œil.
- Ah non ! Il ne faut jamais coller quoi que ce soit à Bree. Je ne veux pas de Bree colle !"

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Une fois que l’aubergiste a séparé le petit vieux du nain sur lequel il tapait à coup de canne (qu’il appelle pompeusement "bâton"), la conversation peut reprendre, sans humour nain cette fois.

"Thorin, l’ennemi est là, dans l’ombre. Vous savez, les forces des ténèbres ont mis votre tête à prix.
- Ça expliquerait les humains qui me regardent bizarrement. Mais pourquoi ?
- Ils ne veulent pas que vous récupériez votre trône. L’ennemi aimerait que le dragon reste où il est… pour pouvoir le convaincre de rejoindre son camp.
- Ho !
- Hé oui. C’est pour ça que vous devez lever une armée pour reprendre votre trône. Et vous savez que les nains ne s’uniront que si vous leur présentez, l’Arkenstone, le plus beau joyau de votre ancien royaume ! Il va donc vous falloir pour ça réunir quelques amis pour retourner sur vos anciennes terres et… trouver un cambrioleur ! Prêt à quitter Bree pour une belle aventure, Thorin ?
- Pas encore, je suis aussi venu voir Martine.
- Martine ?
- Martine au Bree."

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Alors que Gandalf explose de fureur (d’où l’expression "coup de grisou", parviendra à dire Thorin avant d’être à demi battu à mort), maintenant que nous savons comment tout a commencé, revenons dans le présent, et prenons la suite du premier film.

Et nous voici par une sombre nuit quelque part, dans les montagnes jolies des Terres du Milieu. En effet, Gandalf, Bilbo et les treize nains sont bien embêtés : alors que jusqu’ici, ils ont cumulé bien des aventures et pensaient pouvoir continuer à cheminer en paix, voici que malgré tous leurs efforts, Azog, le vilain orque qui les poursuit depuis l’épisode précédent, a retrouvé leur trace. Et comme si cela ne suffisait pas, voilà que Bilbo, véritable guetteur de la troupe, a repéré une espèce d’ours monstrueux traînant dans le voisinage. Que de dangers ! Bilbo va donc faire son rapport à Gandalf et aux nains.

"Misère les amis ! Azog a retrouvé notre trace ! 
- Alors qu’on a volé sur des kilomètres et des kilomètres à dos d’aigle ? 
- Il… heu… oui. Tiens, c’est vrai ça. Bon, on va dire qu’il connaissait la direction générale où nous allions, et que donc, il nous a retrouvés.
- Dans 800 km² de montagnes au bas mot ? Ce serait pas juste pour rajouter des scènes de course-poursuite aussi inutiles qu’improbables au film, au hasard ?
- Ho. Hem je… écoutez Thorin, nous n’en sommes qu’au début, essayons d’être tolérants et changeons plutôt de sujet. Tenez, par exemple, j’ai repéré une sorte d’énorme ours non loin, je vous avoue que ça ne me rassure pas trop cette histoire.
- Mmmm.
- Gandalf…
- Mmmm… un ours, vous dites…
- Gandalf, écoutez, arrêtez de faire "mmm" pour prendre votre air mystérieux et crachez le morceau si vous savez quelque chose. Alors, cet ours, ami ou ennemi ?
- Ni l’un ni l’autre… mais par contre, cela me donne une idée : je connais une maison non loin où nous pourrons nous abriter pour échapper à Azog. 
- Ah oui ? Ah mais c’est chouette !
- Oui, alors suivez-moi, vite !"
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Gandalf, qui est âgé mais a encore de bonnes jambes, ce qui lui permet d’arriver le premier à La Poste le matin pour faire tomber sa monnaie, demander à voir tous les timbres disponibles ou autres activités de vieux, se lance donc dans une folle cavalcade aussitôt suivi par Bilbo et les nains. Je vous laisse donc deviner ce qu’il se passe : tout le monde court en file indienne sur fond de musique pompeuse, à savoir dans le cas présent au milieu d’une superbe plaine éclairée par le doux soleil qui…

… attendez, on était pas en pleine nuit et en montagne ?

Ce n’est pas grave, la scène est déjà passée, la plaine aussi, et nos héros courent à présent au milieu d’une forêt profonde,  oubliez la plaine qui est déjà loin, ce qui me laisse supposer que non seulement quand Gandalf dit "je connais une maison non loin", il faut comprendre "à moins de 1200 kilomètres" (le bougre doit être Canadien), mais qu’en plus lui et ses amis à courtes pattes ont une vitesse de croisière qui leur permet de doubler les chevaux à la course, ce qui doit aider Gandoulf à tricher au Quinté +. Toujours est-il qu’après cette folle épopée, nos larrons arrivent en vue d’une imposante masure au milieu d’une clairière, et se lançant dans une dernière course vers la porte, ils notent que le gros ours que Bilbo avait vu est derrière eux, et visiblement pas content. Pas de souci cependant, car sitôt la petite équipe entrée dans la maison, elle referme la lourde porte sur la gueule de l’ours. Celui-ci reste un peu coincé dans l’ouverture, mais personne n’en profite pour lui coller un coup d’épée dans la margoulette, ce qui est bien dommage. L’ours, blasé, se replie donc et va grogner aux alentours de la maison.

Pour rappel, voici Azog, l’orque qui a visiblement un jour confondu la grille du barbecue avec son blush. Je n’ai pas d’autre explication quant à la symétrie parfaite de ses cicatrices.

"Qu’est-ce que c’était, Gandalf ? On aurait dit un ours, mais en plus gros et plus en 3D.
- Ça les amis, c’était notre hôte."

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Que ne l’as-tu point dit durant vos 1200 kilomètres de cavalcade, ami Gandalf, parce que si un nain avait effectivement eut l’idée de sortir son épée, votre hôte aurait eut l’air fin (et vaguement mort). Gandalf explique donc l’affaire plus en détail : cet ours, c’est Béorn, un changeur de peau. On retient de lui qu’il peut se transformer en ours, mais qu’il ne se contrôle guère sous cette forme (ça doit pas être pratique quand il se réveille et qu’il trouve des étrons d’ours un peu partout dans sa maison "Raaah mais c’est pas vrai, mais faut que je me contrôle moi un peu !"), et qu’il n’aime pas trop les nains, ce qui est ballot. Mais qu’il n’aime pas trop les orques non plus, ce qui devrait tenir Azog et les siens à distance.

La petite équipe décide donc de dormir chez Béorn, en plus ou moins sécurité, et au petit matin, Bilbo entend la porte de la demeure s’ouvrir : c’est Béorn, sous apparence humaine ! Celui-ci est tout grand et tout poilu, mais surtout, il s’exprime avec l’accent picard, laissant supposer qu’il doit probablement être de Soissons. Béorn est un mec cool : non, il n’en veut pas aux nains de lui avoir mis sa propre porte sur la gueule. Et comme il est sympa, en plus, il partage sa table avec eux.

"Alôrs, lô nains, lô, c’quwô qu’vous fôtes pôr ici ?
- Voyez-vous Béorn, mes amis nains et le hobbit que vous voyez ici m’accompagnent pour une aventure. Et nous avons des orques à nos trousses, c’est embêtant. Ne pourriez-vous pas nous aider à atteindre Mirkwood, plus à l’est ?
- Si, Gandôlf, j’pô. J’pô vô prêter, des pôneys, lô.
- Parfait. Merci Béorn.
- Bon bin j’vô vô les cherchô dans mô harem.
- Haras.
- Chut Bilbo. Oui, Béorn, allez à votre harem, on va se resservir un peu de pain au miel pendant ce temps. Voilà, haha.
- Mais Gandalf, ne l’encouragez pas, on dit "haras" !
- Bilbo, à votre avis, qu’est-ce que vous croyez qu’un changeur de peau célibataire à l’accent picard fait avec 14 poneys chez lui ?
- Il… hoooo. 
- Maintenant, reprenez du pain au miel et faites semblant de rien."

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Après avoir trouvé un cheval à Gandalf et 14 poneys traumatisés à prêter aux petites gens qui l’accompagnent, Béorn prend la route de l’est pour accompagner ses nouveaux amis jusqu’à Mirkwood, prochaine étape sur la route du Mont Solitaire. Mais, laissons un peu nos amis de côté pour aller voir justement ce qu’Azog et ses orques font !

Car de leur côté, ça bougonne : depuis que la troupe est sous la protection de Béorn (qui a expliqué que tout son peuple de changeurs de peau a été exterminé par des orques, ce qui  laisse supposer que les orques savent comment lui meuler la moustache, mais bon), les orques se tiennent prudemment à distance. Et Azog voit une nuit un messager de son noir seigneur lui parvenir : il est convoqué à Dol Gudur, le repaire de celui qui se fait appeler "Le Nécromancien", à 19h en salle 203. Sur place (car oui, il y arrive dans la minute, pif pouf), son patron, qui a la forme d’une grosse ombre flottant en l’air, ce qui est pratique pour griller des places à la cantoche, lui annonce qu’il doit rester à Dol Guldur pour préparer "la guerre qui approche". Mais comme péter la gueule de Thorin est toujours d’actualité, Azog est remplacé au pied levé pour aller courser le nain par un de ses petits copains que nous appellerons Gérard l’orque. et Gérard part donc avec sa petite troupe pour aller tatane du nain.

Cela étant dit, revenons à Gandalf et sa troupe, qui arrivent à l’orée de Mirkwood, une forêt à la bien triste allure : sombre, aux arbres tordus… elle semble avoir été littéralement corrompue par quelque chose (celui qui a dit "Les Balkany" a perdu, mais je reconnais que c’était bien tenté). Sitôt qu’il la voit, Gandalf ordonne donc que l’on relâche les poneys – ils ne seront d’aucune utilité dans les bois – puis il a un flash-back de Galadriel qui lui dit que tiens, au fait Gandalf, ce serait bien de savoir qui est le nécromancien. Ah, quel courage Gandalf ! Une forêt qui fait un peu peur, et hop, ho bah, il se souvient qu’il a un autre truc à faire. Gandalf annonce donc à la troupe deux choses :

  • Il doit partir, c’est super important, quel dommage, lui qui était super impatient d’aller dans les bois qui font flipper, c’est trop bête !
  • Dans la forêt, il suffit de suivre le sentier. Sinon, c’est mal.

Gandalf salue donc ses amis, et alors que les nains lui font part de leur stock d’injures diverses, de remarques homophobes et que les premières paroles de la célèbre chanson "Gandalf a les chocottes" commencent à résonner, il s’éloigne de la troupe pour aller vaquer à ses occupations. Thorin en bon chef des nains prend donc le commandement de la troupe, et la fine équipe s’enfonce donc dans les bois épais. Hélas ! Gandalf ayant crié "surtout, ne perdez pas le sentier", évidemment, la première chose que font les nains consiste à perdre le sentier qui était cependant très mal balisé, j’en conviens. Ils errent donc dans les bois, incapables de retrouver leur chemin, jusqu’à ce que Bilbo note que, ho bin dis, il y a des arbres recouverts d’énormes toiles d’araignées. Tiens, si je jouais avec pour voir ce que ça fait ?

Oui, hein ? Il faut que je le dise ou ça ira ? C’est bien ce que je me disais.

Il ne faut donc pas attendre longtemps pour qu’une horde d’araignées géantes tombent donc sur notre petite troupe, et emmaillote tout ce petit monde dans un gros paquet de toile. Mais visiblement, celle qui s’est occupée de Bilbo n’était qu’une araignée géante faisant son stage de découverte de 3e  dans la forêt de Mirkwood : elle a donc non seulement oublié de piquer Bilbo, mais elle a aussi de faire une toile vaguement solide autour de lui. Du coup, notre héros se réveille, jaillit de son cocon en hurlant, sort son épée et parvient à s’enfuir comme il le peut.

Là, vous allez me dire "Du coup, Bilbo doit sortir son anneau d’invisibilité de sa poche, et éviter d’être enquiquiné" ? Non, non, comme vous y allez.

"Concentre-toi Bilbo… tu ne dois pas te faire repérer, comment faire… raah, cet anneau d’invisibilité qui roule dans ma poche m’empêche de me concentrer !"

A la place, Bilbo se contente de se cacher derrière des branches et/ou de faire diverses acrobaties (et non, les araignées ne sentent plus la toile vibrer : elles on senti Bilbo jouer avec une petite toile à 15 kilomètres de distance, mais le même qui cavalcade à 2 mètres d’eux, hop, plus rien, elles doivent être presbytes de la patte), puis, à force, finit quand même par se dire que bon, allez, il va mettre son anneau, comme ça, pour voir, parce qu’il paraît que c’est pratique, l’invisibilité, quand on ne veut pas être vu. Mais ce n’est qu’une rumeur, on est pas trop sûr.

Et là, miracle ! Vous savez, l’anneau unique, il rend invisible ? Et bien visiblement, il a profité de l’année entre les deux films pour partir en Erasmus, parce que désormais, il fait aussi traducteur universel ! Mais oui, et visiblement, il a pris araignée géante en LV2 parce que du coup, Bilbo entend les bougresses en train de causer entre elles. Mais alors, de quoi ça parle, une araignée géante ?

"Hé les filles ! J’ai trouvé un blog su-per ! Ça s’appelle Margaux Motin, et c’est des jolis dessins, mais des fois, les personnages disent "ta mère" ! 
- Ho dis, c’est super rigolo ! C’est quoi l’adresse ? 
- Tu trouveras, c’est sur la toile !
- Hihihihihi !"

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Ah bin hé, vous avez vu l’humour nain, fallait pas vous attendre à grand chose non plus des araignées géantes, hein. Bref, que disions-nous ? Ah, oui.

"Bon, si on mangeait les nains ?
- Ho oui ! Avec un petit thé, devant Glee, ça va être choupi comme tout !
- Parfait ! Bon, allez allumer tout ça les filles, je ramène les nains."

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Bilbo entendant cela comprend que ses amis vont bientôt passer de vie à trépas, et ni une, ni deux, saisissant son épée, il jaillit au milieu des toiles, toujours invisible, et commence à planter les araignées ; celles-ci hurlent et donnent, bien malgré elles, un nom à son épée : "Dard" (si on devait nommer les armes en fonction de ce que les gens hurlent quand on s’en sert sur eux, une bonne partie de l’armement de Marseille s’appellerait "Bâtard") . Bon par contre, on ne sait pas trop pourquoi, Bilbo retire son anneau pour un oui ou pour un non, quitte à se mettre en danger pour rien, puis le remet, le retire à nouveau… bref. Toujours est-il qu’il parvient à libérer les nains l’un après l’autre, qui prennent alors les armes pour se défendre contre les arachnides. La bataille dure un bon moment (il faut bien remplir le film d’une manière ou d’une autre), et soudain, des renforts inattendus jaillissent des fourrés voisins : des elfes ! Qui mettent en déroute les araignées ! Avec à leur tête un certain… Legolas !

"Alors les nains, on se promène sur nos terres ? 
- Legolas ? Mais ? C’est affreux ! Qu’est-ce qui est arrivé à votre maquillage ?
- J’ai pris dix ans depuis le Seigneur des Anneaux, les gars.
- Oh. D’accord.
- En attendant, vous n’avez rien à faire ici : donnez-nous armes et équipement, nous vous collons au trou !"

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Les nains n’ayant clairement pas l’avantage, ils confient donc tout leur matériel aux elfes, chopines à bière compris, puis sont emmenés dans une forteresse au cœur des bois où on les enferme tranquillement l’un après l’autre. Mais Legolas note quelque chose qui l’embête un peu : il a des vues sur Tauriel, la jolie capitaine qui mène la garde, mais cette dernière a des vues sur Jean-Jacques, l’un des nains de la bande, qui l’a fait craquer au premier regard. Legolas feint donc l’indifférence, mais moyennement bien ("Mais enfin Legolas, notre amitié est trop précieuse, tu mérites tellement mieux que moi !"). Thorin, lui, a le droit a un entretien avec Thranduil, le roi des elfes du cru.

"Thorin Ecu-de-chêne ! Le célèbre roi sous la montagne, parti reconquérir son royaume… vous ici !
- En effet. Je souhaiterais pouvoir poursuivre mon chemin. C’est sympa chez vous, c’est coquet et tout, mais c’est pas tout ça, on a de la route. 
- Thorin, mon bon ami… voilà ce que je te propose : tu veux reconquérir ton trône ? Soit. Je t’y aiderai.
- Ah oui ? C’est bien, ça, dites-donc. 
- Oui, mais en échange… il y a dans le trésor de Smaug certaines pierres qui m’appartiennent… je souhaiterais les récupérer.
- ALORS CA JAMAIS !
- Je… attendez, mais ? Pourquoi vous vous énervez ?
- PARCE QUE VOUS N’AVEZ AUCUNE PAROLE ! Quand la montagne a été attaquée, vous n’avez pas accueilli les réfugiés ! Alors je sais que vous n’avez aucun honneur !
- Nan mais c’est-à-dire que c’est con, votre histoire : je vous parle de pierres que le dragon a. Ce qui signifie que je ne peux les récupérer QUE si je vous aide d’abord. Donc que je suis payé à la livraison. Donc, impossible pour moi de vous lâcher si je veux mon paiement. Du coup, c’est pas logique, votre grosse colère là.
- Ah bin oui. Mais le script dit que ni vous ni moi n’y pensons.
- Il dit quoi ensuite ?
- Il dit que vous me renvoyez au trou.
- Alors soit : au trou, le nain !"

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Et au trou, le nain, donc. Mais retrouvant Balin, son lieutenant, dans sa cellule, Thorin explique que rien n’est perdu : non pas parce que Gandalf peut encore les sauver, non, personne ne compte plus sur papy depuis longtemps, mais parce que les elfes n’ont pas capturé Bilbo ! Celui-ci a eu la bonne idée d’enfiler son anneau peu avant la capture du groupe, et a donc suivi les elfes jusqu’à leur forteresse… donc inutile de passer un marché avec les elfes, puisque Bilbo est là !

Oui, enfin les elfes se proposaient juste de t’aider à reprendre ta montagne directement. Un détail, sûrement : tu n’en as pas besoin. Bilbo va sûrement aussi latter le dragon tout seul.

"Tauriel, les nains que nous avons capturés… est-ce que c’est juste moi ou est-ce qu’ils sont un petit peu nerveux, voire carrément con-cons ?"

S’ensuit une petite scène durant laquelle Tauriel, la jolie elfe, vient discuter avec Jean-Jacques, le gentil nain en cellule. Evidemment, ils parlent de leurs rêves, de leurs déceptions, de la vie, de la mort, et bien évidemment de physique quantique, sans se rendre compte que Legolas a suivi la chose de loin. Aussi, sitôt que Tauriel a quitté le secteur où les nains sont enfermés, le bougre lui tombe dessus.

"Tauriel ! Je vois que ce nain ne te laisse pas indifférente.
- C’est que… il est plutôt grand et bien fait, pour un nain !
- Tu veux dire que tu es attirée par lui ?
- Hé bien je…
- Tauriel, je ne pensais pas devoir en arriver là un jour mais… sais-tu ce que cela donne lorsqu’un nain et une elfe s’aiment ?
- Non ?
- Regarde cette photo d’Eric Zemmour. Maintenant, redis-moi que ce n’est pas une connerie.
- Seigneur je… je vais y réfléchir Legolas je… je ne savais pas…"

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La discussion se poursuit, mais n’y prêtons pas attention : car Bilbo, lui, a bien avancé de son côté. Il a réussi à récupérer les clés des cellules de la forteresse qu’un geôlier avait laissées au clou, et a en plus appris que les elfes avaient un système pour évacuer les tonneaux de vin elfique vides par la rivière passant sous leur base d’opération qui lui a donné des idées. Ni une, ni deux, il va donc libérer ses amis (ce qui est facilité par le fait que tous les gardes que l’on voyait patrouiller avant doivent eux aussi avoir des anneaux d’invisibilité puisqu’ils ont tous disparu), puis les emmène vers les caves de la forteresses, en leur ordonnant de se glisser dans les tonneaux qui attendent sur une trappe d’être évacués par la rivière. Ça tombe bien, il y a… 13 tonneaux très exactement !

Retenez bien cette information. 13 nains, 13 tonneaux. Oui, ça tombe bien, j’en conviens.

Bilbo active donc le mécanisme de la trappe qui va bien, et les treize nains, protégés par leurs tonneaux, sont donc envoyés flotter sur la rivière rugissante. Et quelques instants plus tard, Bilbo les suit, sans tonneau pour sa part. De là, c’est parti pour la séquence "Peter Jackson est tellement mauvais que même les trucs simples, il n’y arrive pas." Ainsi, si l’on suit les pérégrinations sur les flots de nos amis nains (avec même une séquence en caméra go-pro, ça c’est du grand cinéma), selon les plans, le nombre de tonneau, pourtant facile à retenir, varie. Les nains s’arrêtent sur une grille qui leur bloque la route ? Hop ! Il y a soudainement beaucoup moins de tonneaux ! Un nain brise son tonneau ? Il y en a un vide qui l’attend ! Un plan large ? Des tonneaux disparaissent !

C’est tellement simple que se planter là-dessus en est consternant.

Mais en parlant de consternation, sachez qu’il se passe des choses en même temps, puisque les postes de garde elfes sur la rivière en bordure de la forteresse sont pris d’assaut par Gérard l’orque et sa troupe d’environ… 350 orques ? Parce que oui, les elfes ont repéré 13 nains au fond des bois, mais pas 350 orques directement chez eux. Probablement des orques ninjas. Ah, et au fait, sachant que les bois sont super hostiles, comment les orques ont trouvé la forteresse ? Oh, et puis tant qu’à faire, sachant que les nains ne se sont jamais arrêtés dans leur progression, et que là, même en se faisant capturer, ils s’évadent en moins d’une journée, cela veut dire qu’en plus du temps de trajet minimum pris par les nains, Gérard l’orque a trouvé le temps de :

  • attendre qu’Azog revienne au rapport lui passer la main
  • reprendre la route jusqu’à l’endroit où Azog avait arrêté la poursuite
  • retrouver la piste des nains
  • les chercher au fond des bois, pourtant qui rendent fou, le tout hors du sentier et sans se faire voir
  • de les suivre jusqu’à la forteresse elfique
  • de la contourner et de se positionner sur le fleuve, là encore, sans se faire repérer
  • et enfin de lancer l’assaut !

On peut dire que le garçon sait gérer son emploi du temps. Ou alors, c’est juste que c’est nul et complètement artificiel pour là encore, meubler un film creux. D’ailleurs, à ce moment là dans la salle, un intégriste du livre s’est levé et a tenté de s’immoler à l’aide des pages dudit ouvrage ; hélas, Bilbo le Hobbit n’est pas assez épais pour allumer un feu un minimum sérieux. Alors y trouver assez de pages pour faire une trilogie, il fallait bien rajouter quelque chose. Comme par exemple, et à tout hasard, du caca.

En tout cas, les elfes, à l’origine partis à la poursuite des tonneaux sur la rivière, se retrouvent donc à affronter les orques, avec évidemment de fameux passages comme "Legolas tirant des flèches sur les orques, le tout en équilibre sur la tête de deux nains dans leurs tonneaux dévalant la rivière". L’intégriste du livre qui s’était raté quelques instants auparavant est donc revenu, mais cette fois-ci avec un bidon de kérosène. J’en profite pour signaler que durant cette séquence, les nains arrivent à voler des armes aux orques qui leur sautent dessus, s’en servant pour affronter l’ennemi comme pour abattre les obstacles sur leur route. Ça aussi, ça servira plus tard.

Toujours est-il que les tonneaux finissent par s’éloigner, et que Legolas et Tauriel ne peuvent que contempler le spectacle des nains leur échappant, alors que les orques, eux, continuent de descendre la rivière à la poursuite des nains, mais en cherchant un peu moins le conflit avec les elfes. Mais l’un des méchants a été fait prisonnier, l’occasion pour nos amis aux oreilles pointues d’apprendre que les orques se sentent très forts, leur maître nécromancien leur assurant une prochaine victoire sur les peuples libres des Terres du Milieu. Il ajoute aussi qu’il a clairement vu dans la bataille sur la rivière un nain – et comme par hasard, celui qui provoque des palpitations chez Tauriel – se faire toucher par une flèche empoisonnée. Et que donc, bientôt, il ne sera plus, hohoho ! Ni une, ni deux, Tauriel, bientôt suivie par Legolas, décide donc de reprendre la route de la rivière pour aller porter secours au malheureux…

Mais sans emporter de quoi le soigner, hein, quand bien même l’orque a donné le nom du poison. Faudrait pas être trop futé non plus.

Dans l’immédiat, revenons, justement, à ce qu’il se passe chez nos amis trapus. En effet, la rivière locale débouche sur un lac, où les tonneaux des nains viennent s’échouer sur une espèce de petit îlot rocailleux. L’occasion pour eux de savourer la chose, car le lac où ils sont est situé non loin du Mont Solitaire, leur destination, l’aventure touchera bientôt à sa fin ! Mais déjà, ils sont bien embêtés : ils sont comme des couillons sur leur îlot, et n’ont plus le moindre équipement (voilà où je venais en venir : vous savez toutes les armes prises aux orques ? Elles ont disparu parce que ça arrange l’intrigue, hop !), vont-ils devoir manger Bilbo ? Heureusement pour notre héros, une large embarcation s’approche du roc sur lequel ils se sont abrités : elle est conduite par un humain, un certain Bard, qui explique à la petite troupe qu’il est bien étonné de les trouver là : lui, d’habitude, il vient juste ici récupérer les tonneaux que les elfes ont jeté à la rivière pour aller les vendre à Lacville, la cité la plus proche. Alors trouver des nains dans les tonneaux en question… il préfère ne pas trop s’en mêler, c’est un coup à avoir des emmerdes. Mais bon, c’est quand même moyen de la part des elfes de balancer leurs nains usagés à l’eau, c’est pas Fort Boyard ici, sacrebleu.

Sauf que Balin, en bon lieutenant de Thorin et fin diplomate, lui propose tout plein de pognon en échange d’un voyage vers Lacville et d’armes pour qu’ils puissent reprendre leur route.

"Soit ! J’accepte !" dit donc Bard, bateleur mais aussi contrebandier de son état. Le spectateur s’étonne donc en voyant les nains sortir des tonnes de pièces d’or pour le payer : ne venaient-ils pas justement d’expliquer qu’ils n’avaient plus rien sur eux puisque les elfes leur avaient tout pris ? Ils doivent probablement générer des pièces d’or aléatoirement. D’ailleurs, ce n’est pas la seule chose qu’ils génèrent, puisque ratages de bas étage toujours, Bard explique à ses nouveaux compagnons qu’ils doivent se faire discrets, et qu’il va donc les faire rentrer en ville, cachés dans leurs tonneaux. 13 nains, 13 tonneaux, vous vous souvenez (même en faisant fi de la scène précédente) ? Hé bien il y en a désormais, hop, pif pouf, un quatorzième juste pour Bilbo !

La réalisation insiste même avec des gros plans pour être sûr de ne laisser aucune chance à un extrapolator de passage. Le nombre est 13. Ni 12, ni 14.

Quoi, je chipote ? Hé, ho, qui se prétend un réalisateur d’envergure international faisant une trilogie à ouat’mille millions ? Bon, alors.

En tout cas, une fois la petite équipe camouflée, Bard emmène la troupe à Lacville, passant avec quelques ruses les différents postes de garde autour de la cité qui est une sorte de croisement entre Venise et Charleville-Mézières. En effet, s’il n’y a pas de rues, seulement des canaux, la ville est loin d’avoir la splendeur de la cité des doges : c’est plutôt un gros amoncellement de cabanes, le tout dirigé par le Maître, seigneur local qui a un certain goût pour l’argent, mais un peu moins pour le partage. Et à en croire les discussions que Bard a avec des gardes alors qu’il mène sa barque, la cité est au bord de la rébellion, puisque bon, le Maître, il est gentil, mais manger du poisson du lac matin midi et soir, ça va bien 5 minutes, tu t’es cru à Innsmouth pépé ?

Bard achève d’emmener nos amis nains jusqu’à chez lui, mais hélas, se fait repérer par quelques passants qui s’étonnent de voir des nains se promener en ville. En tout cas, à l’abri des murs de sa demeure, Bard leur présente sa petite famille (il a deux filles et un garçon), et propose de tenir sa parole en fournissant des armes aux nains : harpons, maillets, grappins… il leur donne tout ce qu’il a sous la main, mais notre fier humain a bien du mal à convaincre ses nouveaux amis que ses armes valent le prix qu’ils ont payé : eux, ils veulent des épées, des haches, des arcs… et pas ces trucs de récupération ! Petit arnaqueur, va ! Bard leur explique qu’il n’y a qu’un seul endroit dans la ville où il y a tout ça : l’armurerie. Mais qu’il n’ira pas la piller pour leur beaux yeux, faudrait voir à se calmer les barbichus.

En parlant d’arme, Thorin, lui, repère quelque chose par la fenêtre de la maison de Bard : une tour de garde de la ville surmontée d’une baliste… naine ! Bilbo, qui ne connaît pas grand chose à ces histoires là, a donc le droit à un petit récapitulatif : cette arme vient de Dale, la cité  humaine qui était en face du Mont Solitaire et que Smaug a détruit lorsqu’il est arrivé. C’est l’une des rares armes capables d’abattre un dragon pour peu qu’elle soit alimentée en flèches noires, des choses forgées spécialement par les nains. Et le jour où Smaug a attaqué Dale, le seigneur de la ville est allé en personne manier l’une des armes sauf que hélas, trois fois hélas, il n’a pas réussi à blesser la bête avec les 4 flèches noires qu’il avait à disposition !

"Attendez, vous voulez dire que les nains connaissaient des armes anti-dragons et en fabriquaient ?" me direz-vous ?

Oui oui, vous répondrais-je.

"Et vous voulez dire que ces blaireaux de nains ont confié l’arme en question aux humains, mais n’ont pas pensé à en équiper leur forteresse, pourtant appeau à dragons ?"

C’est exactement ça.

"Et qu’en plus, ils n’ont forgé qu’une baliste et 4 flèches en tout et pour tout pour défendre tant Dale que leur montagne ?"

Je suis consterné moi aussi, mais oui.

"Est-ce qu’il vous reste du brandy ? J’en aurais bien besoin, là."

Tenez, et accrochez-vous parce qu’on a pas fini.

Car si la famille de Bard intervient pour dire "Attendez, selon la légende, le Seigneur de Dale a arraché une écaille au dragon dans la bataille quand même !" (chapeau l’artiste, avec un peu de bol, il lui a aussi pété un ongle, quelle glorieuse escarmouche), les nains, eux ont déjà d’autres idées en tête. Comme par exemple, attendre que la nuit tombe pour aller cambrioler l’armurerie de la ville ! Ce qui se passerait bien si dès la première minute, une fois à l’intérieur, nos larrons ne se disaient "Alors, plutôt que de prendre chacun ce dont on a besoin, si on faisait un gros tas d’armes et qu’on filait le tout à… tiens, toi Jean-Jacques, qui a une jambe blessée et est empoisonnée, ça te dirait pas de tout porter dans l’escalier ?". Grâce à ce rebondissement qui prouve qu’encore une fois, Peter Jackson s’y connaît en qualité, le nain ne manque pas de se vautrer, et donc de donner l’alarme. Bien vite, la milice de la ville capture donc les nains et les emmène jusqu’au palais du Maître, qui les accueille sur son parvis.

"Tiens ! Des nains ! C’est pas banal. La rumeur courait en ville qu’il y avait des petits barbus qui courraient les rues était donc vraie…
- En effet. Je suis Thorin Ecu-de-chêne et voici ma fière compagnie.
- Thorin ! Le roi sous la montagne ! On a par ici une vieille prophétie qui dit que quand vous reviendrez, ce sera la fête chez vous, mais moyen pour nos gueules.
- Puis-je savoir d’où sort cette prophétie ?
- Heu… de… c’est… une prophétie. Voilà. 
- Qu’importe : aidez-moi à aller jusqu’au Mont Solitaire, donnez-nous armes et vivres, et lorsque mon royaume renaîtra, je partagerai mon or avec vous tous !
- Okay, tope-là gros."

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Le peuple est donc en liesse à l’idée de voir le royaume des nains renaître et le pognon à nouveau couler à flot, pour que leur ville redevienne une prospère cité marchande et non plus un vulgaire trou à pêche, mais Bard, lui, décide de venir casser l’ambiance, le saligaud.

"Arrêtez ! Bon sang, la prophétie dit que ça va être chaud cacao pour nos museaux, alors ne les laissons pas y aller !
- Ho, le relou !
- Mais pensez au dragon, crotte !
- Bon, écoute Bard… ou dois-je dire… "Bard-le-fils-du-seigneur-de-Dale-qui-a-tiré-comme-une-buse-sur-le-dragon", tu es gentil et tu vas jouer aux billes, ici, on fait la fête."

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Bard, son identité de fils de loser révélée, grommelle donc alors que la ville célèbre l’arrivée des nains chez elle, et dès le lendemain matin, elle équipe ceux-ci, leur confie armes et provisions, et bien évidemment, met à leur disposition une embarcation pour aller jusqu’au Mont Solitaire. Jean-Jacques le nain empoisonné étant tout malade, il reste sur place avec une paire d’autres nains pour prendre soin de lui, pendant que Thorin, Bilbo et les autres se mettent en route.

Commence donc la dernière partie du voyage : nous sommes "le jour de Durin", un jour bien précis de l’année où selon les informations de Thorin, lorsqu’ils auront trouvé le passage secret menant à l’intérieur de la montagne (je n’ai toujours pas compris pourquoi ils ne passaient pas par la grande porte, qui pour rappel, avait un trou béant là où le dragon était rentré, mais bon, hein, les passages secrets, c’est vrai que c’est plus cool), "la dernière lueur du jour de Thorin montrera la serrure". Il faut donc se dépêcher de trouver le passage secret ! Bilbo et les nains courent donc la montagne à la recherche d’un indice pouvant les mettre sur la piste d’ne éventuelle porte secrète mais hélas, ils font chou blanc.

Du moins, jusqu’à ce que Bilbo hurle "Regardez !" et que Thorin commente sa découverte par un "Vous avez de bons yeux maître Sacquet !"

Comment vous annoncer ce que Bilbo désigne et que personne n’avait vu ? Je… bon, je vais faire simple : Bilbo montre du doigt une statue de nain d’environ 150 mètres de haut qui était juste à côté d’eux. Non, je n’invente pas : on parle bien d’une statue de 150 mètres de haut que personne n’avait remarquée, quand bien même ils étaient à 20 mètres d’elle. Voilà voilà. Ah non mais quand on parle de mauvais film, là ils n’y vont pas avec le dos de la cuillère. Et dire qu’il y a une version longue, je n’ose y penser.

Histoire d’illustrer mon propos, ça, c’est un bout de la statue, trop large pour l’écran. Les minuscules points sur le manche de la hache ou en bas à droite dans le simili escalier, ce sont nos héros. Voilà, voilà, difficile à repérer comme détail dans la montagne, donc, en effet.

Bref : nos héros grimpent donc sur la statue, qui avait un simili-escalier intégré, et arrivent au sommet de celle-ci pour découvrir une petite plate-forme taillée dans la montagne avec une forme dans la paroi évoquant une porte. La fin du voyage est là ! Ou du moins, devrait ; car Thorin a beau avoir avec lui la clé menant à la forteresse de son père, les nains n’arrivent pas à trouver la serrure, et même lorsque les dernières lueurs du soleil illuminent la porte (ils sont arrivés 2 minute avant la nuit)… nulle serrure n’apparaît. Et le soleil finit par disparaître derrière les montagnes.

"C’est fini." s’exclame donc Thorin. "Nous avons échoué. Partons.". Le bougre jette donc au sol la clé de son père, puis fait demi-tour et commence à s’en aller avec les autres nains.

Oui, là encore, vous avez bien lu : c’est tellement bien écrit que les mecs viennent de risquer leur vie durant des semaines pour arriver là, mais une fois devant la porte, ils n’insistent que deux minutes puis laissent tout tomber. Ah, on sent les mecs motivés, hein, pfou.

Evidemment, Bilbo, lui, est beaucoup plus insistant, et lorsque la lune se lève, c’est elle, "la dernière lueur du jour de Durin" ! Il voit donc une pâle lueur lui indiquer un trou dans la paroi, et appelant les nains pour leur signifier que c’est bon, il a trouvé la solution, il voit donc ces derniers revenir (avec une vitesse, encore une fois, frôlant la téléportation) et ramasser la clé de Thorin pour ouvrir la porte vers les profondeurs du Mont Solitaire… hooo ! Merci Bilbo, sans toi, on retournait chez nous jouer à la crapette jusqu’à la fin de nos jours.

Bilbo et ses amis s’enfoncent donc dans l’étroit passage, découvrant quelques bas-reliefs de leurs ancêtres ("Regardez, celui-ci raconte comment le roi un conçu la défense anti-dragon du royaume un soir de cuite !"), et Thorin explique alors à Bilbo pourquoi il est là : en tant que "cambrioleur" de l’équipe, c’est à lui de partir en éclaireur dans la cité naine abandonnée. Et de trouver le trésor de Smaug pour y prendre l’Arkenstone, le joyau de la montagne, et ramener celui-ci à Thorin pour qu’il puisse, si Smaug est encore vivant, réunir les armées des nains pour venir péter du dragon. Bilbo n’est pas très rassuré, mais allez, en route !

Notre fier hobbit traverse donc les couloirs abandonnés de la forteresse naine, avant de déboucher dans une immense salle, où tant de pièces et de bijoux sont accumulés que l’on pourrait penser à un épisode de La Bande à Picsou. Bilbo, qui n’a pour seule instruction que "Tu reconnaîtras l’Arkenstone au premier coup d’œil", ce qui est un peu flou, voire tout pourri, commence donc à escalader les montagnes d’or en inspectant quelques bijoux ici ou là, mais bientôt, ses mouvements finissent par provoquer de véritables mini-avalanches de pièces… révélant peu à peu le corps d’un immense dragon dormant au-dessous ! Et celui-ci se réveille doucement !

Alors que la majorité des spectateurs dans la salle sont en train d’hurler pêle-mêle des instructions visant à inciter Bilbo à mettre, par exemple, son anneau d’invisibilité (sur son doigt ou ailleurs, on sent une certaine tension) ou sont plus prosaïquement en train de faire des commentaires sur sa maman, le dragon achève donc de sortir de son sommeil, et Bilbo décide tout simplement de se cacher derrière une colonne de l’immense salle au trésor. Après un long moment, et alors que le dragon commence à parler – car oui, il parle ! – en disant "Mmm, il y a comme une odeur…" (les sphincters de Bilbo l’ont trahi), notre héros se décide enfin à mettre son anneau d’invisibilité… puis le retire dix minutes plus tard parce qu’il est un peu con, apparaissant ainsi au dragon, hop. Non mais… bon. C’est donc parti pour un petit moment de dialogue, où Bilbo tente de gagner du temps pour sauver sa vie, alors que du coin de l’œil, il a repéré un énorme joyau brillant d’une lumière surnaturelle : l’Arkenstone !

"Tu es donc là, petit voleur ! Tu sens le nain, mais tu as aussi une autre odeur… qu’es-tu ?
- Je ne suis pas un voleur, ho non, certainement pas ! 
-Alors, dis-moi ce que tu es et viens faire ici !
- Ho, je suis venu contempler votre grandeur, ô, Smaug ! Et je ne suis qu’un… un chevaucheur de tonneau, un ami des aigles, celui qui court sous la colline et par-dessus la colline et…
- Hmmm, j’aime les flatteries, mais ça ne te sauvera pas.  Par contre, tu sais ce que je n’aime pas ? Les réalisateurs qui réécrivent quasiment tous les dialogues d’un livre, mais en laissent des passages entiers dans le style littéraire de l’auteur là où ça les arrange. Parce que du coup mon petit Bilbo, depuis le début du film, jamais tu ne t’es exprimé comme ça, et ça sonne complètement faux.
- Je… heu… ouiii et… ô Smaug le gigantesque et… vous ai-je… ho, et si nous parlions de votre énoooorme sexe ?
- Rhooooohoho… bon, okay, les flatteries marchent un peu !"

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Je vous passe le long dialogue entre Smaug et Bilbo, et profitons-en pour aller voir ce qu’il se passe ailleurs. Comme par exemple, du côté de chez Gandalf ! Vous l’aviez oublié, n’est-ce pas ? Moi aussi ! Car celui-ci, après avoir gambadé à droite et à gauche, a découvert que la prison où les Nazguls, vils serviteurs du terrible sorcier Sauron, étaient enfermés depuis des siècles, avait été ouverte et que cela continue de lui donner des indices sur la mystérieuse identité du nécromancien de Dol Guldur (je me demande bien qui c’est, d’ailleurs. Sylvain Mirouf, peut-être ?). Notre vieux préféré décide donc de se rendre sur place pour en avoir le cœur net, accompagné de Radagast, le magicien amateur de ganja. Sur place, tous deux conviennent d’un plan.

"Radagast, va prévenir Galadriel que je vais explorer Dol Guldur. 
- Certes Gandalf, mais ça ne sentirait pas un peu le piège à con ?
- C’EST un piège à con !"

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"Meugneugneu Gandalf gneugneugneu piège à con gneugneu… j’ai un bâton qui fait de la lumière, il ne peut RIEN m’arriver !"

Là encore, je suis au regret de vous dire que je ne rigole pas : Gandalf dit bien à Radagast que oui, il est conscient que c’est un piège, mais qu’il y va quand même. Pourquoi ? La réponse est dans le dialogue précédent. Ou alors, il a peur que Radagast aussi connaisse les paroles de "Gandalf a les chocottes". C’est donc encore une fois sous les hurlements outrés de la salle de cinéma, alors qu’une partie des spectateurs tente en vain d’allumer des cocktails molotov à partir de Coca Zéro, que Gandalf rentre donc dans la forteresse en poussant de grands cris que l’on pourrait résumer à "HOUHOUUUU LES MECHAAANTS OU ETES VOUS ?" (là encore, c’est tristement véridique). Après avoir ainsi habilement enquêté, les méchants (comprendre : Azog et toute une armée) tombent sur Gandalf et lui distribuent des claques, ce qui étonne bien notre petit vieux. Pire encore, il voit une ombre apparaître et se moquer ouvertement de lui : il comprend alors que cette ombre, le nécromancien comme il se fait appeler, n’est autre que… Sauron !

Je sais, personne ne l’avait deviné. C’est… pfou, formidable.

Gandalf est donc capturé et voit les armées de Sauron quitter Dol Guldur pour aller embêter les peuples libres… flûte ! Merci de ton intervention Gandalf, c’était particulièrement constructif.

Tant qu’à en être à faire le tour de ce qu’il se déroule hors du Mont Solitaire, sachez qu’il se passe des choses du côté de Lacville ! En effet, Jean-Jacques le nain est toujours victime du poison orque, et est désormais en bien piètre état. Et alors que ses amis lui préparent un remède, Bard, lui, a son détecteur de dragon qui se réveille qui s’agite. Oui, comme ça, hop. Il sort donc du grenier… une flèche noire ! La dernière que son père n’avait pas eu le temps de tirer sur Smaug ! Et il court vers la baliste de la ville pour se préparer en cas d’attaque de dragon. Sauf qu’alors qu’il est en route, les gardes l’arrêtent et le mettent en tôle.

Pourquoi ?

Aucune explication. Non, vraiment : aucune. Enfin, si, moi j’ai en une. Elle s’appelle : "C’est juste un rebondissement pourri pour que, dans le prochain film, on puisse nous caser une scène de 15 minutes durant laquelle Bard doit sortir de prison pour aller sauver la ville au milieu de plein d’action." On prend les paris et on se retrouve l’année prochaine pour confirmer la médiocrité de cette trilogie.

Mauvaises scènes d’action toujours, sachez que des silhouettes étranges apparaissent sur les toits de Lacville : il s’agit de Gérard et de ses orques, venus en finir avec les nains ! Et non, là encore, aucun garde de Lacville n’a vu depuis les tours la centaine de mecs en train de se promener sur les toits, ou n’a remarqué les embarcations avec lesquelles ils sont probablement venus. Non, c’est même mieux : alors que jusqu’ici, Lacville grouillait de vie et de gardes, pouf ! Il n’y a plus âme qui vive dans les rues ou même dans les maisons, pas une voix, pas un cri ! C’est fou hein ? Et c’est pas la première fois que ça arrive dans ce film, alors vraiment, quel talent. Ça tombe bien, parce que les orques ne sont pas les seuls à arriver en ville : Legolas et Tauriel sont là ! Pif, pouf, paf, bang, les elfes tuent les orques par dizaines, le tout en prenant des poses cools, jusqu’à ce que l’ennemi soit repoussé. Tauriel peut donc se précipiter au chevet de Jean-Jacques pour le guérir, alors qu’il délire à moitié et débite des dialogues comme "Hooo, belle dame, je suis tout fiévreux mais vous me rappelez une belle elfe du nom de Tauriel, hooo, comme je souhaiterais qu’elle m’aime !".

Moi, je souhaiterais que l’auteur des dialogues meure dans son propre vomi de guimauve, chacun ses vœux mon petit Jean-Jacques. Pour ton cas particulier, j’espère que Legolas et sa photo d’Eric Zemmour vont vite revenir t’aider à comprendre ton erreur.

Mais, assez ! Retournons donc du côté du Mont Solitaire, où Bilbo est en bien mauvaise posture face au dragon, et continue de le flatter pour l’inciter à l’épargner un peu plus longtemps.

"Ô, Smaug le magnifique ! Le terrifiant ! Smaug le maître des airs ! Smaug le puissant ! Smaug le champion de Street Fighter II Turbo !
- Non, allons, tu me flattes trop… et puis je ne suis pas si fort que ça à l’édition Turbo, Balrog il est cheaté, comme on dit dans la Moria.
- …
- C’est de l’humour draconique.
- Il faut que je vous présente Thorin.
- THORIN ! Hahaha, j’étais sûr que ce vieux nain était ici ! Et je vois ce que tu regardes, petit voleur… l’Arkenstone !"

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De là, tout en parlant, Smaug s’amuse à regarder Bilbo cavaler comme une tanche (mais toujours en restant visible, encore une fois, l’invisibilité, pourquoi faire quand on est en danger de mort ?), alors que l’Arkenstone, suite à d’habiles mouvements de Smaug, tombe hors de sa portée à chaque fois qu’il va mettre la main dessus. Une telle précision me laisse supposer que Smaug est probablement une bête au mini-golf, mais passons. Après de très, très longs dialogues, Smaug décide qu’il est enfin temps de tuer Bilbo, et se propose donc de lui cramer le museau. Notre fier hobbit, à défaut de finir en merguez, parvient donc à s’échapper et à regagner l’accès au passage secret par lequel il est arrivé mais y trouve… Thorin ! Qui visiblement, est de mauvaise humeur.

"Bilbo… où est l’Arkenstone ?
- Je… Thorin, je suis un peu pressé là.
- Alors donne-moi l’Arkenstone.
- Je… je l’ai avec moi, oui oui, je ne pipeaute pas, elle est dans ma poche, si je te la donnais là-haut à l’abri ?
- Non, maintenant. Tiens, si je te menaçais avec mon épée pour appuyer ma demande ?
- Thorin… non…"

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"Vous me le dites si je vous fais chier tous les deux, hein !"

Oui, alors Bilbo, juste comme ça : la bonne réplique à donner, plutôt que de pipeauter tranquillement avec ton copain, c’était peut-être "SMAUG, IL EST DERRIÈRE MOI, BOUGE TOI BOUGRE DE CORNIAUD !", mais non, ça devait être un peu subtil. Du coup, soudain, Thorin et Bilbo voient surgir à côté d’eux l’énorme tête de Smaug… et décident donc bien naturellement, alors qu’ils sont juste à l’entrée du passage secret qui est sécurisé, de se mettre à courir dans la direction opposée, galopant dans toute la forteresse naine, bientôt rejoints par Balin et les autres nains de l’expédition, venus à leur rescousse. L’occasion pour moi de parler de l’architecture naine. Une seconde, j’allume mon cigare et prends mon air docte. Voilà.

L’architecture naine est un véritable joyau. Moins chargée qu’une cathédrale gothique mais plus complexe qu’une église romane, on note que celle-ci se caractérise par un certain amour des angles et du respect des règles géométriques basiques, le tout mêlé à un gros complexe d’infériorité qui pousse les nains à ne créer que des choses gigantesques : grosses statues, grandes salles, immenses colonnes… si j’étais Tauriel, je me méfierais. Mais surtout, l’architecture naine se caractérise par un goût certain pour les trucs pas pratiques.  Par exemple, on peut constater durant le film que la moindre passerelle est immense, lisse, et toujours au-dessus d’un vide immense. Ce qui explique le très fort taux de mortalité chez les nains qui, pour peu qu’ils trébuchent ou titubent pour rentrer chez eux, risquent à tout instant une chute de minimum 70 mètres. Idem, leur goût pour la grandeur fait que les mêmes passerelles ou escaliers sont toujours immenses. On en déduira bien volontiers que le nain ayant un besoin pressant doit probablement devoir parcourir des kilomètres avant de trouver des latrines (qui sont probablement immenses, elles aussi) : le risque d’implosion avant d’arriver à destination est donc particulièrement élevé. Surtout quand on connait les courtes pattes des personnages. Mais, assez de cours magistral, prenant un exemple de conception architecturale naine en nous penchant sur la scène suivante :

Thorin et ses amis finissent par se dire qu’ils ne vont pas errer pour l’éternité dans la forteresse en attendant de se faire croquer, et que damned, ils ont été bien cons de faire des salles si grandes en permanence, alors qu’une paire de petits couloirs auraient suffi à arrêter le dragon vu sa taille. Ils vont donc aller aux forges, et essayer d’y trouver quelque chose pour meuler Smaug. Ça tombe bien, non seulement les forges sont en parfait état de marche, mais il suffit d’un souffle de Smaug pour remettre toute la machinerie en route (et donc permettre, évidemment, à des nains de sauter dans tous les sens sur des tapis roulants en esquivant du métal en fusion et autres scènes dignes de Georges Lucas). Thorin ordonne donc à Bilbo d’aller "activer une manette de la forge". Hé bien même ça, ce n’est pas à côté de la forge ! Bilbo doit courir sur 100 mètres, gravir d’immenses escaliers, arriver sur un promontoire surplombant les forges et y trouver la manette !

On applaudit donc bien fort le type qui a dessiné les décors, qui a visiblement lui aussi quelque chose à compenser, mais il faudra que quelqu’un lui rappellequ’il est impossible de faire rallonger son Q.I.

Bref : activant la manette en question, Bilbo permet à une gigantesque quantité d’or fondu de ruisseler jusqu’à un imposant moule (tout était prêt, ça n’attendait plus que ça) derrière lequel bientôt, Thorin et ses amis vont s’abriter (Thorin, pour l’occasion, surfe sur l’or en fusion via un bouclier. Je crois que c’est à ce moment là que quelqu’un au premier rang a hurlé "Tolkien ackbar !" avant d’activer sa ceinture d’explosifs). Smaug ne comprend pas trop bien de quoi il retourne jusqu’à ce que Thorin n’active le système qui brise le moule, et ne se révèle une gigantesque (hé !) statue de nain en or. Qui au bout de quelques secondes, n’ayant pas eu le temps de refroidir, se liquéfie… et le métal en fusion tombe donc sur Smaug !

Le dragon se débat, s’ébroue, mais le liquide lui colle à la peau écaillée jusqu’à ce qu’il disparaisse sous le flot d’or fondu. Les nains sont déjà prêts à crier victoire, lorsque le dragon rejaillit de sous l’or, hurle que Thorin va payer, mais que déjà, il va aller s’occuper de Lacville, histoire de rappeler à la région qui est le patron. Les nains sont donc fort désappointés alors que le dragon, se débarrassant en quelques secondes de l’or qu’il a encore sur lui, quitte la forteresse puis s’envole dans la nuit, maugréant qu’il est la mort, la destruction, l’ouverture facile et autres synonymes de terreur chez les vivants.

Et mettant le cap sur Lacville, il se prépare à faire payer tout ce petit monde et…

… FIN !

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En cette période de fêtes ou certains doivent lire ces lignes, une part de bûche dans une main et un mouchoir imbibé de larmes de sang dans l’autre après cette lecture, je conclurai brièvement :

Que ? Qu’est-ce que c’était que CA ?


Commencer l’année du bon pied (au cul)

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Les fêtes sont passées.

Alors que certains d’entre vous sont encore en train de se demander ce qu’il a bien pu se passer dans leur appartement, et effacent méthodiquement leur historique après chaque recherche Google sur "comment faire disparaître un cadavre", d’autres sont déjà prêts à repartir pour de nouvelles aventures, leurs résolutions savamment inscrites sur le post-it du frigo.  Et pourtant ! Si chacun essaie du passé, de faire table rase comme le dit la célèbre chanson (de Garou, je crois), il n’en est pas moins que les dernière semaines (souvenez-vous, c’était l’an dernier) ont été agitées par un certain nombre de débats plus ou moins pourris sur l’extrême-droite et certains de ses porte-drapeau.

Et comme c’était diablement absurde, faisons-le point sur la qualité des échanges, puisque que quitte à montrer du doigts des discours mystérieux, autant en profiter pour faire la tournée des claques.

Mais sans faire de pub à qui que ce soit, hein.

Cliquez sur l’image !

Cliquable

Scène de rue, décembre 2013

Et pour les fainéants, le résumé en un seul cliché :

Resumeuneimage

Etat-Major de la brigade des gentils, janvier 2014

Pour ceux qui cherchent l’origine des petits dessins, c’est là.

Et pour les autres : bonne année, comme il est de coutume, parce  que oui Monsieur, ici, c’est un blog où on a une certaine éducation, ah mais.


Du bon vieux Rock

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"Attendez, je crois que j’ai quelque chose !"

Allongé sur la planche au-dessus de la fosse boueuse, l’étudiant donna quelques nouveaux coups de pinceaux à l’objet qui émergeait du sol pour en retirer la terre et la poussière qui s’y accrochaient encore. Tirant sur son couvre-chef pour s’abriter un peu plus de la légère bruine qui tombait sur le chantier d’archéologie, il jeta un rapide coup d’œil autour de lui pour voir sa professeur d’archéologie s’approcher d’un bon pas en enjambant les cordelettes qui quadrillaient le secteur de fouille. Arrivée à son niveau, elle s’accroupit pour mieux observer ce qui avait autant agité le jeune homme.

"Regardez professeur, on dirait une sorte de boîte !
- A vue de nez, c’est gallo-romain. Regardez les bords, ils sont typiques de l’artisanat régional du IIème siècle. Légèrement arrondis, un bois que l’on devine granuleux caractéristique des forêts situées à proximité des carrières de calcaire qui ont servi à bâtir la cité antique… vous m’avez l’air de tenir quelque chose ! Je vais vous aider à le dégager."
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La femme s’allongea à côté de l’étudiant et à son tour, commença à dégager avec toute la minutie que sa profession lui avait enseigné le délicat conteneur qui attendait là depuis le début de notre ère. Peu à peu, et comme si un rideau se levait sur un spectacle aussi minuscule que fascinant, ils virent mieux ce sur quoi ils travaillaient.

"Professeur ! Il y a des pigments ! On dirait… une peinture !
- Vous avez raison. Et détaillée avec ça ; concentrons-nous sur cette face, je suis curieuse de voir quelle célébrité du second siècle a été représentée sur…."
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Un coup de pinceau plus vigoureux que le précédent provoqua une minuscule avalanche de terre sur le monticule qui recouvrait encore l’objet, et tout un pan d’argile s’affaissa pour révéler l’intégralité de l’image jusqu’alors cachée aux regards.

"Je… professeur, je ne vois pas bien de quel Saint ou Empereur il s’agit.
- C’est… je… je crois que c’est Nicolas Cage."

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Il y eut un long silence, avant que d’autres pas n’approchent du duo allongé sur sa planche. Ils levèrent les yeux pour trouver un homme fumant paisiblement son cigare à l’abri d’un parapluie tenu par un quelconque employé.

"Aaah, mon DVD de Rock. Je me demandais où je l’avais mis. J’espère que la pluie n’a pas abîmé la jaquette.
- Que… qu’est-ce que vous racontez ? Et qui êtes-vous Monsieur… Monsieur… ?
- Connard. Faisons fi des formalités et appelez-moi Odieux, jeune gourgandine. Voyez-vous, c’est mon DVD que vous tenez, là.
- Et pourrais-je savoir pourquoi vous vous amusez à enterrer des DVD de Nicolas Cage ?
- On pourrait croire que c’est pour avoir un arbre à mauvais films, mais en fait non, j’ai déjà un gros verger appelé Hollywood pour ça. Non, en fait, traditionnellement, à chaque début d’année, Nicolas Cage fait un mauvais film. Le Dernier des Templiers, Ghost Rider, Hell Driver… mais cette année, il nous boude. Et comme je suis un garçon prévoyant, j’enterre des DVD de Nicolas Cage pour me faire des réserves pour les mauvaises saisons. Et en ce début d’année 2014, aucun signe de l’homme à la chevelure dadaïste. Donc je viens chercher mon DVD de réserve. Mais je vois que vous l’avez trouvé avant moi, bravo. Vous me le donnez ?
- Tenez. Maintenant, écoutez Monsieur Connard : il faut arrêter votre affaire, parce que je vous rappelle que notre métier, à nous archéologue, c’est de comprendre le passé en analysant ce que l’on découvre dans le sol. Alors si vous y mettez n’importe quoi, ça va vite être le bazar pour les générations futures, alors faites-vous oublier de mes futurs confrères et consœurs, d’accord ? Il faut nous laisser travailler maintenant.
- Ah non mais moi aussi j’ai du travail : du coup, j’ai un spoil à faire. D’ailleurs, votre histoire de trucs dans le sol, ça me rappelle les capsules temporelles, comme dans Prédictions, avec Nicolas Cage, le film qui n’a rien à voir avec son propre scénario et qui…
- DE-HORS !
- En route Diego, je crois que nous avons affaire à des rustres.  Allons plutôt faire notre devoir de début d’année et conter les aventures de Nicolas Cage au monde libre !"

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Car oui, Nicolas Cage étant absent des salles obscures, et plus que les traditions ennuyantes des bonnes résolutions, tournons nous vers un mission folklorique de ce blog : s’occuper de l’ami Cage en début d’année. Prêts pour Rock, un film où en plus, ils ont réussi à mettre Sean Connery (le début de la fin : ensuite, il y a eu "La Ligue des Gentlemans extraordinaires") et le tout réalisé par Michael Bay ? Si tout ça ne vous fait pas rêver, c’est que vous avez perdu votre âme de sadique.

Pour les autres : spoilons, mes bons !

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L’affiche : "L’ultimatum expire dans 40 heures". En fait, non, 36. Oui, il n’y avait qu’une seule phrase, oui, ils l’ont merdée. Quel talent !

Nous sommes en 1996, alors que Ophélie Winter et Boris sont en tête du top 50, ce qui ne nous rajeunit pas (si vous n’étiez pas nés, sales jeunes, vous vous êtes épargnés bien des choses). Tout commence lors de l’enterrement d’un militaire, alors que comme il se doit, il pleut très, très fort sur l’Amérique, car quand les héros meurent, même le ciel est triste. Que l’on en déduise pas par corollaire que le Nord est une terre de héros : ça, c’est juste que Maubeuge vue du ciel, même les nuages en ont des irritations oculaires. Mais là n’est pas le sujet. Car voyez-vous, non seulement les éléments pleurent la perte des braves, mais aussi un certain général Francis Hummel du corps des Marines, qui s’est battu toute sa vie pour que les familles des hommes tombés en opérations spéciales reçoivent le dédommagement qu’elles méritent. Puisque jusqu’ici, quand un valeureux soldat en mission d’infiltration tombait, le pays se contentait de dire "Je ne vois pas de qui vous parlez, lalalala, je n’entends rien" par courrier aux familles. Et notre bon Francis est si triste de pareille injustice qu’il décide d’aller en parler à sa femme.

Qui est morte, soit dit en passant, mais visiblement, ça le ne le dérange pas. Coquinou, va !

Bref, notre homme, croisant l’enterrement militaire, s’en va sur la tombe de sa bien aimée, et s’y agenouille.

"Chérie, ma chérie… tu me manques tellement.
- …
- Tu le sais, j’ai tout essayé pour les convaincre de réparer cette injustice, mais il restent sourds à mes appels.
- …
- Tous ces braves tombés pour le pays et qu’on a laissé pourrir…
- …
- Je ne peux plus tolérer ça. 
- J’entends bien mais je suis une pierre tombale, alors je risque pas trop de te répondre.
- C’est pourquoi j’ai décidé de passer à l’action. Je ne pouvais de ton vivant, je sais que tu aurais désapprouvé, mais c’est la seule solution.
- …
- Tiens, voici mon alliance. Et ma croix de guerre. Je t’embrasse ma chérie.
- Héééé ? Hooo ? Hé mais tu les gardes tes merdes, je suis pas ta poubelle moi ! Reprends ta quincaillerie !
- Je t’aime."

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Après avoir déposé tout son bling-bling sur la pauvre pierre tombale (s’il avait été général en URSS, la pierre tombale se serait probablement effondrée sous le poids des médailles, nous sommes chanceux), le général Hummel repart donc mettre son mystérieux plan à exécution. Quel est-il ? Suspens. Suivons déjà la première phase de l’opération, qui se déroule le soir même à en croire la grosse pluie qui mouille qui continue à tomber et à laisser penser qu’à Hollywood, on sait faire des dinosaures ou des dragons en 3D, mais qu’on en chie toujours pour faire une pluie crédible. Bref, que disais-je ? Ah, oui :

"Fort Bullshit – Arsenal de la Marine – 10:23"

A Fort Bullshit, on s’ennuie donc un peu : les gardes patrouillent en maugréant contre les intempéries, et ceux à l’abri regardent leurs écrans  en soupirant – s’ils regardent "Norman fait des vidéos", en même temps, ça se comprend – dans l’attente de la relève. C’est bien dommage, car pendant ce temps, un commando d’une bonne douzaine d’hommes se positionne sur les toits en toute discrétion et commence à tirer des grappins dans tous les sens pour mieux y faire toutes sortes d’acrobaties. Probablement le cirque de Pékin. Et toujours pendant ce temps, le général Hummel se présente à la porte de l’arsenal, prétextant une visite de sécurité qui fait qu’on lui ouvre tout grand les portes de la base.

Comme quoi, il n’y avait peut-être pas besoin de cette histoire de grappins, mais bon, hein, le film vient de commencer aussi, chut, soyez sympas.

Les supers commandos attaquent donc les gardes, les uns après les autres, leur tirant dessus avec des "soporifiques". Dans mon souvenir, les soporifiques, c’était souvent des fléchettes ou autres projectiles, mais ici, visiblement, non, puisqu’il suffit de tirer dans le gilet pare-balle d’un mec pour qu’ils s’endorme. Sacrées fléchettes les enfants, elles percent même ce que les pruneaux de guerre ne passent pas ! Toujours est-il que les gardes de la base sont rapidement maîtrisés les uns après les autres, l’un d’entre eux passant même au travers d’une fenêtre pour s’écraser trois étages plus bas lorsque des types faisant de la tyrolienne sur les câbles des grappins lui mettent des coups de tatane dans le museau. Gardez ce détail en tête, on y reviendra plus tard.

En tout cas, Hummel, rejoignant le commando, se dirige droit vers la réserve d’armes de l’arsenal où se trouve un gros sas avec marqué "Ne pas entrer : arme bactériologique super secrète",  fait ouvrir celui-ci puis ordonne à ses hommes d’embarquer un certain nombre de charges de l’arme bactériologique en question : le virus VX. Mais alors, me direz-vous, à quoi ça ressemble une charge de virus VX ? Et bien c’est un grand tube, ouvert aux quatre vents parce que les trucs bactériologiques, c’est plus rigolo comme ça (c’est un fait connu : plus c’est dangereux, plus on met ça dans un conteneur pourri, c’est tout à fait crédible), et contenant des guirlandes de boules verdâtres qui ressemblent à ce que l’on pouvait trouver en cadeau dans Pif à une certaine époque (j’espère d’ailleurs que vos pifises vont bien. Si vous ne savez pas ce qu’est un pifise, sachez que c’était un peu le Nesquik de la vie : vous mélangiez la poudre à du liquide, et pouf, des pifises prenaient vie. Personnellement, je pense que c’est aussi comme ça que l’on a généré l’équipe de "Touche pas à mon poste", mais bon). Sauf qu’évidemment, alors que les vaillants militaires transportent le bousin, il y a Michel qui glisse et qui fait tomber une boule qui part en roulant au sol. Rhooo, Michel ! Tous les militaires courent donc très vite vers la sortie pour ne pas se prendre le virus VX dans la margoulette, moins Michel qui du coup, avait pris du retard, et ses copains lui referment par conséquent le sas sur la gueule alors que la boule tombée au sol, aelle, se perce en touchant un mur (oui, s’écraser au sol, rien, rouler contre un mur, prouitch. Intéressant.).

Au travers de la vitre  du sas, le commando peut donc voir Michel qui râle un peu.

"Naaaan mais ouvrez-moi les copains, allez quoi !
- Michel, non. La boule s’est percée, tout ça, il y a du virus VX plein la pièce, on n’ouvre pas. Tu es grand, tu te démerdes.
- Mais arrêtez ! Vous voyez bien que ça fait rieeeeeeeeaaaruuuughglublublublublubeuaargl – couic."

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Je sens bien que je ne suis pas très clair. Alors, que fait le virus VX exactement ? Hé bien visiblement, une fois inhalé, il provoque une poussée d’acné qui fait temporairement ressembler la victime à une fan de One Direction ou bien à un Croustibat, tout dépend de vos références. Cela fait, la victime s’effondre en convulsant, puis, meurt dans les secondes qui suivent. C’est donc fort violent.

Le général Hummel, attristé tant du spectacle que de la perte d’un de ses hommes, ordonne donc à toute son équipe de mettre les voiles, et le mystérieux commando disparaît dans la nuit.

Même Nicolas Cage n’est pas convaincu par le système de rangement du VX, ce qui n’est quand même pas peu dire.

Attendons donc le petit jour pour voir notre homme reparaître, et cette fois-ci… à la prison d’Alcatraz ! Celle-ci, fermée depuis belle lurette, est devenue une attraction touristique. Hummel et quelques-uns de ses hommes suivent donc la visite, mais on sent bien qu’ils ont un plan, particulièrement lorsque Hummel se tourne vers deux petites écolières qui étaient juste derrière-lui.

"Bonjour Mesdemoiselles !
- Ho non, c’est le vieux qui parle aux pierres tombales, relou.
- Ecoutez, il faut dire à votre institutrice que vous et votre classe devez repartir tout de suite, d’accord ?
- Ho bin oui pépé. On va dire à notre maîtresse "Hé m’dame, on peut se barrer ? C’est nul ici !" et elle va nous dire oui avant de nous ramener à son propre bateau, c’est ça ?
- Allez-y les filles, c’est très important !
- Ah nan mais il est habitué à parler aux tombes le papy, il entend plus rien quand on lui parle, c’est dramatique."

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Et en effet : ça fonctionne parfaitement. Je vous laisse le soin de sangloter.

Hummel attend donc que le guide de la visite enferme les visiteurs dans les cellules d’Alcatraz pour simuler la vie dans la prison le temps de quelques minutes, puis, sort son pétard et explique au guide que non seulement on va laisser les touristes derrière les barreaux, mais qu’en plus, toute l’équipe d’Alcatraz va les rejoindre, allez hop. Cela fait, Hummel accueille donc deux hélicoptères militaires qui viennent se poser sur l’île une fois qu’il en a pris le contrôle, et d’où sort le reste de son commando surarmé. On trouve au sein de celui-ci, outre Hummel : le major Baxter, son fidèle bras droit, le capitaine Cox, qui tire son nom du personnage qu’il jouera quelques années plus tard dans Scrubs, les sergents Bad Guy 1 & 2 qui sont très méchants, et bien évidemment, un certain nombre de Jean-Jacques qui sentent bien que leur absence de patronyme a des effluves de pâté.

Nos larrons s’installent donc sur Alcatraz (comprendre, on les voit faire de la descente en rappel partout plutôt que d’utiliser les escaliers : c’est le syndrome dit de "Piège en haute-mer", à savoir que les terroristes adorent faire les fous sur des filins même quand les marches sont à côté), placent le virus VX dans des missiles positionnés vers la baie de San Francisco, et annoncent aux touristes qu’ils vont devoir rester enfermés jusqu’à ce que le gouvernement ait cédé aux exigences de la petite équipe. Cela fait, ils appellent le directeur du FBI, qui est vraiment un type sympa, puisque quand il décroche sa ligne directe, il répond "Directeur du FBIII ?" des fois que, on ne sait jamais, vous soyez tombés sur son numéro par hasard alors que vous vouliez juste commander une pizza quatre fromages.

"Directeur du FBIII, c’est à vous que je voulais parler.
- C’est pour ?
- Je suis le général Francis Hummel. Moi et mes hommes tenons l’île d’Alcatraz et y détenons 81 otages. Je dispose aussi de missiles de gaz VX braqués droit vers San Francisco.
- C’est pas super gentil.
- Je vous rappellerai à zéro heures pour vous faire part de mes exigences.
- Zéro heures chez vous ou chez n…
- *clic*
- Ah nan mais l’autre. Ça va être pratique, tiens, s’il file pas les détails, c’est la côte est ici, hein !"

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Malgré ces détails techniques, Directeur du FBIII parvient donc à rassembler tout un tas de généraux, de conseillers de la Maison Blanche et autres experts autour d’une table avec des gros écrans et des cartes partout pour discuter de la situation. Le point est rapidement fait :

"Bon, les amis, je résume : nous avons affaire aux général Francis Hummel. Héros de la guerre du Vietnam, de la guerre d’Irak (nous sommes en 1996, il n’y en a encore eu qu’une), de tout un tas d’autres opérations et exemplaire jusqu’ici. Visiblement, il n’est pas content. En effet, hier soir, aux alentours de 10 heures, lui et ses hommes ont pris d’assaut Fort Bullshit. Ils n’ont tué aucun garde, n’utilisant que des produits soporifiques pour…
- Et celui qui est tombé de trois étages la tête la première à cause de couillons qui faisaient de la tyrolienne ?
- Je… heu… il va… il va bien ! Sa tête a amorti le choc, tout ça, hé hé… hem. Bon, disais-je : ils ont perdu un homme dans l’affaire, en s’emparant du gaz VX qu’ils pointent désormais vers nous. Un certain Michel.
- Qu’est-ce que c’est ?
- Michel ? C’était une sorte de con, semble-t-il.
- Non, le gaz VX. C’est quoi ?
- Vous connaissez les pifises ?
- Heu… non.
- Bon, on va faire simple. Une cuillère à café de la substance VX tombant au sol tue tout le monde dans un rayon de 30 mètres. La même quantité pulvérisée par, disons, un missile dans l’atmosphère, tue tout le monde dans un rayon de 1 kilomètre.
- Ah oui, c’est embêtant. Par quoi commence-t-on ?
- Il faut éviter la panique. Les médias ne doivent rien savoir. 
- Et pour les 81 otages ? Ça va se voir quand même qu’ils ne sont pas rentrés à la maison ?
- Hihihih heu… détail ! Vous avez qu’à dire qu’ils… heu… qu’ils… qu’ils sont retenus par un tournoi de Yu-Gi-Oh !
- … et qu’est-ce qu’ils veulent les terroristes ?"

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La conversation est bien vite arrêtée par la sonnerie de "Soirée Disco", puisque le général Hummel appelle pour expliquer de quoi il retourne.

"Bonjour les amis. Si je vous appelle aujourd’hui, c’est pour vous expliquer l’affaire : j’ai Alcatraz, 81 otages, le gaz VX, tout ça, mais que veux-je, vous demandez-vous ? C’est très simple : je veux que vous preniez 100 millions de dollars sur les fonds des ventes d’armes secrètes de la CIA, et que vous me les versiez. J’en filerai 87 aux 87 familles de soldats morts en mission d’infiltration pour compenser les pensions dont on les a empapaoutées pour garder le secret défense, et les 13 millions restant, c’est pour payer mes hommes. Vous avez 36 heures, après, je nettoie San Francisco de tous ses hipsters. Ce qui est tentant, j’en conviens, mais tout de même. Vous avez 36 heures. Pas 40 comme sur l’affiche. 36, que ce soit clair."

Hummel coupe alors la communication, laissant les larrons autour de la table dubitatifs.

Hipster de San Francisco, illustration. Personnellement, j’aurais même proposé de ravitailler Hummel une fois ses 4 missiles tirés.


"Hé bé. Il rigole pas le Monsieur. Bon, comment neutralise-t-on le gaz VX ?
- C’est bien le problème. La plupart des agents bactériologiques peuvent être neutralisés avec un bon coup de chaud, comme par exemple, le napalm. C’est comme ça que je soigne mes rhumes. Mais le VX, lui, résiste ! Il ne peut être détruit qu’avec du über-plasma. C’est… un truc… qui brûle bien. Mais expérimental ! On a donc pas encore de missiles capables d’en tirer sur Alcatraz pour neutraliser le virus ! 
- Oui, enfin, c’est con votre affaire.
- Qui êtes-vous ?
- Caporal Roudoudou, de la logistique. Je veux dire : si votre über-napalm, c’est l’équivalent du napalm en terme de violence, j’imagine que c’est pas vraiment de la frappe ciblée. Donc que si vous envisagez de l’utiliser, vous acceptez de tuer les otages.
- Ah oui mais on a pas trop le choix !
- D’accord, mais du coup : tout à l’heure vous avez dit que le gaz n’avait qu’une portée de 30 mètres s’il n’atteignait pas l’atmosphère. 
- Je ne vois pas le rapport.
- Bin si : pourquoi vous emmerder avec du über-plasma ou je ne sais quoi pour stopper le gaz si sa propagation se limite à 30 pauvres mètres sur l’île ? Si c’est pour la raser et tuer tous les otages, qu’il y ait en plus du gaz sur 30 mètres durant quelques secondes ou pas, ça ne change rien. Donc on peut la bombarder à l’ancienne, en fait.
- Je… que… CE N’EST PAS DANS LE SCRIPT ! Sortez d’ici, caporal, et laissez les gens sérieux travailler ! Bon, qu’en pense notre général de l’US Air Force ? En combien de temps pouvez-vous avoir des missiles au über-plasma prêts ?
- Ça fait des mois qu’on travaille dessus et qu’on y arrive pas. Mais comme vous me demandez de trouver une solution en 36 heures et que c’est un mauvais film, je suis sûr que soudain, tous nos techniciens vont avoir des idées de génie. Jusqu’ici, ils ne faisaient que se curer le nez en regardant Youporn. Enfin dans le doute, prévoyez quand même un autre plan, les missiles, ce sera un peu le dernier recours si on les a à temps.
- Parfait ! Bon, comme autre plan, je pensais à envoyer un commando leur latter la tronche. Tout ce qu’il nous manque, c’est un type qui puisse nous infiltrer tout ce petit monde, et un expert en arme bactériologiques. Directeur du FBIII, vous auriez ça ?
- J’ai bien l’expert en armes, mais pour ce qui est de l’infiltration… mmm, il y a bien CET HOMME… oui… CET HOMME super fort qui connait tout… CET HOMME qui serait idéal… CET HOMME qui est au secret défense.
- Vous pourriez pas juste fermer votre gueule et le faire venir ?
- Bon, d’accord : rendez-vous au QG Mobile de San Francisco."

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Et qui est notre expert en armes bactériologiques à votre avis ?

Rendez-vous ailleurs au pays du hamburger, alors qu’un certain Stanley Goodspeed, plus connu sous le nom de "Ho ! Nicolas Cage !", est en train de s’ennuyer dans son bureau. Lui, sa passion, c’est la chimie et les virus. Du coup, il passe ses journées à inspecter des colis suspects parce que les méchants passent leur temps à envoyer du gaz sarin par La Poste. Ce que je fais aussi par ailleurs tous les trois colis égaré, histoire que le postier farceur découvre les joie du calembour neurotoxique (un peu comme ceux de Franck Dubosc, mais passons). Mais dans le cas présent, Stanley Goodspeed n’étant pas du genre à rire de ces choses là, il n’hésite pas à courageusement désamorcer les terribles engins, puisque oui, son expertise, c’est la biochimie, donc il a naturellement des compétences de démineur. Ah, les "scientifiques" d’Hollywood, qui maîtrisent toutes les sciences à partir de bac +3 !

Après une bonne journée à inspecter des colis, l’ami Goodspeed retourne donc chez lui pour y retrouver sa compagne, Germaine, qui a une grande nouvelle : elle est enceinte ! Mais que bon, hein, ils ne sont pas mariés, alors il va falloir remédier à ça, car c’est connu : si bébé ne peut pas consulter les actes civils du mariage en mairie, il tourne mal (par exemple, il peut devenir comptable. Brrr). Notre héros se dit donc que ça pourrait se faire, mais que déjà, il faut célébrer la chose en copulant (en soutien-gorge pour madame : n’oubliez pas Mesdemoiselles : si vous ne gardez pas le vôtre, c’est que vous faites mal les choses). Sauf que voilà, en pleine affaire, son téléphone sonne. Sacrebleu.

"Stanley Goodspeed ?
- Ici Directeur du FBIII. Venez vite à San Francisco Stanley, c’est urgent.
- D’accord *clic*.
- Mon chéri ? Qu’est-ce que c’était ?
- Juste le directeur du FBI qui m’appelait personnellement pour aller à San Francisco. Sûrement un simple exercice.
- Oui, les directeurs du FBI adorent appeler individuellement leurs employés pour des exercices.
- Tu sais quoi ? Tu n’as qu’à venir aussi. Prends un hôtel et je t’y rejoindrai.
- Ouiiiiiii hihihihi !"

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Notre héros part donc tranquillement vers l’avion que le FBI lui a spécialement affrété et se rend à San Francisco où il est reçu par le directeur du FBI en personne, qui lui explique la situation et que non, ce n’est pas un exercice (parce que oui, c’est vraiment sa théorie, même lorsqu’il voit qu’il a un avion spécialement pour lui : non mais ces dialogues, cette qualité). Notre héros a à peine le temps de suggérer de demander un militaire de se suicider, comme ça on pourra l’enterrer, donc il se mettra à pleuvoir de manière monstrueuse empêchant ainsi le lancement de tout missile (bin oui, quitte à être dans un film avec des règles pourries, autant les exploiter), qu’il est coupé par un imposant convoi policier qui arrive au QG mobile du FBI : un prisonnier à la barbe blanche et aux cheveux longs ressemblant à une sorte de Sean Connery en est descendu avant d’être emmené et menotté dans une salle d’interrogatoire. De l’autre côté du miroir sans tain, le directeur du FBI, Jean-Paul son adjoint et Stanley Goodspeed regardent donc le bonhomme avant que Stanley ne finisse par poser la question.

"Qui est-ce ?
- John Mason. Un ancien des services secrets britanniques. C’est un expert de l’évasion, et le seul homme à s’être jamais évadé d’Alcatraz, ce qui est secret défense. Il y a 30 ans, Mason a volé un microfilm contenant toute la vérité sur tous nos secrets d’état : les aliens à Roswell, l’assassinat de Kennedy, le concept du Wal-Mart…
- Heu… tout était sur le même microfilm ? C’était quoi ? "Les plus grands secrets – la compil’" ?
- Je… écoutez, c’est comme ça ! Toujours est-il qu’on l’a collé au trou sans procès jusqu’à ce qu’il nous avoue où il avait caché le microfilm en question. Et ça fait 30 ans qu’il refuse de nous le dire. Du coup, il nous hait un peu, surtout moi qui suis derrière sa détention. Donc vous allez y aller et essayer de le convaincre de nous aider. Jean-Paul ? Vous commencez."

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Jean-Paul s’exécute donc et rentre dans la salle d’interrogatoire.

"Bonjour John, je suis Jean-Paul.
- Bonjour Jean-Paul.
- Il faut que vous nous aidiez à nous sortir d’une situation embêtante. 
- Et moi je veux une suite à l’hôtel du coin.
- Gnmmmgnnnuuuuuhh… aaaah il est trop fort, je craque !"

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Et Jean-Paul sort tout énervé. Ah non, vraiment, il insiste à peine. On sent la situation de crise. Bravo le pro. C’est donc Stanley qui se décide à essayer.

"Bonjour John, je suis Stanley Goodspeed
- Bonjour Stanley.
- Il faut que vous nous aidiez à nous sortir d’une situation embêtante. 
- Et moi je veux une suite à l’hôtel du coin.
- Okay. Signez là.
- Voilà.
- Merci."

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"Arrêtez de regarder mes cheveux comme ça Monsieur Cage, je sais très bien ce que vous leur voulez."

Et là encore, pas besoin d’exagérer : tout est réglé en moins de deux minutes. Ah si, il y a le célèbre passage dit des "mecs intelligents". Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais dans un film américain, quand deux mecs sont intelligents, soit l’un commence une citation et l’autre la termine, soit c’est un larron qui donne une citation et l’autre qui en donne la source. Juste dire un truc intelligent paraît un peu compliqué. Bon, en général, ce sont des classiques qu’ils se citent, et encore, choisis avec soin, parce que quand même, toutes les références ne sonnent pas pareil niveau érudition :

"Mason, on a une situation assez chaude sur les bras.
- "C’est la merguez, merguez party…"
- "… tant qu’il y a d’la braise, c’est pas fini". Les Musclés, Mason, moi aussi j’ai une passion pour les classiques.
- Hmmm, je vois que vous êtes un homme cultivé Goodspeed. Je pense que nous allons faire du bon travail ensemble."

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Du coup, ils en restent à citer l’Iliade. Naze. Bref, Goodspeed fait signer à Mason une confirmation du ministère de la justice comme quoi, s’il accepte de coopérer, il sera libéré dès la fin de la mission. Sauf que sitôt que Mason a le dos tourné et est loin, Directeur du FBIII déchire le document en expliquant que hahaha, jamais Mason ne reverra le jour, il en sait trop sur les secrets du pays ! En attendant, la suite d’un hôtel du coin lui a été réservée, comme convenu, et pour lui faire plaisir, on lui a même fait livrer un beau costume tout neuf et un bon pour aller chez le coiffeur. Cependant, Mason est un fieffé gourgandin, puisqu’il profite d’une douche pour piquer une ficelle qui traînait là avant de la cacher sur lui. Cela fait, il va donc se faire coiffer sur le balcon de sa suite, sous les yeux de Goodspeed et de Directeur du FBIII. Goodspeed ne dit rien, mais il récupérerait bien tous ces cheveux gâchés pour se faire une moumoute : il reste avant tout un Nicolas Cage. Mais passons.

Car profitant d’un moment d’inattention, et une fois présentable, Mason bondit et utilise la ficelle pour faire passer Directeur du FBIII par dessus le balcon sous les yeux effarés de Goodspeed. Suspendu au-dessus du vide par la plus petite ficelle de l’histoire du cinéma (contrairement à celles du scénario), probablement faite en fibre d’orichalque tressé, Directeur du FBIII doit appeler Goodspeed à la rescousse, laissant l’opportunité à Mason de fuir. "Crotte de bique !" s’exclame donc Goodspeed, appelant d’autres agents du FBI à l’aide pour le remplacer auprès de Directeur du FBIII pendant qu’il s’élance à la poursuite de Mason.

S’ensuit une course-poursuite via des voitures que nos deux larrons volent aux clients s’arrêtant devant l’hôtel, durant laquelle Mason utilise les pouvoirs de Michael Bay, à savoir que tout véhicule qui en percute un autre, même légèrement, cause immédiatement une explosion (vous êtes dans un film de Michael Bay et vous ratez votre créneau ? 12 morts). Et comme Mason a volé un gros hummer de beauf, il fait péter tout plein de voitures sur son passage, le tout en esquivant l’autre super pouvoir de Michael Bay, à savoir les poncifs foireux : des tonnes d’événements improbables se passent donc juste devant les voitures. La petite vieille qui traverse avec un déambulateur ? Check. Les jeunes qui squattent un passage piéton ? Check. Le camion qui perd toute sa cargaison de trucs qui réduisent la visibilité ? Check. Et surtout : la course de fauteuils roulants en plein milieu d’une avenue, si, si ? Check. Véridique.

Cela fait, Mason parvient à semer tout son petit monde, à part bien sûr Goodspeed, qui lui, a compris où le fuyard se rendait : il a découvert que celui-ci avait une fille installée à San Francisco.

C’est bête que personne n’ait pensé à cet argument pour le convaincre de prendre la mission, un peu plus tôt : "Soit tu bosses avec nous, soit ta fille finit en Croustibat." Oui, vraiment ballot. Tant de talent, c’est merveilleux. Comme quoi, les films, ce n’était pas forcément toujours "mieux avant".

Mason parvient donc, en peu de temps, à joindre sa fille, à lui donner rendez-vous dans un parc du coin, à attendre que celle-ci trouve une de ses amies pour l’accompagner car elle n’est pas rassurée à l’idée de voir ce père sorti de prison qu’elle n’a jamais connu, et enfin, tout ce petit monde peut se rencontrer (ah oui, ils ont vraiment du temps devant eux), pendant que ce filou de Goodspeed observe la scène de loin et prévient le FBI de la position du fugitif. Il n’en écoute pas moins ce que se racontent les Mason père & fille enfin réunis.

"Papounet !
- Oui, ma chérie, c’est bien moi.
- Mais ? Ils t’ont laissé sortir de prison ?
- Oui… hem, hem, oui oui, c’est ça. Bon, je voulais enfin te voir, en vrai. La dernière fois que je t’ai vue, c’était sur une photo de toi où tu avais 10 ans. Comme tu as changé !
- Papa… tu sais, on ne se connait pas, ça me fait bizarre… maman m’a souvent raconté comment elle t’avait rencontré à un concert, et après comment vous… enfin, comment vous n’aviez eu que peu de temps puisque tu étais déjà un évadé et que la police est venue te tirer de la chambre à coucher de maman le soir même. Et 9 mois plus tard, j’étais là…
- Ah bin hé, moi quand je m’évade, je peux te dire que je rentabilise mon évasion. Et puis bon, la police qui vient me chercher, c’était quand même plus de panache que de sortir acheter des clopes pour ne jamais revenir, non ?
- Heu… bon, papounet, c’est cool mais… tiens, tu entends ces gyrophares au loin ? C’est pour toi ?
- Je le crains. Ecoute, je dois te dire : je veux que l’on se connaisse mieux ! Devenir un vrai père pour toi ! Rattraper le temps perdu ! Te faire rire ! T’écouter ! Te soutenir ! Te mettre des taloches dans la gueule quand tu rentres après 22 heures ! Effrayer tes petits amis ! Faire du bruit avec maman pendant que tu essaies de réviser !
- Maman est morte, papa.
- Raison de plus pour que ça fasse du bruit !
- Bon, papa, je dois partir là, vraiment… tu t’es encore évadé, c’est ça ?"

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Mais alors que les voitures de la police et du FBI arrivent en faisant crisser le gravier pour encercler la scène, Goodspeed surgit de sa cachette, touché par cette réunion, pour dire à fifille Mason "Mais non il n’est pas évadé ! Votre père nous aide juste sur une affaire super tendue ! Pas vrai ?". Mason acquiesce et remercie Goodspeed de sa sollicitude : il n’aurait pas voulu être embarrassé devant sa fille enfin retrouvée. L’affaire entendue, tout le monde (moins fifille qui part faire des trucs de fille comme participer à la Manif pour Tous déguisée en princesse) retourne donc au QG du FBI, où Mason coopère pour de bon en indiquant les tunnels par lesquels il s’est évadé d’Alcatraz, et débouchant sous la mer. Un petit commando pourrait donc rentrer par là et infiltrer la forteresse avant de neutraliser les hommes de Hummel un par un.

"Hmmm… vous avez vu les gars ? Il y a plein d’explosions en ville et des bruits de carambolage. Je ne sais pas ce que l’ennemi prépare, mais ça a l’air diablement con."

Mais comme au FBI, on aime bien rigoler, on décide d’emmener Mason (pourquoi pas) et surtout Goodspeed, qui est une truffe sur le terrain. Non parce que attention : comme c’est un expert en chimie, ils ont besoin de lui pour neutraliser les missiles ! Bon, il n’y a pas de rapport entre la chimie et les missiles, mais c’est comme ça. Et non, les commandos n’ont pas de démineur. Et non, péter les ailerons du missile, latter leur propulseur ou autre ne suffirait pas. On va donc prendre ce gros busard de Goodspeed avec nous ! Ouaiiiiis !

M’est avis qu’ils avaient choisi le scénariste parce qu’il s’y connaissait en gaz neurotoxique. Probablement parce qu’il en avait sniffé une bonbonne pleine.

Bref : la chose décidée, et pendant que le QG du FBI fait croire à Hummel qu’ils vont payer à un moment ou à un autre ("Oui, alors le président allait signer mais il a eu un rendez-vous urgent" "Ah, c’est bête, il allait encore signer mais on a paumé le dossier" "Rooh, vous savez quoi ? Le président a fait tomber sa gomme. Vous auriez une heure de plus à nous donner le temps qu’on la retrouve ?" oui, c’est tellement crédible que ça ressemble un peu à un marché public français), la petite équipe est envoyée de nuit à l’héliport local pour se préparer. Le chef du commando explique donc de quoi il retourne.

"Bonjour Messieurs, je suis votre chef d’équipe, mais vous me connaissez déjà. Voici John Mason, il sera notre guide à l’intérieur.
- Bonsoir.
- Et ici, Monsieur Stanley Goodspeed, notre expert.
- Bonsoir.
- Enfin, nous serons aussi accompagnés par un guitariste et un batteur, chargés d’accompagner les moments forts de notre mission avec une musique aussi pompeuse qu’omniprésente.
- Bonsoir.
- Bonsoir.
- Je résume pour tout le monde : nous infiltrerons l’endroit par les tunnels sous-marins, et ensuite nous bourrerons la gueule aux méchants. Quand tout sera bon, on aura qu’à agiter nos fumigènes verts pour prévenir la côte qu’on a réussi. Il n’y a pas de questions ?
- Moi chef ! Est-ce que vous pourriez nous donner des prénoms, parce que je trouve que sinon ça pue un p…
- Puisqu’il n’y a pas de questions, en route !"

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Chez Hummel et sa bande, on est donc peu étonné de voir s’afficher sur le petit radar qu’ils ont installé l’écho d’un hélicoptère en approche en pleine nuit : soit Puff Daddy vient faire un concert à l’improviste, soit ils ont de la visite ! Seulement, l’hélicoptère largue quelques petits véhicules sous-marins et commandos en tenue de plongeur, puis s’en va sans que les méchants aient pu voir quoi que ce soit en-dehors de leur écran radar. Peu probable qu’il s’agisse de Puff Daddy, donc. Bien vite, donc, et passant par des tunnels immergés, le commando des gentils se retrouve de son côté dans une salle… où toutes les portes sont fermées !

"Cacaboudin !" s’exclame donc le chef d’équipe "On avait pas prévu qu’on puisse rencontrer des portes fermées. On est fichus !"

Sérieusement ? Ah oui, motivés les mecs quand même. Si les terroristes utilisent des portes fermées, qui plus est quand ils contrôlent une prison, où va-t-on ?

Toujours est-il que Mason a un plan : "Je vais utiliser le tunnel, là ! Celui avec des roues qui tournent et des petits lance-flammes automatiques !"

Que ? Pardon ? Un tunnel avec des roues qui tournent (et qui ne font rien fonctionner au-dessus, soit dit en passant, elles tournent juste, comme ça, hop) et des lance-flammes ? Mais ? Pourquoi ? Qu’est-ce que… attendez, non, on vient de me répéter "Michael Bay" dans l’oreille. Très bien. L’ami Mason fait donc un numéro de ninja dans un tunnel dont on ne comprend pas bien la simple existence, puis va ouvrir la porte à ses camarades par l’autre côté, leur permettant d’envahir les souterrains de la prison. Leur objectif ? La salle des douches, où une grille devrait leur permettre de remonter et d’infiltrer le bâtiment. Sauf que…

… sauf qu’un militaire malinou a piégé ladite grille avec un détecteur de mouvement artisanal (non, ce n’est pas relié à une boîte de conserve, mais pas loin), qui fait que les commandos, pensant le désamorcer comme un détecteur classique, se retrouvent repérés sans le savoir par tous les méchants qui se mettent en position au-dessus de la salle des douches, prêts à accueillir les intrus ! Tout le commando monte donc, à l’exception de Mason et Goodspeed, laissés en arrière pour… parce que… parce que.

C’est donc une grosse surprise pour l’unité d’élite lorsque, à peine déployée dans les douches, elle voit tout autour d’elle des hommes en armes la braquer, et le général Hummel apparaître. Toujours se méfier des douches des prisons, pourtant, ils le savaient. Hummel n’en a pas moins envie de papoter :

"Super commando d’élite ! Ta mission s’arrête là. Je ne veux pas ta mort, alors : pose les armes.
- Non ! Je sers les Etats-Unis, jamais je n’obéirai à un sale terroriste !
- Moi aussi, je sers les Etats-Unis ! Trop de gens comme nous sont morts sans les honneurs, c’est pour vous, pour nous que je fais ça ! Posez vos armes.
- Non !
- Allez.
- Nan.
- Steuplé.
- Nan.
- Faipatapute.
- Stoilapute
- Nan stoi et pas l’droit de retoucher son père !
- Dammit !"

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Ce fabuleux dialogue est cependant interrompu par un soldat qui fait du bruit sans le vouloir (non, pas comme ça bande de scatophiles), et faisant sursauter tout le monde, déclenche la fusillade. En quelques secondes, tout le commando des gentils se fait donc massacrer, et celui-ci portant de petites caméras, depuis le QG du FBI, on assiste donc au massacre. La fine équipe ainsi malmenée, ne restent donc, planqués dans les souterrains, que Goodspeed et Mason qui se disent que tout cela ne sent pas très bon, voire carrément comme mamie. Après avoir récupéré la radio et les armes d’un cadavre tombé entre eux depuis la salle du dessus, nos deux larrons se mettent donc en mouvement pour s’éloigner. L’occasion pour eux de papoter, le tout, à haute voix bien sûr : c’est pas comme si on venait de massacrer tous leurs petits copains.

"Ça alors ! Je ne m’attendais pas à ce que tous ces personnages secondaires sans nom meurent"


"Mason ! Mason, où allez-vous ?
- Mais, je me barre mon petit Stanley. Cette mission est un échec, vous n’avez plus besoin de moi.
- Non, vous devez rester !
- Ah oui, et pourquoi ?
- On vous a engagé en vous disant que c’était pour une prise d’otage… mais ce n’est pas que ça : ces brigands menacent tout San Francisco avec du gaz VX qui fait bobo ! Votre fille est à San Francisco ! Ma fiancée est venue me rejoindre à San Francisco."
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Ah oui, d’ailleurs : en apprenant que ce n’était pas un exercice, Goodspeed a tenté de dire à sa dame de ne pas venir, mais suite à un subtil quiproquo (si vous aviez un détecteur à ironie, je viens de coincer l’aiguille dans le rouge, je sais, je suis surpuissant), elle est viendue quand même. Sauf que Goodspeed a prévenu le FBI de la mettre en sécurité. Ils l’ont donc… mise dans une voiture avec un garde. Voilà voilà. Et comme elle n’a pas voulu rester (c’est étonnant : moi, dans le coffre, les invitées ne font jamais de chichis), ils ont décidé de l’amener directement dans la salle de commandement du FBI pour qu’elle assiste à tous les trucs top secrets.

Je vois : c’est donc tout ou rien. Et concernant ce film, j’ai déjà choisi mon camp. J’avais tort plus haut concernant le scénariste : le truc neurotoxique c’est carrément le scénario.

Soit, faisons fi de la chose et revenons à nos larrons qui pataugent dans les souterrains en parlant chiffons.

"Goodspeed… pourquoi ne m’avez-vous pas dit plus tôt qu’il y avait des armes pointées vers San Francisco !
- Parce que c’était top secret !
- Sachant que je fais partie de la mission top secrète, et que j’allais de toute manière voir les armes en question, à quoi ça servait de me cacher cette information à part me donner le moins de raisons possibles de coopérer ?
- Ah ? Heu… ah bin oui. Je ne sais pas.
- Ce film est décidément une bien belle merde mon cher Goodspeed, poursuivons donc !"

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Convaincu du bien fondé de la mission, Mason accepte donc d’aider Goodspeed à, au moins, désamorcer les missiles terroristes. D’après leurs informations, il y aurait quatre emplacements à attaquer, dont un mystérieusement placé dans la morgue (parce que les super caméras de l’armée ont repéré les missiles même à travers douze couches de roche). C’est donc par là que nos héros vont commencer. Seulement voilà, tout n’est pas si simple : le capitaine Cox et ses hommes ont bien remarqué que les armes et la radio du cadavre retombé dans les souterrains avaient disparu. Ils soupçonnent donc, soit des gitans, soit des survivants du commando. Mais comme ils n’ont aucune caravane sur leur radar, ils en déduisent qu’il y a encore du gentil militaire là-dessous. Et commencent donc à jeter des grenades là-dedans ; sauf qu’un soldat plus taquin que les autres décide de balancer directement une sorte de méga bombe artisanale, faite à partir d’une bouteille de gaz, d’un détonateur et de patafix. Le résultat est des plus impressionnant : il provoque une explosion dont les flammes ravagent à peu près 6 kilomètres de tunnels et d’égouts en remontant la moindre canalisation. J’espère qu’aucun otage ne faisait caca à ce moment là, sinon le bougre a dû découvrir une nouvelle forme d’inflammation des intestins de manière aussi surprenante que spectaculaire.

Mais nos héros ont échappé à tout cela quand même, tout simplement en plongeant dans le fond d’eau qui parcourt les souterrains. Yay !

Quelques minutes plus tard, ce sont donc un Mason et un Goodspeed quelque peu échaudés qui arrivent à la morgue, Mason tuant les deux soldats sur place assez promptement à l’aide de sa célèbre mitraillette aux balles illimitées. Goodspeed peut donc entamer le désamorçage des missiles qui étaient entreposés là. Et là, attention.

"Bon alors… d’abord, je dois ouvrir le missile…
- On ne pourrait pas juste le saboter ?
- Non… je dois… ouvrir… le… missile…
- Bon, okay. C’est vous l’expert.
- Maintenant… je dois… manipuler les guirlandes… de bouboules de VX…
- Wow, ça a l’air dangereux. Et vous en faites quoi ? Non parce que le film ne le dit pas. Elles disparaissent à chaque scène.
- Je les glisse… dans un tiroir…
- Ho, bin oui. C’était tellement évident. Les boules de gaz mortel entre les chaussettes et les slips, gros professionnalisme.
- Maintenant… je vais démonter… les puces de guidage… parce que oui… mystérieusement, il y en a 12 par missile…
- Non mais vous déconnez mon vieux. Vous êtes en train de démonter tout le missile juste pour pourrir le guidage ? On risque de mourir douze fois au démontage juste pour que vous retiriez un truc qui n’empêche pas la mise à feu ? Et si les mecs veulent s’en servir comme roquette, hein ? Genre, à tout hasard, s’ils avaient des hélicoptères ? Ou juste, ils peuvent encore les tirer au hasard sur San Francisco, ce sera simplement moins précis ! Vous, vous êtes du genre, pour arrêter une voiture piégée, à rentrer dedans pour retirer le GPS !
- Détruire… les puces… VOILA ! Allez, on passe au suivant ?"

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Avant que Mason ne puisse gifler Goodspeed, qui est définitivement un Nicolas Cage, ceux-ci sont interrompus par l’arrivée impromptue de vilains qui venaient voir pourquoi ça ne répondait plus à la morgue. Autant dire que fusillade il y a, et que nos héros plongent dans les souterrains en quatrième vitesse, mais pas par le même passage : cette fois, ils débouchent dans des grottes sous l’île qui servaient bien avant la prison actuelle. Et donc, remplie de… de… hmmm, tiens ? De rails et de wagons de mines. Et de cordes pour tirer tout ça dans tous les sens ! Ça alors, ça aussi, quelle originalité. Et non ma bonne dame, rien n’a pourri : tout est encore en parfait état ! Les méchants et les gentils peuvent donc se faire une petite séquence de baston dans des wagons, jusqu’à ce que le capitaine Cox et ses deux hommes soient mis hors de combat par nos héros, puisque même Goodspeed a décidé de se servir d’une arme pour aider. Bravo les gentils ! Vous avez gagné !

La fameuse scène de désamorçage des missiles : notez que notre héros est en train de démonter la partie qui ne l’intéresse pas pour atteindre le missile, qui est en fait posé à côté.

Sauf que non, car soudain, alors que nos héros retournent vers les coins plus modernes de la prison pour tenter de neutraliser le prochain missile, ils entendent une voix dans les hauts parleurs qui, à leur grande déception, n’est pas celle d’un forain leur proposant un tour gratuimmmalléallétoulemondesamuuuuuse (oui, en forain, c’est un seul mot. J’ai fait forain en plus du latin et du grec, j’aime bien les langues mortes). C’est Hummel qui vient mettre les choses au point :

"Chers survivants du commando, je me permets de vous interpeller pour vous dire que ça commence à bien faire les conneries. J’ai avec moi Monsieur Bob, otage de son état, qui ne veut pas mourir. Alors soit vous vous montrez, soit j’aide Monsieur Bob à ouvrir tous ses chakras, voire carrément son troisième œil lors d’une séance "yoga & 9mm". A tout de suite les copinous !"

Nos héros sont bien embêtés : ils ne connaissent pas ce Monsieur Bob. Parce que bon, si ça se trouve, c’est un brave père de famille qui ne mérite pas son sort. Ou bien au contraire, c’est un type qui écoute du Booba très fort, auquel cas, c’est une perte acceptable. Mais dans le doute, autant le sauver. Mason propose donc de se rendre le temps de faire diversion pour que Goodspeed puisse aller saboter le prochain missile, qui est situé dans un coin tout sombre, bien évidemment sans aucun garde, c’est pas comme s’ils n’avaient que ça à surveiller.

Ah bin oui, d’accord. Bon, moi je vais lire un truc, je laisse le film continuer, hein, à ce stade, il n’y a plus rien à faire.

Mason fait donc gagner du temps, comme prévu, en allant voir Hummel en faisant la causette, salut qui es-tu, pourquoi fais-tu ça, moi je suis un patriote, toi aussi, nous sommes pareils, mais non, tu as vu, il fait moche, tout ça c’est les cocos avec leurs spoutniks qui nous dérèglent la météo, et puis je suis vieux et j’ai mal aux reins quand il va pleuvoir. Et pendant que les deux petits papys s’entretiennent, Goodspeed parvient donc à saboter le missile sous les yeux de deux gardes sortis de nulle part qui, plutôt que de lui péter  la gueule, prennent le temps de descendre en rappel (on a dit syndrome de Piège en haute-mer !) trèèèès lentement au-dessus de lui pour mieux lui faire peur (pendant qu’il a le VX en main, un coup à mourir comme une merde). Ah non mais vraiment, rien ne nous sera épargné. Goodspeed est donc arrêté, mais seulement juste après avoir neutralisé le bousin qui allait bien. Chapeau les gars !

Du côté du QG du FBI, on est donc bien embêté : leurs deux derniers hommes viennent de se faire capturer.

Quelqu’un a bien proposé qu’on envoie un second commando, mais l’idée a été abandonnée parce que "ça suffit comme ça !" ce qui, effectivement, est un argument puissant. On va plutôt faire du rien et attendre que l’US Air Force conçoive des missiles au über-plasma en moins de 12 heures maintenant, ce qui est complètement crédible.

Nous retrouvons donc nos héros en prison, bien embêtés par toute cette histoire. Et comme les méchants sont sympas, ils ne leur ont laissé personne pour les surveiller (là encore ; question donc : qu’est-ce que ces mecs surveillent durant tout le film ? Une salle vide ? Une chaise ? Un parpaing qui a l’air louche ? Mystère), ce qui permet à Mason, qui s’est déjà échappé une fois d’Alcatraz, de remettre le couvert en filant hors de sa cellule avant de libérer son copain Stanley tel un David Copperfield en tenue commando. Tous deux reprennent donc le chemin de l’aventure pour distribuer des claques aux méchants, et parviennent même à se frayer un passage jusqu’au QG de Hummel, qu’ils peuvent observer depuis une petite cachette. Ho, et en chemin, ils ont même trouvé, pif pouf, une des armes de leur commando, qui n’avait rien à faire là mais qui n’attendait qu’eux ! Ça alors ! C’est fou tout ce qu’il se passe dans ce film.

Mais Hummel, lui, en a justement marre puisque les 36 heures de son ultimatum seront écoulées dans 3 minutes à présent. Il reçoit donc un appel de QG du FBI.

"Allô ? Où est mon pognon ?
- Hahaha, figure-toi qu’on l’avait préparé, mais que là, ya Billy, il l’a posé sur le canapé, et hohoho, tu vas rire, le chien l’a mangé !
- Vous l’aurez voulu, je tire.
- Ho bé non alors ! Pas avec notre super bluff !"

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Et en effet, San Francisco n’ayant pas été évacuée pour ne pas causer de panique, et puisque c’eut visiblement été un peu compliqué en si peu de temps, il y a un match de curling au stade du coin. Hummel tire donc l’un de ses deux missiles restants vers celui-ci et…

Bon, déjà, tout le monde se dit "Mais pourquoi on a pas simplement mis des défenses anti-missiles pour intercepter le bidule au décollage, là où il est le plus facile à cartonner ? On est cons ou bien ?", mais ce n’est pas tout.

Car "plouf !" fait le missile. Oui, plouf, car il s’écrase dans la baie, et tout le monde souffle, car après tout, un missile rempli de je ne sais combien de bouboules de VX écrasé dans l’eau juste au bord d’une côte surpeuplée, ça n’est sûrement pas dangereux, hop, c’est donc oublié. Le VX, ça part à l’eau. C’est pour ça que vous n’en voyez jamais dans les pubs du genre "Maman, j’ai un match dans 5 minutes et du VX plein mon maillot !" : tout le monde sait qu’il n’y a même pas besoin de lessive pour le neutraliser. Enfin bon.

A l’intérieur d’Alcatraz, c’est donc la grosse surprise, et Bad Guys 1 & 2 se tournent donc vers Hummel et son fidèle Baxter, qui eux, n’ont pas l’air plus surpris que ça.

"Mon général ! Pourquoi tout le stade n’a-t-il pas eu une soudaine poussée d’acné ?
- Parce que j’ai dévié le missile. Je ne suis pas un assassin.
- Pardon ? Mais on va passer pour des cons !
- C’est bien trop tard, souvenez-vous de tout ce qu’on a fait depuis le début du film. Non, toute cette mission était du bluff : je voulais obtenir quelque chose, ils ont tenu malgré mon bluff, ils gagnent. Voilà. Je prends la responsabilité, et on rentre à la maison. Je suis sûr que ça va très bien se passer.
- Alors là ! Nous, on est venus que pour le fric ! Tant qu’on l’a pas, on ne rigole pas ! Pour la peine, on va vous crever !"

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Encore un enterrement militaire qui se profile : inondations à prévoir.

Et, ça alors ! Bad Guys 1 & 2 révèlent alors qu’ils sont vraiment méchants et tuent Hummel et Baxter. Sur ces entrefaites, Mason débarque et mitraille à son tour les méchants soldats venus en renfort des Bad Guys. Goodspeed, lui, file vers le phare de l’île où se trouve le dernier missile, poursuivi par Bad Guys 1 & 2 qui ont survécu à l’affaire. S’il parvient à se débarrasser de Bad Guys 1 par quelque rebondissement tout pourri que je vous passe, Bad Guys 2 s’accroche et débarque alors que notre héros est en train de démonter le dernier missile. Une petite baston s’engage durant laquelle une bouboule de VX s’échappe, et notre héros décide de la coller dans la bouche de son adversaire, qui effectivement, se croustibatise instantanément. Stanley commence aussi à prendre cher, mais il est cependant aidé de plusieurs choses :

  • Déjà, c’est Nicolas Cage : il est tellement inexpressif que même le gaz a du mal à l’affecter
  • Ensuite, il a dans sa combinaison une seringue d’atropine à se planter dans le cœur, puisque oui, il avait ça quand le commando est parti de la côte, et non, personne ne l’a fouillé en le mettant en tôle, parce qu’une méga seringue, c’est pas dangereux après tout
  • Enfin, c’est le gentil et c’est un mauvais film, il s’en tire donc forcément

Proutch ! Fait la seringue. Kof-kof ! Fait le Nicolas Cage. Fuiiiit, fait le gaz en se dissipant, tout déçu de n’avoir pas pu tuer Stanley Goodman, celui-ci devenant instantanément immunisé grâce à l’atropine (évidemment. D’ailleurs, pour la petite histoire, le commando est parti désamorcer des missiles de gaz… sans masque à gaz. Mais c’est sûrement un détail, pas vrai ? Et idem pour les méchants qui manipulent tout ça sans souci tout le long du film, voilà, mais c’est juste un détail : ce n’est jamais que le thème du film après tout). Mais alors que notre héros est par terre avec encore sa seringue plantée dans le torse à subir les effets secondaires de l’atropine (qui sont, je le rappelle : sécheresse de la bouche et de la peau, constipation et rétention d’urine, la classe quoi) , il note quelque chose à l’horizon : des avions de chasse approchent ! L’US Air Force a découvert le secret du über-plasma et a conçu les missiles qui vont bien en quelques heures, et persuadés que le commando avait échoué, les gens du Pentagone ont demandé le bombardement d’Alcatraz !

Notre héros sort donc (au ralenti), attrape donc les deux énormes fumigènes verts qui étaient dans ses poches (non, ça non plus, on ne lui avait pas pris, vraiment, c’est formidable), et fait coucou aux avions.

"Aigle 1 à Aigle 2 ! Regardez, des fumigènes ! Il y a un type qui a l’air super constipé qui nous fait des signes !
- Sûrement un hippie ! Rah, je hais cette ville !
- Non, arrêtez chef, regardez : on dirait… on dirait une sorte de Nicolas Cage ! 
- FEU FEU FEU !"

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Et en effet, si tous les avions en voyant les fumigènes retiennent leur tir, l’un d’entre eux, tireur précoce, a déjà envoyé la sauce. Qui provoque donc une très grosse explosion sur l’île et souffle notre héros sur quelques mètres, mais ça va, merci. Quoi une seringue dans le cœur ? Oui, non, ça non plus, ça n’empêche pas de péter la forme. Et vous, ça va ?

Au QG du FBI, tout le monde est donc super content, et appelle donc l’ami Goodspeed sur toutes les fréquences radio. Sitôt que celui-ci en a chipé une sur un cadavre, il déclare donc solennellement :

"On a gagné.", ce à quoi on lui demande ce qu’il en est de l’état des troupes. "Tous les otages sont vivants. Je dis ça, je ne peux pas le savoir puisque je ne les ai pas vus alors qu’il vient en plus d’y avoir une grosse explosion, mais je vous l’annonce, on est plus à ça près. Et tout le reste du commando est mort. Même le batteur, il ne reste que le guitariste pour accompagner la fin du film." et voyant son bon ami Mason à son côté, et voulant lui faire plaisir, il ajoute "Et Mason est mort, tué dans l’explosion provoquée par votre avion un peu con, du coup on ne retrouvera jamais son corps, heureusement finalement vu que vous aviez déchiré sa grâce et que sinon il serait retourné en prison."

Mason est donc heureux de voir que Goodspeed est définitivement un brave type. Et pour le remercier, il lui donne un petit papier sur lequel est inscrit, en sus d’une ordonnance pour des dragées Fuca, l’adresse d’une église au milieu de nulle part, avec pour indication d’aller y fouiller le pied creux d’un banc. Puis, il s’en va… et disparaît comme il sait si bien le faire, hop. Quel Gérard Majax celui-là !

Nous retrouvons donc notre bon Stanley bien plus tard et fraîchement marié, sortant en courant de l’église en question alors que le prêtre le course pour avoir défoncé un banc (ça sent l’enfer éternel ça, Dieu est super bougon dès que l’on touche à son mobilier). Goodspeed bondit dans la voiture alors que sa femme démarre et fonce, puis, notre héros ouvre la petite boîte trouvée dans le banc : les fameux microfilms avec tous les secrets des Etats-Unis !

Il va donc peut-être enfin pouvoir percer le mystère des mystères : qui est le con qui a eu l’idée de créer un état de Washington à l’extrême opposé de Washington ?

Et cela fait…

… FIN !

Actor’s Studio : saurez-vous retrouver l’effet secondaire de l’atropine que notre héros joue sur cette image ?

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Forêt de Rambouillet, 9 janvier 2014

"Patron, j’ai creusé assez profond, on peut rentrer maintenant ?"

Diego, les manches de la chemise retroussée, agita les bras au-dessus de la tête dans la lumière des phares du véhicule. Voyant mon signe de tête approuvant son propos, il fit glisser le gros paquet à côté de lui jusqu’au fond du trou avant de s’en extirper et de commencer à recouvrir le tout.

"Quand même patron, elle avait peut-être raison, la dame…
- Quelle dame ?
- Celle du chantier d’archéologie. P’têtre que vous devriez pas enterrer toutes ces filles.
- Et puis quoi ? Tu veux pas que je leur laisse mon numéro avant qu’elles ne rentrent chez elles aussi ? Qu’elles me rappellent ensuite ? C’est pour ce genre de réflexion que c’est moi le patron, mon petit Diego.
- Bon… mais quand même.
- Quand même quoi, vil laquais ? 
- Quand même… p’têtre qu’elle avait raison. P’têtre que ça pourrait poser problème, dans le futur.
- Diego, assez d’âneries pour ce soir. Finis ce que tu as à faire et rentrons, il commence à faire frais et un brandy serait bien mérité."

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Le serviteur s’exécuta, et une fois son labeur terminé, se glissa derrière le volant. Voyant son regard perplexe dans le rétroviseur, je décidai de le rassurer une dernière fois.

"Allons Diego", lui dis-je, "Que pourrions-nous bien faire de mal ici aux gens du futur ?"

Il haussa les épaules, et bientôt, la berline se mit en route avant de disparaître dans la nuit.

* * *

Université de Paris XXXII, 17 mars 2742

"Avant de terminer cette thèse, j’aimerais synthétiser mon propos !"

La jeune femme dessina en l’air quelques signes à l’adresse de son droïde à hologrammes, lui indiquant la marche à suivre. Comme convenu, celui-ci ronronna légèrement en affichant au milieu de la salle une représentation en 3 dimensions du chantier d’archéologie préventive réalisé avant la construction du nouveau spatioport de Rambouillet.

"Comme vous pouvez le constater, il semble qu’il se trouvait ici, au début du troisième millénaire, une forêt à en croire les fossiles que nous avons trouvés, ce que les documents de l’époque tendent à confirmer. Maintenant, voyez ce que nous avons découvert : de nombreux corps féminins enterrés là. Tous plutôt jeunes. Et tous ayant subi des coups d’une arme contondante, visiblement équipé d’un fer relativement large. D’après le tableau des ustensiles de l’époque, il aurait pu s’agir d’une pelle. Par ailleurs, elles portaient toutes sur elle un objet identique où était inscrit en runes primitives "carte étudiante""

Il y eut un murmure d’approbation dans la salle pour saluer l’exactitude des travaux et des analyses de la brillante archéologue. D’un mouvement de tête, elle remercia l’auditoire tout en l’invitant à la laisser conclure.

"Ce qui ne nous laisse donc qu’une seule conclusion possible."

Les présents retinrent leur respiration : l’estocade finale de la science allait porter le coup fatal au drap usé de l’ignorance.

"Aux alentours de l’an 2000-2050 vivait en forêt de Rambouillet une tribu d’amazones, qui combattait à coups de pelle, arme visiblement répandue dans la région. Les amazones de Rambouillet ont toutes été enterrées de la même manière puisqu’elles appartenaient à la religion "étudiante", comme l’indique les cartes trouvées sur elles, signe d’appartenance. Nous sommes donc bel et bien en présence d’une nouvelle peuplade jusqu’alors inconnue !"

Il y eut un tonnerre d’applaudissements dans la salle pour accueillir l’affirmation, et la jeune femme salua longuement le public, avant de faire signe à son droïde pour qu’il fasse défiler les images réalisées par des artistes reconstituant des scènes de vie de l’époque : les amazones de Rambouillet partant au combat en chevauchant de légendaires vélib’, les amazones de Rambouillet combattant vaillamment à coups de pelle contre une autre tribu descendue de la mythique Bourg-la-Reine, ou encore les amazones de Rambouillet vénérant CROUS, une divinité supérieure au sein de la religion étudiante.

La jeune archéologue rougit de plaisir à l’idée d’avoir ainsi fait avancer la science.


Le petit séducteur, édition 2014

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Parfois, vous avez le spleen.

Il suffit d’un rien pour le faire naître : allumer une télévision, lire les commentaires du Monde.fr, ou plus simplement, revoir l’épisode I de Star Wars. Cela fait, vous n’avez plus qu’une envie : vous isoler. Debout face à une fenêtre balayée par la pluie et le vent à observer les lueurs du monde qui s’éteignent sous le déluge alors que vous tirez tranquillement sur la pipe bavaroise qui vous donne cet air tellement philosophe, vous vous demandez si vivre vaut encore le coup.

La réponse est : oui.

Parce que sinon, comment pourriez-vous continuer à consulter des sites de séduction ?

Sorte de véritable sous-genre de la littérature comique malgré elle, le site de séduction a en plus le bon goût d’être régulièrement mis à jour pour dispenser toujours plus de conseils absurdes qui, à défaut de marcher, vous émerveilleront par leur incroyable capacité à être toujours plus mauvais. Aujourd’hui, donc, penchons-nous sur quelques-uns d’entre eux, parmi lesquels certains déjà évoqués ici mais qui n’ont de cesse de creuser leur propre tombe toujours plus profond, et d’autres, plus récents, qui se sont dits que eux aussi allaient enseigner à l’humanité l’art de la conversation pré-coït (ou pas, vous faites bien ce que vous voulez bande de canaillous).

Nous allons donc procéder, si vous le voulez-bien, en trois étapes :

Apprendre la théorie sur "Comment savoir si une femme est intéressée ou non"  avec "les nouveaux hommes", un site honteusement dénoncé par une lectrice (bien joué, votre ticket de rationnement vous attend) et qui prétend former l’homme de demain, qui visiblement, arrivé au sommet de son évolution, aura commencé  à redescendre si j’en crois ce que j’y lis.

Mettre tout ça en pratique avec "Comment aborder un groupe de filles ?" avec "Art de Séduire", le site qui est un peu à la séduction ce que Nicolas Cage est au cinéma.

Et enfin, pour conclure, ce qu’il se passe lorsque le séducteur se ramasse un échec : "L’histoire de me brûler vif, la trahison et le Best-Of SeductionByKamal2013" du site… bon, c’est marqué dessus, donc "Seduction By Kamal"

Messieurs, vous avez vos calepins ? Mesdames, votre seringue de morphine ? Alors allons-y et apprenons-en plus sur les êtres dénués de chromosome Y, et comment les approcher sans finir lapidé à coups de macarons.

Le tout est bien évidemment vendu avec un emballage "On a trop une classe digne de James Bond". Il faut bien évidemment lire "On a trop une classe digne d’un script de James Bond", ce qui est très différent

Comment savoir si une femme est intéressée ou non ?

Vaste sujet. En effet, contrairement à la plupart des êtres vivants, la femme ne montre pas clairement son intérêt et préfère utiliser un subtil langage secret pour se faire comprendre, ce qui en fait une sorte de Bernardo social des plus intéressant. Elle apprend ce langage très jeune avec ses comparses, probablement lors de soirées pyjamas et uniquement par tradition orale pour ne pas que l’ennemi tombe sur des documents pouvant l’aider. Mais soyez tranquille : sur le site "Les Nouveaux Hommes", tel des commandos britanniques à l’assaut d’un sous-marin allemand pour lui piquer la clé de codage du système Enigma, on a réussi à décrypter l’affaire. Écoutons plutôt ce que ces viles femmes osent nous cacher.

Parce que oui, on peut écouter : il y a une vidéo. Qui commence avec une sorte de… de mise en scène où un homme reçoit un SMS où il est marqué, je cite "J’ai les fruits <3" (effectivement, ces femmes, quel langage mystérieux) pendant qu’un couple jouant divinement bien parle de sauver les baleines (si, si). S’ensuit l’arrivée du présentateur qui devrait bientôt avoir un appel de M6, puisque comme un certain nombre de présentateurs de cette chaîne, il a un sérieux problème pour accentuer ses phrases, et les arrête en plein milieu sans que l’on comprenne bien pourquoi. On va en rester à la transcription qu’il y a en-dessous.

On pourra toujours vous dire que ces choses se sentent, et c’est vrai d’ailleurs, mais en réalité, il existe des indices visuels et auditifs qui peuvent vous renseigner sur les intentions d’une femme.

De là à en déduire qu’en début de phrase, notre homme faisait référence à l’odorat, il n’y a qu’un pas que je ne franchis pas puisqu’il fait un peu peur. En tout cas, j’aime bien le principe de "l’indice auditif". Ce n’est pas verbal, non, c’est auditif. Puisque chacun sait qu’une femme intéressée – mes lectrices confirmeront sûrement – produit des bruits spécifiques pour le signaler, comme des claquements de dents ou des sifflements perceptibles uniquement par les animaux (une femme très intéressée peut tuer un lapin à près de 50 mètres), ou le bruit mélodieux d’un antivol de BMW. Du coup, à la fac, dès qu’il y a un professeur intéressant, ça devient vite le bordel dans tout l’amphithéâtre, mais on va dire qu’elles n’y peuvent rien.

Sacrés indices auditifs, donc.

Si vous lisez cet article c’est que vous avez des yeux

Je trouve ce site un petit peu trop audacieux, tout de même. Mais c’est bluffant, comment a-t-il deviné ? Maintenant qu’il a prouvé sa fine analyse du monde,  alors, comment utiliser nos yeux de béotiens pour décrypter le langage mystérieux de la femme ?

Physiquement, elle va faire en sorte que son corps ne soit pas orienté vers vous, qu’il soit fermé

Effectivement : par exemple, quand elle est tournée exactement dans le sens opposé du vôtre, pose ses jambes sur le sol l’une après l’autre aussi vite que possible et fait ce que l’on appelle dans le jargon de la séduction "un sprint en hurlant", on peut effectivement supposer qu’elle est désintéressée. Quant au fait qu’elle soit "fermée", là, jeunes gourgandins, vous vous demandez de quoi il retourne : il s’agit de croiser les bras. Ou les jambes. Ou les deux. Par exemple, tout le monde se souvient de cette fameuse scène de Basic Instinct où une Madame croise les jambes encore et encore pour bien repousser tous les mâles de la salle. Drame toujours : si croiser ses machins avec ses trucs devant un mâle est un signe évident de rejet, alors on en déduit que les professeurs de yoga doivent être bien malheureux.

Certes, mais donc, quels indicateurs avons-nous qui, à l’opposé, disent que la damoiselle est intéressée alors ? Pas de panique : on y vient, et étudions-en quelques-uns.

Elle ricane (glousse) plus que la normale.

Il y a donc un niveau de gloussement acceptable. Si elle rigole au-dessus du niveau en question, en avant Guingamp, la bougresse est en train de succomber à votre charme. L’autre option, c’est que vous avez la braguette ouverte et qu’elle se fout ouvertement de vous, mais chacun sait que cela ne peut pas arriver : vous êtes un séducteur, que diable. Bon, il est aussi possible qu’elle glousse simplement parce que c’est son principal mode de communication. Vous pouvez donc dès lors appliquer la procédure habituelle : lui coller une étiquette sur le front, la déposer chez UPS et attendre qu’ils la livrent au plateau du Grand Journal pour qu’elle rejoigne les autres dans le public. C’est le cimetière des pintades.

Elle vous demande des informations personnelles (e.g. votre nom, [...]).

C’est vrai que c’est assez osé, tout de même, de demander le nom de la personne avec laquelle on parle. Du coup, maintenant que j’y pense, je crois qu’un nombre incroyable de secrétaires de mairie me désire secrètement (ce que je savais déjà, mais tout de même, je n’avais pas remarqué à quel point elles allaient de l’avant). Si en plus elle vous demande votre date de naissance, vous êtes à quelques secondes de la voir arracher son chemisier en vous criant "Prends-moi toute !" (de manière générale, elles crient relativement peu "Prends-moi moitié" de toute manière, sauf si vous êtes un fétichiste des siamoise mais… raah, arrêtez, vous me déconcentrez).  En tout cas, je suis rassuré : maintenant, je sais que l’administration m’aime. Pourtant, elle n’avait pas l’air jusqu’ici. Il va peut-être juste falloir que je lui réexplique à quelle chemise on s’intéresse.

Une grosse déclaration d’amour annuelle. Maintenant qu’on le sait, c’est quand même plus agréable.

Elle vous contredit en rigolant.

Par exemple en disant "C’est pas possible d’être aussi con". Un excellent signe !

Non parce que vous comprenez, ça n’arrive jamais de contredire quelqu’un en riant bien fort pour souligner tout le mépris que vous inspire son précédent propos. Mais en même temps, je m’avance un peu : si j’ai une certaine maîtrise de la pratique, nous parlons de fille, et les filles, c’est pas pareil. Elles ne peuvent pas mépriser : elles ne sont qu’amour, cours de poney et glaces à la pistache. Non vraiment, tous ces signaux m’ont l’air diablement pertinents.

Mais tout n’est pas que verb… auditif, auditif. Il y a aussi des signes physiques d’attraction !

Son langage corporel est ouvert (e.g. bras non croisés).

Autant vous dire que sur la croix, Jésus était une sacrée allumeuse.

Elle joue avec ses cheveux, ou se recoiffe souvent pour dégager son visage.

Pour ceux qui auraient raté ce moment de bravoure, une andouille quelque part dans le monde a un jour visité l’un de ces sites de séduction en prenant vraiment tout cela au sérieux, et a donc écrit à son rendez-vous d’un soir qui ne voulait pas vraiment le revoir pour lui expliquer que quand même, quelle sale petite chauffeuse de kikounette, elle a joué avec ses cheveux durant la soirée, ce qui prouvait bien qu’elle mourrait de désir, alors hein, bon, dis, elle devrait lui présenter des excuses pour lui avoir ainsi envoyé ce genre de signaux. Bon, il lui explique aussi plein d’autres trucs (en anglais), comme le fait que ce serait bien de sortir ensemble parce qu’il y aurait plein d’aspects "pratiques" et qu’il a plein de sous, mais je vous laisse vous régaler comme des grands. Nous, on continue sur le chemin de la misère sociale (là, c’était juste une station pour faire le plein et s’acheter des boissons hors de prix).

Quand vous êtes assis, elle croise ses jambes de manière à ce que sa jambe la plus haute pointe dans votre direction.

En même temps, si elle est assise en face de vous, faire autrement va devenir compliqué (à moins qu’elle ne repose nonchalamment ses jambes sur ses épaules, mais on a déjà parlé du yoga). Donc à moins que vous ne draguiez dans la station spatiale internationale, l’orientation des jambes va souvent dépendre, j’en suis désolé, de comment vous êtes assis. Attention cependant à ne pas confondre "jambe la plus haute" et "jambe la plus longue", auquel cas, vous draguez un dahu.

Bon, mettons : visiblement, la damoiselle a un intérêt pour vous (à ce stade, mes lectrices doivent être en train de regarder dans quel sens pointent leurs jambes, et notant qu’elles sont toutes orientées vers l’écran où paraissent ces lignes, réaliser que depuis tout ce temps elles meurent d’amour pour ma personne, ce qui était de toute manière indiscutable), passons donc à la partie qui rend tout fou les gens de Les Nouveaux Hommes, à savoir, la démonstration d’un intérêt… sexuel.

Rrrrr.

Elle dit votre nom dans la conversation.

Ou alors, vous vous appelez juste comme ça. Mais bon je chipote. Par exemple, dans "Ecoute, Maurice, on va juste rester amis." ou "Recule Simon, j’ai une bombe lacrymogène", on sent bien que Maurice et Simon vont découvrir de nouvelles expériences sexuelles ce soir. Peut-être avec un certain Monsieur Gunthar dans une cellule de garde à vue, mais tout de même, ça compte.

Elle rigole beaucoup à vos blagues même quand elles ne sont pas si marrantes.

L’autre option, c’est qu’elle ait un humour de merde, hein.

M’enfin je dis ça.

Elle place son sac à main près de vous.

Le sac à main est une véritable extension de la femme : c’est un peu comme si elle vous confiait ses poumons ou ses reins (d’ailleurs à ce sujet… moui, non, rien). Elle ne peut pas juste le poser là parce que vous êtes sur un banc et que c’est plus sûr entre vous que sur le bord, ou même, soyons fous, le mettre là pour ne pas que vous vous rapprochiez trop, espèce de pervers. Elle pose son sac à main près de vous : ELLE VEUT VOTRE CORPS ! C’est pourtant clair.

Je pense que beaucoup de gens vont le garder sur les genoux, maintenant.

"L’amour est dans le sac" comme on dit chez les séducteurs. Ou chez les agents de la maréchaussée qui retrouvent mes anciennes conquêtes. Que de points communs !

Elle penche sa tête sur le côté lorsqu’elle vous parle.

Si elle fait "Haaaaaaaaaan" en même temps, c’est soit que vous êtes une vidéo de chaton, soit qu’elle pense que vous avez 5 ans. Auquel cas, soit votre conversation est tellement pourrie qu’elle en courbe les frontières de la réalité, soit tu n’as rien à faire sur ce site jeune homme, alors maintenant, tu prends mon pied virtuel dans l’interface de ton cul en salopette et tu retournes avaler des morceaux du commissariat Lego.

Si vous étiez tout nu quand elle vous a regardé avec cet air de découverte d’une petite chose mignonne, retenez vos larmes.

Elle se tient de telle manière à ce que ses poignets soient cassés

"Mais ? Mais bordel, pourquoi tu lui as cassé les poignets ?
- Pour qu’elle me désire, ho, l’autre !"

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Elle est à l’aise avec les pauses de la conversation.

Je dirais même que si c’est quand vous ne parlez pas qu’elle a l’air le plus heureuse, c’est super bon signe. Complètement. Mais siiii. Essayez de voir la tête qu’elle fait quand en plus, vous n’êtes pas là ? Voilà, vous avez tout compris.

Elle caresse un objet de forme phallique (e.g. le pied de son verre de vin).

Les femmes de ménage de la tour Eiffel seront heureuses d’apprendre qu’elles excitent le tout Paris.

Ses pupilles se dilatent.

Non, ça c’est le GHB.

Ses lèvres deviennent plus rouges (ses joues aussi) et légèrement plus épaisses.

Ah, oui, que de souvenirs. Elle s’appelait Elodie. Nous étions rencontrés dans une gare, voyageurs perdus dans la nuit. Elle riait à mes bons mots, laissait sa tête se renverser en arrière pour faire onduler la masse de ses cheveux châtains lorsque je lui faisait quelque compliment, et puis finalement, nous avons trouvé un petit restaurant encore ouvert à cette heure tardive. Durant le repas, j’ai tout de suite su que ce soir, elle serait mienne : ses lèvres devenaient plus rouges tout comme ses joues, elles s’épaississaient…

Allergie aux arachides, elle est morte en moins de 7 minutes. J’ai balancé le corps sous le train suivant. "Accident de voyageur", tout ça.

Quel souvenir merveilleux.

Vous avez tout compris ? Alors allons à la conclusion de cet bel article :

Faîtes donc attention à la manière dont vous analysez les signes que vous voyez, et avec un peu d’expérience, vous serez enfin capable de voir ce qui se passe autour de vous. Imaginez alors l’injuste avantage que vous aurez sur les autres. A vous à présent de l’utiliser à bon escient.

Ah bin là Peter, c’est sûr qu’un grand pouvoir implique de grandes responsabilités. Un tel savoir utilisé à mauvais escient… ça pourrait… ça pourrait… attendez, je cherche. Nan, mais je vais trouver, c’est sûr.

J’espère qu’ils en feront un film, où des terroristes s’emparent de leur conseil pour faire le mal. Comme par exemple, monter un site web où ils les diffusent. Hmmm. Je crois que je tiens un truc.

Mais il suffit. Maintenant que ces dames savent qu’il faut arrêter d’allumer ces messieurs en leur demandant leur prénom lorsqu’elles les rencontrent, ou pire, en posant leur sac à main à moins de 20 mètres d’eux, voyons comment régler, grâce à Art de Séduire à présent, une situation fort complexe :

Tous les groupes de filles ne sont pas aussi faciles à aborder les uns que les autres. Ici, Monsieur a tout compris : l’important, c’est d’avoir une tenue bling-bling pour les impressionner.

Comment aborder un groupe de filles ?

Excellente question. En effet, on est pas sans savoir que la femme, parfois, se déplace en groupe. Après avoir retrouvé ses congénère au point d’eau (souvent désigné sous l’appellation de "Starbucks"), elle se met alors à errer dans les rues en supposant que le nombre va lui donner l’avantage et qu’elle ne risquera pas d’être ennuyée par le vieux mâle solitaire qui traîne son poil terne à la recherche de sa prochaine victime. Alors, faut-il attaquer le troupeau ? S’il y en a une en arrière qui a l’air faible et malade, faut-il l’attaquer ? C’était quoi, déjà, le message de Mufasa sur les troupeaux ?

Art de Séduire, le site des séducteurs tellement surdoués qu’ils en font des tutoriaux, vous dit tout.

Comment aborder un groupe de filles quand on est seul, et qu’on a une fille dans notre ligne de mire ? Comment aborder un groupe de filles  quand elles sont nombreuses et que vous ne voulez fermer aucune porte ? Cet article vous permettra de maîtriser en détail tous les cas de figures auxquels vous devrez faire face au moment d’aborder un groupe de filles !

"Maîtriser", rien que ça ! Et vous allez voir, niveau maîtrise, ça se pose là. Tenez par exemple, si vous vous posez la question :

Pourquoi draguer un groupe de filles plutôt qu’une fille seule ?

La réponse est d’une réalité scientifique qui en fera pleurer plus d’un.

Au niveau du raisonnement, on va dire qu’on part sur la théorie des grands nombres, souvent utilisée en séduction. Si je propose à cent filles de coucher avec moi, il y en a bien une qui dira oui ?

C’est ce qu’on appelle : avoir la classe et maîtriser à la perfection l’art de la séduction. On sent qu’il y a du talent derrière, et vous, Mesdames, je suis sûre que vous vous pâmez déjà ! Quand vous irez raconter à vos amies "Alors il essayait de draguer 100 nanas en même temps, mais il n’y a que moi qui ait dit oui, hoooo, c’est trop romantique, hihihihi !" nul doute qu’elles seront si jalouse qu’elles vous passeront directement par-dessus le balcon du 5ème pour se débarrasser de quelqu’un d’aussi chanceux que vous.

Il n’empêche que c’est rigolo, parce qu’en haut du site, j’avais cru lire "Art de Séduire", pas "Statistique de la Misère".  Je dois me faire vieux.

Aborder un groupe de filles a un avantage certain : il y en aura toujours une pour nous sauver, pour discuter avec nous. Allez, je le dis : il y en aura toujours une plus sympa qui aura pitié de nous.

Définitivement : Art de Séduire. J’attends avec impatience les article comme "Comment être gaulé comme Quasimodo pour faire pitié à Esmeralda ?" avec des exercices pour muscler sa bosse à la salle de sport, ou un bon petit "Contracter la lèpre, c’est facile." histoire que vous puissiez faire pleurer ces dames et ainsi, éventuellement, sur une centaine d’entre elles, en trouver une qui couche avec vous par conscience humanitaire.

C’est ce qui est magique dans ce genre de sites : jamais vous ne trouverez des conseils comme "Soyez intéressant" : c’est pour les nazes.

Bon, mais c’est pas tout ça : comment va-t-on aborder ce groupe de filles, tout de même ? Parce que ça fait un peu peur, un groupe de filles !

Commencez par une observation : Une observation sur leur conversation. Une observation sur leur style. Une observation sur un point commun entre les filles (leurs cheveux, leurs sacs à main, leurs rires etc.)

Okay donc on met sa tenue de safari, on sort les jumelles et on cherche un… heu… un point commun entre elles ? C’est une sorte de partie de Qui est-ce ? Mais alors on fait quoi ensuite ?

Hé bien ensuite, c’est tout simple : on ajuste son nœud papillon, on termine son Martini, on approche d’un pas de grand félin vers le petit groupe en question et là, un sourcil légèrement relevé alors que ces dames peuvent soudain deviner les effluves de votre discret parfum, vous faites :

Une remarque sur le bruit qu’elles font "Police des décibels, je vais être obligé d’embarquer votre copine là, les voisins (donnez le nom du village d’à côté) se sont plaints… Je n’aimerais pas être là quand elle a un orgasme…"

… je… comment dire ? Je laisse le soin à mes lectrices de savourer cette phrase, qui je n’en doute pas, est d’ores et déjà en train de les faire rougir tant elle est à la fois drôle et audacieuse. Ou alors, elles sont en train de se frapper la tête avec leur clavier, je ne suis pas sûr.

Non mais sérieusement, qu’est-ce que c’est que ces propos de vieux Jacky qui vient de descendre de sa 306 tunée ?

Je suis consterné. Et ce n’est que le début !

James Bond, 18 minutes après la première photo au début de cet article après un simple article d’Art de Séduire

Autre version selon le site :

Oh les filles, vous avez vu Jacky au Royaume des filles ? Ça m’a vraiment inspiré ! Le truc dans ce film, c’est que les filles ont le pouvoir… Et donc payent des verres aux mecs. Allez-y, draguez-moi, je suis un michto !

Logiquement, la réponse à cet instant précis est "Non, tu es juste une merde." (si vous avez une licorne, c’est le moment de remonter dessus avant de partir au triple galop). Mais c’est peut-être juste moi qui suis un peu sévère.

Une approche à réserver aux plus confiants d’entre vous

Oui, ou à ceux qui n’ont aucun amour propre en fait. Ou à ceux qui n’ont pas compris que "-fiant" était en trop dans cette phrase et qu’il ne s’agissait là que d’une terrible faute de frappe. Ah, les malheurs d’une coquille. Bon, mais mettons : malgré tout votre humour ravageur tiré d’Art de Séduire, pour des raisons tout à fait incompréhensibles, voici qu’une jeune fille vous coupe régulièrement en vous demandant de bien vouloir vous barrer (ce qu’on appelle un "cockblock" sur Art de Séduire) voire, pire :

Vous balance un gros « C’est une soirée entre filles » peu après le début de la conversation

Intolérable. Depuis quand les gens auraient-ils le droit de faire des choses entre eux sans vous avoir sur le dos ?

Pour museler cet opposant à votre programme, donnez-lui du love, donnez-lui de l’importance, écoutez-la, riez avec elle, mettez-la en valeur. Montrez-lui que vous avez compris qu’elle était importante.

Ecoutez-là, montrez-lui que vous la trouvez importante, mais quand elle vous répète encore "C’est une soirée entre filles", mettez-vous à hurler très fort "LA LA LA JE N’ENTENDS RIEN !". L’écoute, oui, mais alors juste sur le principe parce que sinon ça devient super compliqué après. Nul doute que votre charme digne d’un distributeur de tracts à la sortie de la FNAC qui veut absolument vous parler de l’opération "Un tricycle pour Michel" leur donnera envie de passer le maximum de temps avec vous.

Heureusement, Art de Séduire vous propose encore plus d’humour pour détendre l’ennemi.

Ne me mords pas, steuplé ! Je te promets que je suis sympa, un jour j’ai mis la table et j’ai sorti les poubelles à Noël ! Je suis bon, promis !

N’hésitez pas à rajouter "Looool !" à la fin de votre phrase pour plus de panache.

Le problème à force d’être méchant, mes potes se sont barrés, parce qu’ils voulaient vraiment rencontrer des fille…  Depuis, j’ai arrêté les soirées entre mecs, je ne fais plus que des soirées entre filles, c’est vachement plus drôle. Bon alors, pour ou contre la mooncup ?

Messieurs, si vous ne savez pas ce qu’est une "mooncup", ou que vous pensez qu’il s’agit de nom d’un trophée sur Super Mario Kart, sachez simplement que ce c’est pas vraiment le meilleur moyen d’aborder une jeune fille, à moins que la phrase "Alors, tu kiffes les tampax ?" soit selon la plus belle manière de se rapprocher d’autrui.

N’attaquez pas directement sur la partie sexuelle, il y a toujours au moins une fille très prude (ou qui fait semblant d’être prude) qui se cache dans les groupes de filles !

Par contre, elle kiffera la "police des décibels qui craint son orgasme" ou le "débat sur la mooncup" d’entrée de jeu. C’est tout à fait logique, je vois.

Bon, mettons que votre technique soit tellement absurde que, tel un ninja balançant sa grenade au phosphore, vous parveniez à vous incruster dans le groupe avant que qui que ce soit ne réagisse ou ne pleure du sang, que faire ?

Au moment de partir, demandez simplement l’autorisation des filles : "Les copines, je peux vous emprunter Gwendoline un instant avant de partir ? Gwendo, bouche-toi les oreilles, je vais leur dire un secret… En fait les filles, je kiffe bien Gwendo et je vais lui demander son numéro de téléphone, je peux ?" Là, vous verrez très vite si vous avez fait bonne impression pendant la conversation : vous allez découvrir si elles valident votre candidature ou non !

Car contrairement à un légende urbaine qui n’est que trop répandue, la femme ne donne pas son avis par elle-même : fonctionnant via l’Esprit de la Ruche (l’Ordo Xenos étudie encore la question), c’est le groupe qui dit aux individus qui le composent ce qu’il doit faire. Et nul doute qu’avec des phrases comme "je kiffe bien Gwendo", elles seront touchées par votre romantisme et commenceront le rituel de prise de décision (qui consiste en une succession de gloussements accompagnés de mouvements de jambes discrets qui forment en fait des motifs complexes) pour mieux dire que, ta gueule Gwendo, tu donnes ton numéro au Monsieur maintenant, tu vois bien qu’il a la lèpre.

Aperçu de la salle où se rendra Gwendo après avoir reçu 2 SMS du Monsieur pour être sûre de ne pas en recevoir d’autres.

Avec ça, nul doute que la drague de groupes de filles est "maîtrisée" donc.

Vous savez lire les signes ? Vous êtes devenu un expert de la pratique ? Alors il est temps pour nous de nous tourner vers la partie la plus sensible de cet article : parfois, le séducteur, le vrai, celui qui a son propre site est blessé dans son être, meurtri dans son âme. Alors, il couche tout cela sur internet afin de montrer ce que c’est qu’un Homme, un vrai, avec un grand H, comme Huatzefuque.

C’est donc parti pour :

"L’histoire de me brûler vif & la trahison"

Vous le sentez, ce récit qui fleure bon le drame, l’injustice, la haine et l’amour mêlés au point de faire passer un épisode de Game of Thrones pour un vulgaire pastiche de Tournez manège ? Alors allons-y et penchons-nous sur le cas de Kamal, de "Séduction by Kamal", qui en a gros sur son petit cœur de séducteur et tient à le partager avec nous en faisant le bilan de son année de la séduction 2013.

Pour commencer, une simple capture d’écran pour vous donner le ton de l’article quand même. Le sujet serait moins rigolo si les illustrations n’étaient pas si… disons… exagérées ? Hmmm, je reste dans le domaine de l’euphémisme, je le crains.

Mal au bide

Toi aussi, quand tu es ballonné, poste une image de spartiate traumatisé dans une mer de sang. Un vrai séducteur a le sens de la mesure.

Quand je regarde cette image, tout ce que je vois, c’est un type qui pense "C’est fini, les blagues sur les prouts, ça m’fait plus marrer". Passons, maintenant que vous êtes dans le ton, rentrons dans le vif du sujet.

Mais je n’abandonne pas. Jamais. La vie est injuste, tout le monde le sait, et c’est pour cette raison précise qu’on se bat, jusqu’à la mort. This is Sparta. (300 est mon meilleur film en passant-hâte de voir la seconde partie en Mars 2014)

Un excellent film d’homme de goût, soit dit en passant, dont j’ai surtout retenu qu’il avait été entièrement réalisé à l’aide d’un stagiaire ayant la tremblote et le doigt sur le bouton "ralenti". Retirez ledit stagiaire et le film fait environ 18 minutes durant lesquelles on parle essentiellement de slips, d’éléphants et de filles qui dansent toutes nues, mais tout cela est un peu confus. Je n’ai pas dû saisir toute la subtilité de celui-ci comme notre séducteur ici présent. Toujours est-il qu’après nous avoir expliqué qu’il va mieux, merci, l’homme embraie sur un vrai sujet brûlant de 2013 : les FÉMINISTES !

Les fausses accusations qu’a subies le blog (et surtout moi personnellement) ont été soi-disant, la cerise sur le gâteau. L’article de Jean-Baptiste sur "Comment Bien Baiser Sa Femme/Copine" a mis en colère une foule de féministes radicales et racistes

Tout à fait, du racisme. Ce qui n’avait strictement aucun rapport avec le fait que ledit article évoquait le fait que booon, le consentement tout ça, c’était sympa, mais pas obligatoire. Ces féministes vraiment, quelle bande de racistes !

Les pseudo-féministes ont laissé tout ça et ont dit :Ok, on n’aime pas ce Kamal. Il n’est pas Français, on va s’acharner sur lui. Motif? Allez hop, on lui colle l’étiquette de VIOL. Kamal est un violeur de femmes, il faut qu’on le mette en prison et qu’on ferme son blog. Les autres blogs de séduction ? Non, Kamal et puis c’est tout. Allez c’est parti !«

Rappelons que non seulement elles n’ont jamais dit ça, mais que l’équipe de communication du Monsieur, commandée par un jeune avec une mini-crête (juger les gens sur le physique, c’est mal, mais quand ils choisissent de se faire une mini-crête, c’est qu’ils méritent quand même un peu la mort dans d’atroces souffrances), avait par contre de son côté proposé aux blogueuses incriminées d’essayer des sex-toys "pour se détendre".

Ça ressemblait à peu près à ça (hop, de l’anonymat pour tout le monde) même si ça a disparu depuis, mais bon, c’est la magie du net.

Lolwut

Grèce antique toujours, à défaut de spartiate, le vrai séducteur se poste en noir et blanc dans la pose du philosophe pour dire "Je ne vous juge pas, mais quand même, un coup de kiki vous ferait du bien."

Mais les féministes n’avaient pas vaincu, les vilaines !

Et pendant que nos copines les féministes célébraient leur victoire (dans leur forum soi-disant secret) croyant qu’elles ont réussi leur coup malin, celui de détruire un blog qui à la base a été créé pour aider les hommes ET les femmes à se développer et rencontrer la personne idéale, la renaissance était déjà en marche.

Dois-je préciser qu’il y a une autre photo tirée de "300" qui accompagne ce paragraphe ou ça ira ?

En tout cas, on apprend surtout ici que les féministes disposent d’une base secrète (nous l’appellerons la Fem-cave) sur internet (internet est un lieu très secret, il faut le savoir) où elles peuvent se retrouver après un raid contre un site web innocent pour mieux ripailler en mangeant des testicules, leur plat préféré, c’est connu. Mais attention, ça ne suffit pas !

Les féministes me menaçaient de me castrer, de me violer, de me brûler vif, de me tuer et décapiter mon corps puis le jeter pour des chiens assoiffés.

C’est vrai, elles font souvent ça. Elles sont taquines ces féministes ! La police en a d’ailleurs marre de retrouver des cadavres partout castrés, brûlés et décapités, parce que ça sent un peu mauvais et qu’en plus ça fait des tâches sur la chaussée. Bon et puis surtout, ils leur font la morale, parce que merde : vous pourriez au moins jeter la viande cuite à des chiens affamés, parce que assoiffés, c’est moyennement utile quand même.

Allez, une petite conclusion tout en subtilité ?

Le débat était clos : SeductionByKamal.com, ce n’est pas moi. C’est une communauté. Un peuple. Une famille. Une grande famille de différentes races, couleurs, religions et de différents sangs. Un prodigieux mélange de culture qui fait notre union, une incroyable fusion qui fait notre FORCE.

Ou alors, les sites de séduction, c’est juste une bande de pleupleus qui donne des conseils qui vont du mauvais au consternant en s’imaginant brandir des glaives en slip.

Mais après, c’est peut-être moi qui me trompe. Je ne dois pas être sensible à la classe et l’élégance du séducteur 2014.

Mesdemoiselles, n’oubliez pas : si quelqu’un vous approche guidé par les fameux conseils de ces brillants individus, soyez prudentes :

Ayez toujours un chien assoiffé avec vous.



Hi, Frankenstein

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"Plus haut, Diego, plus haut !"

Le pauvre serviteur s’échine à tirer sur la chaîne du treuil en maugréant, alors qu’au-dessus de lui, le plafond s’ouvre lentement, laissant entrer de lourdes gouttes de pluie dans le laboratoire encombré. Il pousse un léger couinement en voyant un éclair pâle courir le long des nuages noirs au-dessus de lui, puis voyant son employeur sourciller en le fixant depuis l’abri de ses lunettes de soudeur, il reprend son ouvrage et tire de plus belle sur la chaîne.

"Patron… gnnn… c’est pas pour dire mais… gnn… pourquoi ?
- Pour la SCIENCE Diego ! La science ! 
- Gnnn… on pourrait pas… lire des livres… gnnnn… plutôt ?
- Allons Diego ; dans le domaine des sciences, il y a deux types de personnes : ceux qui lisent les livres et ceux qui les écrivent.  Aujourd’hui, nous intégrons la deuxième catégorie.
- Bin oui mais alors… gnnn… comment on appelle…. gnnn… ceux qui citent des livres… pour pour en écrire de nouveau… dans l’espoir d’être cités par d’autres un jour ?
- Des doctorants, Diego. Maintenant,  bloque tout ! La plate-forme est en position !"

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Tout en grognant, le garçon s’échine à faire comme il lui est demandé et enroule le peu de chaîne qu’il lui reste en main autour d’une amarre de fortune, avant de baisser ses propres lunettes de soudeur. Il jette un œil à son maître en train de tirer sur ses gants de caoutchouc avant d’aller examiner de larges manettes sur une machine couverte de compteurs aux aiguilles tremblotantes. Tout en examinant ses instruments, il répète une dernière fois.

"Vois-tu Diego, maintenant que la plate-forme est en position, et si mes calculs sont exacts, à 23:59, la foudre devrait frapper les paratonnerres situés là-haut, pour courir le long des câbles et traverser l’ensemble du laboratoire, captive, pour alimenter tout ce que tu vois ici. Elle retournera vers la plate-forme pour circuler dans les restes que j’y ai assemblé tant bien que mal, puis elle redescendra jusqu’à l’allume cigare qui est ici, parce que s’allumer un barreau de chaise avec la puissance du tonnerre, c’est un peu la combinaison ultime de Zeus et du CAC 40, autant de dire qu’avec ça, tu fais rêver tout amateur qui se respecte. Ensuite, on redescend le tout, et logiquement, l’expérience est complète. 
- Oui mais…
- Surveille ta montre malheureux ! Regarde, la foudre va frapper d’une minute à l’autre ! Vite Diego, mettons nous à l’abri du…"

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Un impressionnant flash éblouit les deux hommes qui sont jetés au sol dans un bruit terrible alors que la foudre frappe, comme prévu, la plate-forme qui dépasse du toit du laboratoire et que les câbles alentours crépitent de l’énergie qui les parcourt. Durant quelques secondes, on entend plus que le grondement du tonnerre à l’extérieur ainsi que le bruit des étincelles jaillissant de-ci de-là, et puis finalement, tout retombe et le silence revient accompagné d’une forte odeur de brûlé.

"Diego, la plate-forme !"

Un coup de pied sur l’amarre, une main sur le treuil, et bientôt, la plate-forme recouverte d’un drap à demi-calciné redescend. D’un geste vif, la toile est dégagée et l’expression surprise des deux hommes devient rapidement, pour l’un d’entre eux du moins, celle d’une joie sincère.

"Nous l’avons fait Diego ! NOUS L’AVONS FAIT !
- Reproduire le générique de Code Lisa ?
- Qu’est-ce que… qu’est-ce que c’est que ces références Diego ? Remets-moi tout de suite ça dans les années 90 où tu l’as trouvé. Non, regarde : il y a ici un SCRIPT ! Je te l’avais dit : fini, le fait d’écrire soi-même son propre scénario pourri ! En reprenant de vieux scripts et en les assemblant, ma machine permet de produire un nouveau film reprenant tous les éléments des anciens, mais avec une couverture toute neuve ! A moi, la gloire !"
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Diego se tripota le menton, circonspect.

"Oui d’accord, mais alors ça a donné quoi, là, votre expérience ?
- Tu vas voir : j’ai assemblé des pages de poncifs avec des pages blanches pleines de rien. Et la machine nous donne… "I, Frankenstein" ? Ma foi, cela fleure bon l’étron : tout ce qui se vend ! Regarde, c’est même marqué "3D" !
- Seigneur… qu’avons-nous fait… nous… nous n’aurions pas dû !"

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Quelques secondes plus tard, Diego se recevait un script sur le coin du nez pour avoir osé douter. Il mit cependant deux bonnes minutes à réaliser qu’on lui avait jeté quelque chose, tant le script en question était léger.

Alors, I, Frankenstein, distraction sans prétention ou grosse bouse à 68 millions de dollars ? Le suspens est insoutenable : spoilons mes bons !

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L’affiche : "Le seul espoir de l’humanité n’est pas humain" ? Je la connaissais avec "Le seul espoir de la gauche n’est pas socialiste."

Notre histoire commence il y a près de deux siècles, alors qu’un homme en porte romantiquement un autre dans ses bras au travers de divers paysages sauvages mais plutôt gelés, et que la voix off du Monsieur en question nous explique de quoi il retourne : "Je suis un monstre. Bon, ça ne se voit pas trop parce que je suis surtout un bellâtre avec deux pauvres cicatrices et une paire de grosses chaussures pour faire soi-disant monstrueux, mais quand même, faites un effort. Figurez-vous que je suis né dans un laboratoire, mon créateur, le docteur Frankenstein, ayant eu la bonne idée de voir si à partir de cadavres il ne pouvait pas reconstituer un être humain en état de fonctionnement, comme ça, pour rigoler. Après plusieurs échecs, qui pour la plupart devinrent animateurs sur des chaînes de la TNT, il a fini par créer un être habité d’un semblant de vie : moi. Sauf que voyez-vous, il a fini par prendre peur, lui et moi nous sommes fâchés, et comme quand je suis grognon, je suis taquin, j’ai buté sa femme, hop. Étonnamment, le docteur ne l’a que moyennement bien pris, et il s’est mis en tête de me tuer. Mais comme j’ai fui en plein hiver, et qu’en tant que super cadavre, moi, le froid, je m’en cogne un peu, et bien papounet en me suivant a pris froid et est mort comme une crotte. C’est ballot, ça fait moyen comme épitaphe "Il avait oublié son écharpe, il a chopé la mort". Cela dit, je suis pas rancunier, je suis même plutôt  un gars sympa : j’ai transporté son corps sur des kilomètres pour le ramener jusqu’à son caveau familial (ce qui, au passage, vous fera sûrement regretter que le film ne soit pas en odorama puisqu’après des jours de voyage, il devait un peu commencer à sentir le roquefort), où je l’ai enterré et là…"

Là, notre film commence.

A savoir qu’alors que le "monstre" vient d’enterrer son créateur et contemple son travail avec la satisfaction du devoir accompli, un sentiment que je connais bien, voilà que trois fossoyeurs-ninjas (la tenue du premier, les déplacements du second) apparaissent autour de notre larron, et lui jettent des regards pas bien clairs. La créature de Frankenstein va-t-elle en une seule et même soirée, découvrir l’amour, les tournantes en caveau et la première rude mise à l’épreuve du travail de couturier du docteur Frankenstein ? Nenni. L’un des fossoyeurs retire sa capuche de racaillou et son visage humain se transforme soudain en tête de vilain sorti d’un épisode de Buffy contre les vampires. Il pointe alors notre héros d’un doigt qui en dit long sur ses soucis de manucure.

"Toi ! Créature de Frankenstein, suis-nous !
- Ah oui ? Et pourquoi faire je vous prie bande de canaillous ?
- Naberius, le prince des ténèbres, veut te voir !
- Et si j’ai pas envie ?
- Alors on va te tataner la face !"

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Et à peine le sujet lancé, les larrons passent à l’action. Hélas pour eux, la créature de Frankenstein est super forte et distribue des taloches comme d’autres des tracts à la sortie de Monoprix. L’ennemi est cependant résistant, et mis dans une mauvaise posture, notre héros se retrouve contraint de dégrader le mobilier local pour se défendre, à savoir qu’il attrape une croix étrange située à proximité, ressemblant plus à un panneau indicateur qu’à un symbole chrétien, et plante alors son ennemi avec… dont le corps est soudain victime d’une sacrée combustion spontanée, et qu’une boule de flammes s’échappe de ses cendres pour mieux voleter et aller s’enfoncer dans le sol dans un fameux vrombissement !

"C’est pas banal", se dit donc notre héros en contemplant tour à tour les cendres et le panneau indicateur. Ce serait un panneau "Vesoul", on comprendrait que ça fasse cet effet, mais même pas.

Ce qui est encore moins commun, c’est que deux gargouilles, perchées sur la chapelle locale, s’animent donc à la vue de ce qu’il vient de se passer et interviennent pour péter la gueule aux deux derniers fossoyeurs ninjas, qui à leur tour, finissent en boule de flammes s’enfonçant dans le sol. Cela fait, elles attrapent notre loulou et l’emmènent jusqu’à une ville non loin où se dresse une majestueuse cathédrale qui s’avère être leur QG. Sitôt notre héros déposé dans l’une des tours, les gargouilles l’enchaînent puis prennent une apparence humaine, principalement parce que ça coûte moins cher en effets spéciaux. La créature de Frankenstein ne comprend donc pas trop ce qu’est ce bordel jusqu’à ce qu’arrive dans la pièce où elle se trouve une femme qui contrairement aux autres, ne porte pas pas une armure kitschouille mais une robe qui chatoie : mais qui est-ce donc ?

"Bonsoir, créature.
- Bonsoir… attendez, je vous ai pas déjà vue quelque part ?
- Hem… heu, non, vous devez confondre, hihihi.
- Mais si, votre tête me dit trop quelque chose !
- Chut je… écoutez, concentrons-nous sur…
- Ho sacrebleu ! Vous êtes Eowyn, du Seigneur des Anneaux ! Mais attendez, qu’est-ce qu’il s’est passé ? Qui a touché à vos pommettes ? Comment avez-vous pu prendre 25 ans en 10 ? Vous… vous contrôlez l’espace-temps ! Ou le chirurgien de Carla Bruni, c’est pas possib’ !
- Bon, ta gueule mon petit, écoute plutôt. Je suis la Reine des Gargouilles, mais tu peux m’appeler Leonore. Autour de toi se trouvent mes fidèles gargouilles : Beau Gosse et Belle Gosse, qui t’ont sauvé au cimetière où ils se baladaient par hasard, à côté de moi, le Monsieur qui n’arrête pas de répéter qu’il faut te tuer parce que tu es un monstre, c’est Gédéon, et toi mon biquet, comme tu n’as pas de nom, je vais t’en donner un : Adam.
- Super. Gros travail de recherche.
- Dis-donc, ton père t’a reconstruit à partir des morceaux des plus grosses langues de putes du cimetière ou bien ? Bon, alors. Sache que ceux qui t’ont agressé là-bas sont des démons. Ils sont méchants, comme leur nom l’indique. Et nous, nous sommes des gargouilles, envoyées par Dieu pour protéger l’humanité. Nous sommes en guerre depuis le début des temps, et ça risque de continuer encore un moment, alors sache que tu viens de te retrouver en plein milieu d’un champ de bataille dont l’enjeu n’est rien d’autre que l’humanité ! Je devrais suivre l’avis de mon lieutenant Gédéon et te tuer, car tu es une abomination qui n’a pas reçu sa vie de Dieu, mais je pense aussi que toute vie est sacrée – en plus il me faudrait un méga-cintre pour t’avorter maintenant – et donc que tu mérites une chance de trouver ta place en ce monde. Je te donnerai des armes pour te défendre, et libre à toi de combattre à nos côtés ou de chercher la paix loin d’ici.
- Okay pour les armes. Mais pas pour la guerre. Je m’équipe et je me barre, réglez vos affaires entre vous.
- Fort bien ! Belle Gosse, Beau Gosse, accompagnez-le à l’armurerie. Gédéon, suis-moi il faut que l’on cause."

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Tout le monde semblant plus ou moins d’accord avec ce plan, commençons par suivre Léonore et Gédéon qui vont papoter dans un coin : on a retrouvé dans les affaires du Docteur Frankenstein, entre deux pelles, une aiguille, une carte des tombes de stars du porno et trois rouleaux de fil à coudre son journal personnel (qui est marqué d’un gros "F" parce que tout scientifique qui se respecte prend ses notes dans un grimoire customisé par Valérie Damidot herself, et non dans des carnets du commerce), avec tout le mode d’emploi pour créer des êtres vivants à partir de cadavres. Léonore explique que ce document est super précieux : il prouve que Dieu n’est pas le seul à pouvoir donner la vie, alors vite, il faut planquer de bidule et ne rien en dire à Adam pour que personne ne puisse jamais trouver et utiliser ce journal !

Oui, dans ce cas, il y a une excellente méthode qui s’appelle "le détruire". Ça fait une super cachette aussi, je recommande. Mais c’est vrai que ça demande un peu de technique, pfou.

Ah non mais un journal comme ça, autant vous dire qu’à chaque fois que le Docteur Frankenstein faisait une rature, il pleurait. Au prix où il avait payé la couv’, merde.

De son côté, Adam suit donc Belle Gosse et Beau Gosse, qui l’emmènent à l’armurerie de la cathédrale où se trouvent tout un tas d’armes, toutes marquées de la croix de l’ordre des gargouilles, celle-là même qui ressemble à un panneau indicateur ! Parce qu’une seule barre, c’est la croix chrétienne, deux, c’est la croix de Lorraine, alors trois, c’est Super Croix.

"Super Croix ?" demande alors Adam, un peu circonspect

"Oui Adam : pour tuer un démon, il faut le tuer avec n’importe quel objet marqué de la Super Croix. Donc ici, on a plein d’armes où ce symbole est gravé, qui peuvent donc malaxer du démon à la pelle. Une fois un démon tué, son corps se pulvérise et il "descend" sous la forme d’une flamme, pour retourner vers les enfers.
- Simple question, comme ça, innocente, tranquille Emile : comment on tue une gargouille ?
- Je ne vois aucun inconvénient à te répondre, c’est bien naturel Adam : il suffit que nous soyons frappés par une créature sans âme, et hop, nous "montons", sous forme d’une bouboule de lumière, vers les cieux. Et c’est bien ça le problème : depuis des siècles, on perd la guerre, on est de moins en moins nombreux, alors que les démons ont toujours leurs 666 légions.
- Dieu avait dû tout miser sur un rush en début de partie, et maintenant il n’a plus de ressources. Ça pue le joueur Zerg.
- Pardon ?
- Non, rien. Bon, je peux choisir l’arme que je veux ?
- L’arme que tu veux : épée, hallebarde, espadon, fléau à…
- Je vais prendre les petits bâtons.
- Mais ? Mais enfin Adam, tu es con ? C’est la pire arme du lot ! En plus elle est super pas pratique à manier !
- Syndrôme de Jar-Jar Binks, mec, tu devrais connaître depuis le temps : quand tu dis à un héros de mauvais film de ne pas faire quelque chose, il le fait aussitôt. Tu viens de me dire "Tout sauf les bâtons" : je prends les bâtons.
- Ho, misère…
- Et maintenant, je me casse : salut les nazes !"

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Les gargouilles  insistent bien pour qu’Adam reste et les aide à péter des mouilles démoniaques, mais le brigand s’en moque : il a décidé d’aller s’isoler loin de la civilisation comme un gros hippie, histoire de fumer des pétards, jouer du djembé et sentir le patchouli. Adam reprend donc, en voix off, le récit de ses pérégrinations.

"Je décidais alors de m’éloigner de l’humanité, des gargouilles et des démons. Je restais là, des siècles, à m’entraîner seul avec mes bâtons pourris. Je me suis longuement entraîné. Ne me demandez pas comment : j’ai probablement appris le Taekondo avec un mulot et la science du bâtonnet auprès d’un vieux saumon ayant baroudé en son temps, toujours est-il que durant près de deux siècles, je suis resté là, loin de tous, à faire ma petite vie de cadavre ambulant. Et puis un jour, les démons m’ont retrouvé."

Et bougon, notre héros a décidé de leur tendre une embuscade. Avec une logique imparable : il a deux bâtons et un slip. Attendez, non : restons-en aux bâtons, sinon, ça va dégénérer cette affaire. Vous vous dites "Il va attendre caché et mettre des coups de bâtons aux méchants" ? Naïfs que vous êtes. Je vous donne l’étape 1 du plan : il plante un bâton, bien en vue, dans une clairière. Là vous me répondez "Ah nan mais j’ai compris : avec un bâton, il fait un leurre, et il leur pète la gueule avec l’autre !" hé bien non, toujours pas. En fait, le deuxième bâton il… il… bah il s’en fout. A la place, il cherche l’arme la moins pratique qui soit (non, pas le slip, j’ai dit d’arrêter avec ça), à savoir un vieux silex qu’il grave de la Super Croix… et il attaque les méchants avec.

Oui oui : le film vous explique que le type passe deux siècles à apprendre à manier le bâton, et le jour où il doit s’en servir, il fait tout à coups de cailloux.

Okay. D’accord. Bien bien.

Je crois que je commence à comprendre le principe des films avec des lunettes 3D : c’est pour compliquer les échanges de regards allant du dubitatif au carrément consterné entre les spectateurs. Ça se tient.

Après avoir meulé les margoulins, notre ami Adam se dit donc que bon, hein, si c’est comme ça, il va aller le trouver, là, Naberius le prince des ténèbres, et le calmer une bonne fois pour toutes. Peut-être qu’ensuite, il le laissera tranquille. Pas de problème donc : Adam décide de retourner en ville (il n’y en a qu’une seule, celle avec la cathédrale aux gargouilles, pouf) où les gens le regardent bizarrement, lui et sa tête toute couturée. Il va donc en boîte de nuit (parce que les videurs adorent laisser rentrer ce genre de bad boy) puisque chacun sait que les démons se cachent toujours là où on diffuse du David Guetta, et il repère un groupe de loulous qui seraient bien du genre démoniaque (il le sait parce que… mais si, parce que… raaah, vous savez ! Bref, il sait, chut maintenant). Il en prend donc un en filature jusqu’à une ruelle tranquille, où bien vite, le démon décide que ça ne se passera pas comme ça et engage le combat.

Pas de bol pour le démon : ça tourne à l’avantage d’Adam. Pas de bol pour Adam non plus : un gardien de la paix qui passait par là les menace de son arme.

"Non vous faites erreur Monsieur le gardien de la paix, il ne se passe rien dans cette ruelle. Quoi derrière-moi ? Mais non, c’est juste un feu grégeois avec des copains, c’est rien;"

J’en profite : il n’y a en tout et pour tout que deux scènes dans le film où il y a des gens dans les rues, et vous êtes en train d’en suivre une. Oui, tout le reste du film l’immense ville est intégralement vide. Pas une voiture, pas un pinpin, pas un bruit, rien. Vous verrez, ça appuie pas mal de scènes absurdes. C’est chouette quand même : après les réalisateurs qui oublient de faire des enchaînements logiques entre jour et nuit, voici ceux qui oublient de peupler les villes. On va dans le bon sens.

Mais revenons à notre scène au suspens insoutenable.

"Frise, Maüser fucker !" (je vous rappelle que nous sommes plutôt du côté des peuples germains, je m’adapte)

Nos deux combattants sont bien étonnés de cette intervention, et le démon en profite pour s’échapper et utiliser sa vitesse surhumaine pour tuer l’agent des forces de l’ordre d’un coup de gros doigt dans la carotide. D’autres démons arrivent alors, Adam en profitant aussitôt pour les tabasser frénétiquement, mais hélas, cela a tout de même permis à celui qu’il suivait au début de s’enfuir sans donner la cachette de Nabérius son maître. Crotte de bique ! Sur ces entrefaites, une gargouille surgit de nulle part et emmène Adam loin dans les airs pour le rapatrier à leur cathédrale de QG. Il s’en passe des choses dites-donc, dans les ruelles !

Mais Nabérius, me direz-vous, justement, où est-il ?

Il n’est pas loin en fait. A deux pâtés de maisons de la cathédrale, même (véridique), parce qu’il a le monde entier pour se planquer, mais il s’est dit que ce serait plus chouette de s’installer juste en face du QG de ses ennemis éternels histoire de pouvoir leur faire coucou le matin en mangeant ses Smacks (les démons adorent les Smacks). Tout à fait logique. Et Nabérius, sous son apparence humaine, est le patron d’une grosse société qui s’intéresse à plein de trucs médicaux. Ce pourquoi il a recruté Jeannine, électrophysicienne, qui travaille avec son bon ami Jacques dans un laboratoire du coin à essayer de rendre la vie à des créatures mortes, comme par exemple, des souris ou Garcimore. A noter que pour de mystérieuses raisons, même la souris sur laquelle ils travaillent a la gueule couturée dans tous les sens façon Docteur Frankenstein.

Je rappelle que si le bon Docteur a ainsi créé une créature toute recousue, c’est parce qu’elle était constituée de plusieurs cadavres. Alors à moins que nos scientifiques n’aient pas été foutus de trouver une souris entière, ce qui laisse rêveur quant à leurs compétences de "chercheurs", il n’y a aucune raison à ce que la souris soit couturée. Sauf bien sûr, cramer le budget accessoires d’un réalisateur à la ramasse pour rajouter des incohérences à son film déjà bien bancal.

Merci, Hollywood. Tu arrives encore à me surprendre. Pour rappel les enfants, quand vous vous mouchez et que vous trouvez des bouts de cervelle dans votre sopalin, c’est qu’il est temps d’aller à l’hôpital, pas de devenir réalisateur. Mais je sais : tout cela est un peu élaboré.

Donc, disais-je, notre électrophysicienne a ce soir une grande mission : faire une démonstration d’électro-nécromancie (c’est ce qui se passe plus ou moins quand les Daft Punk tombent sur le Nécronomicon, si vous voulez), devant Jean-Jacques Nabérius, son patron. Dans son labo super high-tech (mais n’ayant pas assez de budget pour une souris entière, donc), elle explique comment cela va se passer : ils vont mettre le petit cadavre dans un gros tube en verre, lui envoyer ouat’mille volts, et puis pouf, ça devrait marcher.

Ah oui, grosse scientifique, donc. Allez, en route, envoie la sauce, Jacques.

L’expérience consiste donc à envoyer du jus, puis plus de jus parce que ça marche pas, puis encore plus, et pouf, ça marche : les organes vitaux de la souris redémarrent. Mmm. Je vois je vois.

"Youpi !" fait donc Jeannine. "Youpi !" fait donc Jacques. "Fuck yeah !" fait donc Nabérius avant de quitter la salle d’observation pour rejoindre le laboratoire et congratuler ses employés. Puis, il discute des résultats de l’opération.

"Bravo Jeannine, vous avez fait de l’excellent travail. Quand peut-on passer à la phase 2 ?
- Ressusciter des humains ? Ho bin pas de suite, hein, là c’était une souris. Je sais plus trop mais je crois avoir lu qu’il y avait une paire d’étapes entre la souris et l’humain. Genre l’enfant. Et puis ça n’a jamais été fait !
- Jeannine… connaissez-vous l’histoire de Frankenstein ?
- Bé oui, mais c’est une histoire pour faire peur aux enfants ! En plus dedans le truc absurde, c’est que le Docteur Frankenstein a mystérieusement disparu. Vous pensez vraiment que s’il avait réussi à créer la vie, il ne serait pas directement venu danser la zumba sur le bureau du patron de l’université locale tout en faisant des remarques désobligeantes sur sa mère ? De toute façon, cette histoire est impossible.
- Ah bon, et pourquoi ?
- PASSQUE A L’EPOQUE ILS AURAIENT JAMAIS PU TROUVER ASSEZ D’ELECTRICITÉ !"
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C’est marrant, parce que moi, j’avais cru comprendre que le passage culte de l’histoire de Frankenstein, c’était justement quand il utilisait la foudre pour ses travaux. Mais peut-être qu’elle a lu la version revue par Okapi, où la foudre a été remplacée par une pile LR6 pour ne pas choquer les lecteurs. Si vous avez une meilleure explication qui n’implique pas de comparaison entre Jeannine et un bulot, je suis preneur. En tout cas, notre bon docteur, pas décontenancée, reprend.

"Et puis cette histoire a jamais existé, en plus.
- Mmmm… et si elle avait existé… que vous faudrait-il pour étudier les travaux du docteur Frankenstein ?
- Ah bin maintenant que vous avez évoqué cette théorie, et pour le reste du film quand bien même je viens de dire le contraire dans la ligne de dialogue précédente, je ne vais plus parler de l’histoire de Frankenstein que comme un fait avéré. Donc bin, Frankenstein était un scientifique, il a sûrement pris des notes. Avec ses notes, je pourrais avancer sur le projet bien plus vite.
- Bon, très bien, je vais voir ce que je peux faire."

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Et Nabérius s’en va donc un sourire aux lèvres, parce qu’il en sait plus que Jeannine : il sait que non seulement le docteur Frankenstein a bien existé, mais qu’en plus, il a bien créé un être nommé Adam. Qui est en ce moment en ville et tue des démons, comme l’en a informé celui qui avait réchappé à la baston dans la ruelle. Et Nabérius a aussi appris qu’Adam était actuellement à la cathédrale des gargouilles. Et soupçonne ce vilain garnement ou les gargouilles d’avoir le journal de Papa Frankenstein. Il charge donc son meilleur commandant de légion infernale, Bob, de régler cette histoire d’une manière ou d’une autre, par exemple en allant demander gentiment. Ou en butant tout le monde, attention Bob, tu as le choix.

Allons donc voir ce qu’il se passe justement du côté de la cathédrale, où Adam a été emmené un peu plus tôt.

Celui-ci a été accueilli non pas à bras ouverts, mais plutôt à coups de pied au cul, puisque les gargouilles l’ont enchaîné à une chaise (Adam est super fort, mais péter une vieille chaise vermoulue, impossible) et que Léonore se pointe pour lui expliquer de quoi il retourne : à cause de son manque de prudence, un gentil policier humain s’est fait tuer dans une ruelle de la ville, et c’est mal. Puisqu’Adam n’est pas foutu de faire dans la discrétion (contrairement aux gargouilles, qui elles volent bien en vue partout en ville, merci), il restera enfermé ici jusqu’à ce qu’il devienne un peu moins con.

Optimiste.

Une CHAISE ! Adam avait tout prévu, sauf cette arme diabolique. Il peut briser un mur de briques d’une main, écraser une voiture sans sourciller, mais la chaise en bois, c’est son point faible

Sauf qu’alors qu’ils expliquent tout ça, une des gargouilles de garde se met à gueuler : "Héééé y a plein de démons qui approchent d’ici ! Aux aaaarmes !" et en effet : il y a bien une centaine de types plutôt vilains qui encerclent la cathédrale et s’élancent vers elle, visiblement avec des attentions contestables. Les gargouilles prennent donc leur forme de monstres de pierre et foncent dehors où, c’est parti, tout le monde se meule, les démons explosant en de grosses boules de feu à leur mort, et les gargouilles se transformant en boule lumineuses montant vers les nuages lorsqu’elles se prennent un vilain coup.

Pardon ?

Oui, tout se passe autour de la cathédrale d’une grande ville.

Oui, ça fait plus de bruit et de lumière qu’un bombardement.

Non, personne ne réagit, il n’y a même pas une fenêtre qui s’allume dans une maison voisine ou un pinpin dans la rue : tout le monde s’en fout. Parce que, j’en parlais plus tôt, le réalisateur a juste oublié de peupler une ville. C’est ballot. Absurde, mais ballot. Les spectateurs de cette bouse peuvent donc, à cet instant précis, sentir les larmes monter en eux tant c’est n’importe quoi et qu’en plus le film multiplie les plans larges pour bien montrer que ouaaah, c’est spectaculaire mais que ouiiii, tout le monde s’en branle.

Soit. On continue ? Si. Si, j’insiste. Ah, hé, vous l’avez un peu cherché aussi. Pour la peine, un petit encart publicitaire le temps de vous remettre.

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Bonjour les amis, vous me reconnaissez ? Je suis John Mac Gargouille, des industries Gargoyles & Gargles.

Longtemps, j’ai été un peu comme les gargouilles de ce film : complètement con. Moi aussi, quand on attaquait ma cathédrale, je me défendais avec épées, lances et autres bardiches marquées de la Super Croix. Ah, que de souvenirs ! Et puis un jour, j’ai regardé Rambo III et je me suis dit "Pourquoi pas moi ?" c’est pour ça que chez Gargoyles & Gargles, on s’est dit que quitte à imprimer la Super Croix sur des trucs qui font mal, on allait le faire sur des balles. Le résultat ? La dernière fois que Satan a attaqué ma cathédrale, il a perdu 662 légions sur 666 en moins de 20 minutes. Les 4 dernières, il a trouvé le temps de les replier pendant que l’on changeait le canon de la mitrailleuse. 

Alors vous aussi : arrêtez de vous prendre des branlées par des démons qui essaient de vous mettre des claques quand vous pouvez leur apprendre le catéchisme à coup de M-60.

Chez Gargoyles & Gargles, vous connaissez notre devise : "Le paradis du côté de la gâchette, l’enfer du côté du canon".

Appelez-nous dès à présent et recevez notre nouveau catalogue ainsi qu’un t-shirt dédicacé par Saint-Michel pour les 111 premiers appels !

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Où en étions-nous ? Ah oui : les gargouilles se battaient avec les armes les moins efficaces du monde contre des démons du même acabit.

Donc, alors que ça bastonne, Adam gueule comme un putois que "Hoooo ils viennent pour moi, laissez-moi me battre au moins ! Allez heuuuuu !" aussi après avoir suffisamment râlé, et une fois les défenses de la cathédrale enfoncées, Beau Gosse et Belle Gosse qui montaient la garde près de lui se décident à le libérer et l’armer. Ça tombe bien, parce que les démons sont déjà là. Le combat s’engage donc, pif pouf, Beau Gosse meurt, Belle Gosse qui l’aimait d’amour veut donc mourir aussi, ce qu’elle fait, et Adam défonce donc seul les vilains qui restent avant d’en capturer un qui ricane :

"Gnuhuhuhu, Adaaaam, nous les démooooons vous avons bien feintééééé !
- Que veux-tu dire ?
- Huhuhuhu, pendant que vous nous combattiez, nos forces s’attaquaient à votre vrai trésoooor, votre… reine des gargouilles ! Nous l’avons kidnappée et ne la livrerons… que contre le journal du Docteur Frankenstein ! Rendez-vous au vieux théâtre, nuhuhuhuhuuuuu !"

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L’information circule vite parmi les gargouilles, quant à Adam, il met les voiles avant qu’on ne lui propose de retourner patienter enchaîné à sa petite chaise, ce qui est moyennement distrayant, voire à peu près autant qu’une partie de Time’s Up, ce qui n’est pas peu dire. Gédéon, donc, le meilleur lieutenant de la reine des gargouilles (qui s’est quand même faite gauler comme une truffe parce qu’elle priait pendant que les autres combattaient, chapeau l’artiste), décide donc d’accepter le marché des démons : certes, le journal est super précieux, mais sans la reine ils seront "des vigiles sans espoir de renforts".

En même temps, Léonore elle-même disait que Dieu n’envoyait plus de renforts, alors bon. Mais je dis ça, ça n’a sûrement pas d’importance, hein, ce ne sont jamais que vos dialogues.

Gédéon va donc chercher le journal dans sa cachette secrète sous la cathédrale qui s’ouvre grâce à des morceaux de sa hache de combat qui font aussi office de clés (oui, le Monsieur a une hache en kit, parce que non, le film n’était pas assez ridicule : nous l’appellerons donc Ikéhache), puis une fois équipé, se rend au vieux théâtre où Bob l’attend accompagné de quelques démons, et avec Léonore en otage. Cette dernière supplie Gédéon de ne pas donner le journal, mais le bougre s’en cogne : il accepte d’échanger l’objet contre la mémé. Et sitôt qu’il l’a récupérée, d’un coup d’aile, il s’envole et retourne vers la cathédrale, probablement pour faire un truc super important, plus important que de s’occuper du chef des démons qui a percé leurs défenses tranquillou, comme par exemple du rien.

C’est alors que surgit de l’ombre Adam, qui avait suivi toute la scène. Déjà, il est moyennement content d’apprendre que les gargouilles lui avaient caché le journal de son créateur, parce qu’il a de grosses daddy issues à régler. Ensuite, c’est Bob qui l’a désormais, il va donc devoir lui péter la gueule. Un combat s’engage donc, durant lequel Bob s’enfuit en laissant des larrons démoniaques  derrière-lui. Larrons dont Adam se débarrasse sans encombre en les frappant à l’aide de la vacuité du script, puis prend en filature Bob qui se rend donc au laboratoire situé à deux pâtés de maison de la cathédrale, où Nabérius à ses quartiers, rappelons-le.

Voici Nabérius. D’ailleurs, oui, ça c’est un truc de patron : on a tous derrière-nous une sorte de simili-vitrail qui nous fournit de la lumière, même en pleine nuit. C’est un vieux truc : comme ça, quand l’inspection du travail débarque, il suffit de rouler très vite en arrière avec son siège pour échapper à une quelconque tentative de sanction.

Bob s’engage dans le parking souterrain local, Adam à sa suite. Et une fois dans le parking, Bob y retrouve Nabérius en train de discuter avec un médecin légiste démoniaque qui… qui…

Attendez, est-ce que c’est moi ou est-ce qu’il y a un médecin légiste en train d’étudier un cadavre en plein milieu d’un parking souterrain ? Ils ont de gigantesques labos au-dessus d’eux mais il bosse dans le parking ? Que… mais… comment… bon, définitivement, c’est incroyable, je ne comprends même pas ce que l’équipe du film a pu faire pour autant merder. C’est à croire que les mecs ont fait tout le film intégralement bourré au schnaps pour pondre une ville sans habitants et des parkings à médecins. Donc oui, sur une petite place de stationnement, avec deux pauvres rideaux autour de lui (probablement pour ne pas déranger les gens qui se garent à côté), le mec joue du scalpel et accessoirement, peint des pentacles sur le front des corps. Discret :

"HÉ, VOUS LA !
- Je… meeeerde, la police !  Faisons semblant de rien…
- MONSIEUR ! Ne faites pas semblant de ne pas nous entendre ! Oui, vous là Monsieur qui peignez des pentacles sur des cadavres obtenus on ne sait comment ! VOUS ALLEZ OBTEMPÉRER !
- C’est que je…
- Monstre ! Ordure !
- Ecoutez, je peux tout expliquer, ça n’a rien à voir avec un projet super secret dans une guerre super secrète et …
- Squatter une place handicapé ! Espèce de raclure ! Alors toi, tes cadavres et tes pentacles, vous allez immédiatement sur une place valide ! On ne la fait pas à la police !"

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Bref.

Bob salue donc le mystérieux médecin puis file le journal à Nabérius. Qui s’empresse de retourner dans le labo de Jeannine pour lui donner.

"Tenez Jeannine, voici les notes du Docteur Frankenstein.
- Ah bin dites, vous alors : on en a parlé il y a une heure et vous les avez déjà ! Où avez-vous trouvé ça ? 
- A la médiathèque, au rayon bullshit scientifique, à côté des ouvrages des Frères Bogdanov. D’ailleurs, je me demande s’il n’y a pas un lien maintenant que…
- Super ! Quel ouvrage précieux ! Il a plus de 200 ans… tiens, si je l’ouvrais en grand ? Si je tirais sur la couverture ? Si je retirais mes gants pour tourner les pages ?"

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Je rappelle que le film est présenté comme "épouvante/horreur" (si, si) et non "action/viol de neurones avec barbarie". Je pense que cette scène permet de le justifier, pour peu que vous soyez archiviste ou assistant de conservation. Bref, en lisant les pages avec le tact d’un sanglier sous acide, notre Jeannine s’étonne : "Ho ! Frankenstein a utilisé des anguilles électriques pour obtenir suffisamment de courant pour ranimer le corps… j’imagine qu’un être ranimé avec une telle décharge d’énergie serait intuable !".

En fait, non, aucun rapport. Sauf pour quelqu’un qui pense que "l’übercharge" est une vraie théorie scientifique et Team Fortress 2, un documentaire d’Arte. Mais faisons fi de ces réflexions car au même moment, les vitres de la salle d’observation du laboratoire explosent et surgit sous les yeux ébahis de Jeannine et ses amis… Adam !

"Ho ! Qui êtes-vous ? Que faites-vous ici ?
- Je viens chercher ce journal.
- Non je veux dire : pourquoi avez-vous pété les vitres de la salle d’observation alors qu’il y avait une porte ?
- Ho… je… bon, donnez-moi ce journal et ne m’emmerdez pas, je suis un peu grognon ce soir.
- Vous avez l’air bougon en effet, je ne peux pas d’ennuis. Tenez."

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Et Adam a d’excellentes raisons d’être bougon : en se perdant dans le bâtiment avant d’arriver là, il est tombé sur les sous-sols. Et dedans, il a aperçu des milliers de cadavres, préparés par le médecin-légiste du parking, avec tous un pentacle sur le front et tous placés dans des espèces de capsules, visiblement attendant d’être ressuscités ! Toujours est-il qu’à présent, Adam a retrouvé son chemin et le journal, et alors que Nabérius, Bob et la sécurité débarquent dans le labo, il s’enfuit là encore par une fenêtre, parce que c’est sympa, hop.

Nabérius et Bob sont donc bien embêtés :

"Bob ! Ce bougre de macchabée s’est enfui avec le journal ! Il faut le rattraper !
- Inutile… je sais ce qu’il va faire.
- Ah bon ? 
- Oui : il a vu Jeannine… il sait qu’elle peut lui expliquer le journal… il va donc chercher à la revoir…
- Et Jacques ? Jacques aussi peut lui expliquer, pourquoi vous n’en parlez pas ?
- Jacques ne porte pas de soutien-gorge. 
- Ho. Et vous ne pensez pas non plus qu’il pourrait simplement demander à disons, quelqu’un d’autre ? Donc votre plan ?
- On demande à Jeannine de rentrer chez elle. On attend qu’il la contacte. Et là, on lui prend le journal. 
- Oui mais mon petit Bob, je pense à un truc : si Adam veut contacter Jeannine, sachant qu’il ignore où elle habite, il va devoir la suivre.
- En effet.
- Et le seul endroit qu’elle fréquente qu’il connaisse, c’est ici.
- Tout à fait.
- Donc s’il veut la suivre, il doit commencer par se planquer près d’ici.
- Parfaitement.
- Donc ça veut dire qu’en ce moment, il est probablement juste à côté de nous, probablement dans la rue d’à côté, à attendre qu’elle sorte. 
- Complèt… ho. 
- Vous voulez pas aller le choper directement ?
- Mmmm non. On va plutôt rien faire et attendre une scène de drague entre Jeannine et Adam. C’est bien ça. Hein chef. Hein ? Pourquoi vous parlez plus ? Non, arrêtez, pas d’eau bénite en intraveineuse !"

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Okay les gars, super plan. Profitez-en, c’est la deuxième et dernière scène du film où l’on voit des gens dans la rue : Jeannine, après cette dure nuit de labeur, rentre chez elle. Elle a peur d’être suivie, et finalement, au détour d’une ruelle, quelqu’un se saisit d’elle et lui couvre la bouche : Adam !

"Chut. Je vais retirer ma grosse main de votre petite bouche et vous allez me suivre.
- Mmmm mmm.
- Bien. Soyez sur vos gardes, je crois que quelqu’un d’autre arrive."

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En effet : c’est Bob. Tout le monde se poursuit donc dans divers sites abandonnés, pif pouf, ma main dans ta gueule, mon bâton dans ta margoulette, nos armes qui glissent sur le sol, aaah je peux presque l’attraper et autres clichés pourris, et finalement, Bob se fait tuer comme un gros busard. Jeannine et Adam peuvent donc aller se cacher dans un petit appartement abandonné du coin pour discuter plus au calme.

Jeannine découvre que les démons existent vraiment, qu’ils ont bien 666 légions, et en bref, que la Bible disait vrai. Ce qui est sa première affreuse révélation de la journée. La seconde, c’est que du coup, ça veut aussi dire qu’e la Bible est vraie : Adam et Eve, la création, l’esclavage, le droit de prostituer ses filles… Saperlipopette, les démons, c’était probablement la partie la moins grave, en fait.

"Pfou… quelle aventure Monsieur Adam !
- Comme vous dites. Ecoutez, vous devez savoir quelque chose : vous avez vu quand je me battais avec Bob qu’il n’était pas humain. Hé bien votre patron, Jean-Jacques Nabérius, c’est pareil : c’est un gros démon vilain qui se bat contre des gargouilles célestes. Et il a ouat’mille cadavres dans sa cave.
- C’est fou ! Mais j’ai une question !
- Je vous écoute ?
- Comment savez-vous que vous pouvez me faire confiance ? Je veux dire : tous les gens que vous avez vu dans le labo de Nabérius étaient des démons. Pourquoi je n’en serais pas un aussi ?
- Heu… 
- Bon, on va juste dire que vous avez un pif qui détecte automatiquement tout ça, d’accord ? C’est pas grave. Bon, qu’est-ce que je peux pour vous ?
- Expliquez-moi ce qu’il y a dans ce journal. Je veux savoir ce que je suis. Tout ce que je sais à l’heure actuelle, c’est que je suis un assemblage de 8 cadavres différents."

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8 cadavres qui avaient tous la même tête, le même grain de peau et les mêmes proportions. Soit le Docteur Frankenstein avait déterré des octuplés morts dans un tragique accident à la salle de gym, soit ce film est juste à chier et essaie de nous vendre un bellâtre avec moins de cicatrices qu’un ado mal dans sa peau  comme un monstre. Hmmm, j’hésite fort. Toujours est-il que se déroule alors une scène fascinante durant laquelle Adam retire son t-shirt pour dormir révélant sa puissante musculature, l’occasion pour Jeannine de se répéter que la nécrophilie, fut-ce d’octuplés, c’est mal.

Après un peu de repos bien mérité (mais il fait toujours nuit quand même, hop), nos héros décident d’un plan : Jeannine veut sauver son ami Jacques qui est toujours chez Nabérius. Elle va donc lui demander de quitter le boulot et de se rendre à la gare locale où ils attendront Adam, qui de son côté, sera parti demander aux gargouilles de les protéger durant leur voyage des fois que les démons les coursent. Et pendant ce temps, ils laisseront le journal ici, sans protection dans l’appartement délabré. Comme ça, hop. Ah oui et soudainement, Adam déclare aussi qu’une fois la fuite effectuée, Jeannine devra utiliser le journal pour lui créer "un compagnon pour l’éternité". Vous pouvez donc ajouter aux gens pour qui ce film est de "l’épouvante/horreur" les participants à la Manif pour Tous. Soit.

Ce qui est dit est donc fait : Jeannine appelle Jacques et lui donne rendez-vous à la gare. sauf que sur place, Nabérius les attend et ramène tout ce petit monde de force au labo. Et demande à Jeannine d’utiliser ce qu’elle a pu lire dans le journal de Frankenstein pour ressusciter un cadavre humain. Elle refuse, Nabérius bute donc Jacques : voilà, si tu veux le sauver, bosse maintenant. Un peu vexée, Jeannine se met donc au boulot. Muff.

Du côté de la cathédrale, Adam négocie vite fait : salut les kikis, inutile de m’embêter, je n’ai pas le journal sur moi. Vous ne voulez plus me voir ? D’accord, je m’en vais. J’irai loin de la civilisation, je ne poserai plus de problème, escortez-moi juste, on se retrouve à la gare. En échange, je vous dirais où Nabérius se cache avec une armée de cadavres qu’il veut ressusciter pour d’obscures raisons. Sauf que Léonore et ses gargouilles feintent : elles acceptent le marché, mais sitôt Adam parti, la reine demande à Gédéon de le suivre pour lui péter la gueule sitôt qu’Adam aura le journal. Et en effet, Adam est fort surpris, car sitôt qu’il a le journal, le mur de l’appartement délabré derrière-lui explose et…

… quelqu’un lui met un pied au cul.

Je ne rigole pas : Adam se prend un pied au cul, tombe, et quand il se retourne, personne. Sérieusement ? Gédéon l’attaque de dos, par surprise, et se contente de… oh bon sang. Les spectateurs sont encore en train de se demander comment on peut faire si mauvais, que cette fois-ci, le plafond de l’immeuble cède alors qu’une gargouille le traverse et… se contente de traîner Adam dans les couloirs ? Mais enfin ! C’est fini oui ? Hé bien non : car au final, après moult murs traversés et autres effets spéciaux inutiles, Adam se retrouve suspendu au-dessus du vide, accroché à un trou dans la façade de l’immeuble, un couloir délabré face à lui et la rue (vide, évidemment) en-dessous. Gédéon approche donc de notre héros, qui a les mains prises et ne peut se défendre, et se penchant sur lui…

… s’envole ? Pour mieux retenter de l’attaquer en volant ?! Stop ! Stooooooop ! Arrêtez ! C’est insupportable tant c’est navrant !

Gédéon attaque donc notre héros en volant, ce qui donne l’occasion à Adam de s’agripper à lui et de le faire tomber comme une vieille bouse, avant de le planter avec sa propre Ikéhache. Gédéon est donc fort surpris, déjà parce qu’il ne comprend toujours pas pourquoi il a agi de manière aussi absurde, et ensuite parce qu’un humain a pu le tuer… quoique, non ! Pas un humain ! "Tu… tu peux me tuer… c’est que… tu n’as pas d’âme !" râle Gédéon avant de se transformer en boule de lumière et de monter au ciel. Adam peut donc courir à la gare, où il constate que ni Jeannine, ni Jacques ne sont là, et qu’en plus, il y a encore par terre une arme qu’il avait confiée à Jeannine… il comprend donc que Nabérius a dû l’attaquer.

Ou les gargouilles qui viennent juste de t’attaquer toi mec, mais après tout, ton pif magique a encore dû détecter une odeur de démons, je suppose, même si tu n’as aucun moyen de le savoir.

Jeu : 8 cadavres se trouvent dans cette image, sauras-tu les retrouver ?

Adam décide donc qu’il est temps d’en finir avec tout ça : il brûle donc le journal de Frankenstein pour que personne ne s’en serve jamais pour ressusciter des corps (oui, il a aussi abandonné l’idée d’avoir un petit copain pour l’éternité, hop, c’était il y a deux scènes seulement pourtant, et quelque chose qu’il attendait depuis deux siècles à l’en croire), puis va à la cathédrale provoquer les gargouilles (il leur fait des gros doigts), avant de se mettre à marcher vers le laboratoire de Nabérius.

Heureusement que tout était situé à deux pâtés de maison. Nabérius eut été à New York, c’eut été un poil plus compliqué. Ou alors, il fallait faire des doigts très longtemps et dans moult situations : faire des doigts dans un train poursuivi par des gargouilles, faire des doigts au hublot d’un avion avec des gargouilles qui peinent à suivre, passer la douane avec 50 gargouilles (ce qui implique le plus gros toucher rectal de l’histoire), etc.

J’aurais probablement préféré ce scénario. Pardon : j’aurais préféré UN scénario, en fait.

Bref : là encore, personne dans les rues ne remarque 50 énormes gargouilles volant en hurlant dans les rues, pulvérisant des voitures en essayant de plonger vers Adam, et finalement, Adam atteint le laboratoire de Nabérius où tous les démons sortent l’accueillir. Les gargouilles comprennent alors (à noter d’ailleurs que Léonore a une forme de gargouille qui fait plus rire qu’autre chose, passons) qu’Adam les a menées jusqu’au QG des démons : une énorme bataille s’engage alors.

Pendant ce temps, Nabérius ne cache plus ses plans : d’abord, il a discrètement relié avec un vieux câble USB de l’époque où il jouait à Quake II avec ses potes les instruments de Jeannine à son souterrain où des milliers de cadavres attendent. Du coup, quand Jeannine lance la procédure pour ressusciter Jacques, ça la lance aussi pour tous les corps, qui ont tous un petit écran avec un compte à rebours situé sur leurs capsules de conservation (si, si… je sais). Nabérius ricane donc : il va créer des milliers de corps sans âme, comme ça, tous les démons qui ont été vaincus pourront revenir les habiter, et donc à nouveau marcher sur Terre et réduire l’humanité en esclavage. C’est vilain ! Vilain Nabérius !

Mais Adam n’entend pas cela de cette oreille : pendant que les gargouilles massacrent les démons et investissent leur QG avant de découvrir le sous-sol où se trouvent des milliers de cadavres suspendus au-dessus d’un abysse sans fond à attendre d’être ressuscités, Adam se fraie un passage à coups de gros muscles. Les gargouilles essaient bien, pendant ce temps, de commencer à détruire tout ce qu’elles peuvent au niveau de la super morgue (mais aucune ne pense juste à couper le courant… oui, hein ? A la place, elles attaquent les capsules contenant les corps, une par une… bon bon bon), mais le processus est enclenché et bientôt les démons vont arriver ! Mais heu !

Adam finit par tomber sur Nabérius, qui prend sa forme de prince démoniaque pour le combattre, à savoir une sorte de déguisement de CM2 en manque d’inspiration. Adam a beau entailler par trois fois le vilain avec les bouts de la Ikéhache qu’il a récupéré sur Gédéon, Nabérius semble se gausser de pareilles attaques. Et prend le dessus dans le combat : il maîtrise alors Adam, lui peint un pentacle sur le front, et invoque un démon pour qu’il vienne habiter ce corps vide. Après un certain nombre de chants démoniaques (soit deux albums de Larusso), une fumée noire apparaît et pénètre notre pauvre Adam, qui s’effondre au sol un moment avant de se relever lentement.

"Bienvenue, mon frère !" dit donc Nabérius "Tu habites un corps très puissant, sache-le !"

"Je ne suis pas ton frère !" répond Adam avant de faire une quatrième entaille à Nabérius, perpendiculaire aux quatre autres formant… la Super Croix ! Nabérius hurle donc en s’effondrant "C’est impossible ! Tu n’as pas été possédé, c’est donc que… tu… tu as une ââââme !"

Et là, vous vous souvenez qu’Adam vient de latter Nabérius avec la fameuse Ikéhache. Ikéhache prise à Gédéon. Gédéon tué par Adam car… ce dernier n’avait "pas d’âme !". Oui, les mecs ont réussi à faire dire tout et son contraire au script, y compris sur le rebondissement final, sans souci. En créant une scène spéciale (celle de Gédéon) qui ne sert à rien d’autre que de dire que le héros n’a pas d’âme. La seule autre explication possible, c’est que Dieu ait envoyé une âme par Chronopost entre la mort de Gédéon et la mort de Nabérius, soit dans un intervalles d’environ 15-20mn. Il est fort, Dieu, quand même, il vise bien.

Pendant que dans la salle du cinéma, chacun tente de planter la paille de son coca zéro dans sa jugulaire pour en finir avec cet étron 3D, Nabérius se transforme lui aussi en boule de feu, mais grosse puisque c’est un prince démon, puis celle-ci s’enfonce dans le sol pour retourner vers les enfers, et ce faisant, détruit tous les cadavres qui étaient en train d’être enfin réanimés et possédés (c’est pratiiiiique !). Le bâtiment s’effondre avec lui, ses restes tombant dans l’abysse qui était donc situé au-dessous, et Adam et Jeannine sont sauvés au dernier moment (bien sûr) par Léonore et ses gargouilles.

Là encore, on a un beau plan large du quartier, et pas une lumière, pas une sirène, pas un chien qui aboie alors qu’un bâtiment entier vient d’exploser dans une immense boule de feu laissant derrière-lui un passage grand ouvert vers les enfers.

Une nuit paisible, quoi.

Non mais… heureusement que la fin approche, c’est simplement honteux.

Les gargouilles ramènent donc Adam à la cathédrale, où il dit avoir détruit le journal de son créateur. Il explique à Jeannine, toute étonnée, qu’il a abandonné l’idée de se faire créer un petit compagnon, parce qu’il a trouvé des gens super cools comme elle pour l’accompagner (et pratiquer la nécrophilie, donc) et donc qu’il n’a plus besoin de pote mort-vivant. Leonore, elle, lui dit que c’est trop super car enfin, Adam a une âme et trouvé un but dans la vie : latter les démons.

On a donc un plan final digne de Francis Huster tant c’est mal joué, où Adam, perché sur le toit d’un bâtiment dans une pose bien naturelle avec ses bâtons bénis à la main, surveille les rues du coin avec ses pensées profondes en voix off qui se résument à : "Quand l’humanité est en danger, je suis là. Quand les démons se pointent, je suis là. Quand l’obscurité tombe, je suis là. Et quand le script est pourri : carrément que je suis là."

Et alors que le sang de certains finit de se vider par les pailles du coca zéro…

… FIN !

La fameuse scène de fin : notez que le héros est supposé inspecter les rues, mais comme ils ont oublié de le placer au bord du toit, ça va être moyennement pratique.

_________________________

"Charge la machine sur le camion Diego ! Hollywood nous attend !"

Diego soupire en poussant l’imposante caisse de bois devant lui, pendant que son employeur s’occupe de considérations plus importantes, comme par exemple la perfection de son nœud de cravate. A peine le pauvre garçon a-t-il déposé son précieux chargement à l’arrière du véhicule que soudain, il reçoit un coup sur le sommet du crâne qui l’envoie instantanément explorer le royaume nébuleux de l’inconscience. Avant que son maître ne puisse réagir convenablement, une silhouette costumée apparaît devant lui, un revolver brillant dans sa main.

"Sortez vos doigts de votre veste, Monsieur Connard, et laissez votre Maüser là où il est.
- Vous !
- Tatata, inutile de tergiverser : félicitations pour vos travaux, mais puisque vous aimez comparer les choses aux sciences, dites-vous que je ne fais que pratiquer une longue tradition du domaine : prendre le travail d’autrui.
- J’aurais dû me douter que vous viendriez pour la machine. Vous gagnez cette manche, mais ne croyez pas m’avoir comme ça.
- Au contraire, je crois exactement vous avoir comme ça. Maintenant, écartez-vous, je prends le volant."

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L’homme prend son temps, son arme toujours pointée vers son adversaire, avant de monter à la place du conducteur. Il met le contact, fait rugir le moteur, et quelques instants plus tard, le camion s’éloignedans la rue avec sa précieuse cargaison. J’aurais dû prévoir le coup. Une machine à pomper des morceaux de vieux scripts pour en faire de nouveaux films, c’était évident qu’il viendrait la chercher. Je ne pouvais en vouloir qu’à moi-même pour mon imprudence. Lorsque le camion tourne au bout de la rue, je vois le visage souriant du conducteur.

"Ce n’est que partie remise, Quentin Tarantino." dis-je à l’attention du vilain pilleur.


Robocrap

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"Nous sommes à l’aube d’une révolution."

A l’ombre du hangar des prototypes d’Odieux CorP, les membres du conseils d’administration attendent patiemment, debout au milieu de l’odeur chimique qui empeste les lieux, la conclusion du discours de leur président directeur général qui semble désormais imminente. Celui-ci, trop occupé à savourer l’écho de sa propre phrase tournant entre les poutrelles du bâtiment, note à peine le balancement nerveux de certains d’entre eux indiquant qu’une certaine impatience règne chez ceux plus habitués à se réunir dans des fauteuils confortables que debout dans ces lieux peu accueillants. Enfin, il reprend.

"Une révolution pour tous, au service des citoyens de ce pays. On nous dit et répète que certaines zones ne sont plus sous le contrôle de la police ; je dis : n’abandonnons pas ! Et cette obstination, cette soif de justice, c’est ce qui fait d’Odieux CorP une société unique. C’est pourquoi je vous présente aujourd’hui notre dernière innovation en matière de sécurité : le DIEGO – 209 !"

Le rideau derrière l’orateur s’ouvre enfin et dans un grand "Ooooh !" mêlant surprise et soulagement à l’idée que le discours soit enfin terminé, se révèle un imposant bipode surmonté d’une sorte de coque sombre encadrée de deux imposants canons. Le président directeur général s’en approche, une petite télécommande à la main, et d’une simple pression d’un bouton, le monstre de métal s’anime et se dresse, pointant ses armes dans le vide face à lui.

"DIEGO-209 prêt pour patrouiller. Analyse des civils présents en cours. Analyse terminée : aucune menace détectée.
- Ne craignez rien, vous l’avez entendu ? Il ne vous fera aucun mal. Regardez-moi plutôt ce bijou : blindage triple couche, armature en titane de carbone, reconnaissance faciale, vocale et digitale, batterie de 48h, canons de 75 mm à tir rapide, module vocal anglo-saxon…
- Freeze, motherfucker.
- Module espagnol !
- Dame el chorizo.
- Module russe !
- Сталин велик.
- Module Claude François !
- Bah, il parle pas ?
- Hein ? Ah mais  ça c’est pas un module vocal, c’est un taser.
- Ho.
- Bref, tout ça pour vous dire que le DIEGO-209 est prêt à être déployé dans toutes les zones où il est grand temps de rétablir l’ordre et la loi : Seine Saint-Denis, Marseille, bureau de Patrick Balkany, nos usines sont déjà prêtes. Et nos premières unités sont en partance pour Hollywood."

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Quelqu’un toussote dans l’assistance avant d’interroger timidement.

"Hollywood ?
- Si vous connaissez une plus grosse bande de malfrats, dites-le moi Berthier, je vous écoute.
- Mais ils n’ont rien fait de mal ?
- Et toutes ces licences, détenues pour mieux être violées à de multiples reprises, hein ? Vous voulez que je vous parle du Hobbit ? De Total Recall ? De… de Robocop ?"

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Le membre du conseil d’administration haussa les épaules.

"Je sais pas, je l’ai trouvé pas si mal, moi, Robocop.
- DIEGO-209 ACTIVE. Détection de pipeau : confirmée. Cible verrouillée.
- Mais qu’est-ce que… éteignez-le, vous voyez bien qu’il déconne votre truc !
- Ah non, hé, Berthier, c’est vous qui déconnez : retirez ce que vous venez de dire !
- JAMAIS ! Le film était plutôt beau et en plus proposait une histoire origi…
- DIEGO-209 en MODE COMBAT :  citoyens, veuillez vous écarter."

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Le conseil d’administration se disperse comme une volée d’oiseau, laissant le pauvre Berthier seul face à la machine. Il titube un peu, défiant le monstre de métal du regard

"DERNIER AVERTISSEMENT : reconnaissez que ce film est à chier.
- Non ! En plus, dedans, il y a Gary Oldman, c’est signe de qualit-
- OUVERTURE DU FEU."

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Et dans un enfer de détonations et de tintement de douilles, le monde du cinéma perd un homme de mauvais goût.

Notre homme a-t-il mérité pareil sort ? Robocop est-il une bonne adapt…pfff, pardon, pardon. Bref, est-ce que ce film peut être vu sans faire une dépression dans la foulée ?

Spoilons, mes bons !

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L’affiche : et quand on a plus d’idées, on achète des licences. Je vois.

Tout commence alors qu’un présentateur télévisé fait des bruits de gorge ressemblant à du patois ardennais pour se préparer à démarrer son émission en direct. Et ce présentateur, ce n’est pas n’importe qui : c’est Maître Windu, et son émission, c’est le Maître Windu Show. Ce film commence sous les meilleurs auspices.

Mais donc, qu’est-ce que c’est, le Maïtre Windu Show ? Hé bien c’est une émission avec un axe vaguement ultra-conservateur dans laquelle on parle du sujet chaud  du moment : la sécurité. Puisqu’en effet, la société Omnicorp, ou OCP pour les intimes, a développé une gamme de robots fort pratiques : les ED-209, gros robots bipodes, et EM-208, humanoïdes blindés, capables d’apporter la sécurité à chacun avec une grande efficacité. Ils sont déployés partout dans le monde et font des merveilles, sauf… aux Etats-Unis, où ce vieux rascal de sénateur Dreyfus (hé oui, ça ne s’invente pas) a fait passer une loi interdisant aux robots de faire la loi parce que les robots, c’est nul, ça plante, ça fout de l’huile partout et ça te demande si tu veux installer iTunes toutes les 20 minutes.

Du coup, le crime galope au pays du hamburger, alors que Maître Windu nous montre ce qu’il en est à Téhéran où il appelle une équipe de l’émission en direct, et où l’armée a déployé ces bijoux.

Le résultat est simple : il suffit aux militaires, journalistes et autres de porter un bracelet rouge spécial, et les robots font tout pour les protéger. Ils marchent donc autour d’eux, scannent les civils à la recherche d’armes, mais… alors que la caméra à Téhéran retransmet en direct les informations au Maître Windu Show, une bande de vilains terroristes attaque ! Et bardés d’explosifs, ils sautent sur et avec les robots ! Ces derniers, diablement efficaces, se débarrassent de la plupart des vilains sans trop de bobos mais la situation est un peu moins funky quand le fils d’un des terroristes, un peu con, sort dans la rue pour attaquer un robot ED-209… avec un couteau de cuisine.

Quelques secondes plus tard, il se fait donc détruire le gueule, ce qui est bien tant il paie pour tous les autres enfants énervants des films américains (même si cet enfant n’est pas vraimeeeeent américain).

Sur le plateau du Maître Windu Show, on relativise : okay, un enfant vient de se finir en pulpe, mais déjà il était vaguement muslimisant, et puis quand même, les robots ont bien fait leur boulot. Alors pourquoi ne pas les déployer dans nos rues ?

Bonne question, mais ce sera tout pour cette émission. Allons donc du côté de Détroit, où au poste de police, l’officier Alex Murphy rentre de mission un peu énervé, son partenaire Jack Lewis venant de se manger une balle. En effet, alors que tous deux étaient en mission d’infiltration déguisés en punks à chien dans le gang de Vallon, un vilain local qui trafique plein d’armes, et qu’ils avaient enfin rencontré ledit Vallon, celui-ci a reçu un mystérieux appel téléphonique le prévenant qu’il avait en réalité affaire à des agents de la maréchaussée (ils n’avaient pas leur canette de 8-6, c’est vrai que c’était suspect). Il a donc vite mis les voiles, laissé des hommes derrière-lui pour couvrir sa fuite, et dans l’affaire, Jack Lewis s’est donc mangé un pruneau.  Damned ! Alex a donc chargé le larron dans une ambulance et est parti au poste faire son rapport auprès de sa chef, Karen Dean.

"Alors Murphy, qu’est-ce que c’est que ces histoires ? Je vous file un super coéquipier qui était quand même Omar dans The Wire, et vous le laissez se faire plomber ?
- A) C’est mon meilleur pote B) Il est noir C) C’est un blockbuster, vous croyez qu’il allait lui arriver quoi ?
- Bonne remarque Murphy. Mais il n’empêche : pourquoi vous en êtes vous pris au gang de Vallon seuls ? Il fallait appeler du renfort !
- Vous savez très bien qu’il y a des flics corrompus ici, si j’avais appelé, on se se serait fait balancer encore plus tôt !
- Murphy…
- Mais regardez ! Ça fait deux ans que les agents Débilou 1 & 2 travaillent sur le dossier Vallon ! Ils n’ont pas procédé à une seule interpellation, ça vous paraît pas bizarre ?
- Bon je… j’en parlerai aux affaires internes. A l’occasion. Entre deux portes. Si je retrouve leur numéro."

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C’est vrai que le coup des mecs qui n’interpellent personne, c’est pas du tout suspect. Donc, durant deux ans, ils n’ont pas pensé une seule fois à arrêter un gars au hasard, ou même un membre du gang pour le garder quelques heures et le faire ressortir, histoire de faire semblant ? Non : ça fait deux ans que les mecs se mangent des fajitas dans leur bureau sans rien faire. C’est… brillant. Autre truc pas du tout suspect : le non-enthousiasme de la chef à réagir. Surtout quand Alex Murphy rajoute :

"En plus, les armes que Vallon vend dans les rues : d’après les premiers éléments de notre enquête, elles viennent des scellés de la police, alors hein !"

Mais comme seule réponse, la chef répond que, bah, boh, tu sais, bon, finalement, hein, tout ça, c’est pas si grave, on verra.

Hmm… je crois que je viens d’identifier trois traîtres alors qu’on est même pas à 15 minutes de film, dites-donc. Subtil tout ça. Ou alors c’est moi qui suis super fort. On va dire ça, on en est qu’au début après tout.

Bref, cela étant dit, allons donc du côté de Washington où se tient une convention de sosies de Julien Lepers et… non ? Ah non, pardon : c’est juste Raymond Sellars, le PDG de l’OCP qui est en audition face au sénateur Dreyfus, le fameux auteur de la loi sur l’interdiction aux robots de faire la loi. Attention, dialogue :

"Est-ce qu’un robot peut avoir le droit de vie et de mort sur un humain ? Non, Monsieur Sellars !
- Ecoutez, nos robots sont super performants et le crime est descendu en flèche de 80% partout où ils ont été déployés."

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Moi j’aurais ajouté "Et si vous voulez, comme ils sont blindés, je pense qu’on doit pouvoir les faire désarmer les gens sans les tuer assez facilement.", mais bon, c’est toi l’expert pépère.

"J’ai une question pour vous, Monsieur Sellars : que ressentent vos robots ?
- Hé bien ils font…
- Vous esquivez la question ! Imaginons qu’un de vos robots tue un enfant ! Qu’est-ce qu’il ressentirait, heiiiiiin ?
- Hé bien… rien.
- Hoooo ! Le monstre ! C’est pour ça que rien ne remplacera jamais un humain !"

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Attendez ? J’ai bien suivi ? Les mecs utilisent comme argument "les sentiments du robot" ? Le problème, c’est pas qu’il bute des marmots, c’est qu’il ne ressente rien en le faisant ? Mais qu’est-ce que… non mais le raisonnement est complètement moisi, on peut le retourner : et si un humain bute un gosse, c’est okay ? Parce qu’il a des remords, se met à boire pour oublier, devient alcoolo, tape sa femme et son gosse et finit clodo du coup, c’est donc tranquille Emile ? Mais qu’est-ce que c’est que ce bordel ?

Je vais tout de suite être clair : le pire truc de ce film, ce sont les dialogues. Surtout ceux impliquant l’OCP : quelqu’un a dû manger des pages (dans le meilleur des cas), c’est impossible autrement, puisque comme nous le verrons, ils n’ont strictement aucun sens. Vraiment.

Au passage : Maître Windu, du Maître Windu Show, qui semble gémir "Regardez ma carrière… tueeeez-moiiiii…."

Toujours est-il que, justement, l’OCP après s’être avouée vaincue par les arguments surpuissants du sénateur Dreyfus (faut-il être mauvais), se replie et réfléchit à comment faire pour que le marché américain accepte enfin ses robots. On propose bien une nouvelle campagne de communication, ou encore plus de graissage de pattes de sénateurs, mais ça ne suffit pas. Raymond Sellars a alors une idée : il sait comment contourner le problème ! Je vous passe la scène absurde qui s’ensuit à base de "J’ai une illumination", toujours est-il que Raymond court dans les labos d’OCP pour trouver le docteur Norton, expert en membres cybernétiques. En effet, OCP est leader dans le domaine, tellement que Norton est même en train de montrer à un guitariste amputé des deux mains qu’à nouveau, il peut jouer finement et délicatement, comme avec ses anciens membres, à part du Julien Doré puisque même les membres cybernétiques ont du goût. Mais bon, ça suffit les conneries : Raymond est là et il veut expliquer sa grosse idée :

"Norton, je viens d’avoir l’idée du siècle !
- Arrêter la coke ?
- Non, non, mieux ! Vous savez, la loi Dreyfus ? Les américains veulent l’efficacité des robots mais la conscience des humains : j’ai la solution !
- Des drones ? C’est jamais que des robots, mais avec des humains qui prennent les décisions.
- …
- C’était pas ça votre idée ?
- Merde, non. Putain c’est même pas dans le script. Non, mon idée c’est… c’est mettre un humain dans un robot.
- Ha oui, c’est un peu con quand même. 
- Bon. Ecoutez, on va faire avec : sélectionnez-moi des candidats potentiels pour qu’on les colle dans un robot, allez hop !"

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Et après avoir été convaincu que cela aiderait plein de gens, Norton, qui est un gros gentil, accepte. L’équipe d’OCP propose donc divers candidats, et c’est reparti pour du dialogue raté.

"Bon alors on a le sergent Bob. Amputé des bras et jambes, mais devenu obèse : il ne tiendra pas dans le robot.
- Non. Suivant. 
- Ah bon, on sait concevoir un surhomme mais pas faire une liposuccion ?
- Votre gueule, Docteur Norton, tenez-vous en au script. Suivant, disais-je?
- Là, on a l’officier Black. Il est complètement paralysé et seul un changement de corps pourrait le sauver. Par ailleurs, nos enquêtes d’opinion sur des publics tests le mettent loin devant tous les autres en terme de popularité.
- Il est parfait, on le retient. Montrez-voir le suivant ?
- Le sergent Bigballs. Ancien chef du SWAT, il a perdu ses deux jambes mais incarne toujours un idéal de virilité coolos.
- Il me plaît. Norton, votre avis ?
- Son dossier dit qu’il est instable psychologiquement. Vu ce qu’on devra faire subir au candidat, mieux vaut éviter.
- Bon, hé bien alors il faudra attendre qu’un autre pauvre type se fasse dégommer."

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Attendez, attendez, sérieusement ? Vous avez dit il y a UNE SECONDE que l’officier Black était parfait en tous points, et que lui, il était pas amputé : il était paralysé, les membres cybernétiques ne pouvant le sauver, c’est donc en plus le seul qui a une VRAIE raison de se retrouver dans un robot. Vous avez même dit que vous le "reteniez" ? Je… oh, misère, rater ses dialogues à ce point, c’est quand même dramatique. Bon bin, retournons du côté de l’ami Murphy alors.

Alex Murphy est donc parti à l’hôpital visiter son bon ami Jack Lewis, pour lui promettre qu’il va botter le cul de Vallon et ses sbires. Oui mais voilà : ce qu’Alex ignore, c’est que les agents Débilou 1 & 2 sont déjà allés voir Vallon pour lui dire que l’incorruptible Murphy était toujours à sa poursuite, mais que si il voulait s’en débarrasser, il serait à l’hôpital aujourd’hui. Vallon a donc envoyé un homme placer une bombinette sous la voiture de Murphy, quel déconneur celui-là !

Aussi, lorsque Murphy remonte dans sa voiture…

… rien. Ah ? Bon, bon. Peut-être qu’il va le faire péter sur la route alors ? Mmmm… non, Murphy arrive chez lui sans souci. Bon, bin à l’arrêt du moteur peut-être ? Ah bin non plus.

J’ai dû louper un truc. Murphy, donc, rentre chez lui et retrouve sa charmante femme et son fils, et s’empresse de mener une vie de famille exemplaire avec eux parce que c’est un vrai héros parfait. Puis, la soirée avançant, on envoie le petit au lit, et chez les grands, on se dit qu’il serait bien temps de copuler un peu, là, comme ça, allez hop, tu te mets en slip-chaussettes s’il te plaît. Alors que nos larrons commencent à peine à se mettre en jambe avec des préliminaires comme le chameau volant ou la tornade du Bénin, voilà que l’alarme de la voiture se déclenche. Roooh. Relou. Murphy laisse donc Madame en plan et va donc tenter de couper le bousin, mais la télécommande ne marche pas, bordel de pipe. Il va donc tenter de couper tout cela manuellement, et en ouvrant la portière de la voiture…

BOUM !

Si c’était pour faire ça, pourquoi attendre aussi longtemps ? Nous ne le saurons jamais. Mais si ce n’était que ça !

Ah oui, okay. Donc les mecs se sont compliqués la vie à poser la bombe, la laisser sous la voiture des heures, attendre que Murphy soit chez lui puis, pour se marrer, ont piraté l’alarme du véhicule pour tout faire péter à ce moment là. Ça n’a strictement aucun sens, c’est génial. Madame la marchande, je vais reprendre du pop-corn au Xanax s’il vous plaît.

Résultat des courses : l’ami Murphy a été transformé en merguez. OCP repère donc son dossier et explique à sa femme que son mari a été brûlé à 80%, a perdu un bras, un œil, une jambe et que de toute manière, c’est pas sûr qu’il marche à nouveau, du coup, le chameau volant, il risque plutôt de rester à faire du roulis sur la piste. Ah bin oui, hein, c’est dur.

Pardon ? Oui, l’OCP, qui deux scènes plus tôt était le leader mondial de la prothèse cybernétique est en train d’expliquer que les bras ou jambes coupés, pfou, ils voient pas comment faire.

Tous les dialogues. Tous. Sans exception.

Bref, ils proposent à Madame Murphy une nouvelle procédure pour le sauver et lui donner une seconde chance. Et après une grosse hésitation, et puisqu’elle doit se décider vite, elle signe.

Murphy est donc plongé en plein rêve, persuadé que tout va bien, jusqu’au moment où il quitte ce songe merveilleux dans lequel il jouait à Twister avec Françoise Boufhal pour se retrouver dans un laboratoire, attaché à une sorte de chevalet futuriste, avec en lieu et place de Françoise le professeur Norton, qui porte quand même drôlement moins bien la blouse, marrant ça. Murphy, a moitié shooté, se demande donc ce que c’est que ce bordel.

"Gnu… où… où suis-je ? Où est ma femme ? Je me souviens que j’étais chez moi avec elle et que j’allais lui faire l’amour, et puis… le trou noir.
- Vos métaphores anales ne m’intéressent pas, Murphy. Toujours est-il que votre femme va bien, votre fils aussi et… vous aussi. Tenez : Simone, ouvrez les verrous de sa colonne et de ses bras."

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Un bruit mécanique plus tard, Murphy peut tourner la tête et bouger les bras, et constate que dis-donc, ils sont engoncés dans une sorte de grosse armure qui ne laisse dépasser que sa main droite.

"Qu’est-ce que… libérez-moi !
- Très bien, très bien : Simone, ouvrez les verrous restants. Murphy, essayez de faire quelques pas."

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Cliquetis, cliquetas, et hop ! Notre héros est libre de ses mouvements et confirme : il est bien bloqué dans une sorte de grosse armure qu’on refuse de lui enlever. Un peu bougon, il se met donc à courir partout pour essayer de fuir ce lieu où l’on veut le retenir, et gambade donc au travers du laboratoire futuriste, fuyant dans tous les couloirs avant de traverser un gigantesque atelier plein d’asiatiques, ce qui lui fait peur (pas seulement parce qu’il est un peu raciste) puisque ça voudrait dire que si ça se trouve, son armure est du Made in China, puis atteint l’extérieur où il découvre que non seulement il court désormais super vite, mais en plus, peut franchir le mur d’enceinte d’un seul bond. Ce qu’il fait avant de tomber… dans une rizière, au milieu des paysans, puisqu’en Chine, les usines super sensibles sont toujours installées au milieu des rizières, c’est comme ça, ça permet de manger bio à la cantoche. Norton, voyant que Murphy ne compte pas revenir, appuie donc sur le gros bouton "Dodo" et Murphy s’effondre donc lamentablement le temps que l’on vienne le récupérer.

Coup de bol, il tombe sur le dos. Sinon, j’imagine bien Norton "Allô, Raymond ? Oui, tu sais notre dernier projet ? Bah, il s’est endormi dans une rizière et s’est noyé dans 2 centimètres d’eau.  On a d’autres candidats ?"

Bref, Murphy se réveille à nouveau dans le laboratoire de l’ami Norton, qui tente de le calmer un peu.

"Murphy, nous avons commencé du mauvais pied tous les deux… hihih, mauvais pied… 
- …
- Non mais c’est parce qu’on vous a ampu… ho et puis merde, Murphy.
- Qu’est-ce que vous m’avez fait ?
- Hé bien vous avez été victime d’une bombe, vous étiez tout brûlé, il vous manquait un œil, un bras, une jambe, 80% de votre corps était brûlé…
- Je veux me voir !
- Soit : Simone, faites sortir le gros miroir du sol."

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Scientifiques qui me lisez, si votre laboratoire n’a pas au moins un méga-miroir dans le sol, sachez que vous êtes dans un truc de gros nazes : c’est quand même évident que tout laboratoire sérieux devrait avoir ça. Toujours est-il que Murphy se voit enfin dans sa grosse armure, et Norton commande alors le démontage de celle-ci pour montrer ce qu’il reste de lui : et visiblement, pas grand chose, puisque plus l’armure s’en va, plus il y a de vide, jusqu’à ce qu’il ne reste plus… que la tête de notre héros, ses poumons et sa main droite (et encore, reliée par un vieux boudin en métal, il n’y a même plus de bras).

"Haaa ! C’est affreux ! 
- Je sais Murphy et…
- Qu’avez-vous fait ?
- C’est-à-dire que vous étiez dans un sale état comme je vous l’ai dit et…
- Non, c’est pas ça ! Pourquoi avez-vous bossé comme des charlots ?
- Pardon ?
- Bon sang ! Mon corps était brûlé à 80% et comme par hasard, mon visage, lui, est impeccable ! 
- Heu… on l’a refait avec notre super technologie ?
- Vous savez refaire la peau du visage mais pas celle des bras ou des fesses ? Vous aviez la technologie pour me soigner mais ne l’avez utilisée que pour me faire une jolie tête ? En plus même le mec de Robocop 1 dans les années 80 avait l’air plus crédible ! On voit bien que je suis juste un acteur avec un costume et une cagoule !
- Hem je… attendez… je suis sûr que…
- Et l’armure ! Bon sang, vous pouviez pas juste me mettre une exo-armure, justement ? Et remplacer les membres manquants avec de la cybernétique ? C’était moins cher et moins traumatisant !
- Non, je suis sûr que… qu’il y avait une excellente raison…
- Excellente raison qui ne marchait pas pour mon corps mais qui fait que vous m’avez quand même remplacé l’œil kaput justement avec la technologie en question ?
- Je…
- Et ma main droite, sérieusement ? Vous vous faites chier à couper tout le bras et vous gardez juste la main ? Vous voulez que j’en fasse quoi, hein, sans ce qui va de paire avec ?
- Votre autre main ?
- Noooon, pas exactement.
- Ho.
- Non mais… bordel, allez : remettez-moi mon armure. Et je ne veux même pas d’explication sur pourquoi les prothèses que vous filez aux guitaristes sont maniables et silencieuses quand votre armure qui est autrement plus élaborée bouge comme un jouet pour enfants. Vous m’avez remonté avec des pièces de R19 ou bien ?
- On va s’arrêter là pour aujourd’hui Murphy, d’accord ?"

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Ce film est dramatique. Rien n’a aucun sens. Et on est encore loin d’être rendus, c’est… je n’arrive même pas à m’expliquer comment on peut rater autant de trucs.

Jeu : l’un de ces deux films a eu un budget 8 fois inférieur à l’autre et 27 ans de plus. Sauras-tu retrouver lequel a fait un minimum d’efforts pour le maquillage de cyborg ?

Toujours est-il que Murphy a le droit à une petite vidéoconférence avec sa femme pour lui dire que hihihi, il va bien, il rentre bientôt, mais que là il a encore besoin de s’adapter à son nouveau corps, tout ça, sinon il va glisser sur le parquet à la maison et ça va être le bordel. Sur ces entrefaites, il est présenté à Maddox, le patron des robots chez OCP, qui évidemment, a la psychologie d’un chou, et encore, pas un chou frais frais, et passe donc son temps à insulter Murphy en lui disant que c’est une chose, pas un humain, quand bien même on lui a expliqué l’exact contraire. Le procès pour harcèlement n’est pas loin.

Ou celui au dialoguiste, vraiment.

On présente donc ses nouvelles armes à Murphy, que nous pouvons désormais appeler Robocop, je pense. D’abord, une mitraillette qui envoie de gros pruneaux, et ensuite, un taser qui envoie 12 millions de volts, mais ça va, tu le vis bien. Cela fait, on lui propose d’aller dans un simulateur reproduisant à la perfection un exercice, avec face à lui, un robot humanoïde EM-208 qui doit affronter la même simulation. Le résultat est sans appel : défoncer 12 terroristes et libérer 3 otages prend 48 secondes pour le robot, 53 pour Robocop.

Parce que l’humain, lui, réfléchit avant chaque action.

Exactement ce que l’OCP voulait.

Du coup, que se passe-t-il lorsque Norton annonce les résultats à l’OCP ? Hé bien l’ami Raymond s’exclame "Noooon ! Il est moins performant que nos robots, c’est un produit défectueux ! Corrigez immédiatement cela, docteur Norton !"

Dites les mecs, ça vous dirait de regarder votre propre film à un moment ? Non parce que je résume : la loi Dreyfus est contre les robots qui font la loi à cause d’arguments essentiels comme "Ça a pas de sentiments liés à ses actes".  Vous créez donc un humain robotisé justement pour cette raison. Le résultat est sans appel : les réflexions et les sentiments sont si présents qu’on peut même observer clairement la différence à l’exercice face à un robot. Et franchement, je pense que tout le monde se tape cordialement du fait qu’il mette 5 secondes de plus pour arrêter des terroristes si ces 5 secondes sont passées à faire des trucs comme réfléchir à ses actes.

Hé bien non. Chez l’OCP et ses dialogues honteux, on a pas compris et on commande un truc absurde.

Du coup, Norton se met au boulot et modifie un peu la programmation de Robocop. Et pour la présenter, il propose à Robocop d’affronter Maddox, qui est aussi un sacré militaire, accompagné d’environ 50 EM-208, le tout à balles réelles bien sûr, histoire de foutre en l’air le maximum de pognon. Et dire que dans la scène d’avant, un simulateur suffisait. Madame la marchande ? Oui, avec les pop-corn au Xanax, je vais prendre un Miko au Lexomil. Merci, vous êtes bien urbaine.

Bref : Robocop, qui a aussi eu le droit à une modification de son armure pour qu’elle fasse noir et cool suite à d’autres enquêtes d’opinion, colle une grosse branlée aux 50 robots qui l’attaquent comme il se doit par groupes de 1. Il finit même par taser le pauvre Maddox, qui est bien surpris et sent donc très fort le grillé, la défait, et bien sûr le caca. Dans la salle de commande, Raymond et ses amis sont ravis et pas seulement à cause de leur scatophilie galopant : comment Norton a-t-il obtenu un résultat pareil ?

"Hé bien, je suis un personnage gentil mais là, j’ai décidé qu’en situation de combat, l’armure de Robocop prendrait le dessus. C’est donc une intelligence artificielle tout simplement encore plus performante que celle de nos robots qui combat à sa place et lui donne l’impression que c’est lui qui prend les décisions. Et sitôt le combat terminé, lorsqu’il relève sa visière, c’est à nouveau Murphy qui est aux commandes et est persuadé qu’il a tout fait lui-même.
- Mais c’est génial Norton ! Vous êtes un gentil, mais menteur, manipulateur et sans éthique ! Un robot qui fait tout avec un humain dedans juste pour l’image… je suis sûr que ce n’est pas du tout un coup à se bouffer le procès du siècle ! Vite, on le ramène à Détroit il est temps qu’il montre ce qu’il sait faire !"

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Et ni une, ni deux, Murphy est ramené à Détroit. Et a le droit d’aller visiter sa famille : tout le monde est un peu étonné de le voir ainsi, parce que ça va être moins pratique pour le chameau volant quand même, ils se sont un peu foutus du monde chez OCP. Mais bon, il est envie, alors c’est cool quand même.

Et puis au bout de 5 minutes, Murphy se casse, parce que oui, il rêve de revoir sa famille depuis des mois, mais en fait, bof. Et sa famille trouve ça tout à fait normal. Bin écoutez, évidemment, c’est bien naturel tout ça, allez hop, passons à la suite ! Non mais… bon. Il y en a tellement que tout relever est vraiment compliqué tant c’est navrant. Toujours est-il que Murphy part pour le commissariat où a été installé le laboratoire où il peut dormir pendant qu’on lui fait la vidange et les plaquettes de freins. Il y retrouve son coéquipier Jack Lewis, fraîchement rétabli et prêt à repartir pour la tatane. Consigne est donnée d’attendre le lendemain, où le commissariat va présenter officiellement Robocop à la population de Détroit.

Dès le lendemain, et 5 minutes avant la cérémonie de présentation, Norton travaille donc à… à…

… à faire une procédure expérimentale et dangereuse d’upload de toutes les bases de données de la police directement dans le cerveau de Murphy ? Mais ? Non mais arrêtez, vraiment ! Vous faites vraiment vos expériences 5 minutes (et je n’exagère pas : pendant qu’il joue avec son cerveau, les gens viennent leur dire "Vite, vite, le discours du maire va se terminer !") avant une présentation publique critique ?

Evidemment, ça ne rate pas : ça tourne mal. Toutes ces images de crime (sans compter les Go de porn stockés sur les serveurs de la police) dans le crâne font que Murphy commence à délirer un peu, surtout lorsque les images des caméras ayant filmé l’explosion de sa propre voiture arrivent. Il les consulte en boucle sur sa super interface visuelle, et comme il fait vraiment une grosse crise, Norton décide de modifier sa chimie cérébrale jusqu’à ce qu’il ne ressente plus la moindre émotion. Ce qui fonctionne  : Murphy se calme, et sitôt mis sur pieds, il s’exprime comme un cyborg, ignorant jusqu’à son bon ami Lewis et même sa famille qui l’attendait dans un couloir voisin. C’est pas très très sympa, Robocop, à mon avis tu vas coucher sur le clic-clac cette nuit.

Sauf qu’en arrivant sur l’estrade où le maire et les officiels de la police l’attendent devant une foule en délire, Robocop se comporte encore plus étrangement.

En effet, il scanne en effet la foule, et comparant le tout avec sa base de données nouvellement téléchargée, y reconnait Zug l’éventreur, un criminel recherché pour meurtres et autres trucs peu ragoûtant, en cavale depuis 6 ans.

Et oui, le mec en cavale depuis 6 ans a décidé de se pointer à l’inauguration de Robocop.

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"Je t’arrête, Zig l’Eventreur ! Et j’espère que ton complice viendra au bal de la police !"

N’en jetez plus, je ne vois même pas comment on peut continuer à s’enfoncer. Faisons confiance à Roboscript, qui dépasse tous les humains dans le domaine (c’est un scénariste qui a survécu à l’explosion de son stylo Bic et à demi défiguré, a été reconstitué à partir de morceaux d’Amiga 500).

Autant vous dire que Robocop fend la foule et tombe sur le coin du nez de Zug l’éventreur, lui tasant sévèrement les roudoudous avant de l’arrêter et de lui lire ses droits. Du coup, le soir même, au Maître Windu Show, c’est un peu le Eugène Saccomano Show, avec un sacré enthousiasme à base de "Holololololo, comment Robocop il a défoncéééééééééé le crimineeel ! La police doit être dééég’ ! Et le sénateur Dreyfus, bouuuuh comment il s’est trop planté : whololololooooooooo les robots, ça déchiiire !". Etc.

Du coup dans les jours qui suivent, Robocop se voit confier un solex (avec des néons en dessous, typique des véhicules de la police, c’est connu, même un véhicule ils le ratent, ils sont forts) et va faire la justice sur sa mobylette. Grâce à la base de données de la police et les caméras situées partout en ville, il peut ainsi localiser les criminels ou leurs complices très facilement, et donc remonter les filières à coups de tasers, de main dans la gueule et d’acrobaties en moto. Et les méchants n’y résistent pas.

D’ailleurs, notez bien un truc : tout le monde est sur le cul parce que Robocop est super efficace. Mais aux dernières nouvelles, les caméras qui apparemment font de la reconnaissance faciale ainsi que la base de données de la police étaient là avant lui. Du coup, le point fort de Robocop, c’est qu’il n’y a que chez lui qu’on a installé un ordinateur qui recoupe les deux. En fait, depuis des années, la police de Détroit avait l’outil ultime mais n’avait juste pas pensé à s’en servir : on regardait les caméras OU la base de données. Alors que chacun sait que rien qu’aujourd’hui, même un vulgaire utilisateur des forums HFr sait croiser le "topic des images étonnantes" avec la "base de données des actrices pornos" pour faire son marché. Bon, ça ne fait pas baisser la criminalité, par contre l’industrie du sopalin a compris depuis longtemps que c’était une chouette idée.

On en conclura donc naturellement que la police de Détroit est un peu moins rusée que l’industrie du sopalin, mais là n’est pas le sujet.

Puisqu’un jour que Robocop sort du commissariat sur son solex étincelant, voila-t-y pas que sa femme surgit au milieu de la route.

"Alex ! Alex, c’est moi, ta femme ! Tu dois me parler.
- Circulez citoyenne ou je vous tase la gueule puis je fais des acrobaties en mobylette.
- Alex, regarde-moi ! Je ne sais pas ce qu’ils t’ont fait… on dirait qu’ils ont supprimé tes sentiments, et du coup, ils m’empêchent de t’approcher pour ne pas que je t’aide à les retrouver ! Alex, ton fils a besoin de toi ! Il est traumatisé par tout cela !"

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Robocop a tous les processeurs qui tournent à fond les ballons : qu’est-ce que ces que ces carabistouilles de civile ? Il consulte donc sa base de données et observant les vidéos de l’école locale, voit en effet son fils qui a l’air assez malheureux sur celles-ci. Robocop décide donc de laisser tomber les appels de détresse en cours : il a un truc à faire, désolé mamie qui se fait tabasser ou à toi qui découvre l’ambiance chaleureuse d’une cave avec des petits camarades aussi nombreux que turgescents. Il démarre donc sous le nez de sa femme sans dire un mot, et du côté du laboratoire d’où on suit les performances de Robocop, tout le monde s’affole : le bougre est en train de voir ses sentiments revenir ! La machine ne peut vaincre l’homme qui est dedans ! Le policier d’acier se rend donc chez lui, où des souvenirs de son passé lui reviennent doucement, pendant qu’il sort de sa super mémoire tous les dossiers concernant l’attentat qui a fait de lui ce qu’il est.

Et il décide donc de reprendre l’affaire. Fuck yeah.

Pour commencer, il va voir Débilou 2, à qui il éclate le museau afin d’obtenir des informations : où se planque Vallon ? Il sait qu’il est ripou, alors parle, mécréant ! Débilou 2 explique donc qu’il ne sait pas où est Vallon mais a le numéro de téléphone de son chauffeur. Robocop laisse donc Débilou 2 partir puis utilise le numéro pour localiser le vilain, et donc probablement Vallon qui doit être avec. Puis il enfourche sa moto, allume les phares et…

Et…

On était en plein jour, non ? Robocop venait de prendre son service, nous étions en mâtinée… bon, bin il fait nuit. D’accord, encore une fois : grosse qualité, vraiment. Rappelons que le premier Robocop a coûté 13 millions de dollars, celui-ci, 100. Et malgré tout, il arrive à contenir infiniment plus de trucs complètement ratés : on va dans le bon sens. Enfin : Robocop part donc faire le zazou en solex, et file donc droit vers un entrepôt où le téléphone du chauffeur de Vallon a été localisé. Vallon qui reçoit justement un coup de fil qui le prévient que Robocop arrive : aux armes !

"Bon, les gars, tout le monde s’équipe et vite ! On a le nouveau flic, là, Robocop qui arrive vers nous ! Quand je pense que Débilou 1 & 2 m’avaient dit que jamais il ne remonterait jusqu’à moi… bon, écoutez, mes taupes chez la police me disent que l’armure du bonhomme résiste à tout ce qui est en dessous du 50 mm, donc tirez au gros calibre et visez la tête, puisque ses concepteurs lui ont étrangement mis une visière au lieu d’un casque complet ! Et n’ont pas pensé à couvrir sa main droite, d’ailleurs ! Ils devaient être un peu cons.
- Alors que nous, on l’est pas, hein chef ?
- Ça non ! J’ai même un super plan : on est des humains, c’est un robot…
- Oui ?
- On va donc éteindre toutes les lumières et mettre nos lunettes de vision nocturne : ce sera un peu moins pratique pour nous, mais je suis sûr que les robots ne voient pas dans le noir !"

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… ceci n’appelle même pas de commentaire, je crois.

De toute manière, Robocop a une visière qui brille pour que ceux qui n’auraient pas la vision nocturne sachent où tirer. Sympa, vraiment.

Bon bin, comme ils sont dans le noir et avec une visibilité réduite malgré leurs accessoires et que Robocop se moque vaguement de la luminosité, il leur colle une branlée comme il se doit, et tue Vallon dans l’affaire, qui n’était pas chaud-chaud pour se rendre de toute manière. Il en profite pour analyser l’arme que portait Vallon avec son super scanner : il y a dessus… les empreintes de Débilou 1 & 2 qui prouvent que ce sont bien eux qui faisaient sortir des armes des scellés de la police ! Robocop repart donc vers le commissariat sur son fidèle destrier et va y trouver son copain Jack Lewis, tout heureux de voir que Murphy a retrouvé ses sentiments et donc, son humanité.

"Viens voir, ça va être intéressant !"

Ils vont donc dans le bureau de Débilou 1 & 2, comme toujours occupés à manger des fajitas et diffuse pour les humilier sur tous les canaux publics les preuves qu’il a contre eux comme… que… ho… non… la conversation enregistrée de Vallon et Débilou 1 & 2 parlant de tuer Murphy peu avant l’explosion de sa voiture ? C’était une caméra d’un lieu public, et les deux flics ripoux depuis des années n’ont pas pensé à, par exemple, chercher ce genre de données pour s’en débarrasser ? Sachant qu’ils avaient dit plus tôt dans le film que si, justement, c’est exactement ce qu’ils faisaient ? Bon, vous en voulez encore ?

Alors accrochez-vous, c’est pas fini.

Après avoir arrêté les deux bougres en direct et leur avoir tasé la gueule, il se rend dans le bureau de Karen, sa chef, et la menace elle aussi de son arme en lui expliquant : il a remonté le numéro de téléphone qui a prévenu Vallon. C’est le sien. C’est donc pour ça qu’elle ne faisait – très discrètement – rien contre Débilou 1 & 2 ou les vols de scellés : elle était avec eux !

Et puis là, pouf.

C’est parti pour encore plus de non-sens : soudain Norton se dit que c’est super dangereux tout ça, que Robocop risque de la tuer pendant qu’il diffuse toujours en direct ce qu’il voit, et donc, il appuie sur le bouton "Dodo" de Robocop.

Mais arrêtez, arrêteeez ! Ça n’a aucun sens ! Pourquoi il l’aurait tuée sachant qu’elle avait été moins impliquée que Débilou 1 & 2 qu’il a juste tasés ? Hein ? Il était en train de l’arrêter en direct !

On est plus à ça près. Robocop est donc transporté jusqu’à son laboratoire pour se reposer un peu, pendant qu’au Maître Windu Show, c’est la grosse folie : Robocop a résolu sa propre tentative de meurtre et découvert des gens corrompus chez les agents de la maréchaussée… ce qui ne serait jamais arrivé des robots ! Tout ça est excellent pour les partisans du déploiement des robots sur le territoire !

Chez OCP, on fait donc une petite réunion : cette semaine, les nouvelles ont été bonnes : depuis l’arrivée de Robocop, le sénat s’est complètement retourné et a voté pour virer la loi Dreyfus. OCP va donc pouvoir déployer ses machines sur tout le territoire ! Et puis quand même, cette histoire de Robocop qui prouve que les humains sont moins fiables que les machines… non, vraiment, c’est super. Même s’il a agi de son propre chef. Du coup, il y a ce dialogue merveilleux :

"C’est un héros. Et vous savez ce qui est plus grand qu’un héros ?
- … (NDlOC : un super héros?)
- Un héros… MOOOOOORT ! Maddox : allez tuer Robocop ! Je mets au courant Norton. Et dites à Mme Murphy de venir ici, on lui dira qu’il est mort lors d’une crise parce que c’était un prototype."

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POURQUOI ? POURQUOI ? ARRÊTEZ CE FILM, JE VEUX DESCENDRE ! TOUS les événements prouvent que Robocop va clairement dans votre sens ! Vous faites super attention à votre image ? Tout le monde l’adore ! Il agit de son propre chef ? C’est pour mieux montrer qu’il surpasse les humains et donc ça vous sert ! Arrêteeeez, écoutez-vous parler, vos dialogues n’ont aucun sens !

Il n’empêche que Madame Murphy, elle, reçoit un appel de OCP où l’ami Raymond l’invite à lui rendre visite avec son fils et lui annonce le décès d’Alex Murphy, alias Robocop, disant qu’il est mort, comme ça, pouf,  c’est vraiment trop ballot, maintenant t’es gentille et tu dégages. Pendant ce temps, au laboratoire de Robocop, deux militaires sont là pour tuer Murphy. Mais ? C’était pas à Maddox de le faire ? Bon, on va dire qu’ils bossent pour Maddox qui leur a dit de très discrètement, menacer tout le monde avec des fusils d’assauts en attendant qu’il arrive, comme ça, ce sera super discret. Si vous avez une meilleure explication, je suis preneur : j’essaie de sauver le film, là, mais j’ai du mal même en extrapolant.

Heureusement pour Robocop, Norton, qui n’a guère apprécié le plan de l’OCP, décide de sauver notre héros d’acier : il le réveille donc pour qu’il colle sa branlée aux deux militaires, puis l’informe que l’OCP veut le tuer. Il n’en faut pas plus à Robocop pour partir en mission au QG local histoire de tataner Raymond Sellars, le PDG qui a commandité l’affaire. Et non, il ne demande pas de preuves : on le réveille, on lui dit "Tue ces gens, là, ils sont méchants et ensuite va tuer le mec là-bas" : il le fait. Il est bien brave ce Robocop. Voilà voilà.

A l’OCP, l’alarme est donc sonnée : Robocop est vivant et arriv ! On déploie donc les ED-209 pour qu’ils l’empêchent d’entrer, mais bon, Robocop étant fort, rapide, et accessoirement le héros, il s’en débarrasse bien vite et se fraie un chemin dans les hauteurs du bâtiment. Il est en plus appuyé par un véhicule du SWAT mené par Jack Lewis venu aider son coéquipier. Et qui plutôt que de dire "Les mecs, c’est la police, on prend le contrôle du bâtiment, coupez la sécurité" décide plutôt de se battre contre l’OCP avec sa kikounette et son couteau. Pourquoi, sachant que tu as l’autorité pour ne pas avoir à le faire ? Trop de pourquoi depuis le début de ce film. Passons au comment.

Comment nos héros progressent-ils donc ? Au fusil. Vont-ils vite ? Plutôt, oui. Ça se passe bien ? Pas forcément, surtout lorsque surgit Maddox (que Robocop avait croisé sur la route en fonçant vers l’OCP, mais visiblement, le bougre a trouvé le temps de revenir, de passer devant Robocop sans se faire voir, d’aller se changer pour mettre son armure et de revenir l’attendre sur son chemin ou alors, il s’est téléporté parce que ce film est écrit avec un étron comme stylo – j’ai été clair, le bic a défiguré le premier scénariste, suivez un peu). Parce que voyez vous, l’ami Maddox porte l’un des fameux bracelets rouges qui font que les robots le protègent… et donc que la programmation de Robocop l’empêche de lui tirer dessus !

Maddox sait que Robocop est là : il a entendu "LA BASE DE DONNEES DES VIRUS A BIEN ETE MISE A JOUR" venant de derrière un poteau

C’est ballot.

Heureusement, Jack Lewis arrive et d’un pruneau bien placé, tue Maddox. Mais se fait plomber en retour par les méchants. Robocop se penche donc sur lui après avoir tué le dernier malandrin.

"Ta blessure n’est pas mortelle. Une ambulance est en route.
- Pourquoi… ai-je encore pris une balle ?
- A) Tu es mon meilleur pote B) Tu es noir C) C’est un blockbuster, tu croyais que…
- Oui mais deux fois le même poncif, faut en vouloir pour le faire dans un seul film. Et puis, ta gueule en fait, continue sans moi."

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Robocop arrive donc au sommet de la tour de l’OCP où se trouve un héliport, et où attendent quelques gardes, Raymond Sellars, et en otage, la famille Murphy.

"Tu n’aurais jamais dû venir ici, Robocop ! Je t’ai créé, je peux te détruire !
- Raymond Sellars, vous allez me suivre, mort ou vif !
- Meuheuheu, regardez, regarde ! J’ai un bracelet rouge moi aussi, tu ne peux rien me faire ! Quel dommage que mes gardes n’en aient pas eu ou même mes propres robots entre eux ! Maintenant que j’y pense c’est… mmm… non, c’est sans importance."

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S’ensuit le discours habituel du méchant qui explique qu’il va gagner, que tout est fini, etc. Sauf que Murphy n’étant pas complètement machine, sa part d’humanité et donc de jeune ado rebelle dans le vent lui permet de surmonter la programmation et il parvient à tirer sur le pauvre Raymond – c’est étonnant – et donc à sauver sa famille. Raymond a le temps de lui tirer dessus avec un pistolet rikiki en s’effondrant, et si jusqu’ici Robocop a survécu a une pluie d’obus, le tout petit pistolet l’envoie direct au sol. Robocop est-il mort ? Ce film est-il une blague ?

Evidemment que non (en tout cas, pour la première question) ! Sauvé par Norton, et son armure réparée et revue pour être grise et ornée du logo de la police de Détroit, il est déjà prêt à reprendre du service : tremble, crime !

Et pendant ce temps, au Maître Windu Show, on râle : suite à ces événements, le gouvernement américain vient à nouveau de refuser le déploiement de robots sur son territoire : tant pis pour les profits de l’OCP ! Pardon ? Cette décision ne devrait avoir aucun rapport avec les derniers événements, puisqu’aucun robot n’a merdé aux dernières nouvelles, au contraire ? Allez, une incohérence de plus pour la route !

C’est donc sur le visage d’un Maître Windu grognon que tout vire au noir (je t’ai vu ricaner, au fond) et…

… FIN !

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"Où… où suis-je ?"

Berthier ouvre péniblement les yeux, aveuglé par la lumière des néons au-dessus de lui. Bientôt, il voit se pencher sur lui le visage bienveillant du PDG d’Odieux CorP, un cigare en bouche.

"De retour dans le monde des vivants Berthier ?
- Vous ? Mais… c’est impossible, je suis mort !
- Hahaha, si vous parlez de cette histoire avec le DIEGO-209, c’est oublié. 
- Mais où est-il ? Il faut l’arrêter !
- Bof, ça c’est fait tout seul. On l’a envoyé à Hollwood comme prévu, il y avait trop de mauvais goût : il est tombé à court de munitions, au bout d’à peine deux minutes. 
- Ho et… mais attendez, je ne sens pas mon corps !
- C’est normal. Vous étiez dans un état lamentable quand nous vous avons récupéré. Heureusement, le gouvernement français nous a proposé un partenariat pour créer un policier… parfait. Avec leur financement et nos connaissances, vous donner une seconde chance a été un jeu d’enfant."

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Berthier roule ses yeux dans toutes les directions, essayant de voir ce qu’il est advenu de son corps. Notant son inquiétude, le PDG le rassure aussitôt.

"Vous êtes une sacrée machine de guerre, Berthier : armure en plastique recyclable, armature en fer forgé, Bi-bop intégré, connexion Minitel illimitée, vous allez montrer ce que c’est que le savoir faire français !
- Mais… je… je ne peux pas affronter le crime avec…
- Le crime ? Mais non regardez : vous avez une petite imprimante sur le torse qui vous permet d’imprimer des PV. Vous avez accès à la base de donnée de tous les parcmètres, et regardez, le truc rigolo : si je bouge ma main très vite devant vous…
- FLASH
- … et voilà !
- Je… est-ce que mon œil droit vient de vous flasher ?
- Radar intégré ! Vous êtes désormais l’outil ultime de la loi et de l’ordre en France, vous êtes…"

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Il laisse, comme à son habitude, la phrase tourner pour mieux la savourer, puis la conclut :

"…MUNICIPAL ROBOCOP"

Et Berthier s’évanouit dans un long gémissement se mêlant à la sonnerie de son Bi-Bop.


Bientôt.

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Chers lecteurs, chères lectrices, chers bots qui proposent des prêts bancaires à des taux très intéressants.

Le maître des lieux vous prie de bien vouloir l’excuser puisque le sacripant est quelque peu occupé ces derniers jours par de folles aventures impliquant comme vous l’imaginez action, émotion, rebondissements, amour orgies et bien évidemment, cigares. Cependant, il ne vous oublie pas et révise d’ores et déjà ses classiques pour aller voir Pompéi, dont l’affiche nous annonce curieusement d’elle-même qu’il s’agit là de, je cite "La plus grande catastrophe de l’histoire".

Probablement un élan d’honnêteté ou l’infiltration à coups de fouet et de revolver d’un archéologue chez l’infographiste en charge de la question.

On se retrouve donc si tout va bien fort rapidement.

D’ici là, n’oubliez pas de vous détendre avec la partie de Risk en cours, où un joueur essaie de prendre la Crimée pour avoir des renforts en bonus à chaque tour pendant que les autres essaient encore de trouver le Kamchatka sur la carte.

N’oublions pas qu’il existe moult variantes à Risk : dans la nôtre, le joueur français a le droit de dire "C’est paaas bien !" à chaque tour et d’envoyer BHL quand tout est fini.

J’en profite au passage pour répondre à plusieurs questions qu’il va falloir que j’ajoute à la F.A.Q (disponible en haut, pour rappel) :

Mais pourquoi vous ne spoilez que des daubes ?

Peut-être parce que c’est ce qui sort ? Et puis encore une fois : chacun ses perversions. Certains aiment le Time’s Up ou FAUVE, moi, j’aime voir des réalisateurs se vautrer. Mais je vous rappelle quand même que nous vivons une époque où Avatar est encensé, Drive provoque des frissons et La Planète des Singes : Origines a créé un débat pré-oscars. Le problème ne vient pas d’ici, je suis désolé.

On pourrait avoir un menu pour éviter de se taper tout le blog page par page ?

J’y pense très fort puisque je suis complètement d’accord, mais je suis un gros fainéant.

C’est moi ou on dirait que vous êtes plusieurs ?

Pas que je sache. Mais on me pose aussi la question en vrai peu avant de se faire dégager de mon lit, alors je vous pardonne, allez.

Vous critiquez souvent les mêmes défauts dans les films, non ?

Peut-être parce qu’on les trouve, allez, au hasard, à chaque fois ? Mais comme le disait l’autre, la pédagogie est l’art de la répétition. D’où le fait qu’il faille toujours gifler les enfants par paire (de claques, pas d’enfants sinon c’est vite le bordel).

Cela étant dit, et si vous avez d’autres questions récurrentes, n’hésitez pas.

Sur ce, on se retrouve bien vite pour un récit plein de Jon Snow, de lave et bien évidemment, de respect de l’Histoire.


Quand reverrai-je Pompéi ?

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"Et toi, tu ferais quoi si tu avais une machine à voyager dans le temps ?"

Mon voisin se tortille sur sa chaise en faisant des bruits de gorge, les yeux levés vers le lustre qui éclaire notre soirée. A deux reprises, il ouvre la bouche prêt à donner sa réponse, mais ce n’est qu’à la troisième fois qu’il se lance enfin :

"Moi, j’irais neutraliser Hitler pour empêcher la seconde guerre mondiale !"

Tout autour de la table, chacun hoche lentement la tête, du moins, jusqu’à ce que quelqu’un soupire suffisamment bruyamment pour que tout le monde comprenne que la réponse ne l’a guère convaincu. La maîtresse de maison fait doucement tourner le vin dans son verre tout en se tournant vers l’impoli qui a osé critiquer sa si juste réponse.

"Odieux, Odieux… vous n’êtes pas d’accord ?
- C’est-à-dire que pas exactement. Pourrais-je avoir à nouveau un peu de vin moi aussi ?
- Ah, répondez d’abord, votre avis nous intéresse !"

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Mon voisin, vexé, lève son menton vers moi tout en ponctuant son geste d’un "Parce que vous avez une meilleure idée peut-être ?". Devant son ton des plus inconvenants, je regarde ostensiblement ma fourchette puis sa gorge découverte, l’obligeant à instinctivement baisser sa tête en comprenant mon intention. Je m’éclaircis la voix :

"En effet. Déjà, parce qu’aller neutraliser le führer, c’est un peu classique, et puis Alerte Rouge l’a déjà fait. Quitte à neutraliser quelqu’un entré dans l’histoire à grands coups de massacres, pourquoi ne pas neutraliser  Pinochet, Mao, Franco, M.Pokora ou Kim-Il Sung ?  Et puis pourquoi forcément s’intéresser au XXe siècle quand l’Histoire s’ouvre à vous ? Si vous voulez jouer les bons samaritains, je ne sais pas moi : allez gifler Hernan Cortès, achetez un poney à Attila pour l’occuper ou planquez dans la première Bible imprimée par Gutenberg des passages tirés d’Okapi ou des BDs de Pochep."

Un silence gênant s’installe, alors que je sens qu’une autre question flotte dans l’air : heureusement, la maîtresse de maison décide une fois de plus d’intervenir :

"Certes, mais vous Monsieur Connard… que feriez-vous ?
- Moi ? Ho, c’est bien simple : j’irais péter la gueule à Pline le Jeune. 
- Pline le… mais pourquoi ?
- Parce que ce garçon a passé sa vie a écrire des courriers à tout le monde et pour tout. Et comme en plus il était content de lui, il a même publié ses travaux pour qu’aucune génération ne lui échappe. Et vous savez quoi ? Ça a marché.  Parce que du coup, étant une source écrite prolifique d’une époque passée, tout le monde s’est mis à se baser sur ce qu’il racontait. 
- Oui mais… je ne vois pas le problème, cher Odieux !
- Le problème, ma chère, c’est justement ce qu’il racontait : si l’on retrace sa carrière, tout le monde essaie de se débarrasser de lui. L’empereur Trajan parvient même à le faire nommer à l’autre bout de l’empire, mais là encore, Pline lui écrit, jour après jour, pour lui demander, ce qu’il doit faire au sujet de son médecin. Puis de la femme de son médecin. Puis des enfants de son médecin. C’est véridique. Et de manière générale, il fait ça pour tout ce qu’il doit faire, à tout sujet et en faisant ça en vingt courriers parce qu’il était beaucoup trop nul pour être soit clair, soit prendre une décision même très simple. C’est quand même le premier mec de l’histoire dont même l’empereur parvient à faire sentir dans ses réponses qu’il lui casse méchamment les roudoudous avec ses courriers.
- Ce qui n’explique toujours pas pourquoi…
- Pourquoi je veux lui péter la gueule ? Mais enfin ma chère, c’est pourtant évident !"
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Je laisse la phrase flotter un moment au-dessus des convives.

"Parce que c’est l’inventeur du spam !"

Il y a un soupir horrifié, alors que chacun pense à sa boîte qui déborde de courriers de mystérieux emmerdeurs. Quelqu’un dans la pièce s’exclame :

"Son nom me dit quelque chose, oui ! Bon sang, il n’y a pas une histoire avec Pompéi en plus ? Il n’y était pas ?
- Pompéi, le film ?
- La catastrophe.
- C’est ce que je viens de dire.
- Je ne comprends pas…"

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Je soupire à nouveau. Puis, je me résigne à leur expliquer de quoi il retourne : si l’on compte le nombre de victimes, peut-on considérer que le film Pompéi est-une plus grande catastrophe que la sinistre fin de la ville en question ? Sachant que l’éruption a duré plusieurs jours, est-ce une bonne nouvelle de savoir que le film ne fait qu’1h44 ? Et enfin : mais qu’allait faire Jon Snow dans cette galère ?

Ni une, ni deux : spoilons mes bons !

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L’affiche : "No Warning. No escape." Un peu comme une salle de cinéma pour qui n’a pas été averti de ce qu’il allait voir.

Notre film commence… bien.

En effet, tout débute par une citation de Pline le Jeune, qui comme nous l’avons vu plus haut, est déjà une calamité en soi, et ne peut donc annoncer que des choses qui, au mieux feront pleurer, au pire rendront fou. On voit alors furtivement en gros plans différentes parties du corps d’un momifié de Pompéi et… nous retournons un peu en arrière dans le temps.

Nous sommes en 69 de notre ère, et sur l’île de Bretagne, un peuple de cavaliers celtes a décidé de se rebeller, probablement pour faire des trucs de celtes comme écumer les bars à Guinness, jouer de la cornemuse après 22 heures ou taguer les temples romains avec des pochoirs-leprechauns. C’en est trop pour les Romains qui sont fatigués de ces incivilités : ils décident donc de leur péter la gueule. Et y vont avec entrain. Quelques temps plus tard, un enfant du peuple des cavaliers en question est donc tranquillement en train de glandouiller sous sa tente quand, ouvrant celle-ci, il découvre que ah bah tiens, toute l’armée romaine est dans le camp en train de distribuer des coups de pilum à tout ce qui passe.

Ce qui est choquant. Mais pas autant que la vraie information à retenir : visiblement, en 69 de notre ère, la Quechua était vachement mieux insonorisée puisqu’à moins de passer la tête dehors, on ne remarquait qu’à peine un massacre à coups d’épées. C’était mieux avant.

Toujours est-il que notre marmot voit sa famille se faire massacrer sous ses yeux, les légions du légat Jack Bowus ne faisant pas dans la dentelle. Hommes, femmes, enfants, cochons d’Inde, tout le monde y passe et notre petit héros qui répond au nom de "Milo" ne doit sa survie qu’à son incroyable capacité à faire le mort, ce qui le rend à un âge précoce bien supérieur à Marion Cotillard. Sitôt les romains partis, l’enfant rampe pour s’extirper du charnier où on l’a jeté, mais visiblement, ce n’est pas sa semaine : il est aussitôt capturé par des filous qui passaient par là et réduit en esclavage. Ça devait être un lundi.

Qu’adviendra-t-il de Milo le celte ? vous demandez-vous, tremblant. Pas de panique, bons lecteurs : j’y viens.

Allons voir 10 ans plus tard, à Londinium, alors que la ville est balayée par la pluie (forcément), qui nous rappelle une fois encore qu’en 2014, avec 100 millions de dollars de budget, on sait faire un volcan qui explose mais toujours pas une averse puisque l’on distingue assez nettement dans l’eau qui s’abat les mouvements du tuyau d’arrosage qui s’agite au-dessus.  Qu’importe : dans l’arène de la ville, un marchand d’esclaves s’interroge quant aux gladiateurs qu’il va emmener prochainement à Pompéi, prospère cité d’Italie, et pour l’instant, il est déçu, voire carrément bougon. En effet, devant lui, les combats sont vite réglés : trois Thraces mettent leur raclée à tout ce que l’on envoie en face d’eux. Du moins, jusqu’à ce qu’apparaisse Milo.

Désormais simplement surnommé "Le Celte", Milo a bien grandi et a pris des abdominaux pour le plus grand bonheur des spectatrices hétérosexuelles, des spectateurs homosexuels et des sociétés de nettoyage de fauteuils de salles obscures.

Et il sait diablement bien combattre, puisque sans perdre sa coolitude,  il colle une ratatouille aux trois Thraces, et avant que qui que ce soit ne puisse faire le moindre calembour, il jette son épée et repart vers les tunnels sous l’arène sans dire un mot parce qu’il est comme ça, mystérieux et classou, mais ouais. Le marchand d’esclave, bluffé par cette attitude qui n’est pas sans rappeler les plus grandes heures de la série Le Rebelle décide donc bien évidemment qu’il l’emmènera à Pompéi, sinon, le film eut été un peu plus compliqué. Puisque nous sommes encore chauds, accélérons encore un peu le temps et allons du côté de Pompéi où la longue colonne des esclaves destinés aux arènes s’avance sur une route de terre humide, alors qu’à côté d’elle, un chariot progresse lentement.

Soudain, c’est le drame : une roue du chariot se prend un nid de ptérodactyle (une sorte de gros nid de poule, c’est du langage technique), et l’un des deux chevaux de l’attelage se vautre comme une bouse. Et reste au sol à hennir comme un vulgaire joueur de foot.

Visiblement, le cocher n’en a pas grand chose à faire, puisqu’à la place, c’est une jeune et riche romaine qui descend du chariot pour s’inquiéter de ce qu’il se passe, et elle est bien embêtée en voyant le fier animal couché sur le sol, souffrant. Heureusement, parmi les esclaves qui passent à côté, Milo, qui s’exprime avec un doublage quelque part entre Conan et Rocky, se propose d’aider pourvu qu’on le détache. "Ho bin oui, super idée !" dit donc la patricienne qui demande à ce qu’on laisse cet homme s’approcher de son animal. Avec un peu d’insistance, les gardes de la caravane acceptent.

Milo se penche donc sur le cheval et aussitôt…

… lui pète la nuque.

Ah bon. Mais dis-donc Milo, tu ne voulais pas étudier un peu la blessure avant, non ? Au moins la regarder ? Direct le pétage de tête ? Hop ? Nerveux, le garçon. Puisqu’il n’y a plus grand chose à faire de plus, et même si l’on peut désormais jouer à Twiter avec la tête du fier animal comme aiguille, notre homme est aussitôt ramené parmi les esclaves et continue de marcher vers Pompéi. Derrière lui, la jeune femme qui répond au doux nom de Cassia, le suit du regard alors qu’il s’éloigne, le tout, évidemment, la bouche entrouverte, parce que nous sommes en 2014, et si tu sais fermer la bouche, c’est que tu serais bien mauvaise actrice, vilaine lectrice. Maintenant, tu sais à quoi tiens ta carrière. Il n’empêche que Mireille, l’esclave de Cassia, vient se mettre à ses côtés :

"Maîtresse ! Je crois que ce petit rabouin vient de nous feinter d’un cheval.
- Mrngx.
- Maîtresse ? Est-ce moi où vous matez un peu ses muscles qui roulent avec souplesse sous sa divine peau alors que des gouttes de sueur perlent entre ses omoplates de Jon Snow ?
- Hein ? Ho non, hohoho, que vas-tu croire là, hihihi. Non, je me disais "Quel garçon charmant de nous avoir aidé !""

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Pardon ? Tu veux que je te rappelle ce qu’il vient de faire ? Si ça se trouve, ton cheval, il s’était juste un peu foulé et dans 10 minutes il repartait, hein. Mais, allez : peut-être aimes-tu tout simplement les gens qui pratiquent l’euthanasie sur tout ce qui leur passe sous la main. Il faudra juste que tu fasses bien attention à ne pas te fouler la cheville à côté de lui. Mais je m’égare.

Car heureusement, le chariot de Cassia avait un cheval de secours rangé avec le triangle et le gilet fluorescent : elle peut donc reprendre la route en paix et gagner Pompéi, sa ville natale qu’elle vient retrouver après une année passée à Rome. Sauf que sur place, c’est la fête du vin et les rues sont donc encombrées : Cassia propose donc de poursuivre à pied, et trouve l’idée encore plus excitantes quand le cocher, la voyant descendre lui crie "N’y allez pas, madame ! Les rues sont pleines de mendiants et d’ivrognes !" : il faut croire que la bougresse est émoustillée à la seule idée de rencontrer un de ces grands romantiques qui errent dans les rues un cubi de vin de table à la main. Entre ça et les gens qui pètent la tête aux chevaux, je pense que Cassia a des goûts contestables, mais en même temps, si ce n’était pas le cas, elle ne serait pas dans ce film. Tout se tient.

Passons : quelle surprise, à la villa familiale lorsque paraît sur le pas de la porte la fille chérie de la famille de retour de la cité éternelle ! Son père, Papa Cassia, riche marchand, la prend dans ses bras trop heureux de la revoir, et sa mère, Trinitia, vient bientôt se joindre à ces heureuses retrouvailles. Cependant, tout le monde est étonné de la revoir si tôt : est-ce que quelque chose se serait mal passé à Rome ? Et a-t-elle rencontré un homme sur place parce que bon, hein, faudrait pas perdre l’essentiel de vue : elle n’est pas là pour se tourner les pouces. Non et non, répond Cassia aux deux questions avant d’aller aux écuries retrouver son cheval préféré, Chwal. Celui-ci est en pleine forme puisque l’esclave en charge des écuries en a pris grand soin en l’absence de sa maîtresse : il se propose même de le sortir dans la soirée pour aller lui dégourdir les pattes. Cassia accepte, car elle veut que son cheval puisse profiter des verts pâturages autour de la cité et être au mieux de sa forme afin que à son tour, elle puisse le chevaucher les cheveux au vent et sentir la brise lui caresser le visage tout en pleurant des paillettes de bonheur. Quel personnage profond, cette Cassia !

Le soir-même, donc, l’esclave en question sort le cheval pour qu’il aille faire sa promenade, mais alors que dans la nuit, il approche un point d’eau, celui-ci se met à bouillir étrangement et le cheval, effrayé par ce mystérieux phénomène désarçonne son cavalier avant de s’enfuir. Le pauvre esclave râle donc que hé ho, enfoiré de Chwal, reviens ! Mais derrière-lui, c’est trop tard : la terre s’ouvre en deux et bien vite, notre pauvre serviteur disparaît dans le sol qui s’ouvre sous ses pieds. Ho ! Ça alors !

Ailleurs en ville, Milo est lui emmené aux prisons des arènes, où il peut déguster un savoureux brouet à la cantoche locale. Sauf que soudain, des gros Messieurs musclés viennent l’embêter :

"Hé, le Celte !
- Miam mium miom…
- Hé ! Réponds quand on te parle !
- Qu’est-ce que vous voulez ?
- Mon ami là, est Thrace. Et tu as tué son frère dans l’arène sur l’île de Bretagne.
- Ah oui c’est embêtant mais on m’a bien dit de ne jamais laisser de Thraces derrière m…
- Tu arrêtes tout de suite les jeux de mots de merde ou je dis "You know nothing, Jon Sn".
- Nan nan nan c’est super lourd, tout le monde me la fait, c’est interdit, je veux pas l’entendre de ce film, hop.
- Ah, hé, nous aussi on peut faire des calembours prévisibles.
- Très bien. Puisque c’est comme ça, je propose que l’on fasse la bagarre."

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Et donc, c’est la bagarre. Milo parvient à se débarrasser de ses assaillants temporairement grâce à ses petits poings vifs, du moins, jusqu’à ce que les surveillants du coin débarquent et calment tout le monde. Le marchand d’esclaves, qui visiblement, était juste à côté, débarque donc pour faire la morale à ses hommes comme quoi, holalala, c’est vilain de laisser des émeutes éclater : les gladiateurs doivent se taper dans l’arène, en-dehors, ça abîme juste la marchandise. Si seulement il trouvait le con qui organise des combats entre ses propres esclaves puis les enferme dans la même pièce pour voir s’ils vont s’en vouloir ! Mais bon, hein, je dis ça, mais je ne suis pas un expert : je n’ai jamais eu d’esclaves. Seulement des stagiaires. Et tout le monde sait que ça n’a rien à voir : l’esclave, lui, a une chance d’avoir une vie meilleure s’il s’enfuit.

Si je n’avais pas mis de photo des abdominaux, nul doute que j’aurais eu des plaintes en commentaires. C’est chose faite, un peu d’attention à présent.

Qu’importe. Milo est donc mis en cellule avec un autre gladiateur, un grand guerrier à la peau d’ébène qui l’accueille fraternellement :

"J’avais parié deux rations de vin sur ton Thrace d’adversaire, le Celte. J’ai perdu à cause de toi.
- …
- Tu veux jouer les durs ? Très bien. Pour ma part, je m’appelle Atticus. Je suis le champion de tous les esclaves que tu vois ici. Et aux prochains jeux, j’aurai le droit à un duel : si je le gagne, je serai libre. Et toi, comment t’appelles-tu ?
- Nous allons nous entretuer dans l’arène. Je ne donne pas mon nom à ceux avec qui vont tenter de me tuer."
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Mais Milo n’a pas son détecteur de poncifs avec lui, sinon il saurait, car ça ne manque évidemment pas : dès son premier entraînement, le Thrace, grognon après sa baston avec Milo, tente de l’assassiner lâchement, mais Atticus lui sauve la vie. Du coup, à l’occasion d’une scène parfaitement inutile où ça parle des dieux et de leurs projets, Milo révèle son nom : ah bon ? Alors vous n’allez plus vous entretuer ? Vous avez changé de carrière et vous ouvrez une pâtisserie ? J’ai loupé un truc.

Ou le scénariste, allez savoir.

Mais retournons donc du côté de Cassia, qui vit sa vie de jeune fille aisée de l’an 79 : s’acheter de belles robes, des bijoux ou faire du lèche vitrine au marché aux esclaves (la vitrine n’ayant pas été inventée, on attrapait alors toutes sortes de de maladies mais c’est une autre histoire), autant de loisirs qui occupent notre louloute jusqu’à ce qu’elle aperçoive au petit matin son cheval arriver seul à la villa. Non, elle ne s’inquiète pas de savoir où est l’esclave qui était dessus, aussitôt oublié. Et non, aucun villageois n’est venu gueuler au matin que "Tiens, au fait, mon champ a été englouti dans la terre cette nuit." Je veux bien que la population soit habituée aux tremblements de terre, mais des pans entiers de terrain qui disparaissent, bon, j’imagine que ça doit vaguement les titiller. Ou alors, ce ne sont que des villageois super riches qui ne sont pas à quelques hectares prêt et qui roulent en tracteur tuning (ils ont collé des ailerons sur leurs bœufs)

Qu’importe, Cassia a déjà la tête ailleurs, puisqu’elle a repéré depuis son balcon un camp romain qui s’installe aux portes de la ville (parce que oui : en arrivant à Pompéi, la bougresse pouvait se rendre à la ville à pied, mais soudainement, la domus est posée à l’écart de la cité, sur un flanc de la montagne, allez hop, soyons fous) : tiens ? Mais qu’est-ce ? Heureusement, Papa Cassia a la réponse :

"C’est un sénateur de Rome qui vient ici pour me parler des investissements impériaux dans la ville."

Visiblement, ça n’intéresse pas Cassia plus que ça, puisqu’elle ne demande même pas le nom du Monsieur et se contente de se barrer. Mais puisque je sens mon lectorat autrement plus impliqué que Cassia, allons donc voir en ville qui est ce sénateur qui débarque : mais… c’est Jack Bowus ! Désormais monté en grade ! Celui-ci est bien étonné alors qu’il traverse le marché de la ville, il note que tous les citoyens… lui tournent le dos. Ah oui ? Comme ça, hop ? Bon. Jack Bowus va donc rencontrer Papa Cassia, et après quelques politesses, l’interroge quand même :

"Au fait, Papa Cassia, j’ai noté un événement étrange dans votre belle cité.
- Ah oui ?
- Oui, figurez-vous que lors de mon passage sur le marché, tous les citoyens m’ont tourné le dos. 
- Vous exagérez je suppose.
- Vous ai-je parlé de celui qui m’a montré son cul avant d’entonner la Carioca ?
- Heeeeem je… non, ce n’est rien, allons : c’est simplement un tout petit groupe d’opposants, une minorité qui n’aime guère Rome… mais rien qui ne nous empêche de bâtir, ensemble, une nouvelle Pompéi !"

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C’est vrai que c’est crédible : un tout petit groupe d’opposants. Quelle coïncidence que celui-ci ait représenté 100% des gens croisés par le sénateur Bowus ! Quel maître du pipeau, ce Papa Cassia, on dirait du Jean-François Copé. Heureusement, ce dernier (Papa Cassia, pas Jean-François Copé) a plus d’un tour dans son sac et a prévu, pour adoucir les esprits, une grande réception le soir-même dans sa demeure où on célébrera la fête du vin autour de libations conséquentes. Le sénateur Bowus se joint bien volontiers à la fête, et en profite pour découvrir la maquette géante du nouveau Pompéi que Papa Cassia a à lui présenter. Parce que déjà à l’époque, tout le monde adorait faire des présentations avec des maquettes géantes. On a frôlé de peu le passage où il sort ses diapos Powerpoint en marbre.

"Voilà, sénateur Bowus ! Le nouveau Pompéi ! J’ai tout dessiné moi-même avant d’en faire des maquettes parce que je suis marchand bi-classé architecte et passionné de modélisme : il nous faut une arène géante, un port plus grand, un nouveau temple et bien évidemment, des statues un peu partout pour faire choupinet.
- Mmm… c’est intéressant, fier patricien, mais voyez-vous, l’empereur ne souhaite plus investir dans des villes de province. 
- Ho… je vois.
- Mais si ça vous intéresse, je peux investir à sa place !
- Pardon ? Mais ? Ce serait formidable !"

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Ah oui ? Le sénateur Bowus a donc un salaire qui lui permet de reconstruire une ville entière, monuments inclus ? Vous l’avez confondu avec le sénateur Balkanus, je suppose. Papa Cassia en tout cas, qui n’est pas au courant des trous du scénario, tombe donc dedans mais s’étonne lorsque l’homme déclare "Buvons à notre futur accord : que votre fille nous apporte du vin !" D’où il sait que j’ai une fille, l’autre se dit Papa Cassia ? Voilà qui est super suspect ! Mais moins que d’avoir des ressources illimitées de pognon, il faut croire. Ces gens ont vraiment une capacité à s’étonner à géométrie variable.

Jack Bowus essaie de ne pas trop rigoler en voyant les maquettes en allumettes de Papa Cassia.

Au fait : où est Cassia, puisque nous en parlons ? Hé bien ailleurs dans la villa, à sentir la température monter alors que l’on a fait venir des gladiateurs pour servir de gigolos d’un soir pour les riches invitées. Parmi eux, évidemment : Milo. Trinitia, sa maman, est toute émue car elle surprend sa fille à regarder amoureusement la gladiateur. Parce que oui, ça la fait trop rêver : "Hihihi, ma fille est amoureuse d’un esclave, c’est trop choupi !". Pour essayer de convertir la chose selon les standards du monde moderne, c’est un peu comme si votre fille revenue d’Erasmus prétendait n’y avoir rencontré personne, mais que vous la surpreniez à regarder Scrappy le chien avec désir. Logiquement, vous êtes censés avoir moult réactions, mais le verbe "se réjouir" n’est pas sur la liste.

En tout cas, on vient chercher Cassia en lui disant d’apporter du vin au mystérieux sénateur invité à la villa : elle s’exécute, mais en arrivant sur le balcon où il l’attend, elle sursaute :

"Sénateur Bowus !"

Parce que non, elle n’avait toujours pas pensé à demander qui était le sénateur en visite, sachant que pourtant, elle en connait un dont elle ne prononce pas vraiment le nom avec amour. Oui, hein ? Papa Cassia est tout surpris : ils se connaissent ? Ça alors ! Il voudrait bien en savoir plus, mais Bowus explique qu’il aimerait bien avoir une conversation privée avec sa fille. Soucieux de ne pas froisser son invité, le géniteur de notre Romaine à la bouche entrouverte bat donc en retraite et laisse nos deux amis ensemble :

"Cassia, ma douce Cassia, comme je suis heureux de te revoir.
- Sénateur Bowus, je vous ai déjà dit que je n’étais pas une de ces filles qui vous tournent autour à Rome : vous ne m’intéressez pas.
- Douce Cassia, tu dis cela, mais d’une manière ou d’une autre, bientôt mienne et… ho, mais qu’est-ce que ? La terre tremble !"

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Et en effet : un petit tremblement de terre surprend nos amis. Mais rien de grave : dans la région, les gens sont habitués. C’est dommage, car pendant ce temps, dans le cratère du Vésuve voisin, un peu de lave a commencé à faire blub-blub. Elle reste dans son coin, mais tout de même. Cela dit, si les humains semblent peu s’étonner de pareil événement, il n’en va pas de même de Chwal le cheval qui dans l’écurie, a pris peur et est parvenu à se détacher (c’est un escape artist) et commence à mettre la zone dans son coin en tapant sur les murs et en chantant très fort du Zaz. Cassia apprend cela et vite, fonce trouver Milo qui attendait son tour pour savoir quelle vieille habitante de Pompéi il honorerait ce soir. Notre jeune héroïne l’amène devant la porte de l’écurie et lui tient à peu près ce langage :

"Celte ! Tu parles aux chevaux ! Tu m’as aidé sur la route : maintenant, un autre cheval me pose problème, il est apeuré et agressif dans l’écurie, va, tu sais ce que tu dois faire !"

Ah bon, il "parle aux chevaux" ? On a pas dû voir les mêmes scènes. Et non, elle ne lui dit pas "Calme mon cheval !" : elle lui dit juste d’y aller et de s’occuper du bousin, sans autre consigne.

Vu comment il t’a aidé sur la route et la clarté de tes indications, il va rentrer et lui péter la nuque à ton canasson à mon avis. Mais c’est vrai qu’après, il sera bien calmé.

Milo entre donc dans l’écurie, referme la porte derrière lui et s’approche du cheval pour lui poser les mains de chaque côté de la tête (alleeeeeez !) mais… se contente d’apaiser et de rassurer l’animal avant de grimper dessus (hoooo…). Cassia, en entendant plus rien, décide donc d’aller voir à l’intérieur de l’écurie de quoi il retourne et tombe nez à nez avec Milo perché sur son cheval !  Celui-ci commence à lui raconter sa vie, comment il est le dernier d’un peuple de cavaliers, comment il avait une tente Quechua édition de luxe, comment le sénateur Bowus qu’il a aperçu ce soir a massacré sa famille, et comment il est vénèr’. Pendant toute cette conversation, on entend un garde derrière la porte qui braille : "Ouuuhouuuu Madame Cassia ? Vous allez bien ? Je ne vous entends plus ! Il y a bien ces judas juste devant moi pour regarder si ça va mais je ne sais pas comment les ouvrir ? Ouhouuu, Madaaaame !".

Mais vraiment, hein. Alors qu’il doit bien s’écouler de longues minutes où Milo a douze fois le temps de lui trancher la gorge.

Je… bon ?

D’ailleurs finalement, Cassia, toute émue par l’histoire de notre héros décide de grimper avec lui : allez, filons loin de cette villa ! Et claquant les portes de l’écurie en bondissant au-dehors grimpés sur Chwal, tous deux s’échappent dans la nuit tels des Zorros sous acide et commencent à galoper sur les pentes du Vésuve. Mais, Jack Bowus ne s’en laisse pas compter : un vulgaire celte ne va pas lui voler sa promise ! Il envoie donc un détachement de cavaliers poursuivre nos héros, et ces derniers finissent par s’arrêter sur les flancs du volcan. Cassia tapote le dos de Milo :

"Je vais descendre ici ! Je vais les retarder, leur dire que cette fuite, c’était mon idée, c’est la vérité ! Toi, prends le cheval et fuis !
- Non, j’assumerai les conséquences de mes actes : sinon, ils te le feront payer !"

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Ah, d’accord. Du coup, quel était donc le plan, bonnes gens ? Fuir, oui, mais en fait non, mais en fait je crois qu’il y a du rab de fruits de mer, on y retourne ? J’avoue ne pas saisir. Ou alors, c’est juste que cette scène n’a aucun sens.

J’hésite, j’hésite. Ce film est d’une telle qualité.

Cassia et Milo se rendent donc aux hommes de Bowus qui s’avance, triomphant :

"Hé bien, voici mes fugitifs ! Que pensais-tu faire avec cette belle romaine, esclave ? Tu mérites un châtiment : la mort ! 
- Sénateur, arrêteeeez ! 
- Oui Cassia ? Que veux-tu, douce créature de mes nuits ? Que j’épargne ce pourceau ? Et… qu’aurais-je en échange ?
- Vous… vous me faites chanter ?
- Tout à fait. 
- Si vous l’épargnez vous aurez ma… heu… gratitude ?
- Hé bien voilà ! Je l’épargne !"

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Pardon ? Tu es un super méchant, et tu troques la vie du héros contre… un mot gentil ?

"Et si tu me dis que j’ai une jolie cape, je me lance dans l’humanitaire"

Que… tu es un gros panda en fait ? Tu veux juste des gros câlins, c’est ça ? Qu’on te gratouille le ventre ? Ah, bravo le méchant ! Quel gros naze. Toujours est-il qu’il se tourne vers Milo :

"Esclave, tu dois être puni, tu le sais. Mais cette romaine, pour des raisons que je préfère ignorer, tient à ce que tu restes en vie. Tu as le choix : soit tu prends 15 coups de fouets, soit on fait une chorale qui chante en canon "You know noth-
- Je vais prendre le fouet. C’est bien, le fouet."

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Et ainsi, Milo reçoit donc quinze coups de fouet avant d’être rebalancé comme une grosse daube dans sa cellule d’arène où il bougonne pendant qu’Atticus le soigne (et désinfecte ses plaies à l’alcool parce qu’il maîtrise le concept comme tout le monde à l’époque, tout ça) et tous deux discutent du fait que si le sénateur Bowus est sur la route de Milo, c’est que le destin veut qu’il venge sa famille. Milo en profite pour avertir Atticus : les Romains lui ont promis la liberté après un dernier combat ? Qu’il se méfie d’eux.

Ça tombe bien, puisque dès le lendemain, pour célébrer la fête du vin toujours, on organise des jeux dans l’arène. Et à la grande surprise d’Atticus… on annule son combat en duel contre Milo qui devait clore les jeux et lui permettre de gagner la liberté ! Le sénateur Bowus souhaitant se débarrasser de Milo, il a ordonné qu’il combatte dans l’arène dès le début des jeux et y meure. Atticus est donc envoyé avec lui parce que… heu… mais si… vous savez ? Le truc, là, la bonne raison, tout ça ! Non ? Bon, bref, ils se retrouvent tous deux envoyés avec d’autres dans l’arène et se retrouvent enchaînés à une espèce de décor celtique (à ne pas confondre avec la panique du même nom, rangez-moi immédiatement cet album de Manau) au milieu de l’endroit, alors que d’autres gladiateurs, bien plus nombreux et déguisés en soldats romains, entrent pour venir les massacrer.

En effet, pour célébrer la venue du sénateur Bowus, on propose d’ouvrir les jeux par une reconstitution de sa fière victoire sur les cavaliers celtes (oui, le Monsieur n’a qu’une seule victoire à son actif il faut croire, et ça tombe bien, c’est celle sur le peuple de Milo). Bowus est donc aux premières loges, avec à ses côtés Cassia, Papa Cassia et Trinitia pour ouvrir les festivités, et se réjouit de voir Milo devoir mourir dans l’arène.

Sauf qu’évidemment, rien ne se passe comme prévu : tous les gladiateurs se font massacrer par ceux jouant les romains, sauf bien sûr Milo et Atticus, qui leur mettent la raclée de leur vie en retour juste équipés d’un slip et d’une demi-épée. D’ailleurs, vous vous souveniez qu’ils étaient enchaînés ? Et bien en fait, jamais les chaînes ne les arrêtent. C’était quand même pas compliqué pour la réalisation : il suffisait d’attacher un acteur à une chaîne. C’est tout, et c’était bon. Et bien même ça, ils ont payé un supplément pour le rater : la chaîne est tellement longue que sa seule présence dans le film est justifiée par le fait que Milo vole un cheval à un type de l’arène, puis fait tout le tour de ladite arène, sa chaîne au pied, qui ainsi tendue renverse les derniers faux soldats romains sur son chemin (et non, ils ne se relèvent pas, ça les tue net il faut croire).  Expliquez-moi donc l’intérêt d’enchaîner un gladiateur si la chaîne est suffisamment longue pour qu’il puisse aller partout dans l’arène ? Je veux dire : à part pour caser une incohérence et une scène d’action qui fleure bon l’étron chaud ?  Au passage, Milo attrape même l’aigle impérial de la bannière des faux romains et la brise sous les acclamations du public, parce que oui, à Pompéi, on aime pas Rome. Ah bon, c’est un peu le OM-PSG de l’époque ? Et quand bien même : depuis quand le public est-il censé se réjouir de voir un barbare péter le symbole de son empire ?

Là encore : je n’ai pas bien saisi. J’étais trop occupé à pousser les pieds de l’historien qui s’était pendu devant moi et qui me gênaient pour voir l’écran.

A la fin du combat, Atticus est colère, car on lui a volé son combat qui aurait dû le rendre libre, quant à Milo, il se saisit d’un pilum au sol… et le jette droit vers Jack Bowus !

Mais quelqu’un s’interpose et arrête le projectile d’un coup d’épée parce que oui, c’est probablement un ninja :

Severus, le bras droit de Bowus, qui avait participé au massacre du peuple de Milo.

La montagne, probablement elle-même consternée par cette scène, fait alors trembler le sol et ça panique un peu dans l’arène tant la secousse est plus forte que d’habitude : Bowus a tôt fait de calmer tout le monde grâce au mégaphone intégré dans sa gorge qui fait que quand il parle, tout le monde l’entend, même par-dessus les hurlements, et il annonce que c’est un signe : Vulcain veut que le héros de l’arène, Milo (ah bon, tu n’as pas remarqué qu’il y avait encore Atticus ?) se batte en combat singulier contre le champion de Rome, Severus !

Certes ? Pourquoi pas ? Et le public, lui, il revient direct applaudir comme si de rien n’était ? D’accord. Je vous la refais :

"Haaaa ! Le sol tremble si fort que même nous habitués, trouvons ça terrifiant ! On va tous mouriiiiiiiiiir !
- Oui, mais il va y avoir un DUEL !
- Hooooooooooooooooooooooooo ! Attendez, on revient ! Pousse toi de ma place, enfoiré !"

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Intéressant.

Le duel s’engage donc et Milo est en mauvaise posture, quand cette fois-ci, la terre se remet à trembler, et pour de bon : une partie de l’arène s’effondre et des fissures dignes de 2012 s’ouvrent dans le sol (mais si, vous savez, les fissures qui tapent toujours là où est le héros et le suivent quoiqu’il fasse) et engloutissent Milo et Severus, les amenant dans les sous-sols où ils se relèvent péniblement.

"Severus… tu vas mourir…
- Milo, tu as eu de la chance, j’allais te porter le coup final… tu dois être protégé de Juno Curitis ou Juno Sospita… ou peut-être Juno Nossing ?
- Juno Nossing ?
- Juno Nossing, John Sn…
- AH PUTAIN !"

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Avant que Severus ne puisse finir sa phrase, Milo lui colle une ou deux patates, puis ouvre les cellules des gladiateurs puisque plus on est de fous, plus on rit. Severus s’enfuit donc puisqu’à 1 contre 20 monsieur musclés dans des caves, il sent comme de vagues faits divers lui revenir à l’esprit. Prendre la tangente paraît donc fort raisonnable pour le bougre.

La scène des chaînes : en plus, ils en ont mis plein pour bien montrer que logiquement, elles sont censées s’arrêter à quelques mètres du monument celte.

Jack Bowus, lui, depuis la loge VIP a passé ses ordres :

  • Déjà, il a demandé Cassia en mariage parce que les jeux de l’arène, c’est un peu comme faire sa demande au stade : plus romantique, tu meurs
  • Il a expliqué à ses parents que si elle ou eux refusaient, il raconterait à Rome que ce sont de sales traîtres et ils mourraient. Ah oui, proposition sérieuse, donc.
  • Et pour mettre Cassia en sécurité maintenant que la terre tremble et que c’est le souk, il a demandé qu’elle soit ramenée à sa villa et enfermée jusqu’à ce qu’il revienne

Sauf qu’avec le dernier tremblement de terre, la loge VIP s’est effondrée peu après le départ de Cassia, et a à-demi écrasé Trinitia. Quant à Papa Cassia, lui s’est dit, après toutes ses menaces, que pendant que le sénateur Bowus était inconscient après s’être pris un caillou sur la tête, il pouvait le tuer. Mais évidemment, puisque plus de poncifs, ça devient compliqué : le larron ouvre les yeux soudainement au dernier instant et retourne le canif de Papa Cassia contre lui. Ce dernier en meurt donc.

Mais déjà, il y a plus urgent :  la montagne vient d’exploser et commence à cracher du feu, tout le monde essaie donc de filer vers le port où les galères devraient permettre de trouver la sécurité au large. Jusque là : ça se tient, puisque ce sont les parties du script qui n’ont pas été écrites par l’équipe du film. Profitez-en donc : c’est logique. Jack Bowus essaie donc lui aussi de gagner les galères pour mettre les voiles (hohoho).

Hélas, de la montagne tombent de véritables roches enflammées qui commencent à ravager les maisons, le port et les gueules des passants, puisque la montagne, elle est comme ça, elle est plutôt favorable à la lapidation. Et comme elle n’aime pas trop les méchants, le marchand d’esclaves qui était le cruel propriétaire de Milo et qui est parvenu à s’acheter une place sur une galère en abandonnant des innocents, voit bien évidemment un gros caillou venir couler le navire. Ah non mais le Vésuve, c’est  le Simo Häyhä des parties de Touché-Coulé. 

Et non, Simo Häyhä n’était pas un champion historique de Touché-Coulé, mécréants.

Passons, car u côté de l’arène, Milo et Atticus ressortent du sous-sol pour découvrir les tribunes désertes et le ciel en feu : voilà qui n’est pas banal. Ils entendent aussi gémir : c’est Trinitia (oui, aucune autre personne dans l’arène ne gémit, ils sont sympas quand même) qui appelle Milo pour l’implorer d’aller sauver sa fille, enfermée dans sa villa à flanc de montagne, évidemment. Milo et Atticus se divisent donc en deux groupes de un : Atticus ira au port en faisant plein d’actions héroïques sur son passage pour bien souligner que c’est un gentil, pendant que Milo ira sauver Cassia et rejoindra Atticus sur les quais une fois qu’il aura libéré la princesse qui aimait les chevaux de sa pris… attendez, attendez, non ? Personne n’a utilisé des éléments aussi pourris quand même ?

Seigneur : une princesse, de la lave, des boules de feu, une prison, un héros moustachu, l’Italie : je pense que Jack Bowus va devenir Jack Bowser sous peu.  Vivement Pompéi II – Super Milo Kart.

Allez, allez : finissons cette daube, puisqu’il le faut : Atticus galope donc follement au travers des rues de Pompéi, et malgré les rochers qui explosent de partout, s’arrête pour sauver une petite fille qui est tombée, ramasser un vieux, ou chercher un chat dans un arbre. Il est sympa, ce Atticus quand même. Sauf qu’une fois au port, alors que toute la foule se presse sur les quais et que les navires se dépêchent de se barrer, les tremblements de terre provoquent un tsunami : voyant une grosse vague arriver droit sur lui, Atticus file en sens inverse, et alors qu’il franchit les remparts entre le port et la ville, une vague arrive en portant avec elle une galère bien mal en point, et figurez-vous que la galère, en s’enfonçant pile-poil dans les portes de la ville…

… fait un barrage parfait.

Vous avez le droit de pleurer tellement c’est nul. Allez-y, laissez-vous allez. Voilà, voilààà.

On a bien évidemment le droit à un plan où on voit nettement Atticus s’arrêter de courir sitôt la galère bloquée dans la porte, parce que oui, il a deviné ce qui allait se passer, que la galère allait tenir, et que la vague du tsunami était exactement de la taille des remparts, il peut donc se poser cinq minutes et attendre Milo.

Misère. J’espère qu’aucun archéologue ne lit ce spoil.

Milo, de son côté se rend à la villa pour sauver la belle : il y a bien Mireille qui voudrait les accompagner, mais comme il n’y a plus de place pour elle dans le scénario, hop, une fissure s’ouvre pile sous ses pieds (j’insiste : la montagne vise bien) et avale notre esclave. Désolé Mireille. Nos héros retournent donc tous les deux vers la cité, où la situation a empiré : une pluie de cendre a commencé à tomber.

Mais pas sur tous les plans.

Et du coup, pas sur tous les gens.

En chemin, et parce que le réalisateur avait la flemme, une pluie de petits cailloux tombe et tue TOUS les habitants, sauf les personnages principaux. Voilà, en 5 secondes, c’est plié : nos loulous sont les seuls à penser à se planquer sous une porte cochère. Puis, notre couple rejoint Atticus en poussant de grands cris :

"Atticus, non ! Ho non, il est mort : regarde, il est déjà tout couvert de cendres et de suie !
- …
- Ho. Attends, non, il va bien en fait. Désolé mec, méprise."

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Sur ce plan, on constate ainsi parfaitement qu’il y a une pluie de cendres et de… de… zut, quelqu’un a encore oublié, c’est bête !

Atticus, Cassia et ce gros raciste de Milo se demandent donc comment fuir la ville, à présent ? Une seule solution : des chevaux ! Rah, si seulement quelqu’un avait pensé à en prendre à la villa, hein ? Ou si seulement on était dans l’antiquité et que des chevaux, hé bien il y en avait près des chariots, des postes, des points de passage, des gardes… mais pas de problème : il y en a aux arènes, ils doivent encore y être ! Ni une, ni deux, tout le monde retourne donc sur place, l’occasion pour Cassia d’aller voir le corps de ses parents, et où non seulement le corps de papa bouge un peu (c’était vendredi, il était 16h47 et ils n’avaient plus le temps de refaire la scène, j’imagine), mais où on constate que la cendre, visiblement, tombe uniquement en gros morceaux façon cotillons, et uniquement sur les joues des gens.

Moi aussi, à ce moment là dans le cinéma, je sentais l’asphyxie me gagner.

Sauf que Milo et Atticus, partis chercher des chevaux, découvrent que les Romains sont là et les ont déjà pris ! Parce que oui, les Romains avaient un camp et plein de chevaux, mais eux aussi vont se fournir aux arènes, sans raison.  Sur place, Jack Bowus a fait atteler un chariot avec quatre chevaux (et non, ses hommes ne gueulent pas qu’il pourrait en laisser pour les autres, même en pleine apocalypse, ils n’ont pas une ligne de dialogue pour dire qu’ils n’ont pas envie de rester là à mourir comme des cons et qu’en plus un chariot, c’est super pas pratique vu la situation) et s’enfuit  après avoir capturé Cassia qui pleurait sur le corps de ses parents. Milo et Atticus arrivent trop tard, non sans avoir tué jusqu’au dernier soldat romain anonyme sur leur route : Bowus s’enfuit, et laisse derrière lui Severus, qui doit lui aussi, avoir envie de mourir, pour les retarder. Milo et Atticus se divisent à nouveau en groupes de un : Milo ira sauver sa belle, et Atticus s’occupera de Severus.

Milo utilise donc son sort de 5e niveau "Apparition du Chwal majestueux" et se retrouve donc à poursuivre dans les rues de Pompéi l’ami Jack Bowus, le tout monté sur Chwal, qui ne devrait pourtant pas être là. Incohérences toujours, sachez aussi qu’alors que les rues étaient toutes bourrées de gens, tous morts il y a quelques scènes de cela justement pour être restés au beau milieu de la rue, les dames de service sont passées et ont viré tous les cadavres des rues (c’est l’effet Frankenstein : les villes vides, c’est plus facile à gérer). Idem, il n’y a pas un gravât ou nid de poule : Bowus file au milieu de Pompéi avec son chariot et Cassia attachée à l’arrière, le tout comme sur une autoroute (française, l’autoroute, parce que belge, il faisait 50 mètres et il pétait ses suspensions). Derrière lui, Milo et son cheval galopent tant qu’ils le peuvent, et alors qu’autour d’eux les projectiles fusent, ils traversent sans ciller les nuages ardents des explosions produites par les chutes de cailloux. Ah et évidemment, ils n’ont aucun problème pour respirer non plus. Et non, ils n’ont même pas l’air un peu noircis, tout va bien : ce n’est jamais qu’un petit volcan de rien du tout.

Bref, on dirait une course poursuite… dans un studio et sur fond vert ?

Roooh, qui a dit ça ?

Finalement, et alors que Cassia se découvre une passion pour le crochetage de ses propres chaînes, activité aisée sans véritables outils, derrière un chariot qui roule à fond le tout en pleine éruption volcanique, Bowus finit par perdre le contrôle du véhicule et se vautre. Milo bondit donc, et s’ensuit l’habituel combinaison duel/lieu désert/mon arme glisse au sol/raaah coup de poing/ha, je peux presque l’attraper suivie de la mort de Bowus, vaincu par Milo, qui peut donc libérer Cassia et partir au triple galop loin de la ville.

Surtout que le volcan vient vraiment de se fâcher et qu’une nuée ardente en descend des flancs droit vers la ville.

Nos héros sont-ils sauvés ? Quel suspens !

Atticus, lui, se bat contre Severus mais ne parvient à tuer son adversaire qu’après avoir été lui-même mortellement blessé : voyant la nuée arriver sur lui, il se lève et ouvre grand les bras pour accueillir la mort en homme libre, parce que c’est beau. Tellement beau que moi, ce que je regardais, c’était le sol de l’arène qui s’était magiquement reconstitué alors qu’il s’était effondré en partie quelques scènes plus tôt. Je ne dois pas être assez poète.

Milo et Cassia, eux, voyant ce qui leur arrive sur le cucu, arrêtent soudain leur cheval parce que… qu’ils… que… bon, bref.

"Continue sans moi Cassia ! Le cheval n’ira pas assez vite avec nous deux dessus !
- Non, je reste avec toi ! Je ne pourrai pas vivre sans toi !"

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Ah, hé bien la revoilà la pluie de cendres !

Acceptant leur destin, nos amants maudits chassent donc Chwal d’un geste pour lui donner une chance, et alors que la nuée arrivent droit vers eux, Milo se penche vers son aimée :

"J’ai une dernière chose à te dire : je le sais à présent, je t’aime !"

Ils s’embrassent donc tendrement, et Cassia écarte ses lèvres seulement pour mieux les approcher de l’oreille de son amant :

"Moi aussi j’ai quelque chose à te dire." dit-elle alors que la nuée mortelle n’est plus qu’à quelques mètres d’eux. Elle articule alors très lentement, tout contre lui, ces derniers mots :

"You know nothing, Jon Snow."

"SAAAAAAAAAAAAAAALOOOOOOOOOOOOOOOOOO-"  répond Milo avant que la nuée ne les prenne tous les deux et qu’ils disparaissent dans les cendres et les flammes qui dévalent sur l’Italie antique.

Nous redécouvrons alors ce que nous apercevions au début du film : la vision d’humains momifiés par l’éruption, et plus exactement, celle de nos deux amants figés pour l’éternité dans leur dernière étreinte.

Et avant que l’on ne puisse se moquer de l’expression de haine viscérale de Milo…

… FIN !

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"Tout cela ne répond pas à ma question : était-il à Pompéi ?"

Occupé à simuler la nuée ardente arrivant sur le couple maudit à l’aide de la moussaka du dessert et d’une paire de spéculos, je décide au vu du peu d’enthousiasme des autres convives de me rasseoir en prenant l’air serein que l’on me connait.  J’interroge :

"Qui ?
- Ben, Pline le Jeune ! Vous nous assommez depuis deux plombes avec votre film, là, mais Pline le Jeune, dans l’Histoire, il était vraiment à Pompéi ?"
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Je jauge mon interlocuteur dont le ton ne me plait guère, en me demandant à quel moment il va subir une trachéotomie au spéculos aussi approximative que foudroyante. Mais sentant remonter en moi la lointaine époque où je dissipais l’ignorance d’élèves confiés à mes soins par des parents naïfs, je décide d’agir : respoilons, mes bons !

BONUS

Le spoiler HISTORIQUE ! Professeurs de latin et d’histoire qui me lisez, merci de mettre vos cours à jour si vous n’enseigniez pas cette anecdote.

Nous sommes par un bel après-midi de l’an 79, à Misène, petite ville d’Italie située à l’extrémité de la baie au pied du Vésuve, et d’où l’on peut clairement voir Pompéi. Ce jour là, à la plage, c’est la grosse ambiance : figurez-vous qu’entre les vendeurs de chouchous et la parade amoureuse des maîtres nageurs, on vient d’apercevoir, au loin, la montagne appelée Vésuve exploser, ce qui n’est pas banal. Une fumée noire emplit le ciel et celui-ci paraît de feu ; on aperçoit les galères quitter la ville à folle allure, mais c’est sans compter sur…

… la PLINE TEAM !

Pline le Jeune est en effet en vacances chez son oncle, Pline l’Ancien, probablement parce que ses parents, Pline l’Âge Mûr et Plinette La Bien Conservée sont à la Bourboule à se faire masser par des Gaulois pour oublier ce qu’ils ont mis au monde suite à une bacchanale où quelqu’un avait ramené des vins d’Hispanie. Tout Misène s’immobilise en voyant apparaître sur les quais de la ville la paire de Pline ambulante : vont-ils arrêter le volcan d’un regard ? Ouvrir la mer en deux pour offrir un passage sûr aux réfugiés ? Ou bien combiner des galères pour former Mégazord ? Non : Pline l’Ancien a plus simple. Il se tourne vers son neveu et s’exclame :

"Vite, Pline le Jeune : j’ai un navire rapide, et un de mes amis vient de m’appeler à l’aide, nous devons aller aider ces pauvres gens ! Et approcher cet étrange phénomène vulcanique !"

Pline le Jeune observe son oncle, et alors que les vents agités par la sombre tempête font battre sa toge contre ses cuisses musclées, Pline le Jeune n’hésite pas et répond :

"Non, j’ai du travail."

Ce n’est pas une blague : Pline le jeune a vraiment répondu ça, c’est lui-même qui le dit. Mais non, il n’avait pas peur, hein, rien à voir avec tous ces bruits liquides que le volcan a couvert et cette toge que même l’esclave blanchisseuse n’a jamais pu récupérer tant celle-ci ressemblait désormais à une sorte de Saint-Suaire de Maître Ki-Adi Mundi. Pline le Jeune explique donc très sérieusement que oui, il avait un truc vachement plus important à faire que d’aller sauver des gens en difficultés tout en étudiant un phénomène inconnu : probablement faire son cahier de vacances.

Pline l’Ancien part donc seul sur son fier navire, pendant que Pline le Jeune écrira un récit à sa propre gloire (qu’il enverra en plus à Tacite ensuite, parce que spam ! Fuck yeah.)

"Quel héros, ce Pline l’Ancien !" me direz-vous.

Sauf que moyennement : le bougre franchit la mer déchaînée, échappe au déluge de pierre qui tombe du volcan, atteint la domus de son ami qui l’avait appelé à l’aide, le rassure ainsi que ceux de son foyer, puis repart vers les navires pour voir s’ils peuvent repartir et… meurt, comme ça, pouf.

Pline le Jeune dira "C’était les fumées !"

L’Histoire dira "Oui enfin aucun de ses potes n’a eu le moindre problème : ça ressemble à un infarctus." et retiendra donc que Pline l’Ancien a défié le Vésuve sans ciller, mais est mort d’avoir repris du cake aux olives une fois de trop.

Ce qui explique que si bien des prénoms romains nous sont parvenus, vous savez désormais pourquoi "Pline", curieusement, on a préféré l’oublier.

Inutile de me remercier : allez donc briller en société !

Et si vous inventez une machine à voyager dans le temps : appelez-moi.


Réussir son selfie (sans aide)

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Il existe bien des moyens de crier au monde que vous êtes seul.

Vous enfermer pour écrire de brûlants poèmes sur le monde qui va mal, vous retirer dans un monastère pour vous trouver dans la prière ou plus prosaïquement, utiliser Google +, bref, ce ne sont pas les méthodes qui manquent. Pourtant, depuis quelques temps, une pratique solitaire qui n’est pas – encore – réprouvée par le Pape fait son chemin : le selfie. Jour après jour, jeunes gens et vedettes se prêtent à ce hobby innocent et inondent le net de photographies toutes plus relayées les unes que les autres alors que le phénomène n’a de cesse de prendre de l’ampleur.

Aussi, et comme mon éducation de gentleman me pousse à aider mon prochain, particulièrement quand il s’agit de faire une connerie, aujourd’hui je vous propose d’apprendre à réussir votre propre selfie, tout seul comme un grand.

Inutile de me remercier : je sais que vous l’espériez secrètement.

Prêts ? Alors en route.

Réussir son selfie (sans aide)

Définition du selfie

Le selfie, prononcez "Sel-fi", est un nom masculin qui désigne l’art de se prendre en photo seul, de préférence devant un fond inintéressant au possible, pour ensuite partager le tout avec le maximum de monde via les réseaux sociaux. A noter que le selfie peut aussi être pratiqué à plusieurs, ce qui est un contre-sens complet, mais comme c’est un concept déjà très con en soi, on ne va quand même pas lui demander de tenir la route au moins le temps de sa propre définition.

Exemples :

"Bonjour Madame de la propriété intellectuelle, j’aimerais déposer un concept consistant à partager des photos plus ou moins ratées de soi sur un fond moche. Ça s’appellerait le selfie.
- Désolé Monsieur, un certain Jean-Jacques Photomaton est passé avant vous et a breveté le concept, il faut partir maintenant."

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"Ce qui est bien avec les selfies, c’est que le jour où je réussis mon coup d’état, j’ai toutes les photos des gens à éradiquer."

"Je déteste les gens égocentriques, putain. Tiens au fait, j’ai refait des photos de moi, tu en veux ? J’adore les selfies !"

Histoire

Une légende urbaine voudrait que le selfie soit une activité récente née avec l’arrivée des smartphones et de Twitter, permettant ainsi de poster aisément des photos entre deux messages portant sur les retards du RER B, le programme télé ou autres messages essentiels qui font de Twitter un site incontournable pour s’informer ou subir une lobotomie, c’est selon. Pourtant, il faut savoir que le selfie est une pratique bien plus ancienne qu’on ne veut bien le croire. Ainsi, récemment, le cardinal Gianfranco Ravasi déclarait depuis le Vatican (et c’est véridique) que Jésus était "le premier utilisateur de Twitter puisque celui-ci s’exprimait principalement par des phrases concises de moins de 140 caractères". Ce serait sous-estimer l’homme au périzonium (c’est le nom latin de son slip, ignorants) puisque rappelons qu’il faut ajouter à ces phrases courtes le fait que Jésus parlait souvent dans le vide, avait des followers et que le jour où son compte s’est fait bannir pour non respect des conditions d’utilisation de l’époque, ses dernières paroles furent "Je quitte, j’appuie sur la croix #lol #xptdr". Ne manquait plus à son palmarès qu’un selfie : l’homme nous a livré le premier de l’Histoire, et accessoirement le plus relayé.

A noter que tant qu’à parler de créatures magiques qui reviennent d’entre les morts, d’autres tenteront de copier le succès du fameux pionnier du selfie mais sans jamais égaler son succès.

Par la suite, bien évidemment, l’évolution de la technologie permettra à de petits nouveaux de se lancer, comme Gustave Courbet (à ne pas confondre avec Julien) et son célèbre autoportrait, nom technique donné au selfie quand on a que de la gouache sous la main, puis avec l’arrivée de la photographie, chacun pourra se prendre en photo chez soi dans une sorte d’onanisme pictural des plus impressionnant. Mais le phénomène n’explosera tel un pétard dans une bouse que lorsque les réseaux sociaux s’ouvriront et ne seront plus, par exemple, uniquement réservés aux fils de Dieu, ces gros chouchous.

Méthode

Comment faire pour vous aussi rejoindre la communauté des pratiquants de cet art étrange ? Comment réussir, à votre tour, à vous humilier publiquement ? Rassurez-vous, aucun talent particulier n’est nécessaire. Aucun talent tout court d’ailleurs. C’est même souvent à cela que l’on reconnaît les pratiquants.

1. Trouver le sujet

Il est dit qu’en matière d’art, trouver son sujet est la partie la plus difficile. Heureusement, il existe une méthode simple pour trouver le sujet de son selfie, un questionnaire permettant de se dépatouiller. Allons-y donc.

1) Sais-je qui je suis ?

A) Oui, je suis plutôt certain.

B) Tout le monde sait qui je suis.

C) Non : je pensais par exemple être quelqu’un de gauche, mais je viens de découvrir que j’étais au gouvernement.

2) Suis-je un sujet intéressant ?

A) Non.

B) Oui.

C) Je viens de vous dire que j’étais au gouvernement, je pense que ça répond à la question.

3) Ai-je quelque chose de particulier à montrer ?

A) Non.

B) Oui : blessure de guerre, chirurgie faciale ou habile cadrage qui montrera par accident mon décolleté fourni.

C) Plus depuis mai 2012.

Si vous avez un maximum de A :

Vous n’avez rien à dire et rien à montrer ? Bravo, vous êtes le candidat idéal pour un selfie. Avec un profil pareil, vous êtes probablement particulièrement actif sur les réseaux sociaux par ailleurs, ce qui ne fait de vous qu’un meilleur sujet pour cette pratique solitaire. Vous êtes donc prêt pour faire des photos de vous-même vous-même, si je puis dire.

Si vous avez un maximum de B :

Vous avez quelque chose à montrer, du coup, on pourrait vraiment penser que vous avez de bonnes raisons de prendre une photo de votre personne. Ce qui retire une grande partie de l’intérêt du selfie, qui est, pour rappel, qu’il n’en a aucun. Réfléchissez donc bien à ce que vous allez faire.

Si vous avez un maximum de C :

Vous n’avez franchement pas de bol.

Si vous avez un A, un B et un C :

Vous êtes probablement un lecteur qui se fout de la gueule du monde. Je note votre nom.

Ici, un selfie de 1914 raté : en effet, un fantôme y a fait du photobombing, donnant de l’intérêt à l’image. On peut donc parler d’un échec.

2. Trouver l’endroit

Maintenant que vous avez décidé de vous prendre en photo, encore faut-il trouver l’endroit où le faire. Il existe plusieurs grandes écoles :

  • Le lieu incroyable

Monument historique, manifestation populaire ou rencontre au sommet : autant d’endroits où une photo pourrait intéresser des gens de manière générale, ce qui en fait une excellente raison pour à la place, prendre une photo de vous qui cache la moitié de ce qu’il y a à voir. C’est vrai, quoi, entre votre binette et l’endroit où vous êtes, qu’y a-t-il de plus important ? Rappelons l’argument phare des amis du selfie : "Oui mais je prends cette photo pour montrer que j’y étais à mes amis." Certes, mais d’habitude, les amis sont généralement des gens qui n’exigent pas de preuve photographique quand vous leur annoncez être allé quelque part. Sinon, n’hésitez pas à leur fournir la vidéosurveillance du supermarché quand vous leur racontez être allé faire les courses, hein.

Logique

Récapituler, c’est important.

  • Le chez vous

Quand on a nulle part où aller, chez soi, c’est pas mal non plus (d’où une pratique du selfie très limitée chez les SDF, CQFD). Le selfie peut alors prendre tout son sens, puisqu’à partir du moment où vous vous photographiez à domicile, et étant donné le peu d’intérêt de votre personne, tout l’Internet va jouer à son jeu préféré : chercher le détail qui tue dans l’image. Poster de Garou, ordinateur de 1997 ou slip qui traîne, le selfie devient simplement une nouvelle page du grand "Où est Charlie ?" quotidien du web. N’hésitez donc pas à disposer sur l’image divers objets plus ou moins discrets qui feront la joie de tous ces travailleurs qui, au lieu de faire leur tableau Excel, sont en train de ne rien branler sur Facebook. Vous illuminerez leur journée. Avec un peu de bol, ils vous enverront un Powerpoint avec des oursons pour vous remercier avec en objet "Fw : Fw : Fw : A lire absolumant !!!!". Vous serez entre gens qui se comprennent.

  • Les toilettes/la salle de bain

Lieu préféré de la plupart des amateurs de selfie, c’est un classique. En effet, on y trouve généralement en miroir qui permet de faciliter la prise de la photo, et il est donc aisé d’y réussir ses plus belles images. A noter cependant qu’il est recommandé d’utiliser des salles d’eau privées, puisque si jamais vous prenez 20 minutes dans des toilettes publiques pour saisir toute la majesté de votre binette, vous risquez d’entendre derrière vous les plus grands morceaux de Bach rejoués par des instruments organiques : cela pourrait quelque peu vous déconcentrer. Ou même votre présence pourrait elle aussi gêner le pauvre homme qui gémit en priant pour votre départ dans l’espoir de pouvoir relâcher ses flancs sans se synchroniser avec des toussotements. Je sais que vous l’avez fait l’autre jour chez des amis. Inutile de nier.

3. De l’importance du cadrage

Vous êtes fin prêt et dans un lieu où vous pensez qu’il sera essentiel de prendre une photo de vous ? Excellent, vous pouvez donc passer à la suite : le cadrage. Là encore : pensez mauvais.

Appareil tenu de travers, bout du menton qui n’est pas dans le cadre, centrage merdé, allez-y de bon cœur et utilisez ce moyen mémotechnique simple : "Que ferait Michael J. Fox à ma place ?". Vous aurez alors tous les secrets d’un cadrage de selfie réussi. Pour vous Mesdemoiselles, vous pouvez aussi penser "Que ferait Sophie Marceau à ma place ?" si votre objectif est juste de montrer, par le plus grand des hasards, un bout de décolleté. Et de le diffuser sur Twitter. Petites prétentieuses, je suis outré (et pas seulement parce que je ne suis pas dans la boucle).

4. Prendre la pose.

Si à l’étape précédente, nous pensions Michael J.Fox ou Sophie Marceau, à celle-ci, la règle est simple : pensez Frères Bogdanov. Bouche en cul de poule, tête qui fait peur ou plus simplement grimace supposément mignonne mais en fait tout simplement du genre à faire se liquéfier les intestins d’un chaton à sa seule vue, faites-vous plaisir, encore une fois, ce n’est pas comme si vous cherchiez à faire une photo réussie, c’est même plutôt l’inverse.

Quelques exemples parmi les plus populaires :

"Je plisse un peu les yeux, la bouche entrouverte, on dirait que je fais de la compta."

"Pfou, je viens juste de me lever, quelle coïncidence, je suis déjà coiffée et maquillée au réveil !"

"Je regarde ailleurs en faisant semblant que je n’ai pas remarqué que ma main prenait une photo. Quelle coquine cette main, elle fait tellement de choses seule que je… je… restons-en là." 

"Je ne sais pas comment j’ai réussi à avoir l’air étonné tout seul, c’est étonnant."

Et bien évidemment, le célèbre "Je suis super pensif, je ne pense déjà plus à ce selfie, je suis bien trop occupé" (aussi appelée "la BHL")

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"Comment ? Un photographe vous dites ? Non, je n’ai rien remarqué : j’étais tellement occupé à penser au concept de liberté, là, tranquillement installé sur cette barricade de Kiev où je passais par hasard…"

5. Partagez !

Vous avez réalisé toutes les étapes précédentes ? Excellent, vous n’avez plus qu’à hurler à la face du monde que vous manquez de talent, d’imagination et de sens commun : les réseaux sociaux n’attendent plus que vous !

F.A.Q

J’ai un ami photographe qui fait d’excellents selfies, puis-je lui demander conseil ?

Oui : s’il en est à se prendre lui-même alors que son métier c’est de faire exactement l’inverse, c’est que ça doit être une sacrée buse en manque de clients. Vous pouvez vous tourner vers lui, je pense qu’il a tout ce qu’il faut pour vous apprendre à être mauvais.

Je suis d’accord avec vous : je déteste les selfies. Je demande toujours à quelqu’un d’autre de prendre la photo.

C’est vrai que le problème de fond, c’est l’empreinte digitale sur le déclencheur, vous avez raison.

Même les stars d’Hollywood font des selfies ! C’est que ça doit être bien quand même, non ?

On parle bien des gens dont le métier est d’apparaître dans des trucs ratés ? Je dis ça comme ça, hein.

Qu’est-ce qu’il y a de mal à poster des photos de soi ?

Ah non mais rien : c’est le fond de commerce des blogueuses mode, c’est donc probablement une excellente idée.

De toute façon, vous êtes juste jaloux.

C’est vrai : je déteste quand on arrive à faire plus égocentrique que moi.


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